Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Trois grandes performances

Ce n’est pas tous les jours que ca survient : il me fait plaisir de signaler trois grandes performances survenues ces derniers jours.

La première, c’est le record du monde de la poursuite individuelle sur 4000m. Personne n’avait encore roulé plus vite que Chris Boardman dans cette épreuve mythique : 4min11sec114. Boardman avait réalisé ce temps-canon dans la position "superman" développée par un autre grand pistard anglais, Grame O’Bree. Le record tenait depuis… 15 ans.

Le jeune (21 ans !!!) Australien Jack Bobridge, récent champion d’Australie sur route, vient de faire mieux: 4min10sec543. En position classique de clm. Près de 60 km/h de moyenne. Holly shit !

Voilà une confirmation de la caisse de ce bonhomme, grand espoir du cyclisme australien. Mes respects.

La deuxième, c’est l’entrevue qu’a accordé Christophe Bassons en réaction aux récentes déclarations de Floyd Landis. Il faut lire cette entrevue d’un ex-coureur professionnel qui a préféré dire "non" au dopage, d’un coureur doté de moyens physiques exceptionnels mais qui n’a pas pu les exploiter convenablement justement en raison du dopage des autres. Floué, il aurait le droit d’être remonté envers le cyclisme professionnel, envers les années Armstrong, envers l’UCI et envers le système qui l’a ostracisé voire parfois ridiculisé.

Au lieu de ca, Bassons s’efforce de comprendre les raisons motivant les gens à se doper, et pose clairement sa position: il ressent de la frustration seulement si le comportement des autres le prive de vivre sa vie à lui. Ce faisant, il nous explique pourquoi le dopage est et demeurera inacceptable.

Tous ses commentaires témoignent d’une maturité impressionnante. Témoignent également que Bassons ne prend personne pour un con, et qu’il ne prend personne de haut. Loin de revendiquer ce statut de "coureur propre", il se dégage au dessus de la mêlée. Un exemple.

La troisième, c’est le titre de champion du monde de poursuite 30 kms décroché par… le fondeur Alex Harvey chez les moins de 23 ans. Il s’agit du premier titre de champion du monde du Canada dans le ski de fond. L’exploit est exceptionnel, d’ou cette digression exceptionnelle sur La Flamme Rouge pour couvrir non pas du cyclisme, mais bien du ski de fond. J’aime Alex Harvey, j’aime son attitude, j’aime son approche du sport et de la vie, j’aime sa modestie, j’aime sa capacité de prendre chaque chose en son temps, j’aime son ascension régulière, solide, j’aime sa confiance en lui, j’aime enfin son père Pierre pour ce qu’il sait apporter et ne pas apporter à son fils. Réussir dans un sport comme le ski de fond – ou le cyclisme – au Canada témoigne d’une volonté hors du commun. Chapeau bien bas. Une inspiration.

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Chasing Legends: une critique

  1. nikkos

    Pour ceux qui ne lisent pas l’anglais dans le texte :
    http://www.velochrono.fr/actu/2011/quand-bassons-repond-a-landis/

  2. alain39

    Les interviews de Landis et Bassons sont à lire.
    Clair et limpide et chacun à sa façon donne un éclairage éloquent sur ce qu’est devenu le cyclisme professionnel.
    Bassons est particulièrement mesuré dans son analyse tout en restant ferme sur le mal que représente le dopage.
    A lire ces 2 interviews on se rencontre que ce fléau fait beaucoup de mal. Outre perpétrer le vol de victoires, d’argent, de popularité, mettre en danger la santé des coureurs il hante les esprits tant de ses utilisateurs que de ceux qui s’y refusent.
    La vie des dopés et moche et celle de ceux qui s’y refusent et pas meilleure.
    Chacun dans leur coin nourrissent des sentiments de culpabilité, de honte, de frustration.
    Nous sommes loin des valeurs du sport qui vantent les mérites de l’effort et de la volonté.
    Car il faut avouer être obligé de vendre son âme au diable et hypothéquer sa santé pour exercer sa passion (même bien rémunérée) n’est pas satisfaisant.
    Idem pour ceux qui refusant ou ne pouvant utiliser ce dopage scientifique voient leurs espoirs s’envoler et leurs souffrances sur le vélo se décupler.
    Le dopage vu par ceux qui l’ont vécu est effrayant et on voit qu’il s’agit plus d’une machine de destruction que de simples expédients utilisés pour améliorer les performances.
    Car arrivé au stade actuel le do^page est devenu envahissant et fini par canibaliser la vie des coureurs.
    Outre les effetes secondaires oncomprend à la lecture du témoignage de Landis que c’est lourd a supporter et porter.
    Je n’ai que très peu de compassion à l’égard de Landis mais j’avoue que cette croisade qu’il semble vouloir mener et cette liberté de langage sont des bouffées d’oxygène.
    Je reste interrogatif sur les motivations et m’en suit largement expliqué par le passé mais force est de constater quie ceci va quand même dans le bon sens.
    Reste à attendre l’enquête aux US pour peut être passer à la vitesse supérieure.
    Mais là le poisson est plus combatif car contrairement à ceux floués par le dopage il a tout gagné à se doper et ne veut rien perdre.
    Mais jusqu’où pourra tenir sa politique de négation lorsque les preuves accumulées seront irréfutables.
    Il me tarde de vivre cet instant crucial.
    En attendant merci à Bassons et Landis pour ce pure moment de vérité.

  3. Soyeux

    Faut-il accorder de l’importance aux titres et aux records?

    Bien peu. D’abord, le dopage fausse tout. Ensuite, toute performance exceptionnelle est loin d’être uniquement le résultat d’un travail acharné et admirable. Chaque individu est limité par des barrières physiologiques: sa VO2max, son hématocrite, son rendement musculaire, sa masse, son IMC, etc. Bien souvent, le champion est l’individu qui a des paramètres biologiques hors normes: est-ce un mérite?

    Je crois qu’il est mauvais de se servir du sport pour hiérarchiser les individus. Toute hiérarchie est génératrice d’injustices.

    Ne pas juger, comprendre; ainsi disparaît la frontière entre les individus socialement considérés comme des héros et ceux socialement qualifiés de râtés.

    Evaluer le mérite par les résultats est une cruelle erreur. Le mérite ne peut se mesurer: c’est une affaire de conscience, un sentiment intime. Les médias élève des individus au rang de Divinités, mais nul autre que ces idôles ne connaissent la véritable valeur des exploits dont ils sont auteurs.

    Ne serait-il pas plus légitime d’accorder notre admiration à des clochards qu’à des champions? Qui souffre le plus? Lequel des deux mène le combat le plus rude?

  4. Hugo

    La transcription de l’entrevue intégrale de SEPT heures de Landis avec Paul Kimmage se trouve ici:

    http://nyvelocity.com/content/interviews/2011/landiskimmage

    Je dois dire que j’ai regagné beaucoup de respect pour Floyd Landis. Il explique avec une clarté incroyable les choix qu’il a faits et les gestes qu’il a posés au cours de sa carrière, son grand regret étant d’avoir refusé de tout avouer après son contrôle positif en 2006.

    Ce que je retiens de cette entrevue est que le cyclisme professionnel est corrompu des pieds à la tête. Il est toujours impossible de faire un top 10 dans un grand tour à la pédale, et les instances dirigeantes ferment les yeux tout en ayant aucun désir de changer cet état de fait. Dans les conditions actuelles, un cyclisme qui s’entraîne pendant quinze ans est confronté à des choix extrêmement difficiles lorqu’il réussit à se joindre à une équipe Pro Tour: faire comme les autres, ou être condamné à jouer les seconds violons, voire à être ostracisé par le peloton.

    Il y a bien sûr quelques exceptions comme Bassons, mais soyons honnêtes, les hommes d’une telle droiture sont rares dans notre société. Après m’être entraîné pendant quinze ans, j’aurais probablement fait les mêmes choix que Landis, du moins jusqu’en 2006.

    Un autre exemple: en 2006 avant le dernier contre-la-montre, Pereiro et Landis ont discuté ouvertement de leurs cures de dopage, Pereiro affirmant à Landis qu’il lui restait encore une transfusion à recevoir. Bref, la transcription de l’entrevue Landis-Kimmage est à lire absolument!

    Je conseille aussi la lecture d’une entrevue récente avec Betsy Andreu:

    http://www.velonation.com/News/ID/5699/Betsy-Andreu-speaks-about-Lance-Armstrongs-involvement-in-the-Floyd-Landis-investigation.aspx

    Quelle femme!

    L’enquête de Jeff Novitzky se poursuit et mènera probablement à des accusations. Mon humble opinion est que l’affaire Festina est de la petite bière comparé à ce qui s’en vient aux États-Unis!

  5. Jérôme

    Tu es tout pardonné de mentionner les performances d’Alex Harvey. D’abord parce que de nombreux cyclistes passent l’hiver sur les sentiers de ski de fond mais, surtout, parce qu’Alex est un cycliste de montagne de premier ordre. En août 2007, il représentait le Canada en vélo de montagne aux championnats du monde junior, en Nouvelle-Zélande.

    On a tous des choix à faire; très jeune, lui aussi a dû choisir un jour entre vélo et ski de fond. Il a sans doute fait le bon, mais je crois qu’il aurait tout aussi bien fait en vélo!

  6. thierry mtl

    Soyeux… la deuxième partie de ton texte… au secours ! Arrête de fumer de la tisane.
    Évite les sites de sport comme la Flamme Rouge. Je te suggère le Canal vie, Oprah Winfrey et une petite infusion de camomille.

  7. Testocarbone

    @ Thierry Mtl

    Méchant, ton commentaire. Celui de Soyeux est tout en subtilité, en nuance, en sensibilité et donne à réfléchir sur cette société basée sur la performance.
    J’ai, tout comme Soyeux, plus de respect pour un laissé pour compte qui survie dans le douleur, que pour un forcené du chrono, qui se charge comme un mulet pour se démarqué de son prochain.

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