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Le mystère Vichot

Je dois dire que celle-là me fait un peu de peine.

À 32 ans, Arthur Vichot annonce sa retraite sportive.

32 ans. Comme Bernard Hinault.

Non reconduit par son équipe B&B Hôtels – Vital Concept pour la saison prochaine, Arthur Vichot a décidé de dire « stop ».

Depuis juste après le GP de Québec 2018, Vichot est atteint d’un mal mystérieux, une grande fatigue chronique qui l’empêche d’exercer son métier de coureur professionnel normalement.

Un vrai mystère que ce mal qui le diminue considérablement.

Pour le moment, aucune explication médicale très nette.

Pour certains, il s’agirait d’un syndrome aigu de sur-entrainement. En d’autres termes, Vichot aurait surmener son organisme pendant trop longtemps, et serait tombé dans un sur-entrainement très grave.

Je vais vous dire franchement, je n’y crois pas trop. Car après un bon repos, et au sein d’un organisme quand même rompu à l’activité physique intense, ca devrait repartir.

Pour Vichot, ca ne repart pas. D’autres tests étaient prévus, mais ils ont été ralentis par la Covid-19.

Syndrome Greg Lemond au niveau des mitochondries?

Virus non encore identifié ?

Quoi d’autre? Il doit y avoir une explication médicale quelque part.

Chose certaine, ca doit être difficile à vivre.

Vichot était un magnifique coureur, perclus de classe sur son vélo. Une belle musculature, costaud le mec. Je l’ai vu courir et l’ai côtoyé brièvement lors des GP de Québec et Montréal, des années durant. Un mec bien, avenant, courtois, sympathique.

Double champion de France sur route (2013 et 2016). Des étapes sur le Dauphiné et Paris-Nice. 3e de Paris-Nice en 2014. Sept participations au Tour de France. Un équipier respecté. Excellent sur les courses d’un jour. Les GP de Québec et Montréal lui réussissaient bien. 2e du GP de Québec en 2013.

Triste fin de carrière.

On reconnait toutefois les personnes de classe par la façon dont elles quittent. Vichot est de celles-là:

« Après 11 années passées dans le peloton professionnel, il est enfin temps pour moi de tourner la page. C’est l’esprit léger que je choisis de ranger mon vélo ; avec des souvenirs, des rencontres et des émotions exceptionnels qui resteront pour toujours ! Je me sens privilégié, et remercie infiniment le cyclisme, le sport en général ainsi que toutes les personnes bienveillantes et positives qui m’ont permis de devenir l’athlète et l’homme que je suis. Désormais, une « nouvelle vie » m’attend ; avec d’autres projets et d’autres objectifs… Bonne continuation à mes futurs-ex compères »

Arthur vichot

Salut champion!

Tour: les favoris

Le Tour s’élance samedi depuis Nice, beaucoup de sites Internet et d’experts y vont de leurs favoris ces jours-ci.

Voici les miens, et ils sont un peu différents!

1 – Tom Dumoulin. 2e en 2018, il est pour moi celui qui pourrait causer la plus grande surprise, tout le monde parlant plutôt de Primoz Roglic, Egan Bernal ou encore Thibault Pinot. Il était très clair que Dumoulin était en forme ascendante sur le Dauphiné, et une fois son travail d’équipier fait pour Roglic dans le dernier col du jour, Dumoulin ne se relevait pas, preuve qu’il était là pour s’entrainer le plus sérieusement du monde. Ce coureur a une sacré caisse, il passe la montagne, il est teigneux, n’abandonne jamais, et c’est une formidable machine à rouler et à grimper, donc le chrono sur la Planche des Belles Filles l’avant dernier jour devrait logiquement être pour lui. Le vainqueur du Giro 2017 présente une formidable équipe autour de lui, un avantage certain.

2 – Thibaut Pinot. Parce que c’est mon coup de coeur. J’aimerais tant que le Franc-comtois gagne! La France attend toujours un successeur à Bernard Hinault… Le Tour 2020 a été dessiné avec les qualités de Pinot en tête: pas de chronos roulants, pas de grands cols en haute altitude sauf trois (Madeleine, La Loze et le Cormet de Roseland), un Tour montagneux par ailleurs, plein de beaux petits cols culminants autour de 1500m, bref, parfait pour lui. C’est cette année ou jamais pour Pinot! Ceci étant, il faudra voir comment il a récupéré de sa chute au Dauphiné. Son point faible est selon moi son équipe, surtout dans les cols plus longs.

3 – Primoz Roglic. Surpuissant au Dauphiné, il est LE coureur de l’heure et logiquement le grand favori de ce Tour. Sa chute au Dauphiné a été cependant plus sérieuse qu’estimée dans un premier temps, et il existe même une incertitude quant à sa capacité de prendre le départ du Tour samedi. Pour moi, Roglic ne présente qu’une faiblesse: la troisième semaine, en haute montagne. C’est là qu’il sera le plus vulnérable. Mais il aura toute une armada de « guêpes jaunes » autour de lui pour veiller au grain.

4 – Egan Bernal. Vainqueur sortant, il a la pression, surtout depuis que la toute puissante équipe Ineos en a fait son seul leader désigné, écartant même de la sélection Geraint Thomas et Chris Froome. Bernal ne peut pas vraiment se louper sur ce Tour de France! Il aurait été touché au dos sur le Dauphiné, petite incertitude donc pour le coureur colombien. Ce Tour sera plus compliqué pour lui que l’an dernier, il y a moins de cols à plus de 2000m d’altitude où, il y a 12 mois, il a fait la différence (rappelez-vous l’Iseran). Bref, pour Bernal, je pense que ce Tour de France sera compliqué.

Les outsiders

Ils sont nombreux derrière ces quatre grands favoris.

Nairo Quintana. Le coureur colombien a montré des signes de forme cette saison. Mais ce Tour de France est-il assez montagneux pour lui? Coureur souvent peu offensif, je ne suis pas sûr du tout qu’il a ce qu’il faut pour s’imposer sur cette Grande Boucle, en premier lieu l’équipe. Et à 30 ans, on peut se poser la question: ses meilleures années sont-elles derrière lui?

Julian Alaphilippe. Tellement excitant à voir courir! Alaphilippe est un attaquant, et gageons qu’il usera de tous les terrains pour tenter des coups. L’an dernier, c’est la très haute montagne qui a eu raison de ses ambitions, et cette année cette très haute montagne est quasi-inexistante, alors pourquoi pas? Son énergie semble inépuisable, alors s’il se pare de jaune en première ou deuxième semaine, attention à lui, il ne lâchera pas le morceau facilement!!!

Richard Carapaz. Depuis le Giro l’an dernier, il a prouvé qu’il peut être imprévisible. Comment l’exclure de cette liste d’outsiders? Deux points en sa défaveur cependant: il a su tardivement qu’il prenait le départ du Tour, et il est d’abord là pour épauler Bernal.

Pavel Sivakov. Parce qu’un Ineos peut en cacher un autre! Sur ce que j’ai vu au Dauphiné, Sivakov a une sacré condition en ce moment et si Bernal et Carapaz étaient lâchés, Ineos pourrait compter sur lui. À 23 ans, il débute toutefois son premier Tour de France, et il faudra voir s’il peut tenir la distance et la pression. Sa 9e place du Giro l’an dernier apporte toutefois certaines assurances.

Tadej Pogacar. Si l’ouverture se présente, lui aussi peut rêver d’une très belle place, surtout s’il revêt le maillot jaune en 2e semaine. Son équipe UAE a de quoi « tenir la distance » et rappelons qu’il a terminé 3e de la Vuelta l’an dernier.

Mikel Landa. Un gros talent, sans l’ombre d’un doute. Landa nous a habitué à « tout ou rien ». Plus souvent rien d’ailleurs, mais quand il fait « tout », il tient jusqu’au bout. Pour moi, c’est le plus gros joker de ce Tour de France.

Miguel Angel Lopez. Déjà deux podiums sur les grands tours (3e du Giro et de la Vuelta en 2018). Récent 5e du Dauphiné. Une équipe Astana à son service. Bon puncheur, beaucoup d’arrivées sur ce prochain Tour lui conviendront, il peut y jouer les bonifs. De quoi y croire!

Daniel Martinez. Encore un Colombien! Récent vainqueur du Dauphiné, il a créé la surprise. Sur trois semaines toutefois, il n’a pas vraiment de grandes références. Mais je le place comme outsider, alors que je ne vois pas son compatriote Rigoberto Uran dans cette liste.

Emanuel Buchmann. Excellent grimpeur, tempérament porté sur l’attaque, 4e du Tour 2019, il peut aussi surprendre et il a une équipe à son service. Je crois toutefois que ce Tour de France n’est pas assez montagneux pour lui, et davantage réservé aux puncheurs-grimpeurs qu’aux purs grimpeurs comme lui. Touché suite à une chute sur le Dauphiné, sa préparation récente a toutefois été perturbée, et c’est dommage. S’il est « tranquille » en première semaine, qui sait il pourrait se refaire une santé en vue de la 2e et 3e semaine de l’épreuve.

Wout Van Aert. Même si ce Tour de France risque d’être trop montagneux pour lui, le meilleur coureur de cette reprise de saison semble pouvoir tout faire. Et s’il prenait le maillot jaune tôt dans la course et décidait de le défendre à fond? Il a l’équipe pour le faire, et la condition!

Les Canadiens

Sale temps pour les coureurs canadiens dans le contexte du Tour: Woods éjecté de son équipe, pas de coureurs canadiens au sein du line-up d’Israel Start-Up Nation, et voilà qu’Antoine Duchesne à la FDJ est au prise avec une mononucléose.

Bernal: je ne comprends pas!

Le cyclisme moderne est parfois difficile à comprendre!

Vainqueur du Tour en juillet, Egan Bernal avait par la suite pris le départ de la Classica San Sebastian, puis s’était retiré en Colombie, chez lui, pour célébrer sa victoire et observer un temps de repos.

Il s’est entrainé aussi.

Et il faut croire qu’il s’est entrainé fort bien!

Il a fait sa course de rentrée hier, le Giro Della Toscana, 205 kilomètres tout de même, et pas tout plat (puisque c’est en Toscane).

Résultat? 2e, après 30 km d’échappée dans le final. Faut croire qu’Egan est en forme en ce moment!

Je vous avoue avoir un peu de mal à comprendre comment on peut être si performant après plus d’un mois passé loin des pelotons et du rythme de course. L’oxygénation accrue suite à un séjour en altitude chez lui en Colombie?

Et du coup, je ne comprends pas la décision de Bernal de ne pas tenter sa chance aux Mondiaux du Yorkshire dans deux semaines. Avec une telle condition, il est assurément la meilleure chance de la Colombie pour ces Mondiaux!

Décision bizarre… surtout que Bernal fera la fin de saison italienne, c’est à dire Giro d’Elle Emilia, Tre Valli Varesine puis le Tour de Lombardie. Dans ce contexte, il me semble que les Mondiaux prennent de l’importance…

Le cyclisme colombien est décidément une énigme ces temps-ci!

Van Der Poel, hors catégorie!

Seulement quelques coureurs dans l’histoire du cyclisme nous ont fait paraitre ce sport facile, presque mathématique: tu prends le départ d’une course, tu accélères, tu lâches tout le monde et tu la gagnes. Pas compliqué.

Parmi ces coureurs, Marco Pantani en montagne, ou Franck VanDenBroucke à ses meilleures heures.

Mathieu Van Der Poel me fait aussi cette impression: voyez comment il a remporté hier la 4e étape du Tour de Grande-Bretagne, au terme d’un sprint en côte. Impressionnant de facilité et de puissance! Comme l’a dit Matteo Trentin à l’arrivée « on a eu l’air de cadet à côté de lui« .

Julian Alaphilippe peut se faire du souci pour les Mondiaux du Yorkshire fin septembre: Van Der Poel sera un sacré client. Pour moi, c’est le favori #1.

Et Van Der Poel assume, ayant récemment déclaré qu’il lui apparait logique d’être l’un des favoris au titre de champion du monde sur route cette année. Courageux.

Et justement, l’équipe des Pays-Bas a été annoncée hier également. Aux côtés de Van Der Poel, Bauke Mollema, Niki Terpstra, Sebastian Langeveld, Mike Teunissen, Pieter Weening, Jos van Emden et Dylan VanBaarle. Pas de Kruijswijk, de Dumoulin ni de Poels certes, mais de bons coureurs à ses côtés.

Et la course du Yorkshire sera un sacré spectacle, c’est moi qui vous le dit: 285 kilomètres d’un parcours casse-pattes. Presque aussi long que Milan SanRemo, et plus dur! Une fois sur le circuit final, pas un mètre de plat, c’est up-and-down pendant 7 tours.

Les Grands Prix de Québec et Montréal qui se pointent dans quelques jours seront assurément importants pour découvrir les coureurs qui pourront nourrir des ambitions dans deux semaines sur les Mondiaux. Logiquement, ces coureurs devront faire le final des deux courses au Québec, Alaphilippe le premier. Mais aussi Geraint Thomas ou Michael Matthews.

Planète Van Der Poel

L’extraordinaire – pour ne pas écrire l’extra-terrestre – Mathieu Van Der Poel a repris sur route là où il a laissé le VTT: en gagnant.

C’est pas compliqué, chaque fois que ce type met un dossard, c’est un sacré client pour la gagne. Il a remporté hier la première étape de l’Artic Race of Norway, au sprint.

Je rappelle ici ses victoires en 2019, question de situer le bonhomme:

  • Champion des Pays-Bas de cyclo-cross
  • Champion d’Europe de cyclo-cross
  • Champion du monde de cyclo-cross
  • Vainqueur du Super-Prestige de cyclo-cross
  • Vainqueur de 8 étapes du Super-Prestige de cyclo-cross
  • Vainqueur de 6 Coupes du monde de cyclo-cross
  • Amstel Gold Race
  • Flèche Brabançonne
  • Grand Prix de Denain
  • À travers la Flandres
  • 4e du Tour des Flandres
  • 4e de Gand-Wevelgem
  • Vainqueur de 3 Coupes du monde de VTT (Nove Mesto, Val di Sole, Lenzerheide)
  • Vainqueur de 5 courses « short tract » en Coupe du monde

C’est pas compliqué, on ne fait pas plus polyvalent que ça. Van Der Poel a tout: la caisse, la technique, la tactique. Vous voyez une faille, vous? Peut-être une: son équipe sur route, peut-être un peu faible s’il venait le temps de l’épauler sur des parcours montagneux.

Son prochain grand objectif est les Mondiaux sur route au Yorkshire. Peut-il les gagner?

Bien sûr que oui!!!

Il ne sera pas tout seul bien sûr, et il y aura de sacrés clients, mais ce type a une formidable caisse et il est en course assez imprévisible, un atout de taille.

En 2020, il fera une nouvelle saison de cyclo-cross, puis son objectif principal serait l’épreuve de VTT sur les JO de Tokyo.

C’est notre cher « Poupou » qui va encore avoir de grosses émotions!

Entrevue pré-Tour avec Mike Woods

La Flamme Rouge a pris des nouvelles hier de Mike Woods, à son retour d’un gros entrainement de 175 kilomètres du côté d’Andorre. Petite entrevue pré-Tour, parce que le Tour, c’est big !

LFR : Mike, content de te parler, merci d’accepter cette entrevue ! Comment va ta santé, on était inquiet car tu as été forcé d’abandonner le Dauphiné la veille de la dernière étape ?

Mike Woods : Toujours un plaisir de te parler Laurent. Ma santé est bien meilleure. Durant le Dauphiné, au cours du dernier week-end, plusieurs coureurs dont moi avons eu un ennui gastrique, très probablement quelque chose qu’on a mangé, peut-être même en course car la météo était très mauvaise, alors peut-être que les aliments ont aussi souffert. En tout cas, au matin de la dernière étape, j’étais vraiment faible. J’aurais pu prendre le départ, mais je n’aurais été d’aucune aide pour l’équipe et on devait aussi penser au Tour de France. Alors avec mon directeur sportif Charly Wegelius, on a décidé d’arrêter et de focusser sur le Tour et de retrouver rapidement la santé.

LFR : Et tu t’es rapidement remis sur pied ?

MW : Oui. 48h après, je n’avais plus de symptômes et j’ai pu reprendre rapidement l’entrainement. Mais au soir de l’avant dernière étape du Dauphiné, où j’avais été devant, j’étais vraiment fatigué. Dans ce contexte, je n’ai pas regretté notre décision de rentrer à la maison au soir de l’avant dernière étape.

LFR : C’est officiel Mike, tu fais partie de l’équipe Education First pour le Tour de France ?

MW : Je ne suis pas certain que c’est officiel encore, la composition précise de l’équipe n’a pas encore été annoncée aux médias je crois.

LFR : Mike Woods sur le Tour ?

MW : Oui, tu peux l’écrire, je serai au départ du Tour pour Education First.

LFR : Ok. Dans ce contexte, prendras-tu le départ des Nationaux à Saint-George de Beauce la semaine prochaine ?

MW : Je pense que les Nationaux seraient une excellente préparation pour le Tour et j’aimerais être au départ. Mais le voyagement est tellement dur à encaisser si près du départ du Tour, ce n’est pas raisonnable pour moi d’envisager une traversée de l’Atlantique à ce moment.

LFR : Donc tu vas rester en Europe et t’entrainer ? Il n’y a plus vraiment de courses de préparation possibles ?

MW : Exact. On a un camp d’entrainement qui débute le week-end prochain, avec un grand focus sur le contre-la-montre par équipe, donc je serai à ce camp. Et après, direct en Belgique pour le Grand Départ de Bruxelles.

LFR : As-tu une idée de ton rôle au sein de l’équipe Education First lors du Tour ? Tout le monde pense évidemment à Rigoberto Uran comme leader, ayant terminé 2edu Tour 2017.

MW : Oui, Rigo va bien en ce moment, et il ne faut pas oublier Tejay (ndlr : Van Garderen) également qui a terminé 2edu Dauphiné. Nous avons donc une équipe vraiment forte pour le Tour, c’est excitant. Je suis également en excellente condition. Je vais donc essayer d’aider Rigo et Tejay sur les étapes importantes pour le classement général, tout en ayant parfois la liberté de jouer ma carte personnelle pour des victoires d’étape.

LFR : Et qu’en est-il de Tejay ?

MW : Tejay était vraiment fort sur le récent Dauphiné. Je pense que le plan est un peu le même pour le Tour : rester relax durant la première semaine, et voir comment la suite se présente. Rigo est notre leader principal, mais Tejay a déjà prouvé qu’il peut être un coureur pour le général lorsqu’il est en bonne condition, et c’est le cas en ce moment. Tejay est également un excellent coéquipier et motivateur à avoir dans une équipe, alors s’il garde cette mentalité je pense qu’il connaitra du succès sur le prochain Tour.

LFR : Et toi, tu vises des victoires d’étape sur les étapes de montagne ?

MW : Exactement. C’est un peu comme ca qu’on a couru au Dauphiné cette année, et ca a bien réussi. Tejay y allait pour le classement général, et de mon côté je pouvais être agressif et attaquer certaines étapes comme l’avant-dernière. Sans cet ennui santé imprévu, je crois que j’aurais pu être devant au cours de la dernière étape aussi.

LFR : Oui, et c’était vraiment pas simple durant cette avant-dernière étape, la météo était si mauvaise. Comment gères-tu la mauvaise météo ?

MW : Pas vraiment bien !  Je me sentais toutefois très bien durant cette étape, tout allait bien, je descendais bien aussi. C’est frustrant d’avoir fait une crevaison dans la dernière descente, au moment où je venais de lâcher Lutsenko. Dans la dernière ascension c’était vent de face également, et on a été repris. J’ai eu d’excellentes jambes même après ca, assez en tout cas pour finir avec Richie (ndlr : Porte) et Quintana, alors j’étais satisfait. Donc je dois admettre que typiquement, je fais mieux que les autres dans la mauvaise météo. Je n’aime pas vraiment ça, mais je m’en sors toujours bien. C’était la même chose sur Liège cette année.

LFR : Tu es un Canadien, alors la mauvaise météo, on sait gérer ca !!!

MW : Exactement Laurent !

LFR : Et la chaleur, comme gères-tu ? Je suis en France actuellement et c’est la grosse canicule, comment te comportes-tu en course lorsqu’il fait très chaud ?

MW : C’est une question d’adaptation. Quand je ne peux pas m’adapter, je ne fais pas vraiment bien, mais si je peux m’adapter, ça se passe beaucoup mieux. À quelque part, c’est une chance cette canicule cette semaine, elle est aussi en Espagne, à Gérone, alors je vais avoir l’opportunité de m’adapter comme il faut avant le Tour.

LFR : La Planche des Belles Filles et cette arrivée située un kilomètre plus loin qu’en 2017, avec des rampes finales à 20%, ca pourrait bien te favoriser ?

MW : Oui ! C’est assurément une étape qui m’intéresse, mais elle est située tôt dans le Tour, alors il faudra voir selon les besoins de Rigo et Tejay en vue du général. D’autres étapes me conviennent bien en troisième semaine, notamment dans les Alpes.

LFR : As-tu parlé à Hugo Houle récemment ? Il pourrait être l’autre Canadien au départ du Tour.

MW : J’ai échangé souvent avec Hugo durant le Dauphiné, il est en excellente condition, très affuté aussi. Il a fait du très bon travail pour Jakob Fuglsang. Je ne crois pas que la composition de l’équipe Astana pour le Tour a été annoncée, mais il était sur la liste finale des coureurs sélectionnables. Il a vraiment ses chances cette année et j’espère le voir au départ, ca serait formidable pour le cyclisme canadien.

LFR : Une dernière question Mike : la suite de ton programme de course, après le Tour ?

MW : À ce moment-ci, il faudra voir comment je sors du Tour de France, le niveau de fatigue. Je veux absolument faire la Classica San Sebastian. Et je voudrais vraiment faire les Grands Prix de Québec et Montréal cette année, je pousse l’équipe pour qu’elle m’aligne sur ces deux courses qui me conviennent bien. Je ne les ai pas fait depuis quelques années et je les identifie comme étant des courses « chez moi, à la maison » pour moi. Je veux les faire cette année. On prendra la décision finale après le Tour.

LFR : Pourrait-on te voir à Ottawa-Gatineau en août alors ?

MW : Oui ! C’est ce que je souhaite. J’aime la région d’Ottawa-Gatineau, c’est pour moi « être à la maison » et je veux y être au mois d’août.

LFR : Certains coureurs de la communauté cycliste d’Ottawa-Gatineau m’ont dit qu’ils espèrent vraiment te voir prochainement pour te montrer qu’on peut encore te lâcher dans la côte Fortune du Parc de la Gatineau!

MW : Ha ha ! Ils peuvent toujours essayer… bonne chance !  Plus sérieusement, ca me ferait vraiment plaisir de revoir quelques coureurs de chez moi, et de rouler relax avec eux.

LFR : Merci Mike pour ton temps, et surtout bonne chance sur le Tour, on suivra de très près ta course. Surtout, on te souhaite d’éviter les chutes en première semaine, et quelques bonnes opportunités en montagne afin de t’illustrer.

MW : Merci Laurent, on se reparle après le Tour alors.

Fuglsang peut-il gagner le Tour?

Victoire convaincante de Jakob Fuglsang hier sur le Critérium du Dauphiné Libéré, après avoir pris ses responsabilités dans l’ascension finale samedi vers Les Sept Laux Pipay, lors d’une étape remportée par Wout Poels sous une météo apocalyptique puisque des trombes d’eau tombaient sur les coureurs.

J’aime bien Jakob Fuglsang car ce n’est pas un coureur attentiste: il prend toujours ses responsabilités de leader à un moment donné, il assume et paye de sa personne.

La plupart du temps, il court également pour gagner, et rien d’autre.

Fuglsang est l’auteur d’une grande saison cette année, ayant été le principal rival de Julian Alaphilippe sur bon nombre de Classiques du début de saison: 2e des Strade Bianche, 2e de la Flèche Wallonne, 3e de l’Amstel, 3e de Tirreno-Adriatico, 4e du Tour du Pays Basque et vainqueur de Liège-Bastogne-Liège, excusez-un-peu.

Du coup, LA question: Fuglsang peut-il gagner le Tour?

Il a de sacrés atouts: il vient de prouver qu’il peut très bien grimper, il a du punch, de l’expérience et une sacré belle équipe à ses côtés pour l’épauler, même en montagne avec notamment Lutsenko, Izagirre et Cort Nielsen.

La petite faiblesse est peut-être du côté du chrono, bien qu’il a terminé 9e du chrono du Dauphiné, à un peu plus d’une minute du vainqueur Wout Van Aert.

Mature, plutôt bon tactiquement, plutôt calme, je trouve personnellement que Fuglsang a de bien beaux atouts pour une victoire sur le Tour. Il faudra le surveiller de près en juillet prochain selon moi.

Évidemment, l’équipe à battre sera Ineos, avec Thomas qui monte actuellement en puissance du côté du Tour de Suisse, et son armada (Kwiatkowski, Poels, Bernal, et j’en passe!). Mais Astana a également une bien belle équipe, ayant été dominante au printemps.

Bref, je suis d’avis que Jakob Fuglsang est un coureur qui peut prétendre à beaucoup plus sur le prochain Tour de France et ca, c’est plutôt bien pour rendre la course intéressante. Geraint Thomas n’aura peut-être pas qu’à se méfier des Movistar et de quelques autres coureurs, mais aussi des maillots bleu ciel!

Des Yates qui décoivent

Je sais pas vous, mais je trouve que les frères Yates déçoivent beaucoup ces temps-ci. Souvent présentés comme des forces en puissance voire des favoris, chaque fois ils ne tiennent pas la distance… Simon s’est loupé sur le dernier Giro après avoir fait figure d’épouvantail, et Adam qui abandonne hier sur la dernière étape du Dauphiné, apparemment malade. Mouais…

Evenepoel, Acte 1.

Le jeune prodige belge de 19 ans vient de remporter le Tour de Belgique, sa première grande victoire chez les pros, à 19 ans. En attendant beaucoup d’autres, bien sûr. Quel talent!  Et il a gagné en assurant sa victoire lors de la 2e étape, qu’il a gagné solo, plus de 40 secondes devant tous les autres. Phénoménal. Je suis impressionné.

Van Der Poel : dément!!!

Si vous voulez savoir ce que veut dire se « faire sauter sur la ligne » lors d’une course cycliste, un seul vidéo, ici: 1ere étape du Circuit de la Sarthe, hier.

Ouf! Impressionnant!

Mathieu Van Der Poel, encore lui, à peine deux jours après le Ronde où il a notamment lourdement chuté, est venu « griller » sur la ligne, au sprint, Boris Vallee de Wanty-Groupe Gobert. Ce dernier n’en croit pas ses yeux sitôt la ligne franchie, sa moue en dit long.

Quel sprint! Le diable sorti in extremis d’une boite. Ca, c’est du beau cyclisme!

On sait maintenant que Van Der Poel est non seulement un crack en cyclo-cross, qu’il peut rouler longtemps (sur 270 bornes au Ronde), mais qu’il peut sprinter aussi. Intéressant pour la suite…

Après Evenepoel, déjà Pogacar

Beau week-end de cyclisme, avec notamment la victoire remarquée de Thibault Pinot sur le Tour du Haut Var, après avoir remporté la dernière étape au Mont Faron. Bardet termine 2e, les deux grandes stars du cyclisme français rassurent en ce début de saison.

Les Astana ont par ailleurs poursuivi leur domination, Fuglsang et Izagirre terminant aux deux premières places de la Ruta Del Sol. Plus tôt la semaine dernière, Lutsenko avait dominé aisément le Tour d’Oman.

Mais pour moi, la nouvelle du week-end est ailleurs: victoire du jeune (20 ans) néo-pro Tadej Pogacar sur le Tour d’Algarve, après avoir remporté la 2e étape. Il avait déjà terminé 13e du Tour Down Under en janvier dernier.

Le slovène n’arrive pas vraiment de nulle part puisqu’il a gagné l’an dernier le Tour de l’Avenir, confirmant ses qualités de grimpeur et de rouleur. Ça lui aura bien servi sur ce Tour de l’Algarve. Son équipe UEA Team Emirates semble vouloir le protéger cette saison, en le faisant peu courir: son prochain grand rendez-vous sera le Tour de Californie en mai prochain. Assurément un coureur à suivre.

Avec Evenepoel et quelques coureurs colombiens, le cyclisme tient quelques stars en devenir. Parlant Evenepoel, voici un intéressant petit vidéo nous permettant de découvrir ce coureur de grand talent, vidéo tourné lors de sa récente participation au Tour de San Juan.

Marco Pantani (1970-2004)

Woods gagne, Evenepoel brille!

Je vous avais récemment dit que je n’avais aucun doute sur les chances de succès de Mike Woods cette saison. Ben ça n’a pas tardé, et c’est un réel plaisir! Woods a remporté hier la 2e étape du Herald Sun Tour, prenant au passage sa revanche sur Richie Porte qui l’avait fait sauté dans Willunga Hill lors du Tour Down Under.

Les images devraient suivre sous peu.

Voilà qui est très bien pour Woods, lui enlevant déjà une pression et le mettant en confiance, très en confiance, pour la suite, lui et son équipe. La classe mondiale!

Evenepoel

Le jeune prodige fait parler de lui sur chacune des courses dont il prend le départ. Sur la 3e étape du Tour de San Juan, un chrono en style « Eddy Merckx » (sur un vélo de route traditionnel), Evenepoel s’est classé 3e, à 12 secondes seulement de son coéquipier et vainqueur de l’étape, Julian Alaphilippe, un coureur pro confirmé.

Pas mal à 18 ans, pour sa première saison à ce niveau!

Le niveau de ce chrono n’est certes pas celui du Tour ou des Mondiaux, mais il confirme quand même les dispositions du jeune belge. La suite sera intéressante… tout en considérant que les garanties sont encore faibles. C’est vrai que certains prodiges junior ont ensuite déçu au plus haut niveau, un cas notoire étant Filippo Pozzato.

Soucy à la retraite, vraiment?

J’ai été flabergasté d’apprendre tout récemment que le jeune coureur québécois Marc-Antoine Soucy raccrochait ses roues pour de bon, faute d’un contrat satisfaisant en 2019.

Rappelons que Soucy a remporté le Championnat canadien U23 de bien belle façon en 2017 à Ottawa, après une échappée dans le final avec Matteo Dal-Cin qui remportait le titre chez les élites. Je le sais, j’y étais. J’ai tout vu. La météo était exécrable, pluie diluvienne et froid. Un temps de flahute, tant pour les coureurs que pour les passionnés comme moi qui étions sur le bord de la route durant toute la course à se faire saucer. Matteo et lui ont largué tout le monde dans le final, Svein Tuft compris.

Il avait également gagné, en 2017, une étape du Tour du Saguenay.

Soucy a remporté en 2018 le général des Mardis cyclistes de Lachine. Faut quand même la caisse, la vitesse, la technique. Il y a des résultats qui ne mentent pas. Il courait alors chez Silber, qui a arrêté en fin de saison. Le repreneur (dont on a peu de nouvelles en ce moment), Floyd’s of Leadville, n’a pas renouvelé son contrat.

Et là, c’est le vide. Incroyable.

Tout cela doit laisser un goût amer… et souligne à quel point il est difficile pour nos excellents coureurs sur route de moins de 23 ans de percer au plus haut niveau, surtout en raison de l’absence d’équipes de course d’un niveau disons intermédiaire, capable de faire progresser les coureurs Senior 1-2 vers le professionnalisme « à la WorldTour ».

Ce rôle a été rempli par des équipes comme Garneau ou comme SpyderTech au cours de la dernière décennie. Leur retrait fait très, très mal à la relève du cyclisme québécois. Je suis de ceux qui défendent que derrière Hugo Houle et Antoine Duchesne, c’est un peu le néant. Le dopage positif de David Drouin n’a rien arrangé non plus.

Le saut est juste trop grand actuellement pour un coureur qui performe sur les courses Sénior 1-2 au Québec et les équipes continentales pro comme Rally ou Floyd’s, qui sont internationales. Il faut des structures intermédiaires propres au Canada qui leur permettraient de s’exposer graduellement à des courses plus difficiles, étapes par étapes. C’était le rôle d’une équipe comme Garneau et comme SpyderTech, cette dernière étant aussi active en Europe en son temps.

Ca prend des équipes canadiennes capables de faire la loi sur le Tour de Beauce, et de bien figurer sur les courses américaines de premier plan.

On sait que c’est actuellement le bordel à Cyclisme Canada, beaucoup d’employés ayant quitté ou ayant été remercié au cours des derniers mois, y compris le président. Notre Fédé nationale investit beaucoup en piste, et on a parfois l’impression que la route est son dernier souci (Soucy?!). Dommage, vraiment dommage car des générations de coureurs sur route talentueux sont probablement actuellement sacrifiées. Marc-Antoine est probablement de ceux-là.

Frustrant.

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