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Soucy à la retraite, vraiment?

J’ai été flabergasté d’apprendre tout récemment que le jeune coureur québécois Marc-Antoine Soucy raccrochait ses roues pour de bon, faute d’un contrat satisfaisant en 2019.

Rappelons que Soucy a remporté le Championnat canadien U23 de bien belle façon en 2017 à Ottawa, après une échappée dans le final avec Matteo Dal-Cin qui remportait le titre chez les élites. Je le sais, j’y étais. J’ai tout vu. La météo était exécrable, pluie diluvienne et froid. Un temps de flahute, tant pour les coureurs que pour les passionnés comme moi qui étions sur le bord de la route durant toute la course à se faire saucer. Matteo et lui ont largué tout le monde dans le final, Svein Tuft compris.

Il avait également gagné, en 2017, une étape du Tour du Saguenay.

Soucy a remporté en 2018 le général des Mardis cyclistes de Lachine. Faut quand même la caisse, la vitesse, la technique. Il y a des résultats qui ne mentent pas. Il courait alors chez Silber, qui a arrêté en fin de saison. Le repreneur (dont on a peu de nouvelles en ce moment), Floyd’s of Leadville, n’a pas renouvelé son contrat.

Et là, c’est le vide. Incroyable.

Tout cela doit laisser un goût amer… et souligne à quel point il est difficile pour nos excellents coureurs sur route de moins de 23 ans de percer au plus haut niveau, surtout en raison de l’absence d’équipes de course d’un niveau disons intermédiaire, capable de faire progresser les coureurs Senior 1-2 vers le professionnalisme « à la WorldTour ».

Ce rôle a été rempli par des équipes comme Garneau ou comme SpyderTech au cours de la dernière décennie. Leur retrait fait très, très mal à la relève du cyclisme québécois. Je suis de ceux qui défendent que derrière Hugo Houle et Antoine Duchesne, c’est un peu le néant. Le dopage positif de David Drouin n’a rien arrangé non plus.

Le saut est juste trop grand actuellement pour un coureur qui performe sur les courses Sénior 1-2 au Québec et les équipes continentales pro comme Rally ou Floyd’s, qui sont internationales. Il faut des structures intermédiaires propres au Canada qui leur permettraient de s’exposer graduellement à des courses plus difficiles, étapes par étapes. C’était le rôle d’une équipe comme Garneau et comme SpyderTech, cette dernière étant aussi active en Europe en son temps.

Ca prend des équipes canadiennes capables de faire la loi sur le Tour de Beauce, et de bien figurer sur les courses américaines de premier plan.

On sait que c’est actuellement le bordel à Cyclisme Canada, beaucoup d’employés ayant quitté ou ayant été remercié au cours des derniers mois, y compris le président. Notre Fédé nationale investit beaucoup en piste, et on a parfois l’impression que la route est son dernier souci (Soucy?!). Dommage, vraiment dommage car des générations de coureurs sur route talentueux sont probablement actuellement sacrifiées. Marc-Antoine est probablement de ceux-là.

Frustrant.

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14 Commentaires

  1. Stef Toupenet

    Je ne suis plus dans le coup, je ne comprends plus rien aux sportifs
    Il y a de plus en plus de jeunes sportifs pros ou amateurs qui jettent l’éponge
    Pourquoi ??? Je ne sais pas, j’écoute des tas d’excuses du genre le dopage, le fric, la santé, beaucoup de dépressions chez les jeunes.

    Bizarre
    Stef

  2. Wolber

    Le dernier en date de ce côté de l Atlantique , Maxime Bonsergent , prometteur cyclo crossman, arreté net, alors qu il venait de passer pro dans l équipe de l armée de terre, aujourd’hui hui dissoute. A 20 ans , il jette l éponge.

  3. Jocleb

    Laurent, ta description du cyclisme Québécois est tout à fait exact. Il y a une chose que je n’ai pas comprise cependant, c’est le retrait de
    l’équipe Garneau du peloton.

  4. mica

    Il est désolant (pour nous) de voir ces jeunes doués ou hyper doués quitter la scéne trop vite et les exemples ne manquent pas!
    Que dire de la défection de l’ hyper doué et infortuné Adrien Costa ? Bien avant son terrible accident, il avait déjà « jeté l’ éponge » en ce qui concerne le cyclisme.
    C’ est un peu pareil pour l’ espoir Français Titouan Renvoisé (comme nous le rappelait Tchmil dans un post précédent.
    Pour réussir les jeunes doivent avoir un investissement personnel de touts les instants,c’ est vrai dans touts les sports et au final, ne surnagent que les meilleurs, ou les plus motivés….ou ceux qui s’ arrangent un peu avec la moralité….(produits…subterfuges divers…)

  5. Un sportif doué et bien entraîné est capable d’une performance de haut niveau sans avoir recours au dopage.

    Pour rappel, le palmarès sur route de Christophe Bassons :

    1995
    MaillotMundialCrono.PNG Champion du monde du contre-la-montre militaires
    MaillotFra.PNG Champion de France du contre-la-montre espoirs
    2e étape du Loire-Atlantique espoirs (contre-la-montre)
    Tour de Tarn-et-Garonne
    Classement général
    1re étape
    1996
    Une étape de la Mi-août bretonne
    1998
    3e du championnat de France de contre-la-montre
    1999
    7e étape du Critérium du Dauphiné Libéré
    3e du Tour du Haut-Var
    2000
    3e du Grand Prix d’ouverture La Marseillaise

    Mais lorsqu’il s’agit de suivre le rythme effréné de l’enchaînement des compétions dans une équipe pro ou semi-pro, pour rester à la hauteur des attentes, il faut bien souvent piocher dans la pharmacie.

    Peut être que ces jeunes, qui malgré le fait qu’ils aient démontré qu’ils sont capables de suivre ou même de battre des concurrents évoluant à l’échelon supérieur, sont simplement suffisamment intelligents pour ne pas vouloir jouer avec leur santé physiologique et mental… Comme l’indique, Stef Toupenet, il y a pas mal de cas de dépression chez les sportifs évoluant à haut niveau ou dans les filières d’accès au haut niveau.

    Je crois au bien fait du sport de compétition mais le haut niveau et ses filières d’accès ne sont souvent que des machines à casser des jeunes, même si certains, dans les disciplines médiatisés, parviennent à amasser des fortunes (ce qui n’est pas un critère d’épanouissement et de bonheur).

  6. thierry mtl

    Il a 23 ans et il n’aspire pas au World Tour à court ou moyen terme… Je comprends sa décision. Il va cibler l’école et la formation. Il est encore jeune.

    Être un coureur cycliste de seconde ou troisième division, c’est beaucoup de sacrifices pour un salaire de crève faim. Au foot ou au hockey, il pourrait au moins avoir un salaire décent pour continuer d’essayer de monter en grade, même parfois assez pour mettre de l’argent de côté pour des études ultérieures, mais dans sa situation, c’est très risqué.

  7. noirvélo

    Je l’avais déjà écrit , mais lorsque je me fais mon WE au Ronde avec mes potes, il y a une ambiance maximale , une émulation , un climat passionné de tous les instants pendant les deux jours , et dimanche soir , lorsque tout s’éteint , on range, fatigué , un peu las , déprimé même sachant que le lendemain on bosse … Les pros , eux aussi, vont rouler ailleurs , se remettent à l’ouvrage avec les mêmes gestes, que tu sois leader ou grégario , encore et encore, dans les roues , par tous les temps , avec la peur de la chute , de la maladie , de l’inconfort des contrôles … Franchement , il faut « en avoir » pour supporter çà toute l’année en rêvant juste d’une « place dans les 10″, ou , allez, les 20 … Bosser 5, 6 heures , voire 7 , transpirer toute la journée , pour parler de la course , encore!, avec ton pote de chambre le soir , puis le matin … Ouais , avec le recul , même avec un don , je ne crois pas que j’aurais été  » cool  » dans le système …
    Je comprends ces jeunes parce qu’à côté de la course , il y a encore la course , toujours la course …
    Parmi les coureurs , il s’avère qu’il y a des « têtes » bien faites et bien remplies , qu’en est-il de la majorité de ces jeunes qui n’ont pas de « vécu » et qui n’ont connu que le vélo depuis toujours ? peuvent-ils réfléchir par eux-mêmes ? Lorsque je les observe , ils ont tous l’air de chercher (et de trouver ? ) toutes , absolument toutes les solutions sur leur portable …

  8. hervé pascal

    belle analyse

  9. Yvon

    Le vélo fait des efforts en apparence certains coureurs doués et courageux parviennent à avoir un cursus correct. Qu’en est-il dans les autres sports.

  10. Gagb

    Tout d’abord, il ne faut pas oublié un élément. Dans le cyclisme canadien, ce ne sont pas nécessairement les meilleurs qui se rendent le plus loin et ce pourquoi? tout simplement en raison des contacts….. J’ai vu bien du monde être a des places non mérité et l’inverse est aussi vrai. On est loin du style, on prend les meilleurs du camp d’entrainement! Beaucoup de chose se passe en dehors des compétitions. On a un gros travail a faire au niveau de la transparence

  11. LBA

    Dans tous les domaines, l’évolution de nos sociétés nous a mené dans une compétition de plus en plus féroce. Ses biais en font partie, avec leurs dévastateurs effets psychiques. Ce qu’on décrit ici en est une conséquence directe. C’est pire encore ailleurs, dans la lutte pour la survie. Il y a quelques winners, beaucoup de loosers. La souffrance est immense.
    Pour ce qui est du vélo, un biais est le dopage (il y en a d’autres). On en parle souvent ici, parfois trop. Une fois engagé dans la compétition, celui qui n’a pas de filet n’a juste pas le choix.

  12. noirvélo

    Très bien écrit LBA . Je rajouterais que la plupart n’ont pas de filets et d’autres ont (à l’instar des bouchers !) des faux filets … et c’est là que se situe le « fil du rasoir » ou la lame du hachoir , c’est selon … dans un système où on tranche … On garde, on mange (et ou) on déguste … ou on jette !!!

  13. Vincent C

    Bah, au pire, plus tard, il aspira à être champion du monde maitre et venir flasher ses bandes arc-en-ciel dans un critérium régional.

  14. LBA

    S’il aime le vélo, et qu’il accède à une situation sociale le permettant, il pourra se faire plaisir dans de belles cyclosportives de montagne.

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