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Louis Barbeau: Vélodrome couvert au Québec? Réponse en mai!

C’est avec plaisir que j’échangeais récemment avec Louis Barbeau, directeur général de la Fédération québécoise des sports cyclistes (FQSC). Au coeur des échanges, la pratique du cyclisme de performance dans la région de Montréal, le projet de vélodrome couvert au Québec, la réforme du code de la sécurité routière, le calendrier de courses 2018, les freins à disque, la popularité croissante du vélo de montagne et la relève parmi l’élite.

La Flamme Rouge : Louis, voilà un moment que tu es à la direction de la Fédération québécoise des sports cyclistes (FQSC). Toujours autant de plaisir ?

Louis Barbeau : Ça fait effectivement longtemps que je suis à la FQSC, 31 ans, dont les 15 dernières années comme directeur général. J’ai encore autant de plaisir puisque le cyclisme est une véritable passion. Par ailleurs, les défis sont encore nombreux et j’espère être en mesure d’apporter une contribution significative pour les réaliser avec l’aide évidemment de l’équipe à la FQSC et de l’ensemble des membres (clubs, organisateurs, entraîneurs, …)

LFR : Toujours autant de plaisir à lire La Flamme Rouge ?!

LB : Absolument ! J’estime que la Flamme Rouge contribue à faire connaître et apprécier le cyclisme auprès de tous ses lecteurs, plus particulièrement pour tout ce qui concerne le cyclisme au Québec.

LFR: La FQSC a lancé un nouveau site Internet l’an dernier. J’entends parfois des commentaires à savoir que l’information est difficile à trouver. Comment ça se passe de ton point de vue ?

LB: Comme n’importe quel nouveau site, les gens doivent s’habituer à sa nouvelle structure. Je crois que dans l’ensemble l’information est plus facile à obtenir, mais il y a toujours place à amélioration et certaines sections sont encore en développement.

LFR : Le cyclisme à Montréal a été sur la sellette l’an dernier : les menaces qui ont plané sur l’accès au circuit Gilles Villeneuve, le décès malheureux de Clément Ouimet sur la voie Camilien Houde alors qu’il s’entrainait… Comment la fédé a pu appuyer la communauté cycliste de Montréal dans ses revendications et défis?

LB : Ça a été une année particulière en 2017, car outre ces événements, il y a aussi eu un changement à la mairie de Montréal. Le décès de Clément a remis au premier plan le débat quant à l’utilisation de Camilien Houde comme voie de transit entre deux parties de la ville, débat qui existe par ailleurs depuis fort longtemps. La Fédération est active auprès de conseillers de l’équipe de Mme Plante tout comme avec Vélo Québec pour trouver des solutions à ces enjeux. Minimalement, on veut des dispositions pour réduire le trafic sur Camilien Houde et prolonger le muret qui sépare les deux voies pour améliorer la sécurité des cyclistes. On soutient également un événement comme la Cyclovia, qui permet de donner accès privilégié aux cyclistes, notamment sur la montée Camillien-Houde, à quelques occasions durant la saison. Dans le cas du circuit Gilles Villeneuve, la Fédération fait partie d’un comité qui regroupe également Vélo Québec et la Fédération de triathlon du Québec qui vise à bien gérer ce circuit. L’an dernier, nous avions amené le Parc Jean Drapeau à assouplir sa position, par exemple en aménageant des plages horaire d’entrainement pour les cyclistes de performance. Cette année, nous voulons que ces plages horaire soient encore disponibles bien sûr. À terme, c’est à dire en 2019 ou après, notre but est de faire en sorte que le circuit soit reconnu comme un lieu d’entrainement, et donc la FQSC est très présente dans ce dossier.

LFR : On sent une hausse de la tension entre cyclistes et automobilistes depuis quelques années. Où en est la réforme du code de la route ?

LB : C’est un projet de longue haleine et ça avance ! Pas plus tard qu’en février dernier, j’étais à l’Assemblée nationale pour présenter la position de la FQSC et répondre aux questions. On peut trouver sous le menu « sécurité », du site de la Fédération un document qui résume les récentes audiences publiques et les dossiers qui tiennent à cœur la FQSC. Il y a eu des avancées concrètes, comme cette zone de sécurité de 1,5m que les automobilistes doivent respecter lorsqu’ils dépassent un(e) cycliste. Et on continue à défendre nos autres dossiers prioritaires : permettre à des groupes cyclistes de rouler à deux de large car les automobilistes prennent moins de temps pour dépasser ces groupes, port du casque obligatoire, une position aussi prônée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), immobilisation des véhicules qui arrivent à contresens lors d’événements cyclistes comme des courses provinciales, une disposition déjà en vigueur dans des pays comme la Belgique par exemple. À noter que la position de la FQSC sur la question du port obligatoire du casque est différente de celle de Vélo Québec, qui soutient qu’une telle obligation aurait un effet négatif sur la pratique du cyclisme. À la FQSC, on pense que si effet négatif il y aurait, ce qui n’est pas certain, cet effet ne serait ressenti que durant une brève période d’ajustement comme ce fut le cas dans certaines régions où cette disposition a été adoptée, comme en Espagne, en Australie, en Nouvelle-Zélande ou encore dans quelques états américains et sept provinces canadiennes. Et à Sherbrooke, le port du casque est obligatoire pour les moins de 18 ans.

LFR : Passons au projet d’un vélodrome couvert au Québec. Où en sommes-nous sur ce dossier Louis ?

LB : Là encore, ça avance bien ! En novembre dernier, le Gouvernement du Québec a ouvert un budget de 100 millions de dollars pour des infrastructures sportives et récréatives. Dans ce contexte, un dossier très étoffé pour un vélodrome couvert à Bromont a été déposé rapidement et c’est à ce jour le dossier le plus avancé. Je rappelle qu’en février 2017, la FQSC avait remis un dossier complet démontrant la nécessité d’avoir un vélodrome couvert au Québec, et Bromont a pu s’appuyer sur ce dossier. Le projet de Bromont a également su mobiliser la région et a obtenu non seulement un accueil favorable de la population, mais également du financement local. On attend une réponse du gouvernement d’ici le début juin environ, et cette réponse dépendra bien évidemment du nombre de projets déposés dans le cadre de ce budget disponible de 100 millions de dollars. L’argument fort qu’on fait valoir dans le dossier est l’absence au Québec d’une telle infrastructure. Si la réponse est positive, le but sera d’avoir un vélodrome opérationnel à la fin de l’automne 2019.

D’autres projets étaient en cours d’élaboration, comme à Trois-Rivières, Montréal ou Québec. Pour celui de Montréal, de nouvelles rencontres sont à venir pour faire le point, compte tenu de la nouvelle administration en place.

LFR : On parle beaucoup des freins à disque en compétition sur route. Peux-tu nous aider à comprendre ce qui sera autorisé ou non en 2019 ?

LB : Je peux comprendre que c’est un dossier qui porte à confusion dans la mesure où l’UCI n’a pas encore statué de façon définitive. Pour le moment, l’UCI permet l’usage des freins à disque seulement pour les équipes UCI lors des courses qui sont sous sa juridiction. Cyclisme Canada permet également à compter de cette année l’utilisation de ce type de frein au pays pour es courses qui ne sont pas de niveau international. C’est également le cas aux États-Unis. Au Québec, les freins à disque seront donc autorisés dans les courses sur route en 2018 pour les coureurs des catégories junior en montant, donc incluant senior et maître. L’utilisation des freins à disque demeure donc interdite pour les coureurs des catégories atome à cadet inclusivement. Il est important de préciser que ce n’est pas parce que c’est autorisé cette année que les freins à disque le seront encore l’an prochain. Cela dépendra de cette période de mise à l’essai, et des décisions qui sont à venir du côté de l’UCI. J’ajouterais enfin qu’il n’y a pas d’études à l’heure actuelle qui démontrent hors de tout doute que les freins à disque sont plus efficaces que les freins à étrier pour les vélos de route.

LFR : L’an dernier, on a vu les Championnats québécois de contre-la-montre par équipe annulés. Ils sont de retour cette saison.

LB : Oui Laurent, après deux ans d’absence. Cette année, on a décidé de combiner au même endroit les Championnats québécois de contre-la-montre par équipe et de critérium, un peu comme on le fait pour les Championnats québécois sur route et de contre-la-montre individuel. Cette combinaison aura certainement un effet positif sur la participation des coureurs. L’an dernier, à Bromont, les Championnats québécois de critérium ont enregistré une participation record avec plus de 250 coureurs. Ce fut un grand succès, notamment avec la collaboration du Centre national de cyclisme de Bromont.

LFR : Et le Tour du Saguenay a disparu cette année du calendrier ?

LB : Dans ce cas-là, c’est dû à une situation bien particulière, c’est à dire le sommet du G7 au même moment qui mobilisera un nombre très important de forces policières de la province. Dans ce contexte, il était impossible de tenir le Tour du Saguenay au même moment. L’épreuve reviendra en 2019. En revanche, les Championnats canadiens sur route pour les catégories junior, élite et paracyclisme vont se tenir à Saguenay cette année.

LFR : Sentez-vous à la FQSC un retour en force du vélo de montagne, peut-être au détriment du cyclisme sur route ? Beaucoup d’événements de type « raids de vélo de montagne » ont été créés ces dernières années.

LB : Je pense que le cyclisme sur route est en très bonne santé, et la popularité des Grands Prix de Québec et Montréal démontre cette vitalité. On observe en effet une hausse récente de la popularité du vélo de montagne, en particulier de l’enduro. Mais je ne suis pas prêt à dire que cette hausse de popularité est au détriment de la route. Le nombre de membres licenciés sur route à la FQSC a augmenté ces dernières années, sauf en 2017 mais la variation n’est pas significative. Pour nous à la FQSC, le défi reste le même : offrir des calendriers d’événements qui sont intéressants pour tous les volets du cyclisme.

LFR : Côté relève de nos coureurs pro comme Hugo Houle, Antoine Duchesne ou Guillaume Boivin, tu vois qui ?

LB : Je pense qu’il y a une très belle génération de jeunes coureurs U23 qui suit ces trois coureurs de grand talent chez les pros actuellement. Je pense aux Adam Roberge, Pierre-André Côté, Marc-Antoine Soucy ou encore Nickolas Zukowsky, par exemple, qui pourraient passer pro en Europe dans les prochaines années. Antoine Duchesne était en échappée l’an dernier à la Classique des Appalaches avec Adam Roberge et Nickolas Zukowsky et il me disait après la course qu’il avait été impressionné par ces deux jeunes qui l’avaient fait souffrir!

LFR : Cyclisme féminin : jusqu’où ira Simone Boilard ?

LB : Il est évident que Simone possède un talent exceptionnel, ce qui est une excellente nouvelle pour le cyclisme féminin. Après des athlètes comme Lyne Bessette, et encore aujourd’hui Karol-Ann Canuel et Joëlle Numainville, Simone démontre de très belles choses à son âge. Elle a très bien fait l’an dernier avec une 8e place aux Championnats du monde, à sa première grande course internationale. Je crois qu’un podium lors des prochains Mondiaux en Autriche, sur un circuit qui sera très sélectif, est possible pour elle. Je pense également que son entraineur, Christine Gillard, fait un excellent travail avec elle, et que Simone est bien encadrée aussi du côté familial. Le meilleur est à venir !

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  1. Danny Cote

    Laurent, je lui aurais demandé s’il crois que la non-diffusion des Grands Tours et d’autres courses cette année allait avoir une effet négatif sur la pratique du vélo de route. Pour ma part, je crois que oui. Même les GP cyclistes pourraient en souffrir si on voit de moins en moins de courses à la télé.

  2. Magicreme

    Je croyais que le port du casque revenait au ministère des transports, donc juridiction provinciale.
    Comment ça se fait que Sherbrooke ait pu légiférer?

  3. Pierre

    @Danny Côté:
    RDS2 présente Paris-Roubaix dimanche de 7:00@12:00.
    Je ne sais pas pour le Giro mais on peut espérer que Le Tour sera présenté comme par les années passées.

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