Plusieurs d’entre vous auront remarqué, cette saison dans le peloton Élite, les maillots bleu et rouge de la nouvelle équipe Team Spirit. À l’occasion d’un long entrainement, bien rythmé d’ailleurs, avec mon ami Erik Lyman, coureur bien connu et, avec d’autres, à l’origine du projet, nous revenons sur la création et les objectifs de Team Spirit. En marge du Tour de Beauce sur lequel l’équipe Team Spirit-CIBC Wood Grundy est d’ailleurs présente, entrevue "langue de bois interdite".

LFR: Erik, Team Spirit, ce n’est pas un nom habituel pour une équipe cycliste. Qu’est ce qui se cache derrière un tel nom ? Une philosophie ? Une fondation ? Un engagement social ?

EL: D’abord, c’est un engagement social, puisqu’il s’agit d’un projet à long terme dont l’objectif est de contribuer à l’effort cycliste élite québécois et canadien. Il ne faut pas perdre de vue que mettre sur pied une équipe cycliste requiert beaucoup d’efforts, d’appuis, de compétences ainsi que de persévérance. Cela est sans compter que le succès instantané n’arrive que très rarement et que pour cette raison, nous désirons avoir une vision à moyen et à long termes. Ensuite, c’est une philosophie et une façon de percevoir la réussite d’une entreprise telle que la nôtre. Lorsque Cannondale convient de nous octroyer dix vélos, il est important pour nous qu’elle connaisse notre vision et qu’elle sache que Team Spirit se veut une structure solide et durable et ce, malgré les nombreux changements auxquels doit faire face une entreprise dans le domaine sportif.

LFR: vous avez recruté de jeunes et moins jeunes coureurs. Présente-nous quelques-uns de vos coureurs.

EL: Nous avons trois coureurs U23 au sein de Team Spirit. Il s’agit de Pierre-Étienne Boivin, Frédéric Ouellet et Vincent Veilleux. Ce dernier a connu un bon début de saison en amassant plusieurs top 10 et en remportant le maillot Nativo Concept des sprints intermédiaires des Mardis cyclistes de Lachine, lors de la première étape 2010 – le premier maillot du genre de l’histoire des Mardis cyclistes de Lachine. En ce qui a trait à Frédéric, il connait un intéressant début de saison sur le plan sportif. Toutefois, c’est surtout son éthique de travail dans la course comme avec le personnel de soutien qui le démarque. Son attitude est très bonne, et cela payera dans le futur. Pour ce qui est de Pierre-Étienne, il a démontré des aptitudes comme sprinteur, l’an passé, en remportant le maillot de meilleur junior aux Mardis de Lachine. Il n’a pas peur de frotter et sa puissance pure est indéniable. Évidemment, il peut rivaliser avec les meilleurs coureurs élites au Québec, lors des arrivées massives. Mais aucune pression n’est mise sur lui afin qu’il fracasse des records en 2010, car notre vision du développement est basée sur un plan à moyen terme.

Il va de soi que notre approche est de créer un environnement de qualité et ce, autant pour les jeunes que les vétérans de l’équipe. C’est dans cette perspective que nous ne désirons pas mettre trop de pression sur nos néo-élites. C’est pourquoi nous misons davantage sur des gars comme Pascal Bussière et Benjamin Martel – notre capitaine de route – qui sont deux vétérans que l’on n’a plus besoin de présenter. À titre d’exemple, Pascal a terminé 5e du classement général du Grand Prix de Charlevoix 2010 et Benjamin 11e. Nous avons aussi Pierre Boilard ainsi que Dany Belley dont le mandat est d’encadrer et de protéger nos jeunes dans tous les aspects sportifs, que ce soit en course ou hors course. Cela peut sembler réducteur comme rôle – du moins aux yeux de certains –, mais dans les faits, notre réussite passe par ces coureurs, car le principe de base d’une équipe est la complémentarité. Et, en ce sens, je crois que ces deux coureurs de soutien sont parmi les meilleurs du genre, et ce, toute équipe québécoise confondue. Nos vétérans servent d’exemples aux jeunes tout en les encadrant; cela oblige nos vétérans à être sérieux, et le fait d’être des modèles les amène à se dépasser. Cela me semble avantageux pour tous.

Bref, pour conclure sur la question, je dirai que le fait de construire des athlètes – jeunes ou vétérans – plutôt que d’en disposer permet de créer un fort sentiment d’appartenance et de travailler davantage en profondeur avec les athlètes. Cela donne aussi tout son sens à notre équipe.

LFR: Quels sont vos objectifs principaux cette saison ?

EL: Nous visons de bien performer lors des épreuves du classement FQSC. Plus particulièrement, je pense au GP de Charlevoix, au Tour de Québec, au Grand Prix Vaudreuil Soulanges St-Lazare, à Montréal-Québec, au Grand prix de St-Basile et, bien sûr, aux Championnats québécois.

LFR: serez-vous présents aux Mardis cyclistes de Lachine cette saison ?

EL: Nous désirons que nos coureurs prennent de l’expérience aux Mardis cyclistes de Lachine, et ce, en tant qu’équipe. Car nous prévoyons faire des Mardis cyclistes un objectif prioritaire de Team Spirit au cours des prochaines années. Pour le moment, je dirais que nous sommes comme les Russes lors de la série du siècle : nous sommes là pour apprendre !!! Par conséquent, nous ferons quelques présences officielles, c’est-à-dire toute l’équipe ainsi que le représentant de Cannondale, Sébastien Beauvais, et ce, dès 2010.

LFR: et quels sont vos objectifs à plus long terme, disons sur 3 ou 4 ans ?

EL: Nous désirons être compétitifs sur la scène québécoise et en ce sens, le classement général FQSC est un objectif naturel. Le Québec – grâce à sa fédération cycliste – s’est doté d’un excellent calendrier de courses qui nous permettra de former de jeunes athlètes qui pourront poursuivre leur route chez les professionnels ou qui désireront poursuivre leurs ambitions sportives sur la scène élite québécoise. De plus, le Championnat québécois et le Championnat canadien sont des événements incontournables dans lesquels nous désirons obtenir du succès.

LFR: Quel est ton rôle exact au sein de Team Spirit ?

EL: Je suis directeur sportif et mon rôle est de coordonner. Je suis prioritairement un administrateur. Par conséquent, les athlètes et l’équipe passent avant toutes choses. Toutefois, je désire être actif sur le vélo, et mes coureurs abondent en ce sens. Évidemment, comme plusieurs le savent – et me l’ont fait gentiment remarquer –, j’ai cessé de courir au niveau professionnel continental à la fin de 2007. Depuis, je fais du cyclisme provincial à la carte – à temps partiel – en me consacrant prioritairement à mon entreprise de communication ainsi qu’en enseignant à temps partiel à l’Université d’Ottawa. Cela est sans compter que j’en profite pour passer davantage de temps avec ma femme ainsi que ma famille. Mais, cela veut-il dire je désire me retirer complètement du sport cycliste? Au contraire, plusieurs modèles de longévité sportifs m’inspirent et me font comprendre que la passion reste intacte, mais que les défis et les enjeux sont différents.

LFR: ton passage au sein du peloton cycliste du Québec aura été marqué par des hauts et des bas. Si tu avais à résumer en quelques mots ce qui te reste de toutes ces années, tu choisirais lesquels ?

EL: Amitiés, dépassement personnel et estime de soi.

LFR: je te laisse le mot de la fin…

EL: Pour conclure, j’aimerais en profiter pour féliciter Hugo Houle (Garneau – Club Chaussures) pour son fulgurant début de saison. Je ne suis pas un maniaque des statistiques, mais à moins que je ne me trompe, ce dernier est sur le podium à plus de 75 % des courses auxquels il prend part. Chapeau! Un bravo aussi à Arnaud Papillon (Nativo/PG/De Vinci) qui, après quelques malchances, retrouve le chemin du succès en 2010. Et, bonne chance aux coureurs de Team Spirit-Cannondale/RHUS ELEMENTI lors du Tour de Beauce qui débutait hier. Un merci particulier aussi à CIBC Wood Gundy pour sa contribution financière à Team Spirit pour le Tour de Beauce 2010. Enfin, j’adresse un salut amical aux fans de Laflammerouge !

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