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CTRL: des lunettes très spéciales

CTRL, c’est une compagnie qui a développé des lunettes qui peuvent s’adapter en 0,1 secondes aux conditions de luminosité, soit manuellement via un bouton, soit automatiquement via un capteur.

Le vidéo ci-bas avec Andy Schleck, porte-parole du produit, est assez éloquent.

Comment ça fonctionne? D’après ce que j’en comprends, la vitre contient des cristaux liquides qui changent la teinte de la lunette en fonction d’un courant électrique. La lunette est d’ailleurs dotée d’une petite pile qu’il faut recharger au moyen d’un port USB.

Le tour de force, c’est que la lunette a du style et camoufle très bien l’équipement électronique requis pour changer ainsi la teinte de la vitre.

Plus intéressant encore, CTRL annonce qu’une lunette sera bientôt disponible avec des informations de télémétrie affichée dans la vitre, comme votre vitesse, votre direction ou votre puissance.

Prix de la lunette actuellement disponible? Autour de 300$, soit guère plus que pour certains modèles populaires de lunettes Oakley.

On n’arrête pas le progrès!

Merci à mon ami Martin d’avoir porté ce produit à mon attention.

Eurobike 2016: quelques développements intéressants…

Capture d’écran 2016-09-01 à 22.04.10Pendant que le fondeur canadien Alex Harvey montait le Stelvio côté Prato en ski à roulettes hier, moitié skate, moitié classique (ouf!!!!!), le salon Eurobike 2016 battait son plein du côté de Friedrichshafen.

Quelques nouveautés et développements ont attiré mon attention.

Notamment ces chaussures Luck qui intègrent un… capteur de puissance dans la semelle. Je trouve l’idée intéressante, puisque la force exercée sur les pédales passe nécessairement par l’interface semelle-pédale. Le système est polyvalent car non lié au vélo lui-même, et la mesure du différentiel de puissance entre les deux jambes peut se faire de façon précise si un capteur est installé dans chacune des deux semelles. Brillant!  Le système est annoncé compatible avec ANT+. Reste à tester la fiabilité et le degré de précision de cet outil comparé à ceux existant notamment du côté des pédaliers.

J’ai aussi remarqué un renouveau chez Colnago, après quelques années qui m’ont apparues en demi-teinte. Colnago a lancé un aéro bike bien réussi appelé « Concept ». La compagnie italienne est également en phase de relancer sa gamme en prévision de 2017.

L’autre nouvelle de ce salon est le nouveau groupe électrique sans fil FSA qui viendra donc concurrencer le groupe déjà lancé par SRAM (gageons que les autres grandes compagnies Shimano et Campagnolo suivront sous peu). Je trouve déjà l’esthétique de ce groupe FSA moins réussie que celle du groupe SRAM, car plus grossière.

Plusieurs sites Internet couvrent chacun à leur manière ce salon du vélo, notamment Bike Radar, Matos Vélo ainsi que Pez Cycling.

Matos: veste Castelli Gabba2 Convertible

Capture d’écran 2016-08-28 à 20.55.20Avec l’automne à nos portes, il est temps de penser à des vêtements un peu plus chauds pour affronter des températures en baisse.

Et dans ce domaine, on fait difficilement mieux que la veste Castelli Gabba2 Convertible.

Convertible parce que les manches longues de la veste se détache pour en faire un maillot à manches courtes, lorsque la température passe au dessus des 20 degrés, ce qui peut encore être le cas en octobre, voire novembre (l’an dernier, il avait même fait plus de 20 degrés le 24 décembre à Gatineau!). Les maillots coupe-vent manches courtes sont actuellement à la mode, on les voit souvent dans le peloton pro.

C’est en tout cas pratique si vous faites du cyclo-cross, car cette veste-maillot peut s’adapter à de nombreuses conditions climatiques: temps frais et sec, temps humide et froid, elle sait tout faire!

La veste est faite de tissu Windstopper X-Lite Plus, à l’épreuve du vent et de la pluie, pourvu que vous n’y soyez pas exposé pendant des heures. Le tissu est très souple, léger.

La veste est conçue pour être moulante, donc pour se porter très près du corps, l’empêchant de faseyer au vent.

Elle est aussi dotée de trois poches arrière, et d’une extension pour protéger les reins et le bas du dos des projections lorsqu’on roule par temps humide. Le col est également montant, pour une isolation adéquate.

J’ai pu voir récemment cette veste et je vous assure que c’est du bien beau matos. Elle fera bientôt partie de ma garde-robe cycliste.

Matos Vélo en a fait une critique assez élogieuse il y a quelques mois. C’est ici.

Canyon, Argon18, la guerre des manufacturiers de vélo

Ne vous y méprenez pas: ça joue dur, ça joue très dur en coulisses entre les grands manufacturiers de vélo de ce monde pour conquérir, ou simplement garder, des parts de marché dans un marché justement qui continue à prendre de l’expansion.

Il y a plusieurs indices de cela.

D’une part, la multiplication, ces dernières années, des équipes World Tour portant comme nom celui d’un fabriquant: BMC, Trek-Segafredo, Giant-Alpecin, Lampre-Merida, Cannondale… sans parler de la présence sentie d’autres manufacturiers de vélo au sein d’équipes, comme Pinarello avec Sky (à fond le marketing!), Canyon avec Katusha et Movistar, Specialized avec pas moins de trois équipes, soit Etixx, Tinkoff et Astana.

Les enjeux économiques sont évidemment énormes.

On apprenait récemment que Canyon, spécialiste de la vente « en direct » de vélos sans passer par un détaillant, allait investir, en 2017, le marché américain. Les vélos Canyon seront donc bientôt disponibles de ce côté-ci de l’Atlantique, ouvrant un immense marché à la compagnie qui use d’un argument de vente très, très convaincant: le prix, plus faible que pour tous ses concurrents, pour des cadres acclamés par la critique, y compris indépendante.

Je suis en effet de ceux qui croient que les cadres carbone sont très nettement sur-évalués en ce moment, les cadres se détaillant plus de 6000$CAN étant nombreux parmi les grands manufacturiers. Proprement scandaleux, ça ne vaut tout simplement pas ces prix exorbitants. Mais ces grands manufacturiers jouent à fond la carte du marketing agressif, forts des performances… des meilleurs cyclistes WorldTour qui roulent sur leurs produits. On refile la facture aux consommateurs, qui ne demandent pas mieux que de rouler sur le vélo qu’on retrouve fréquemment dans les revues cyclistes voire dans sur des posters dans des magasins de cycles…

Autre preuve de la guerre des manufacturiers, les démarches en coulisse de la compagnie québécoise Argon18 dans le dossier de la création d’une équipe World Tour associée au… Bahreïn, et pour laquelle on annonce Vicenzo Nibali comme le seul leader.

Argon18 serait en bonne position pour devenir le fournisseur officiel des vélos de l’équipe en 2017, malgré une compétition d’autres manufacturiers comme Bianchi ou Merida. Que voulez-vous, c’est à ce prix qu’Argon18 pourra continuer à conquérir des parts de marché en Europe, les performances actuelles de l’équipe Bora n’offrant certainement pas une grande satisfaction ni une grande visibilité en ce moment au fabriquant québécois.

Bref, plus que la qualité du produit, c’est la présence en WorldTour qui garantit aujourd’hui le succès populaire d’un fabriquant de cycles: omniprésent dans les années 1990 et 2000, qui a aujourd’hui le goût de rouler sur un Colnago? Plus encore, sur un Cervélo qui a connu une ascension fulgurante dans la seconde moitié des années 2000, pour retomber depuis quelques années dans un certain anonymat, du moins chez les cyclistes sur route?

Il existe pourtant de nombreux fabricants plus modestes mais offrant d’excellents produits, tout à fait comparables à ceux qui sont présents dans le WorldTour et qui jouent la carte marketing à fond. Je suis de ceux qui, aujourd’hui, font plutôt confiance à ces autres fabricants peut-être moins « main stream » mais qui me permettent aussi de rouler sur… un secret bien gardé! (et pour le tiers du prix).

Dopage mécanique: troublant reportage de Stade 2

L’actualité cycliste, les résultats de l’Amstel Gold Race gagnée par Enrico Gasparotto, ont été occultés ce week-end par ce reportage présenté dans le cadre de l’émission Stade 2 en France et portant sur le dopage mécanique.

Je crois que ce reportage parle de lui-même…. À voir absolument.

Je demeure pour ma part convaincu que Fabian Cancellara a usé d’un moteur sur le Ronde et Paris-Roubaix 2010, et j’ai souvent exprimé mes doutes sur ce site. Plus choquants sont les soupçons que ce dopage mécanique, maintenant efficace au niveau des simples moyeux, soit encore en usage dans le peloton aujourd’hui, au moment d’écrire ces lignes.

Et le reportage émet un doute quant au vélo d’Alberto Contador sur le Giro 2015 qu’il a survolé, laissant croire que le champion espagnol aurait pu utiliser une roue électromagnétique qui, malgré les sceptiques, semble bel et bien être fonctionnelle. Et si sa magnifique ascension du Mortirolo…

Enfin, les caméras thermiques utilisées par les journalistes d’enquête sont en effet un dispositif prometteur et peu cher pour prendre les tricheurs presque sur le fait… Pourquoi ne pas les arrêter sur le bord de la route pour vérifier le vélo lorsque les soupçons sont majeurs?

Chose certaine, l’UCI semble être encore une fois à la traine avec ses IPad dans les aires de départ… les équipes pro sont plus intelligentes que ça pour camoufler les vélos!

Le dopage mécanique a ça de terrible qu’il a le réel potentiel de littéralement tuer le sport cycliste, par essence un vélo mû par un humain dessus. En installant un moteur, ce n’est plus du vélo, c’est de la moto…

Freins à disque: la parfaite connerie!

Je n’avais pas encore réagi à l’autre événement du dernier Paris-Roubaix: le coureur Movistar Fran Ventoso y a été sérieusement coupé par un disque de frein, et ce lors d’une chute.

Les photos de la coupure sont en effet très impressionnantes.

Le coureur n’a pas manqué l’occasion d’exprimer son opinion sur le sujet, et je le comprends.

Pour moi, c’est la parfaite connerie. L’exemple parfait du monde dans lequel on vit.

C’était évident, et je l’ai souvent exprimé sur ce site depuis 2013, les freins à disque représentent un réel danger en cas de chute dans le peloton. Ils sont coupants. Et les chutes, nombreuses.

Ben ca n’a pas loupé, et plutôt tôt que tard.

Du coup, ça y est, l’UCI suspend le droit d’utiliser ce genre de freins.

Bref, le monde à l’envers: plutôt que de prévenir, on laisse faire et on réagit à la suite d’un événement grave.

Typique de nos sociétés!

Vous voulez que je vous dise pourquoi je pense que l’UCI a autorisé ce genre d’essai?

En raison du lobby des fabricants de vélo.

Les freins à disque nécessitent en effet un cadre différent, présentant des ergots permettant le montage de ce type de frein. C’était donc l’occasion rêvée de vendre une nouvelle série de cadres adaptés à cette technologie. Quoi de mieux en effet, et les exemples sont nombreux dans notre société, qu’un changement de technologie pour relancer les ventes? Apple, les télés 3 puis 4G, les exemples sont si nombreux!

Pour nous convaincre, nous les pratiquants, de la nécessité de se doter de vélos avec freins à disque, il fallait donner l’exemple.

Et quoi de mieux que les pros pour donner l’exemple… ne sommes-nous pas à l’affut des dernières trouvailles techno du peloton?

Tout ce cirque me déçoit. En cyclisme sur route, les avantages des freins à disque sont très discutables compte tenu des inconvénients. Je les avais détaillé dans cet article l’an dernier.

Bref, l’UCI fait une fois de plus preuve de son incapacité à diriger efficacement et avec clairvoyance le cyclisme d’aujourd’hui. À plusieurs égards, le dossier du poids de 6,8 kilos imposé aux vélos témoigne aussi de cette incapacité de l’UCI de moderniser le cyclisme: on sait pertinemment qu’aujourd’hui, il est possible d’obtenir des vélos plus légers que 6,8 kilos tout en ne compromettant en rien la sécurité des coureurs qui sont dessus… pourvu qu’on y monte pas de freins à disque!

Alaphilippe: le retour!

Je vous invite à ne pas manquer le final de la Flèche Brabançonne disputée hier, ce fut excitant encore une fois. Surtout Julian Alaphilippe! Quel coureur!

Échappé dans le final avec Tim Wellens chez Lotto, Alaphilippe s’est fait reprendre par le paquet à environ 11 kms de l’arrivée. Sur une attaque de Tony Gallopin, il ressortait du paquet avec trois autres coureurs, dont son équipier Petr Vakoc. Les images à 3,1 kms de la ligne sont fantastiques: lorsque Alaphilippe réalise que Vakoc est là dans l’échappée, il prend immédiatement la tête du groupe de 5 coureurs et sert un relais d’enfer d’environ deux kilomètres afin de s’assurer de déposer Vakoc au pied de la dernière ascension sans que le peloton ne soit rentré. Un excellent travail d’équipe, tout à fait en lien avec mon texte d’hier. C’est peut-être ce qui a manqué au trio Terpstra-Stybar-Boonen sur les Flandriennes…. L’engagement d’Alaphilippe hier à la cause était total.

Chose certaine, j’adore ce coureur Julian Alaphilippe, un coureur volontaire, offensif, qui manifestement n’a pas peur de tout risquer pour gagner. J’aime également son style, son coup de pédale, sa classe sur un vélo, et ses qualités de puncheur qui nous rappellent le Philippe Gilbert des grandes années (2011). Inspirant! et ça promet pour les Ardennaises, à commencer par l’Amstel ce week-end et son final au terme de l’ascension du Cauberg. Tony Gallopin semble également être en forme, ce sera un autre coureur intéressant à surveiller au cours des deux prochaines semaines.

Quant à ce Petr Vakoc, 23 ans, vainqueur hier, ouf! Quel puissance! Je pense que nous tenons là un coureur de grand talent sur les courses d’un jour pour les prochaines années, et il ne tardera pas à se frotter aux meilleurs s’il continue ainsi.

Le cyclo-cross, paradis du dopage mécanique?

C’est en effet lors des Mondiaux de cyclo-cross que le premier cas de dopage mécanique a été révélé à la fin janvier.

Il serait raisonnable de croire que le cyclo-cross est possiblement l’endroit où ce type de dopage est le plus facile à employer: les coureurs peuvent changer fréquemment de vélos (tous les tours s’ils le souhaitent), les spectateurs sont très proches et donc l’ambiance peut cacher le bruit des « moteurs », et les vélos sont souvent sales, permettant de dissimuler facilement des pièces.

Les vitesses étant peu élevées, mais la puissance requise l’étant, par exemple pour traverser un bac de sable ou une zone particulièrement embourbée, ces moteurs sont à même de procurer une aide très précieuse, et donc de faire la différence. De surcroît, l’effet d’aspiration (drafting) est réduit.

Mon ami Patrick a laissé en commentaire il y a quelques jours ce vidéo troublant où on voit la roue de Van Aert se mettre à tourner avant que lui ne pédale au sortir d’un virage bourbeux. Si le vidéo est très court, on réalise très bien l’anachronisme en le repassant plusieurs fois.

Je vous avoue que c’est troublant, très troublant.

Dissimuler un tel vélo équipé d’un moteur serait facile en cyclo-cross. Le mécano et le coureur peuvent par exemple très bien convenir d’un tour où le vélo dopé sera utilisé, puis le ranger au tour suivant à l’occasion d’un énième changement de vélo. Le mécano peut ensuite aller dissimuler le dit-vélo.

Plus que jamais, il faut que l’UCI prenne les grands moyens, il y va de la crédibilité du cyclisme tout entier (de tels moteurs seraient aussi utiles sur piste, mais leur dissimulation peut-être plus difficile, l’espace étant clos).

Chose certaine, je suis d’accord avec Marc Madiot: suspension à vie pour ces tricheurs. Il faut un signal fort et totalement dissuasif. Le sport cycliste ne saurait être considéré comme un sport… mécanique.

Entrevue avec Olivier Brunel-Raynal, testeur de produits cyclistes

OBJ’ai récemment eu le plaisir d’entrer en contact avec Olivier Brunel-Raynal, testeur de produits cyclistes pour des sociétés comme Time ou encore Veloflex. Petite entrevue avec Olivier pour vous faire découvrir un métier peu connu, mais important, du cyclisme.

La Flamme Rouge : bienvenue Olivier sur La Flamme Rouge et surtout, merci de prendre le temps de participer à cette petite entrevue.

Olivier Brunel-Raynal : Merci Laurent, je suis heureux de pouvoir contribuer à La Flamme Rouge dont je suis un fidèle lecteur.

LFR : Olivier, comment devient-on testeur? Sur le palmarès?

OBR : En fait, les essais terrain participent aux validations fonctionnelles et durabilité des produits et les testeurs doivent donc répondre à certains critères spécifiques. Dans le processus de sélection, il y a aussi une part de chance, avec TIME ca s’est passé par le biais d’une connaissance qui était en relation avec le responsable technique qui cherchait de nouveaux testeurs pour le développement des roues. J’ai commencé ce travail avec TIME il y a 10 ans, avec les premiers tests. Avec VELOFLEX, j’avais pris l’initiative de tester la résistance à la crevaison sur un lot de plus de 30 boyaux que je leur ai transmis pour information et quelques mois plus tard ils m’ont recontacté pour tester les premiers prototypes de boyaux développés spécifiquement pour la classique Paris Roubaix chez les pro. Disons en terminant que mon profil cycliste, c’est « cyclosportif ULTRA » puisque je parcours environ 40 000 kilomètres par an.

LFR : Ayant moi même déjà testé des vélos, il faut développer une certaine sensibilité pour remarquer les petites différences. Cette sensibilité s’acquiert essentiellement avec l’expérience je suppose?

OBR : Je pense que la sensibilité est avant tout une disposition naturelle qui peut aussi se développer avec l’expérience et l’optimisation de sa position sur le vélo de manière à être détendu et mieux ressentir les choses. Mais un « bon » testeur se doit de combiner trois qualités : il doit d’abord « solliciter » les composants dans la plus large gamme d’usage possible, il doit être ensuite capable de bien ressentir le comportement du vélo et enfin, il doit bien retransmettre et communiquer ses analyses.

LFR : Dois-tu respecter des protocoles bien déterminés pour tester les produits qu’on te confie?

OBR : TIME et VELOFLEX ont une démarche très professionnelle, selon le type de test. Parfois, je dois remplir un questionnaire et respecter un protocole très précis. D’autres fois, je suis libre de faire remonter ce qui me semble le plus déterminant. J’ai même souvenir d’un test en aveugle ou TIME m’avait fait rouler sur un vélo, soit disant de série, mais qui avait en fait une nouvelle fibre carbone. Ils voulaient avoir mes impressions sans m’influencer. TIME m’incite aussi à rouler sur des vélos d’autres marques pour mieux comparer et je participe a tous les essais marques qui se déroulent dans la région.

LFR : Engages-tu ta responsabilité lorsque tu testes des produits? Qu’advient-il par exemple si ton évaluation n’a pas capté certains points?

OBR : Sur la plupart des essais, TIME combine les retours de plusieurs testeurs pour avoir une analyse statistique et c’est surtout valable pour les tests de ressentis ou il y a de grandes différences de perception. Dans certains cas, il y a un « testeur pilote » qui a sans doute une plus grande responsabilité. J’ai souvenir, par exemple, d’un test en 2014 assez stressant ou on avait eu une semaine intense sans le droit à l’erreur. C’est dans ce type de situation qu’on prend conscience de la qualité et de la motivation des équipes techniques comme de l’intérêt d’avoir une fabrication locale qui permet de réagir beaucoup plus efficacement.

LFR : Un testeur donne sa rétroaction verbalement ou par écrit?

OBR : Je fais un rapport mensuel sur tous les composants en test et je rédige un rapport spécifique pour chaque campagne de tests de produits. Mais il y a aussi beaucoup d’échanges directs avec les ingénieurs de TIME chez qui je me rends régulièrement pour échanger sur le déroulement des tests et pour qu’ils puissent analyser les composants (observations et mesures en laboratoire). Avec VELOFLEX, on procède essentiellement par échange de courriels et je leur renvoie les produits pour analyse après les tests. Je me suis rendu à l’usine de VELOFLEX située à coté de Bergame à 2 reprises déjà pour mieux comprendre leur processus de fabrication et échanger avec les ingénieurs.

LFR : Que peux-tu nous dire sur les récents tests que tu as réalisés? Verrons-nous de nouveaux produits révolutionnaires apparaître prochainement?

OBR : Je suis tenu à une certaine discrétion sur les essais mais ceux qui roulent avec moi observent régulièrement des composants exotiques sur mon vélo et/ou des vélos en test de courte durée. Si les vrais avancées technologiques du type de la fourche AKTIV sont rares, il y a par contre tous les ans un nouveau modèle à tester et souvent des évolutions sur les composants ou les matériaux. En plus de la « partie visible » des nouveaux modèles qui sont présentés au public, il faut savoir qu’il y a de nombreuses petites modifications destinées à améliorer la performance, l’ergonomie, la durabilité dont on entend rarement parler. Je roule pour l’instant sur un SKYLON avec une selle, des pédales et cales, une tige de selle, un jeu de direction, un câblage interne, une peinture et des boyaux qui sont tous des prototypes qui équiperont peut être… ou pas… la gamme 2017.

LFR : On parle beaucoup, cette saison, des nouveaux pneus et boyaux Vittoria à base de graphène, réputés quasi-increvables. Tu en penses quoi?

OBR : Une analyse benchmarking est prévue avec des essais laboratoire et terrain bientôt, c’est dans mon programme de tests en 2016. Mais avant ce test, il y a plusieurs essais qui ont été jugés plus importants pour VELOFLEX et au vu du programme très chargé, je ne pense pas les tester avant cet été. Nous pourrons nous en reparler!

LFR : Chez Time, qu’as-tu pensé du Skylon, toi qui a dû tester de nombreux cadres dans ta vie?

OBR : TIME à une politique de renouvellement de sa gamme sans doute moins dynamique que certains concurrents mais en contrepartie chaque nouveau modèle est en rupture forte avec son prédécesseur. Dans la gamme TIME il y a 3 modèles qui s’adressent à des profils de cyclistes complémentaires, du cyclo avec le FLUIDITY et l’IZON au coursier avec le SKYLON. Ce dernier apporte un vrai gain en terme d’efficacité, de polyvalence, de pilotage tout en étant plus accessible (comprenez plus facile à vivre) que son prédécesseur le ZXRS. Équipé de la fourche AKTIV, c’est un vélo au comportement exceptionnel qui est beaucoup plus polyvalent que son look pourrait laisser penser et qui me correspond bien même si je suis plus un « diesel » qu’un coursier. Donc pour moi c’est le meilleur…jusqu’au prochain modèle !

LFR : Et chez Veloflex, quels sont les produits qui se démarquent côté pneus et boyaux?

OBR : Toute la gamme est construite autour de deux composants clés et partagés entre les différents modèles : la carcasse tissée de fils de polyamide et la bande de roulement en caoutchouc naturel. Les pneus et boyaux partagent en particulier les mêmes composants ce qui donne aux pneus un comportement très proche des boyaux en terme de rendement, confort et tenue de route. Les différents modèles de la gamme VELOFLEX se différencient ensuite essentiellement par les diamètres et les coloris à quelques nuances près qui peuvent toucher l’épaisseur et le motif de la bande de roulement et de la bande anticrevaison. La gamme s’est enrichie l’année dernière de boyaux 27mm, sans parler des évolutions continues sur la structure pour améliorer le confort et le rendement, qui ne sont pas « marketées » auprès du public. Les pneumatiques en 22&23mm sont mieux adaptés aux parcours montagneux, les 25mm les plus polyvalents et les 27mm pour les routes en très mauvais état, peut-être du type de celles que vous pouvez retrouver au Québec ! Personnellement, j’ai un faible pour les boyaux Roubaix l’été et les Vlandereen l’hiver !

LFR : Merci Olivier de ces détails, et à bientôt !

OBR : J’espère effectivement qu’on aura l’occasion de rouler ensemble en 2016 et je souhaite une bonne saison cycliste a tous les lecteurs de La Flamme Rouge.

KSL Sport au prochain Salon du vélo de Montréal

Se déroulera le week-end prochain le Salon du vélo de Montréal.

Trois journées, soit du 12 au 14 février. 13$ par personne, mais de nombreux tarifs réduits disponibles.

Des conférenciers, notamment axés sur le tourisme à vélo. Mais surtout, des dizaines et des dizaines d’exposants.

Parmi eux, KSL Sport.

KSL, pour Kathy Saint-Laurent. Une fille qui s’est illustrée au niveau national en cyclisme sur route, devenant notamment championne canadienne en 2002, à l’époque où la scène du cyclisme féminin était dominée par deux autres athlètes, Lyne Bessette et Geneviève Jeanson.

J’aimais bien suivre, il y a donc 15 ans, le parcours de cette fille discrète et intelligente.

Kathy Saint-Laurent s’est reconvertie à la suite de ses années cyclistes en chef d’entreprise, un métier pas facile lorsqu’il s’agit de bâtir son entreprise de zéro. Surtout dans le domaine du prêt-à-porter, où la concurrence est vive et les ré-organisations/fermetures fréquentes. C’est un défi qu’elle a su jusqu’ici relever avec brio.

Je ne connais pas Kathy, je ne l’ai jamais rencontré en personne, et elle m’a récemment envoyé un courriel pour m’informer de ses activités dans le contexte du Salon du vélo de Montréal. C’est toutefois de mon initiative uniquement (je suis farouchement attaché à l’indépendance totale de La Flamme Rouge) que j’écris ce texte. Par intérêt pour ce que Kathy et son entreprise réalisent.

KSL Sport lancera, à l’occasion du Salon du vélo, une nouvelle gamme de vêtements élaborés en collaboration avec une artiste peintre, France Malo. C’est plutôt coloré et réussi, je peux vous le dire. Rafraichissant!

KSL Sport propose évidemment toute une gamme de vêtements dans divers registres, mais toujours désignés selon le mot d’ordre de la compagnie: déploie tes ailes. Je dois dire qu’en parcourant le site Internet, j’ai été agréablement surpris de l’étendue de la gamme, et de son intérêt. Il y a un petit côté européen aux vêtements KSL qui n’est pas sans me déplaire.

Oh! j’allais oublier: les mecs, KSL, c’est aussi pour les hommes. Et la gamme est plutôt réussie.

Roue électromagnétique: le mystère

Comme vous, je suis intrigué par les révélations du journal italien La Gazzetta dello Sport concernant l’existence de ces roues électromagnétiques supposées capables de générer une puissance supplémentaire de 20 à 60 watts qui permettrait de faire la différence dans les phases cruciales d’une course cycliste.

J’ai cherché à en savoir davantage, sans grand succès à ce jour.

Aussi, je suis d’accord avec quelques uns d’entre vous qui affirmez que le silence autour de cette technologie est « assourdissant ».

Le site Matos Vélo s’est prononcé: technologie possible, mais peu probable en réalité. Le même avis a été rendu sur le site anglais Cyclingtips, avec d’intéressants schémas à l’appui, de même que par le magazine français Sciences et Avenir.

À part cela, les informations sont très minces.

Alors, possible ou non?

Je ne sais pas. Ce que je sais, c’est qu’il y a 4 ou 5 ans, personne ne croyait possible l’existence de moteurs dissimulés dans un vélo et capables de générer suffisamment de puissance pour permettre à des cyclistes en course de faire la différence. Or, aujourd’hui, on sait que cela existe et fonctionne parfaitement. L’homme interviewé dans le récent reportage de la Gazzetta affirmait avoir vendu plus de 1 200 de ces systèmes en Italie seulement et rire chaque fois qu’il consultait les résultats d’une cyclosportive là-bas.

Depuis quelques années aussi, on voit des performances surprenantes chez les pros: des coureurs qui dominent si largement qu’ils font passer les autres pros pour des cadets. C’est le cas de Cancellara sur le Ronde et Paris-Roubaix 2010, après avoir changé de vélo sans raison.

Bref, j’ai un doute raisonnable, et on pourrait bien avoir à faire à une nouvelle situation où les tricheurs ont une longueur d’avance qu’ils tentent de préserver.

La seule chose à faire, c’est selon moi de renforcer considérablement les contrôles techniques au départ des courses, et à surveiller les changements de vélo durant les courses.

Vittoria Graphene, la suite!

À force, certains vont croire que j’ai des actions dans la compagnie Vittoria: rassurez-vous, il n’en est rien.

On parle beaucoup de ces nouveaux pneus révolutionnaires Vittoria à base de graphène.

Je vous invite à lire ce test grandeur nature proposé par Matos Vélo. Encore une fois, très convaincant.

Roulant boyaux Vittoria depuis de nombreuses années, mon choix 2016 est fait. Ce n’est pas donné côté prix, mais je préfère de loin limiter les risques de crevaison une fois les boyaux installés que de rouler sur d’autres boyaux plus fragiles nécessitant des remplacements plus fréquents.

Le hic sera de les trouver à l’achat. Pour le moment, je n’ai rien trouvé comme endroit où on peut se les procurer.

Le Tour de l’actualité

Revoilà le Tour de l’actualité! (toujours selon la formule « en vrac »)

1 – Hugo Houle. Je publiais avant-hier un aperçu des coureurs canadiens en World Tour en 2016. Hugo a publié hier un petit texte faisant foi de la réalité d’un coureur pro en Europe, expatrié pendant de longues semaines avec comme seule compagnie son vélo et… Antoine Duchesne. Une campagne de Classiques d’avril est à ce prix. Pas facile que la vie de coureur pro, on l’oublie parfois, et plusieurs s’y sont brûlés dans le passé.

2 – Rapha Pro Team Shadow. Ce sont les nouveaux vêtements pluie de la marque britannique. Légers, respirants, confortables, et bien sûr à l’épreuve de l’eau, il s’agit d’un matos nouveau et de pointe pour affronter les conditions climatiques difficiles. Intéressant! car on n’arrête pas le progrès.

3 – Vittoria Graphène. Les nouveaux pneumatiques Vittoria à base de graphène sont aussi annoncés révolutionnaires, car offrant une résistance au roulement moindre, ainsi qu’une résistance à la crevaison décuplée. Je vous en avais parlé en septembre 2015. On trouve ici un petit test de rendement récent d’un pratiquant français les ayant testé. Convaincant!

4 – Katusha. L’équipe russe roulera Sram en 2016, et non plus Shimano comme par le passé. L’équipe utilisera notamment le nouveau groupe sans fil « Red WiFly », notamment sur les étapes montagneuses. Intéressant, l’équipe utilisera également les capteurs de puissance Quark. Avec la présence de Stages avec Sky, de Power2Max chez Movistar, et du système SRM chez plusieurs autres pros, c’est une véritable guerre de marché à laquelle se livrent les compagnies développant ce genre de produit.

5 – Canyon. La compagnie connait des ratées actuellement avec son modèle de vente, apparemment sensible à des changements d’environnement chez le fabriquant. Commandes en retard, courriels des acheteurs non retournés, problèmes de facturation, ce n’est pas simple actuellement de commander un vélo Canyon. Les mauvaises réputations se répandant comme une trainée de poudre, c’est à espérer que Canyon pourra rapidement retomber sur de bonnes bases.

6 – De Rosa. Intéressant petit vidéo présentant le modèle phare du mythique constructeur italien, le De Rosa SK, désigné par Pininfarina. Si vous demandez le prix, c’est que c’est trop cher pour vous!

7 – Michael Boogerd. L’ex coureur néerlandais a été suspendu pour une période de 2 ans pour violation aux règles antidopage. Le hic, c’est que ce coureur est retraité depuis… 8 ans! Mieux vaut tard que jamais, dit-on…

8 – Devenir bon grimpeur. Un peu à la surprise générale, le journal québécois La Presse publiait hier matin un court article sur ce sujet. J’ai trouvé l’article très lacunaire, se limitant à présenter l’importance du rapport poids-puissance lorsque ça grimpe. Devenir un bon grimpeur nécessite pourtant beaucoup plus que ça! Dans le milieu cycliste, le « coup de pédale de la montagne » est bien connu: sur le Tour, les coureurs appréhendent toujours la première étape de haute montagne, souvent approchée après plusieurs étapes à tirer de gros braquets sur des parcours moins accidentés. Outre le poids et la puissance, la souplesse de la cheville, la musculature du tronc et des épaules, la longueur des fémurs et des manivelles, les habiletés sur le vélo, sont aussi des éléments importants lorsque vient le temps d’être efficace dans les cols, il ne faut pas l’oublier.

9 – Cyclisme féminin. Excellente nouvelle, une équipe élite femmes au Canada devrait voir le jour en 2017. L’équipe permettra aux jeunes talents d’ici de pouvoir se frotter à l’élite sur les plus grandes courses au monde, faisant un peu penser à l’équipe SpiderTech d’il y a quelques années chez les hommes et qui a été capitale pour lancer plusieurs carrières, notamment celle d’Hugo Houle.

Avec la création en 2016 d’un WorldTour féminin comportant pas moins de 17 épreuves, c’est tout le cyclisme féminin qui continue de se développer et c’est très bien.

À quand une épreuve WorldTour femmes au Canada?!

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