Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Retour sur la grande époque!

Cet article intitulé « Quand Bernard Tapie faisait du vélo »:http://www.cyclismag.com/article.php?sid=1883 de nos collègues de Cyclismag réveille en nous d’excellents souvenirs de cette époque ou nous avons découvert le cyclisme. Avec l’équipe La Vie Claire en effet, c’est une révolution du cyclisme qui s’est amorcée. Retour sur nos perceptions:

1 – La Vie Claire fut probablement la première équipe réellement bicéphale dans le cyclisme. Jusque là, les équipes n’avaient qu’un grand leader, incontesté, et des « grégarios » qui lui étaient tout dévoué. Surtout en Italie. Le palmares des courses jusque là est d’ailleurs éloquent : toujours les mêmes! (prenez les années 1970 par exemple… sur les Classiques, c’était Merckx, Godefroot, Gimondi, Van Looy, DeMeyer, De Vlaeminck, Zootemelk, Kuiper puis Maertens et quelques autres, c’est tout). Avec Hinault et LeMond, on osait faire cohabiter deux grands leaders dans la même équipe, une première. Qui ne fut pas facile d’ailleurs puisqu’on se rappelera l’affaire des Pyrénées sur le Tour 1985 (LeMond et Roche échappés et Koechli, le directeur sportif chez La Vie Claire, qui interdit à LeMond de collaborer parce qu’Hinault, en jaune, est en difficulté à l’arrière, un peu en raison de sa chute à St-Étienne quelques jours avant) et l’affaire des Pyrénées (de nouveau – Hinault échappé avec Delgado et qui terminera avec 5 minutes d’avance sur tout le monde alors qu’il avait juré se mettre au service de LeMond sur ce Tour, question de renvoyer l’ascenseur de l’année précédente…) sur le Tour 1986…

2 – La Vie Claire fut la première équipe outrageusement dominante grâce à un effectif de coureurs très riche, mais aussi très international (au sens « nouvelles nations du cyclisme »). Steve Bauer le Canadien était là, comme les Américains LeMond et Hampsten qui y débutait, en 1986, sa carrière européenne. On retrouvait aussi un Danois, Kim Andersen, et deux Suisses, Niki Ruttimann et Guido Winterberg, toujours assez dévoués à Bernard Hinault. On comptait aussi dans l’effectif les Français Jean-Claude Leclerc (qui remporta une Flèche Wallonne), Jean-François Bernard et quelques autres. Pas des manches! Pascal Richard y fit même ses débuts en 1987!

3 – On doit également à La Vie Claire la hausse des salaires dans le peloton professionnel, une hausse qui apparaît aujourd’hui une bonne chose à l’époque tant le décalage avec les autres sports était grand. Hinault et surtout LeMond négocièrent de très avantageux salaires qui eurent pour effet de ré-aligner tous les salaires des autres coureurs du peloton. Il s’agit très certainement d’un effet « Bernard Tapie », le multimillionnaire, qui n’hésita pas une seconde à ouvrir les goussets du porte-monnaie pour aller chercher les coureurs avec qui il avait envie de travailler et qui allait faire de son équipe la première mondiale.

4 – On doit à cette équipe, et notamment LeMond, de nombreux développements technologiques : pédales automatiques Look surtout, mais aussi usage massif des lunettes modernes de sport (Rudy Project pour Hinault, Okley pour LeMond), usage des roues lenticulaires et paraculaires, usages des cadres plongeants de clm et des cadres route en carbone (TVT92), usage des cyclo-computers sur le vélo voire même des casques en course (LeMond avec la compagnie Giro) ainsi que des combinaisons plastifiées pour les clm. On dit également que les méthodes d’entraînement de Paul Koechli, très axées sur « les sensations » du coureur, étaient révolutionnaires.

5 – On doit enfin à cette équipe un maillot audacieux pour l’époque, inspiré des oeuvres de Mondrian (voir « Mondrian » dans Google…). Ce fut une brèche dans le classicisme du peloton jusqu’alors : usage des couleurs variées et vives, usage des « side panels » sur le cuissard qui était jusqu’alors souvent tout noir, tissus « wet look » spécialement fait par Santini, logo du fabriquant sur les fesses et l’intérieur de la cuisse, etc. Tout y était!

Il faut ajouter à ce portrait l’apport également intéressant de l’autre équipe française de l’heure à l’époque, Système U (anciennement Renault-Gitane), de Cyrille Guimard et qui faisait du cyclisme français LE cyclisme #1 sur la planète. Ils introduisirent également quelques trucs novateurs, surtout dans le domaine du clm avec l’aile (ou guidon) delta, les cocottes de frein avec cables invisibles et les casques profilés (sans parler du fameux appui lombaire qui permis à Thierry Marie de remporter le prologue du Tour 1986… un « 3e point d’appui » qui allait être interdit quelques jours plus tard!).

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3 Commentaires

  1. fabien vano

    Suite à votre article du Feb 7, 11:43 PM, vous avez oublié de parler de l’influence qu’à eu bernard tapie sur les nouveaux salaires des leaders (astronomique pour l’époque). Cette “avancé” a notamment développé le dopage ( plus d’argent donc plus de moyen pour la recherche de nouveau produit pour gagner encore plus d’argent et voila comment un cercle se forme).
    alors “merci tapie” mais il vaut mieux qu’il reste au foot.

  2. M. Tille

    Une petite erreur sur le TDF 1985 : B. Hinault avait chuté sur le cours Fauriel à Saint-Etienne (quel moment fort ce fût durant les quelques minutes où il vait le nez en sang..) et non à Bordeaux

  3. Merci à ces deux lecteurs très avertis qui ont tout à fait raison. Nous avons modifié le texte en conséquence.

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