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Danilo Di Luca: cycliste infiltré

Danilo Di Luca: pour moi, ce coureur a incarné des années durant la classe à l’état pur, le talent, et le panache. Un attaquant, un vrai. Un gros moteur couplé d’un mental de guerrier.

Si je n’ai jamais eu d’idôle en cyclisme, pas même Marco Pantani, le coureur que j’ai pourtant le plus admiré, l’Italien des Abbruzes Danilo Di Luca a toujours été sur ma courte liste de mes coureurs préférés parce qu’avec lui, il se passait toujours quelque chose en course.

Mais quel gâchis aussi… Di Luca a couru durant l’époque noire du vélo, une époque difficile tant l’abus de dopage sanguin était répandu.

Je viens de terminer la lecture du livre Danilo Di Luca, Cycliste infiltré. Une sorte d’autobiographie du coureur, rédigée en collaboration avec Alessandra Carati.

Pour beaucoup d’entre vous, le livre n’aura que peu d’intérêt. Di Luca y raconte essentiellement sa carrière, son ascension, ses succès dont le Giro 2007, puis sa descente aux enfers.

C’est toutefois un livre courageux à plusieurs égards: Di Luca n’exprime aucun regret et assume, et ne veut manifestement pas qu’on le plaigne. Le seul regret que vous trouverez dans ce livre, c’est au tout dernier paragraphe: « Cette histoire n’a pas de fin, c’est ma vie. Le poids le plus lourd que je porte avec moi est la douleur causée aux personnes que j’aime et que j’ai aimées. Quant au reste, je m’en suis sorti. »

La valeur ajoutée de ce livre, c’est que Di Luca nous aide vraiment à comprendre « Le Système ». Il donne le ton dès la page 15: « J’ai menti, j’ai triché, j’ai fait ce que je devais faire pour arriver le premier, mais ce n’est pas le problème. Le problème, c’est que je ne me suis pas immunisé contre le système. »

C’est exactement ca. Ce livre est intéressant car il nous permet de comprendre le contexte dans lequel les coureurs pro évoluent. Di Luca y traite bien sûr de la difficulté extrême du sport, des mensonges quotidiens à son entourage, au public, de la pression des contrôles fréquents, des passages de désespoir qu’il a traversé, des procès, mais surtout, surtout, du fait que sans les bons appuis, tu ne peux pas réussir dans ce sport.

On parle ici de quelques acteurs clé du cyclisme italien, les sélectionneurs nationaux, le CONI, les organisateurs du Giro, les managers d’équipe.

Dans le vélo, tout se sait, et il est facile de tomber à l’index si tu prends trop de place, ou si tu ne respectes pas les « règles » du milieu.

Di Luca en a payé le prix.

J’ai aimé ce livre parce qu’il m’a permis d’acquérir l’intime conviction que dans les histoires de dopage mécanique, notamment l’Affaire Cancellara, le milieu sait, lui… Pas besoin d’une enquête pour ca, et certains feront ce qu’il faut pour protéger le business.

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10 Commentaires

  1. Edgar Allan Poe

    Oui, Laurent, je partage la même analyse que toi : un gars bourré de classe, qui évoque son trajet sans aigreur, mais qui a aussi souvent fait preuve « d’immaturité » dans sa carrière, notamment quand il évoque son « préparateur » ou son mentor, qui, d’une palpation de la cuisse la veille d’une course, lui prédit la victoire le lendemain. Il m’a aussi laissé l’impression à la fois d’un électron libre et d’un coureur livré à lui-même : entraîneur « gourou » personnel, plusieurs changements d’équipe, des équipes qui coulent en milieu de saison, des coursiers obligés d’amener leur propre sponsor s’ils veulent courir. Triste réalité, d’autant plus que je ne suis pas certain qu’il y ait eu beaucoup de changements depuis.
    Son témoignage remet aussi en perspective la mort de Pantani, coincé l’avant veille de sa victoire quasi certaine au Giro 99, pour prise d’EPO. Pas assez de protection, trop mal entouré. Cela n’aurait pas pu arriver à Armstrong lors de ces 7 tours victorieux.
    Je vois aussi que tu confirmes ce que je disais pour l’affaire Cancellara : tout se sait dans le peloton. Qui prend quoi, qui essaie tel protocole, tel matériel…tout n’est que secret de polichinelle dans des délais qui ne dépassent pas le temps d’une saison cycliste. Alors, qui va parler le 1er pour le moteur de Cancellara ?

  2. mica

    Laurent, tu sembles tjs. aussi « fasciné » par le cyclisme Italien, pourtant quel lot de « chaudiéres » il nous a fourni pendant prés de 30 ans! Peut être et sans doute le record en Europe: comme ça, deux ou trois noms au hasard : Argentin,Ricco, et bien sur Pantani…
    Di Luca a peut étre payé le prix, mais s’ il n’ avait pas trempé dans le systéme, il serait un illustre inconnu, alors qu’ il « surfe » encore sur la vague en vendant un torchon: demi victime, demi repenti, mais toujours aussi menteur.
    Et à propos des moteurs, dont il avait dit en fin de carriére qu’ ils étaient bien répandus dans le peloton, il ne pipe pas mot? Pourtant il en sait des choses….
    peut çetre pour un 2eme bouquin…encore plus lucratif!

  3. Edgar Allan Poe

    Si j’ai bon souvenir, dans son livre, Di Luca dit avoir fait des perfs -enfin je parle bien de performances, pas de perfusions – avant de taper dans le chaudron magique. Comme il laisse aussi entendre qu’il gérait ses prises de produits et courait certaines courses sans produits dopants.
    Mais là encore, force est de constater, études à l’appui, que des produits comme l’EPO ont des effets qui persistent bien au delà de leurs périodes d’action officielles…Comme un ancien dopé qui a gagné des courses bénéficie encore d’une aura populaire et d’un réseau qu’il n’aurait pas eus s’il n’avait pas gagné…en trichant !

  4. binz

    c’est bizarre, si on transpose cette phrase en France, c’est tout aussi crédible…

    « On parle ici de quelques acteurs clé du cyclisme italien, les sélectionneurs nationaux, le CONI, les organisateurs du Giro, les managers d‘équipe. »

  5. mica

    Binz: trés bien vu, on peut tout à fait transposer cela à la France, et ne pas oublier les organisateurs(en fait il n’ y en a qu’ un: aso, et ceux qui diffusent à grands frais et a longueur de journées d’ été)
    France télé doit faire des économies, elle devrait commencer par là!

  6. Wolber

    Oui, ç est paradoxal, le cyclisme italien peut fasciner malgré tout. Moi le premier.
    Si on le compare au cyclisme américain qui a produit un nombre de chaudières aussi important sur une période tres courte, proportionnellement. Un cyclisme insipide.

    Dans le fond, les sempiternelles questions:
    – peut on marcher et gagner à l eau chez les pros?
    – à la place de Di luca que faire?

    J aimerais bien que Di luca , on sorte un autre de bouquin sur les moteurs. Alors là , une vraie bombe.
    Mais visiblement , il est plus facile de ressasser ce que tout le monde sait déjà , que de vraiment balancer.
    Le Gaimon , lui, coureur inconnu, a osé.

  7. noirvélo

    Moi, j’en ai marre de tous ces coureurs qui font « carrière » en progressant peu à peu jusqu’au haut niveau, qui continuent ou qui commencent à se charger, qui sont CONSCIENTS , COMPLICES à présent de tout ce qui se passe dans le système (alors que ça fait des décennies que ça dure évidemment!) qui réussissent à monter sur de nombreux podiums plus ou moins conséquents, et qui, un jour , BOUM !!!, se cassent la gueule en se faisant « toper » … Mensonges, calomnies,trahisons, hypocrisies, dénonciations,amnésie
    fausses maladresses et vrais foutages de gueule …
    Oui on se laisse tous abuser par son « champion préféré », quelles que soient les raisons, il a un « style », une bonne gueule, un charisme , bien assis sur son « bike »,élégant, puissant, rien ne traine, tout est à sa place, même chaque mot de son discours en interview, son sourire « ultra-brite », son humour et l’affection qu’il porte à ses enfants ou au « super-équipier-ami » qu’il vient de perdre dan un accident de la route , tout, absolument tout, charme et séduit , sans que l’on sache vraiment pourquoi…
    S’en suit toujours un « no mans land » où il y a malaise, vexations en tous genres (où notre orgueil est mis à mal) où on cherche des parades, comment le défendre , celui qui vous a tant fait vibrer ???…
    Et puis, comme tous les autres , il écrit son bouquin
    , avec son style perso (lui , c’est comme Piaf, il ne regrette rien ), on avoue , à moitié pardonné , hein ?
    avec toujours la possibilité (entre autre de gagner des ronds sur la prose!) d’expliquer avec sobriété les réalités crues du système comme pour bien s’affranchir en se faisant « presque » plaindre … et il se fait plaindre , déjà ! ok , vous me direz que vous, vous le comprenez, ce n’est pas tout à fait la même chose…
    Je n’achèterai pas son bouquin , il n’a rien à m’apprendre, j’attends juste les sorties des « autres »,
    que je n’achèterai pas non plus , parce qu’ à l’heure où je vous écrit , il y a des coureurs avec des DS dans des labos et des médecins qui cherchent « LE » pour GAGNER …en formulant leurs futurs mensonges, leurs futures « minables » expliquations , en pensant, peut-être déjà à ce qu’ils vont écrire pour s’excuser auprès de leur famille et de leurs fans … Amen
    ps : toujours ce sentiment de me répéter … avant de prendre mon vélo pour deux heures de vélo à 0° … sans podiums, sans admirateurs , sans empathie (plutôt le contraire , il est con celui-là à rouler par ce froid !!!) … Mais je suis dopé, moi, à l’infusion chaude …

  8. MATHIEU

    Ce livre de Di Luca est un bon ouvrage et j’en avais parlé déjà il y a quelques mois dans sur ce site.
    C’est vrai que le point essentiel que j’ai retenu, autre que les histoires de dopages, c’est le fait pour un coureur d’être au »bon endroit et au bon moment » et d’être dans le « bon » milieu ! Combine de coureurs prometteurs ont disparu à cause de mauvaises équipes, d’un mauvais encadrement, etc…

    Concernant le dopage, les triches mécaniques, les fraudes en course, etc… j’ai décide de vivre avec!
    Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse !

    Dans ce monde de actuel de transparence et de vertu j’attends maintenant les prochaines révélations de champions ayant été dopés, utilisant des moteurs, ayant des comptes à Panama et des holdings aux Bahamas et ayant été des prédateurs sexuels redoutables, mettant la main aux fesses de Miss maillot vert…

  9. lbi

    Et le réchauffement climatique, tu veux vivre avec? On fait rien, on rentre dans le rang, résigné, on devient un mouton? triste d’en arriver à penser comme ça, surtout pour nos enfants.

  10. noirvélo

    J’ai quand même mis deux morceaux de sucre de canne dans mon infusion « thé vert-menthe », on se les gèle quand même ,mais dopé j’vous dis …
    Ok, tout le monde s’en fout !

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