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Entrevue avec Peter Pouly, récent vainqueur de la Marmotte

PP_1Récent vainqueur de la Marmotte mais aussi 2e de L’Étape du Tour, Peter Pouly, que j’ai connu sur la Haute Route 2012 et qui m’avait déjà accordé une petite entrevue à la suite de l’épreuve, m’a fait le plaisir de cette nouvelle petite entrevue suite à notre récente Marmotte.

La Flamme Rouge : Salut Peter, merci de m’accorder quelques minutes!

Peter Pouly : Merci Laurent! Toujours un plaisir de te répondre, et je tiens d’entrée à dire un grand bravo déjà à tous les participants qui ont terminé la Marmotte.

LFR : Tu viens d’accrocher ta première victoire sur la Marmotte : c’était important pour toi de t’imposer sur cette cyclosportive mythique?

PP : Oui, je souhaitais vraiment remporter La Marmotte cette année, je m’étais donné ce challenge et pour plusieurs raisons. D’abord, quand j’étais pro en VTT je me préparais souvent dans les Alpes et je ne pouvais alors pas participer à cette cyclo qui me faisait envie car trop dure et trop proche des Championnats de France de VTT. Ensuite, depuis novembre 2013 je travaille pour INFINITE et ils me soutiennent à 200%, ils me laissent du temps libre et supportent tous mes frais avec l’aide de Singha (ndlr: une compagnie de bière thaïlandaise) afin que je cours dans de bonnes conditions. C’est ma façon de leur dire, à quelque part, merci!

LFR : J’étais loin derrière toi, je suis passé à Plan Lachat environ 45 minutes après toi. Peux-tu nous résumer la course devant et où tu as fait la différence?

PP : Je m »étais préparé à une grande bagarre pour la victoire, mais rapidement dans le col du Glandon j’ai senti que j’avais de super jambes. Je ne connaissais pas trop mes adversaires, et j’ai vite repéré un Italien (finalement 3eme – ndlr: Giuseppe Di Salvo) qui tournait bien les jambes et qui était assez facile.

Dans la vallée de la Maurienne, la transition s’est bien gérée et une échappée est partie en ne nous prenant cependant qu’une petite minute alors qu’on arrivait au pied du Télégraphe. Dans le Télégraphe, c’est monté un peu plus vite mais mes jambes tournaient toujours super, alors on a repris 4 coureurs sur les 5 échappés devant.

Le coureur en tête a été plus coriace, passant au sommet du Télégraphe avec plus d’une minute d’avance sur nous. Après Valloire, j’ai dû faire une petite pause pipi, et j’ai réintégré le groupe qui ne roulait pas vraiment fort. À Plan Lachat, le coureur échappé comptait alors plus de deux minutes d’avance et cela devenait inquiétant. Le premier à faire l’effort a été Loic Ruffaut, j’ai pris sa roue puis j’ai passé un relais jusqu’au premier virage, puis ai demandé le relais aux deux autres coureurs nous accompagnant à ce moment. Ils ont refusé la collaboration, du coup j’ai placé une attaque et me suis retrouvé seul très vite.

Un peu plus haut, je suis rapidement revenu sur le coureur échappé, je me suis alors retourné et j’ai aperçu Loic Ruffaut et un coureur belge mais sans le coureur italien. J’ai alors décidé de les attendre afin de ne pas être seul dans la longue descente du Lautaret. Nous avons donc repris le coureur échappé et fini l’ascension du Galibier tous les trois, puis nous avons ensuite fait une descente somme toute prudente.

Le coureur italien est revenu au pied de l’Alpe d’Huez, mais dès les premiers mètres de l’Alpe d’Huez je me suis retrouvé seul. J’avais en tête d’essayer de monter le plus vite possible, et après 5 kms d’ascension j’avais déjà trois minutes d’avance. La motivation m’a ensuite cependant un peu quitté car je me suis dit à quoi bon monter vite, je ne battrai de toute façon pas mon chrono de la Haute Route 2012 et je suis donc assuré de gagner la Marmotte, terminant en savourant vraiment les derniers kilomètres de cette belle épreuve.

LFR : Tu avais un plan de match bien précis avant la course où tu as simplement réagi à la course à mesure qu’elle se décantait?

PP : La Marmotte était nouveau pour moi, je n’avais jamais vraiment participé à une épreuve de 5000m de dénivelé donc je me suis surtout concentré à faire le moins d’efforts possible jusqu’au pied de l’Alpe d’Huez.

LFR : Des moments difficiles pour toi durant la course, style passages à vide?

PP : J’ai eu froid dans la descente du Lautaret, n’ayant pas pris le temps de remettre ma veste.

LFR : Comme toi, j’ai beaucoup souffert du froid dans la descente du Galibier, avec ce vent de face. Pas évident de relancer la musculature refroidie au pied de l’Alpe d’Huez!

PP : Oui, tu as raison, mais pour moi ça s’est somme toute bien passé.

LFR : Vainqueur la semaine précédente de la Vaujany, David Polveroni n’a pas complété la Marmotte, apparemment victime d’une grave chute. Peux-tu nous en dire plus sur l’incident?

PP : Non, malheureusement, je n’ai pas été témoin de ce qui s’est passé. David, je l’ai vu lâcher mon groupe dans le Glandon.

LFR : Parlons préparation, puisque tu tiens un centre d’entrainement en Thailande. Fais-tu une préparation spécifique pour des épreuves comme la Marmotte?

PP : Oui, bien sûr je m’entraine spécifiquement pour ce genre d’épreuve, même si cette année je n’avais eu qu’un mois de réel entrainement spécifique car mon travail à Bankok m’a tenu cette année très occupé.

LFR : Comment gères-tu les 10 jours précédents l’épreuve?

PP : Les 10 derniers jours, j’essaie surtout de retrouver de la fraicheur physique et je conserve seulement un ou deux entrainements au seuil.

LFR : Du matos spécial ou rien de particulier?

PP : Rien de vraiment particulier sauf peut-être un SRM. Pour moi, c’est l’idéal pour gérer une épreuve comme la Marmotte et je travaille beaucoup avec cet outil intéressant. (ndlr: certaines statistiques de Peter lors de la Marmotte, notamment ses wattages moyens, sont disponibles ici).

LFR : De façon générale, as-tu des trucs particuliers que tu vas faire juste avant ou pendant des épreuves aussi difficiles, par rapport par exemple à des situations de compétitions plus courtes?

PP : Oui, j’ai pour habitude afin de récupérer du décalage horaire de faire toujours la même chose les trois jours précédant l’épreuve. Jour 1 je fais une sortie avec une belle bosse que je monte à un bon rythme, Jour 2 je fais une sortie longue mais très doucement, et Jour 3 je fais 1h-1h30 avec deux petites séries à I2, donc un peu d’intensité pour lancer le moteur.

LFR : Et durant la course, comment gères-tu l’alimentation?

PP : Sur la Marmotte, c’est essentiel de bien s’alimenter, très important. Pour ma part, j’ai mangé solide jusqu’à 30 kms de l’arrivée, ensuite j’ai utilisé des gels uniquement.

LFR : Tu organises des camps d’entrainement en Thailande. Peux-tu nous en parler davantage, ca pourrait intéresser beaucoup de lecteurs de LFR? Surtout, peux-tu nous dire à qui s’addresse ces camps, ces derniers étant nombreux à viser un public large, donc à présenter un niveau insuffisant pour des coureurs « qui en veulent » comme moi et qui cherchent à se dépasser sur certains grands objectifs?

PP : Oui nous proposons des camps d’entrainement, du coaching, et bien sûr cela s’adresse à des coureurs assidus qui veulent améliorer leurs performances ou bien seulement profiter de la Thailande quand il fait froid dans leur pays. Notre but est de faire prendre conscience de certains points fondamentaux pour être plus performant sur un vélo comme par exemple la gestion des efforts, l’alimentation, mais aussi la confiance en soi. Dans mes camps, tout le monde repart avec une analyse de ses capacités et par la suite ils peuvent en tirer le meilleur, conservant quelque chose de leur passage. Nous proposons également des tours pour un public plus large.

LFR : Je crois que tu lances cette saison ta cyclosportive par étape en Thailande, c’est original et probablement unique. Peux-tu nous la présenter?

PP : Je suis amoureux de la Thailande et de Chiang Rai c’est le paradis pour rouler! En Thailande, il y a des courses mais cela relève encore souvent d’une organisation locale. Nous avons voulu lancer un événement avec une organisation digne des plus belles épreuves européennes, dans la ligne de la Haute Route, et nous avons la chance d’avoir un site magnifique et un sponsor titre Singha qui va nous permettre d’organiser la plus belle épreuve cycliste par étapes chez les amateurs en Thailande.

LFR : Merci Peter, et à très bientôt le plaisir de te retrouver sur la Marmotte ou sur la Haute Route 2015!

PP : Merci Laurent, en espérant se retrouver bientôt également, je perfectionne mon québecois avec mon équipier Nicolas Magnan qui fera la Haute Route avec moi cette année!

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Magnifique!

  1. Régis78

    Très Intéressant !!! Merci Laurent pour cette interview.
    Certainement « un Gros MOTEUR » Peter, compte-rendu de la marmotte très pointue.
    Par contre comment font-ils en course pour connaitre les écarts car je suppose pas d’oreillette ???
    Je me laisserai bien tenté par un stage en 2015, Son site gagnerai à proposer une version française pour ceux qui ne maitrisent pas bien la langue de Shakespeare.

  2. Samuel

    J’aime bien la singha beer, ca me manque la thailande 🙂

    merci peter, je passerais te voir a l’occasion vers le nord de la thailande,

    Bises, S

  3. Zut

    6 watts/kilo pendant 15 minutes……
    Ouch!

  4. Comme JC PERAUD, j’ai entrainé Peter POULY. C’est un gros moteur qui aurait du être champion du monde de VTT Junior en Allemagne devant Evans. Il est issu du VTT comme JC. C’est un mec bien.

  5. Gros moteur Antoine? C’est peu de le dire! 38 minutes et des poussières sur l’Alpe d’Huez (KOM sur Strava), Peter nous donne des garanties que c’est un moteur exceptionnel, one in a million. Je pense pour ma part que pro sur route, il était de la classe de ceux qui auraient pu gagner le Tour, voire des Tours! Inspirant comme coureur!

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