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Le phénomène Nordhagen

Joergen Nordhagen.

Retenez bien ce nom!

Le jeune (19 ans tout juste) prodige norvégien a remporté le titre mondial au 20km style libre des Mondiaux U23 et Junior de ski de fond hier à Planica, en Slovénie. Dans la catégorie des juniors.

Avec la manière puisqu’il termine plus de deux minutes devant son plus proche poursuivant.

Payez-vous les images de sa course, absolument parfaite. Au passage, il faudra montrer à Nordhagen à faire du offset, il n’a pas utilisé cette technique de toute la course!

On s’est régalé de son style fluide, constant, léger, presque sans effort. Pas loin de la perfection sur ski. Watch, and learn.

Nordhagen le cycliste

Si je vous parle de Nordhagen, c’est surtout que le jeune phénomène est avant tout… cycliste pro!

Vainqueur l’an dernier de la Course de la Paix, l’équipe Visma-Lease a Bike a vite fait de le faire signer dans son équipe de développement cette saison, avec le plan de le faire passer en WorldTour en 2025.

Le voilà donc équipier de Wout Van Aert, Jonas Vingegaard et Sepp Kuss, pour ne nommer qu’eux.

Excellent grimpeur et rouleur, Nordhagen a le potentiel de devenir un redoutable coureur de courses par étape. À 19 ans, son potentiel semble encore illimité.

Dire qu’il fait du ski de fond « pour son plaisir » ! De quoi écoeurer tous ses adversaires.

Beaucoup (trop) d’enjeux dans le ski de fond…

Je me passionne pour le ski de fond depuis quelques années déjà et je continue d’avoir bien du mal à saisir ce sport au plus haut niveau.

Les enjeux semblent en effet s’accumuler depuis des mois voire des années, plombant cette discipline merveilleuse.

Audience en chute libre

D’après ce que je peux lire, les audiences télé du ski de fond sont en chute libre, même en Norvège. Selon une récente étude de la télé norvégienne NRK, raportée par l’excellent site engagé ski-nordique.net, c’est -41% (presque la moitié!) du public télé du ski de fond qui a été perdu depuis six ans.

Ouch!

Évidemment, l’exclusion des fondeurs russes, et donc de l’intérêt du public de ce pays, explique en partie la dégringolade, mais pas que. Ca dérape de partout, et le public ne s’y retrouve plus, même dans les pays scandinaves, ou les sponsors lâchent l’équipe nationale et force à des choix difficiles. Klaebo lui-même s’entraine désormais hors équipe nationale, faute d’un budget conséquent pour accueillir tout le monde comme l’an dernier.

Distances harmonisées

La FIS a harmonisé les distances hommes-femmes en Coupe du Monde cette année, mais en s’alignant sur le standard… féminin. Ainsi, le mythique skiathlon masculin, traditionnellement de 30 km, n’en comporte désormais plus que 20. Idem pour les épreuves de relais, ou encore les 15km hommes, désormais des 10kms. Chez les hommes, 10km c’est à peine plus de 25min d’effort… un peu léger je trouve.

Il fallait selon moi faire l’inverse: aligner les femmes sur les distances des hommes. Elles en sont largement capables, et cela aurait eu le mérite de préserver une certaine tradition en ski de fond, c’est à dire les références au passé glorieux de la discipline. En WorldLoppet, les femmes font bien les 50km comme les hommes…

Sur ce coup-là, je n’ai pas compris la FIS.

Absence des fondeurs russes

Tout le monde est contre la guerre en Ukraine, il ne va sans dire.

Ceci étant, que les sportifs russes soient admis dans un vaste spectre de disciplines sportives mais pas en ski de fond nuit considérablement au sport lui-même depuis deux ans.

Seuls les fondeurs russes, Bolshunov en tête, ont actuellement la puissance pour rivaliser avec les Norvégiens, de loin supérieurs au reste du peloton. Sans Russes au départ, quel intérêt pour le sport? Les 12 premières places de chaque épreuve sont dominées par les fondeurs norvégiens, à quelques exceptions près… qui cette année s’appelle surtout Andrew Musgrave.

Chez les femmes, on se prive également d’un beau spectacle avec les Nepryaeva, Stepanova et la jeune prodige Faleeva.

On pourrait admettre les fondeurs russes à mon sens, en les obligeant par exemple à courir avec des vêtements d’une équipe neutre, en blanc par exemple, symbole de paix.

Compliqué de suivre les Coupes du monde sur Internet

Lueur d’espoir au Canada fin novembre dernier, avec la retransmission de la 1ere et de la 2e épreuve de Coupe du Monde en direct sur YouTube (Ruka et Gallivare). Les deux suivantes, rien, à la surprise de tout le monde (Trondheim par exemple, qu’on trouve depuis sur YouTube).

Par chance, c’est de retour pour le Tour de Ski, et je ne rate aucune épreuve, me permettant notamment de suivre les progrès de notre skieur local, Antoine Cyr.

Il serait vraiment génial que les amateurs canadiens de ski de fond puissent suivre plus régulièrement les Coupes du Monde voire les autres événements majeurs de la saison en direct, et pouvoir ainsi soutenir nos athlètes présents, les Antoine Cyr, Olivier Léveillé et Katherine Steward-Jones en premier lieu.

Le bordel du fluor

Pour ajouter de la complexité, première année sans fluor en ski de fond: un joyeux bordel selon moi, et pas nécessaire du tout!

Il faut désormais tester les skis pour le plus haut niveau, et mettre en place des protocoles de fartage contrôlés pour les épreuves nationales au niveau inférieur, compléxifiant le sport à outrance. Ceux qui ont préparé cette transition ont un avantage, et les différences de glisse sont parfois frappantes. Dommage, car cela nuit encore à l’attractivité du ski de fond pour le public qui ne s’y retrouve plus.

Des athlètes capricieux

Venant du monde du cyclisme, habitué de voir des coureurs pros repartir ensanglantés après les pires chutes car en vélo, on n’abandonne tout simplement jamais, je trouve les fondeurs de la Coupe du Monde un peu capricieux voire irrespectueux envers leur sport, en particulier les Norvégiens.

Fait un peu trop froid, comme à Ruka en 2022? Les Norvégiens déclarent forfaits pour « préserver leur santé ». Bon, d’accord. Séance de manucure pour tous alors?

On a un petit rhume? Forfait. 10 des 15 fondeurs mondiaux sont absents du Tour de Ski cette année, Klaebo, Krueger, Nyskanen et Jouve en tête. On abandonne à gogo, la dernière en date Ebba Andersson après les trois premières étapes du Tour de ski. Vraiment dommage. Pourtant, z’ont pas 6h à passer sur un vélo pendant trois semaines, les épreuves sont habituellement moins d’une heure tous les deux jours à tout casser…

Je trouve ca un peu léger, pour tout vous dire.

Les traditions non respectées

On apprend hier que le mythique Holmenkollen 50km serait retiré du calendrier FIS en 2025. Impensable!

Imaginez une saison cycliste sans un Tour des Flandres… n’importe quoi!

Ben en ski de fond depuis quelques années, c’est un peu n’importe quoi. On fait fi des traditions, on bafoue le calendrier et la compétitivité du sport, et tout dégringole, les sponsors et les audiences en point d’orgue. Désolant de voir ce si beau sport péricliter.

Les stars du peloton sont elles-mêmes outrées. Andrew Musgrave a déclaré « Ne pas faire le 50km d’Oslo est la chose la plus idiote qui soit jamais arrivée dans l’histoire du ski de fond. » (rapporté par ski-nordique.net). Frida Karlson ainsi que son petit copain, chanceux celui-là, ont également exprimé leur frustration en public face à la décision concernant l’Holmenkollen, grande fête populaire du ski de fond norvégien.

Une situation déplorable.

Compliqué le ski de fond, même au Québec!

Le ski de fond, je trouve ca compliqué même au Québec. Quel défi que les inscriptions aux courses!

En cyclisme, très simple: tu achètes en début d’année une licence FQSC, option UCI, et basta. Les inscriptions aux courses se terminent habituellement 48h avant l’épreuve, tu peux souvent t’inscrire sur place, tu présentes la-dite licence FQSC, on te remet ton dossard et tu prends le départ. Simple.

En ski de fond, c’est le merdier.

Tu as besoin d’une licence Nordiq Canada, pour laquelle tu dois obligatoirement donner le nom d’un entraineur affilé, ainsi que d’un club/équipe affilié(e). Recommandé, une licence FIS. Tu peux alors courir? Non! Au Québec, tu as aussi besoin d’une licence Ski de Fond Québec… flute.

Et les inscriptions se terminent souvent des plombes avant l’épreuve, faut quasiment prendre un(e) adjoint(e) administratif pour gérer ce bordel si tu cours souvent… pas l’fun.

Je ne vous parle même pas du protocole de fartage sans fluor cette année. Juste pour comprendre ce que tu dois faire, ca prend trois doctorats d’État.

Me semble qu’on pourrait simplifier, rendre ce merveilleux sport plus accessible.

Une seule licence, tu présentes le truc le matin, on te remet un dossard et basta. Pas plus compliqué que ca. Surtout pour les mass start. Mais même pour les poursuites.

Le fluor ? Pour 98% du peloton amateur, ca ne changera strictement rien d’être ou non sur du fluor. En Coupe du Monde je comprends, mais pour le reste… L’environnement? Oui, très toxique le fluor. Je comprends. Mais j’ai cherché, je n’ai trouvé aucune étude crédible pour le moment sur les effets des fondeurs sur les pistes de ski, à cause des skis fartés au fluor.

Bref, c’est parfois compliqué le ski de fond je trouve. Mais je persiste et signe, un très beau sport que j’adore pratiquer… de plus en plus vite.

J’oubliais: inscrivez-vous à la Gatineau Loppet! Ca sera génial cette année encore.

Bientôt la Coupe du Monde de ski de fond 23-24, sur fond de crise

Ca commence le 24 novembre prochain du côté de Ruka en Finlande, pour une nouvelle saison de Coupe du Monde de ski de fond.

J’ai très hâte!

Trois jours de course à Ruka, des sprints en classique le premier jour, le lendemain un 10km classique et enfin un 20km style libre le dernier jour.

Douze autres étapes seront au programme, soit:

2 décembre – Gallivare (Suède) – 10km style libre

9-10 décembre – Ostersund (Suède) – sprints classique et 10km style libre

15-16-17 décembre – Trondheim (Norvège) – sprints style libre – 20km skiathlon – 10km classique

30 décembre au 7 janvier – Tour de ski à Toblach, Davos et Val di Fiemme. La spectaculaire ascension de la piste de ski alpin aura lieu lors de la dernière étape, le 7 janvier prochain.

19-20 janvier – Oberhof (Allemagne) – sprints et 20km classique (mass start)

27-28 janvier – Goms (Suisse) – sprints et 20km style libre (mass start)

9 au 13 février – Canmore (Canada) – 10km et sprints style libre, 20km et sprints classique

17-18 février – Minneapolis (USA) – sprints et 10km style libre

2-3 mars – Lahti (Finlande) – 20km classique et sprints style libre

10 mars – Oslo (Norvège) – 50km classique (mass start)

12 mars – Drammen (Norvège) – sprints classique

15-17 mars – Falun (Suède) – sprints et 10km classique, 20km style libre

Trois épreuves par relais, toujours spectaculaires, auront lieu cette saison, soit à Gallivare, Oberhof et Lahti, tant chez les hommes que chez les femmes.

Le relais mixte aura lieu à Goms le 26 janvier, à la fois en classique et en style libre.

Le ski de fond en crise?

Il sera très intéressant de suivre l’équipe canadienne cette saison, qui poursuit actuellement sa préparation du côté de Davos.

Le gatinois Antoine Cyr est désormais « à maturité » et vise à capitaliser sur une excellente saison 2022-2023. Souvent plus fort en classique qu’en style libre, il faudra surtout le surveiller lors des épreuves de 10, 15 ou 20km dans ce style. Et son mentor est un certain Alex Harvey, jamais inutile pour profiter de l’expérience du fondeur le plus titré au Canada!

À ses côtés, il faudra aussi surveiller la progression du talentueux Olivier Léveillé, plus jeune mais qui progresse chaque saison. Je suis de ceux qui croient que personne ne connait vraiment ses limites, pas même lui!

L’équipe pourra aussi compter sur le solide Graham Ritchie, pas mal d’expérience en Coupe du Monde, mais aussi sur la machine Rémi Drolet, sur Xavier McKeever, sur Pierre Grall-Johnson et sur l’autre sherbrookois de l’équipe à côté de Léveillé, soit Léo Grandbois.

Chez les femmes, l’équipe sera amenée par Katherine Stewart-Jones, elle aussi ayant obtenu d’excellents résultats en Coupe du Monde l’an dernier. On attend logiquement plus cette saison.

On surveillera attentivement la progression de la jeune Liliane Gagnon et des autres talents comme Jasmine Lyons, Sasha Masson ou encore Jasmine Drolet, la soeur de l’autre. Dans la famille, la VO2max est plutôt bonne…

Côté adversaires, l’équipe archi-dominante côté hommes c’est évidemment l’équipe de Norvège, amenée par Johanes Hosflot Klaebo et Simen Hegstad Krueger. Je l’ai déjà écrit, le plus dur pour un fondeur norvégien, c’est de se hisser sur l’équipe nationale. Et on surveillera la progression cette saison du jeune prodige Iver Tildheim Andersen, déjà auteur d’une belle perf sur le difficile Holmenkollen 50km skate en mars dernier.

À l’occasion, Italiens (Pellegrino, De Fabiani), Français (Jouve, Lapalus, Parisse, Chanavat, Lapierre, Chappaz), Suédois (Poromaa, Halfvarsson) et Allemands (Moch) voire Anglais (Musgrave) sont capables de briller face à l’armada norvégienne.

Chez les femmes, les Suédoises (Karlson, Andersson, Ribom, Dahlqvist, Sundling) dominent actuellement un peloton qui semble tout de même plus homogène que chez les hommes. En effet, Américaines (Diggins, Brennan, Kern, Swirbul), Finlandaises (Niskanen, Parmakoski), Suissesses (Faehndrich) et Allemandes (Hennig, Gimmler, Fink) ne sont jamais très loin.

De leur côté, les Novégiennes sont toujours en « reconstruction » après la retraite, il y a deux ans, de la super-championne Therese Johaug, et miseront sur les Kalvaa, Oestberg et les soeurs Weng en attendant que Helene Marie Fossesholm remplisse enfin les attentes logées en elle il y a quelques années.

Tout n’est par ailleurs pas au beau fixe dans le ski de fond ces temps-ci.

D’une part, hommes et femmes skient désormais sur les mêmes distances, une décision controversée de la FIS compte tenu par exemple du légendaire 30km skiathlon, aujourd’hui disparu. C’est Simen Hegstad Krueger qui est le plus déçu!

D’autre part, les fondeurs russes ont cette saison encore été totalement bannis de la Coupe du Monde de ski de fond, une décision qui ne fait pas l’unanimité et qui montre à quel point les hauts dirigeants du sport sont noyautés par les scandinaves, très entiers dans leur principe.

Nombre d’athlètes russes peuvent en effet prendre part à des compétitions internationales dans de nombreuses disciplines, mais pas en ski de fond. Compte tenu que les fondeurs russes sont bien souvent les seuls à pouvoir vraiment rivaliser avec les fondeurs scandinaves – norvégiens chez les hommes, suédoises et norvégiennes chez les femmes – le ski de fond se prive là d’un spectacle intéressant, susceptible d’attirer l’intérêt du public.

Pour tout vous dire, je suis de ceux qui m’ennuie d’Alexandr Bolshunov.

Sans les fondeurs russes cette saison, on risque fort de voir la saison 2022-2023 se répéter sur plusieurs épreuves ou on enregistrait à l’arrivée 11 fondeurs norvégiens aux… 12 premières places.

Cette décision malheureuse a des impacts même en Norvège, ou les sponsors désertent désormais le sport pour investir ailleurs, notamment en biathlon qui a le vent dans les voiles. Le bugdet de l’équipe norvégienne de ski de fond a été sérieusement amputé à l’inter-saison, du coup Klaebo a décidé d’oeuvrer hors équipe nationale, pour permettre à d’autres fondeurs ayant moins de moyens de pouvoir rejoindre la Coupe du Monde.

On ne reverra plus Hans Christer Holund en compétition, le spectaculaire fondeur norvégien de longue distance ayant pris sa retraite après une saison longue de 14 ans.

Enfin, l’interdiction du fluor en compétition cette saison risque de créer un joyeux bordel.

Déjà, c’est le cas dans les premières compétitions de biathlon où des écarts entre nations au niveau du fartage sont désormais stratosphériques, l’avantage étant une fois de plus aux fondeurs scandinaves qui ont les moyens financiers et techniques de tester les nouveaux farts, donc de continuer d’être efficaces en course. Derrière, pour les autres nations, c’est la galère, et les différences de glisse sont flagrantes, presque gênantes.

Bref, même si j’ai vraiment très hâte à cette nouvelle saison de ski de fond en Coupe du Monde, je suis en même temps très inquiet pour l’avenir de cette si belle discipline, compte tenu des enjeux actuels dans le sport. Le ski de fond international ne peut pas se permettre une autre saison d’archi-dominance de la Norvège, cette année avec le fartage comme avantage supplémentaire.

On sera vite fixé avec Ruka dans deux semaines.

On y croit 2030

Beau video de Nordiq Canada, diffusé hier.

Foret Montmorency: quel manque de transparence!

Fondeur très assidu depuis maintenant de nombreuses années, la récente saga du ski de fond à la Forêt Montmorency m’a beaucoup interpellé.

L’endroit est en effet unique pour la pratique du ski de fond, surtout en début et en fin de saison. Non, ce n’est pas juste « un autre centre de ski de fond au Québec ». Pierre et Alex Harvey l’ont bien exprimé, avec raison.

L’annonce de sa fermeture pour la saison actuelle m’a évidemment pris de court, planifiant avec ma petite équipe de ski de fond de Gatineau des séjours d’entrainement dès la fin novembre, et plus tard en saison.

Depuis des années, l’Association des maîtres en ski de fond du Québec y tient la première course de la saison dès décembre, tantôt en style classique, tantôt en style libre.

Ma première réaction, comme celle de toute la communauté des fondeurs, a été « ben voyons donc, qu’est ce qui se passe? Pourquoi? ».

C’est là que ca a dérapé solide selon moi.

Car la première justification avancée par l’Université Laval, en charge du site suite d’ententes avec le Gouvernement du Québec, a été que « les activités récréo-touristiques ne sont pas compatibles avec la recherche scientifique cette année ».

Mais elles l’étaient les années antérieures? Faute d’explications plus convaincantes, j’ai tout de suite trouvé ca bizarre et cela n’a qu’alimenté ma curiosité.

La communauté sportive s’est ensuite rapidement mobilisée, générant par exemple une pétition de 10 000 signatures en quelques jours. Impressionnant.

L’Université Laval a ensuite précisé que des travaux étaient prévus cet hiver avec de l’équipement d’ingénierie de haut niveau sur le territoire de la forêt Montmorency, et que l’Université estimait qu’il y aurait trop de risques que les fondeurs s’en approchent et se blessent.

C’est uniquement pour cette raison qu’on a décidé de suspendre les activités. On ne voudrait pas qu’un skieur s’aventure dans un coin qui pourrait être dangereux.

Andrée-Anne Stewart, porte-parole de l’université laval, citée par radio-Canada, 7 octobre 2022

Mouais, pas convaincu du tout!

Comme l’a alors rappelé Pierre Harvey, la Forêt Montmorency, c’est grand! Doit-on tout fermer pour assurer le passage sécuritaire d’équipements? Ces équipements auront-ils à transiter par toutes les pistes de ski de fond du réseau?

D’autres – notamment du côté de Ski de fond Québec – ont manifestement eu les mêmes réactions que moi, et la pression ne s’est pas réduite sur l’Université Laval.

L’Université Laval a finalement lâché le morceau vers la mi-novembre, dans un communiqué et en entrevue auprès de médias.

Au niveau des communications, on sait qu’on l’a échappé.

Nancy Gélinas, doyenne de la faculté de foresterie de l’université laval, citée par radio-canada, 16 novembre 2022

Outre cet aveu, on a pu lire dans le communiqué de l’Université Laval que:

  • « Avec le temps, la mission première d’enseignement et de recherche de la Forêt Montmorency a donc été relayée au second plan. Des ressources humaines et financières importantes étaient de plus en plus dédiées au support d’activités touristiques sans que leur rentabilité ne soit nécessairement démontrée.« 
  • La Faculté travaille activement à faire émerger un nouveau modèle d’affaires durable et rentable qui pourra cohabiter de manière harmonieuse avec la mission et les activités d’aménagement, d’enseignement et recherche.
  • La Faculté s’engage à mettre sur pied un comité de travail, en collaboration avec divers intervenants, dont Ski de Fond Québec, pour réfléchir à ce nouveau modèle d’affaires durable et rentable qui permettrait de soutenir les objectifs institutionnels de recherche, de formation et d’éducation du grand public.

L’enjeu fondamental n’était donc en rien des travaux à conduire sur le site, ni même les besoins de la recherche scientifique, mais bien la rentabilité des activités récréo-touristiques sur place (comprendre les activités de ski de fond).

Autrement dit, le ski de fond n’est pas rentable à la Forêt Montmorency et l’Université Laval a décidé d’arrêter les frais.

Des questions de sous, toujours des questions de sous!

Personnellement, je n’ai aucun problème avec cela: il n’est pas dans la mission de l’Université Laval d’opérer un site de ski de fond. Il s’agit plutôt d’une institution d’enseignement et de recherche. Alors oui, il faut trouver tous ensemble des moyens de préserver le ski de fond à la Forêt Montmorency, et cela passe peut-être par l’atteinte de la rentabilité. Des solutions existent probablement: mobiliser davantage la communauté des fondeurs sur l’intérêt de ce site, en faire un pôle reconnu de Nordiq Canada notamment à l’égard de l’équipe canadienne (tant de choses pourraient être faites en ce sens!), chercher des partenariats avec le privé, diversifier l’offre récréo-touristique, réduire les installations, etc.

Est-il seulement possible d’atteindre la rentabilité? Je n’en suis pas sûr, et cela ne veut pas dire fermer le site pour autant. Nombre d’activités culturelles ou sportives, en premier lieu les GP cyclistes de Québec et Montréal, ne pourraient pas avoir lieu ou exister sans l’apport d’argent public. La Sépaq n’a pas vocation de générer des revenus pour le Gouvernement du Québec.

Enfin peu importe, mon point n’en est pas là. Je déplore plutôt le fait que l’Université Laval n’a pas fait preuve de transparence dès le départ dans ce dossier. On a manifestement voulu masquer les vraies raisons de la décision, je ne comprends pas pourquoi.

Et je déteste être pris pour un imbécile.

C’est grave à mes yeux car le dérapage est venu d’universitaires, des gens qui sont, à la base, des scientifiques garants des valeurs fondamentales de la science parmi lesquelles la transparence, la recherche de la vérité, l’ouverture d’esprit, l’honnêteté et la rigueur.

Si on ne peut plus croire nos élites intellectuelles, nos gens qui décernent des doctorats dans notre société et qui, plus que toutes autres personnes, font figures de ceux et celles qui détiennent la connaissance, qui pourrons-nous croire?

On se désole de plus en plus de l’époque dans laquelle on vit: perte de confiance de la population dans les institutions démocratiques, montée du populisme, explosion du nombre d’adeptes des théories du complot ou autres théories farfelues, remise en question de la science (notamment à l’égard du bienfait des vaccins et des traitements médicaux), etc. Cela a des conséquences désastreuses, notamment dans les urnes. Je suis d’avis que l’attitude de l’Université Laval dans le dossier de la Forêt Montmorency est un exemple de situation où s’en suit une perte de confiance de la population dans nos plus belles institutions.

C’est vraiment dommage, et certainement pas un exemple à suivre.

Coupe du Monde de ski de fond: une saison différente en perspective

Les grands(es) du ski de fond étaient de retour à la compétition ces deux dernières semaines.

Ce fut d’abord Muonio en Finlande, puis ce week-end Beitostolen en Norvège et Bruksvallarna en Suède.

Festival Klaebo à Beitostolen, le meilleur fondeur du monde nous a rappelé à tous pourquoi il était le meilleur fondeur du monde. Impérial!

Derrière, les autres Norvégiens ont bataillé ferme pour une sélection en équipe nationale en vue de la première épreuve de la Coupe du Monde 2022-2023 à Ruka en Finlande le week-end prochain. Je le dis souvent, le plus dur pour un fondeur norvégien ce n’est pas de gagner une course de Coupe du Monde, c’est de faire l’équipe nationale pour être au départ! Quant on pense que des Sjuer Roethe ou Didrik Toenseth regarderont Ruka à la télé, ca en dit long sur la profondeur de l’équipe de Norvège.

Chez les femmes, les Suédoises ont commencé à dominer la saison dernière, et elles profiteront à la fois de la retraite de la Norvégienne Johaug et de l’absence des fondeuses russes cette saison pour étendre cette domination.

Les fondeurs(euses) russes seront en effet absents de toutes les courses de Coupe du Monde, ayant été exclus par la Fédé, une Fédé très fortement influencées par trois pays, la Norvège, la Suède et la Finlande il est vrai.

Alexandr Bulshonov, Natalya Nepryayeva ou encore la prometteuse Veronika Stepanova à la maison, la compétition sera moins rude et donc moins… intéressante cette saison, mais on comprend les raisons sous-jacentes.

Les Russes se sont contentés le week-end dernier de la première épreuve de Coupe de Russie, par -18 à Vershina Tea. C’est Maltsev qui s’est imposé chez les hommes, et Stepanova chez les femmes sur les épreuves phare en technique libre.

Pour revenir aux Suédoises, elles ont par ailleurs rappelé leur force en ski de fond en fin de semaine dernière sur les épreuves de Bruksvallarna, Andersson et Karlsson bataillant ferme. Elles risquent d’être rapidement devant en Coupe du Monde, l’équipe féminine norvégienne semblant désorganisée suite à la retraite de Johaug.

Il faudra aussi surveiller la pétillante Jessie Diggins et son équipe américaine, des filles motivées et enthousiastes à la simple idée de chausser des skis et de mettre un dossard. Ca ne nuit jamais.

Du côté canadien, la sélection pour Ruka est connue depuis un petit moment: Antoine Cyr, Olivier Léveillé, Graham Richie, Katherine Stewart-Jones, Dahria Beatty et Olivia Bouffard-Nesbitt. Ces athlètes étaient récemment en préparation du côté de Davos en Suisse. Il sera intéressant de suivre cette année la progression du jeune Sherbrookois Léveillé, selon moi un prodige du ski de fond, et dont personne ne connait les limites. Avec le Gatinois Antoine Cyr qui arrive à maturité, les résultats des Canadiens devraient être excitants cette saison.

Par ailleurs, l’équipe de France sera aussi intéressante à suivre, amenée par le vétéran Maurice « Momo » Manificat. On attend encore l’arrivée au plus haut niveau d’un Lucas Chanavat ou d’une Delphine Claudel, tous deux plein de potentiel mais qui tardent à confirmer selon moi.

Des changements… bizarres?

Quelques changements cette saison en Coupe du Monde.

D’une part, l’harmonisation des distances des hommes et des femmes, et la référence est celle des femmes.

Exit donc les 15 kms et les 50 kms, les hommes passent donc sur des 10 kms et des 30 kms, comme les femmes. Pas sûr, pas sûr du tout… et certains comme Hans Christer Holund qui excellent sur les longues distances ont déploré ces décisions.

Autre changement plus positif, le relais mixte s’inscrit au programme désormais (deux épreuves), après un an d’essai. Ca avait conduit à des courses très intéressantes en 2022.

Évidemment, les épreuves de sprint et de distance continueront à catégoriser les diverses courses en jeu.

Par ailleurs, l’interdiction du fluor piétine, la technologie ne suivant pas: on tarde à mettre au point des outils de détection du fluor sur les semelles des skis, compliquant la mise en oeuvre de cette mesure.

Le calendrier de la Coupe du Monde 2022-2023

Ruka (Finlande) : 25-27 novembre

Lillehammer (Norvège) : 2-4 décembre

Beitostolen (Norvège) : 9-11 décembre

Davos (Suisse) : 17-18 décembre

Tour de Ski : 31 décembre – 8 janvier à Mulstair, Oberstdorf et Val di Fiemme. À ne pas manquer le 8 janvier, la spectaculaire arrivée en haut de la piste de ski alpin à Val di Fiemme. Incroyable!

Livigno (Italie) : 21-22 janvier

Les Rousses (France) : 27-29 janvier

Toblach (Italie) : 3-5 février

Planica (Slovénie) : Mondiaux du 22 février au 5 mars

Oslo (Norvège) : 11-12 mars

Drammen (Norvège) : 14 mars

Falun (Suède) : 17-19 mars

Tallinn (Estonie) : 21 mars

Lahti (Finlande) : 24-26 mars

On va se régaler!

Suivre les courses

Pas toujours simple depuis le Québec. Perso j’essaie de trouver les épreuves sur YouTube, mais avec un temps de retard bien sûr. N’hésitez pas à partager avec nous vos tuyaux si vous en avez!

Quelques vidéos d’intérêt

Primoz et moi…

Après deux semaines de silence, La Flamme Rouge reprend brièvement du service, question de vous tenir informés de la suite.

Je suis en vacances!

Après une année compliquée au bureau, faute du recensement canadien, ces vacances font du bien.

Des vacances cyclistes vous vous en doutez.

Bientôt, un nouvel assault sur la Haute Route Alpes. Avec Loïc, avec David 1 et 2, avec tous(tes) les autres.

Alors je peaufine ma condition et fais le métier. Je ne suis pas très beau en maillot de bain, mais je monte les cols plus vite que jamais.

Avec Primoz. Et j’espère demain avec Tadej sur le Mont Chauve ou le col de Braus.

Putain les mecs, ca fait du bien après trois années privées de grands cols (la faute à la pandémie), de votre France qui est si belle, celle des petits villages perchés, des lacets, de la lavande et des cigales, parfois du cagnard que j’aime aussi, mais chaque jour assurément avec cette Grande Bleue en toile de fond.

J’abuse de Ricard. Pour David, « un Ricard, et ca repart… »

Bref, je suis heureux ici, mais d’un bonheur tout relatif, ne perdant pas de vue qu’il n’y a pas de meilleur endroit au monde que celui ou tous mes amis(es) sont… Je pense à vous, c’est certain, en attendant de vous retrouver.

Et dans une semaine, prise de risques maximum sur la Haute Route Alpes. Un voyage pour, encore une fois, mieux connaître de quoi je suis fait. Si je n’en reviens pas, je serai mort heureux.

Autrement dit, vivre…

Ski de fond aux JO: difficile de comprendre ce qu’on voit!

Après deux semaines de silence en raison d’une charge de travail exceptionnelle, La Flamme Rouge reprend doucement du service.

La saison cycliste a redémarré, j’ai hâte de vous entretenir sur ces premières courses et déjà, des belles performances notamment du côté de Nairo Quintana.

Spécial, Quintana: pas la première fois qu’il survole le début de saison, pour ensuite s’éteindre en saison…

L’article du jour est cependant consacré au ski de fond aux Jeux olympiques. Parce que j’y vois des liens avec ce qu’on observe en cyclisme depuis 18 mois, et notamment sur le dernier Tour de France.

Spectacle hallucinant!

Du moins pour moi.

Tous mes repères en Coupe du Monde ont disparu: les logiques ne tiennent plus, les écarts sont stratosphériques, les nations dominantes ne dominent plus, certaines nations émergentes sont devant, je ne comprends plus grand chose à mon ski de fond!

Il y a certes l’altitude, qui change la donne: tous les corps humains ne réagissent pas de la même façon à l’altitude. Certains supportent, d’autres moins.

C’est notamment le cas du Gatinois Antoine Cyr, sur l’équipe canadienne. Le meilleur fondeur canadien souffre depuis le début de ces Jeux, et ne parvient pas à donner le meilleur de lui-même. Il va falloir analyser tout ca à tête reposée une fois les JO terminés.

C’est tout le contraire pour son coéquipier Olivier Léveillé, 21 ans, parmi les plus jeunes fondeurs présents à Pékin: course après course, il est le meilleur Canadien. Exceptionnel! Son corps réagit probablement mieux à l’altitude que celui d’Antoine.

Devant, ben c’est pas compliqué: les Russes survolent tout.

Y’a à peu près que Livo Niskanen qui a pu offrir une certaine résistance sur le 15 km classique jeudi dernier, devenant champion olympique devant le Tsar Bolshunov.

Et Klaebo dans les sprints, sur sa classe et sur… trois minutes d’effort.

Fort, Bolshunov. Très, très fort.

Il a survolé le skiathlon le week-end dernier. Tous les autres avaient l’air de cadets, il les a tous mis à plus d’une minute. L’altitude? Connais pas… Bouche fermée, ou presque!

Rebelotte sur le relais dimanche dernier.

Chervotkin, premier relayeur pour l’équipe de Russie, a mis tout le paquet, Norvégiens compris, à plus de 40sec sur le premier 10kms. Bolshunov, derrière, a accru l’avance à un écart insurmontable. Derrière, Spitsov et Ustiagov ont pu faire une petite sortie de récup en technique libre pour aller chercher l’or par la suite.

Je me pose des questions, surtout que les fondeurs russes n’ont pas été transcendants, en tout cas pas autant que ca, en Coupe du Monde cette saison… Grosse différence de niveau.

Le 50 kms samedi prochain semble déjà plié: qui pourrait rivaliser avec Bolshunov? Ca sera intéressant, car pour atomiser à 1800m d’altitude et après 40 bornes samedi prochain, il faudra pouvoir oxygéner ses muscles de belle façon.

Beaucoup d’excellents résultats chez les femmes russes aussi, nouvelles championnes olympiques au relais, avec notamment la jeune prodige Stepanova, dernière relayeuse samedi dernier.

La Norvégienne Therese Johaug sauve les meubles pour l’Équipe de Norvège, sur sa VO2max certainement.

Les Canadiennes parmi le top-10 du relais, absolument remarquable à ce niveau. Il fallait le souligner.

Et que dire des skis?

Là encore, je perds mes repères.

Les Norvégiens ont très, très souvent d’excellents skis en Coupe du Monde. Sans être à la traîne, leurs skis ne semblent pas aussi performants à Pékin, sur cette neige artificielle. Ceux des Russes sont hallucinants, leur glisse est très nettement supérieure à celle des autres nations, sauf exception.

Et ces exceptions viennent possiblement de la… Chine et du Japon, qui offrent sur ces Jeux des perfs également surprenantes en ski de fond. Manifestement, ils glissent très, très bien.

Je ne suis pas le seul à me poser des questions. Mon collègue et ami Marc Kluszczynski s’en pose lui aussi, et je le remercie de m’avoir envoyé ses réactions tout récemment:

Dégouté! (le mot est de Lucas Chanavat).

Le russe Alexander Bolshunov assomme la concurrence sur le skiathlon en gagnant avec 1 minute d’avance. Après une préparation automnale perturbée par plusieurs opérations aux gencives et les conséquences d’une chute à vélo, Bolshunov reste le leader d’une équipe russe surpuissante alors que les biathlètes russes sont en retrait. Normalement interdits de JO et de CM, suite aux scandales de dopage depuis maintenant huit ans (manipulation de plus de 2000 échantillons sanguins), les russes ont bénéficié de l’indulgence du CIO et de la FIS qui autoriseront leur participation sous bannière du ROC (Comité olympique russe). Ces russes ne peuvent même pas être considérés comme athlètes neutres au sens où l’exige World Athletics, c’est-à-dire avec des contrôles antidopage réguliers et négatifs. L’IBU, par contre, fait preuve de fermeté depuis 2014 et des nations comme la France, la Norvège, l’Allemagne, la Suède, la Tchéquie et l’Autriche s’imposent en biathlon, mais le ROC est néanmoins 3ème en relais mixte.

A l’issue du skiathlon, le finlandais Iivo Niskanen, troisième, a déclaré : « Les russes étaient tout simplement incroyablement rapides. Je ne pouvais pas les tenir. C’est même un peu surprenant ».

Dégoûté, on l’est aussi par la FIS qui a laissé pourrir la situation sur l’interdiction des farts fluorés. Selon Vegard Ulvang, certaines nations vont utiliser pendant ces JO les farts fluorés C8 les plus concentrés en fluor, autorisés en Chine mais interdits en Europe et dont le test de détection tarde à être au point. Mais alors que le C6 reste autorisé, l’utilisation du C8 à Zhangjiakou n’apporterait pas forcément un gros avantage, sur une neige artificielle farineuse, très sèche et très froide (- 20°C).

On aura frôlé la catastrophe avec le chinois Qiang Wang dans l’épreuve du sprint skating. 55ème sur le 50 km des Jo de PyeongChang, et 17ème à la Coupe du Monde de Planica en 2019 (date de sa dernière apparition en Europe), Wang s’était qualifié pour la demi-finale ! Il avait terminé 2ème de son quart, mais sera disqualifié pour obstruction sur Pål Golberg. Les juges de la FIS ont préféré le sortir, un scandale de dopage à domicile n’étant jamais bon!

Marc Kluszczynski, 11 février 2022

Reste quelques beaux moments, comme celui de cette troisième place acquise à l’arrachée par l’Équipe de France sur le relais masculin dimanche. Magnifique! Il fallait voir Maurice « Momo » Manificat s’arracher pour rester au contact de Klaebo, et même l’attaquer par moment, dans le dernier 10km. Et que dire des entraineurs de l’équipe de France sur le bord de la piste qui se sont époumonés pour encourager leurs fondeurs et le « Momo » national, un grand moment d’intensité sportive!

Gatineau Loppet: c’est en présentiel

Il faut en profiter, car c’est plus rare depuis 18 mois: l’événement populaire mais aussi l’épreuve chaudement disputée de la Gatineau Loppet aura lieu en présentiel du 18 au 20 février prochain.

44e édition!

En 2021, l’événement avait dû se tenir en mode « virtuel » en raison de la pandémie.

Soyez rassuré: l’organisation ne néglige aucun effort afin d’assurer aux skieurs un événement à la fois magique, et sécuritaire pour tous. Des adaptations sont effectuées pour tenir compte des règles de la santé publique, par exemple par rapport aux sites intérieurs ou à certains événements publics.

Sur les deux grandes distances (50 kms), le parcours dit « linéaire » qui part de Wakefield est maintenu. Davantage d’autobus seront disponibles pour acheminer sécuritairement les fondeurs au départ à P17.

Le choix d’épreuve reste large: outre les deux 50 km (classique et style libre), les participants peuvent s’inscrire aux deux 27 km, au 10 km style libre, au 15 km classique et, pour les plus petits, au 5 et au 2 km classique.

Cette année, la course donnant des points FIS est le 50 km classique.

Plusieurs nouveautés sont également offertes : une course à relais le vendredi soir, course à laquelle participera Alex Harvey, un volet « découverte » pour ceux qui veulent participer à l’événement sans la pression du chronomètre, et une course style libre de 27 km chez les juniors, course sanctionnée permettant d’accumuler des précieux points CPL.

Les inscriptions à tarif préférentiel ont été prolongées jusqu’au 30 janvier prochain. C’est donc le temps de s’inscrire! Vous cliquez ici.

Complément de mon autre article plus tôt cette semaine

Publié dans le journal La Presse, ces deux articles traitant des succès du Centre National d’Entrainement Pierre Harvey (CNEPH) du Mont Sainte-Anne, et du géant que demeure Alex Harvey.

Sur la scène du ski de fond…

À moins de deux semaines de l’ouverture des Jeux olympiques, la scène du ski de fond s’active et c’est intéressant.

Première grande nouvelle, Nordiq Canada a annoncé deux nouvelles sélections sur l’équipe olympique: Rémi Drolet et Olivia Bouffard-Nesbitt.

Ces deux sélections supplémentaires sont rendues possibles par le fait que certaines nations n’ont pas comblé toutes leurs places disponibles. Ces places sont donc offertes aux nations suivantes dans le classement.

C’est une très bonne nouvelle!

Ces deux athlètes s’ajoutent aux trois hommes (Cyr, Léveillé, Ritchie) et quatre femmes (Stewart-Jones, Browne, Leclair, Beatty) déjà sélectionnés.

Pour Rémi Drolet, 21 ans, c’est inestimable car il fait partie, avec Olivier Léveillé, de la relève du ski de fond canadien. C’est un gros moteur, aucun doute là-dessus.

À 29 ans, la sélection est inespérée pour Olivia Bouffard-Nesbitt qui réalise ainsi un grand, un très grand rêve. C’est une superbe athlète, selon moi la meilleure technicienne au Canada chez les femmes. Technique absolument parfaite, c’est vraiment quelque chose de voir skier cette fille. Parti devant elle sur le dernier 50km style libre de la Gatineau Loppet, elle m’a doublé au km 25 environ, pour terminer… neuf minutes devant moi. Mais quel bonheur pour les yeux de voir skier (brièvement) cette fille. Watch, and learn…

Avec neuf athlètes en ski de fond, la délégation canadienne a de quoi participer à toutes les épreuves et… de quoi créer des surprises. Il faut y croire, même si le niveau sera extrêmement élevé. L’expérience acquise pour certains(es) jeunes athlètes servira également bien le ski de fond canadien à long terme.

Les Norvégiens à Seiser Alm en Italie

De leur côté, l’équipe de Norvège, Klaebo en tête, a opté pour une ultime préparation du côté de Seiser Alm en Italie, probablement plus tranquille que Livigno en ce moment…

Un beau petit vlog de Klaebo sur ce camp d’entrainement ici. De belles scènes de ski, dans des paysages féériques. Les gars ont une méchante belle technique aussi!

Dans le Parc de la Gatineau

C’est pas compliqué, je n’avais jamais vu le Parc de la Gatineau aussi achalandé en fin de semaine, malgré le froid sibérien qui sévit au Québec depuis déjà plusieurs jours. Des skieurs partout!

Pour nous skieurs un peu plus rapides, c’en était même parfois presque dangereux.

Mais ca fait vraiment plaisir à voir: la popularité du ski de fond est en hausse, et c’est tant mieux. À quand les courses de ski de fond à la télé?

Et pour ceux qui veulent savoir, oui, c’est possible d’avoir de bonnes glisses sur des neiges très froides qui sont plus abrasives, notamment en mariant les bonnes structures de bases du ski aux bons farts de glisse.

L’hémoglobine de vers marins

Reportage intéressant hier soir aux Aventures du Pharmachiens (Radio-Canada, 19h30) sur le nouveau dopage sanguin dans le sport de haut niveau, un dopage notamment via l’usage d’hémoglobine de vers marins.

Comme le cyclisme, le ski de fond est un sport où l’apport en oxygène est crucial pour les performances. Il n’y a aucune raison de croire que les nouvelles formes de dopage sanguin ne sont pas déjà en usage dans ces deux sports. Et aux JO de Pékin? Peut-on faire confiance à l’armada russe notamment, qui possède en matière de dopage une longue tradition?

Je vous rappelle que j’ai consacré en septembre dernier deux articles sur « Le nouveau dopage sanguin », articles écrits grâce à la collaboration de Marc Kluszczynski, qui faisait partie hier soir du reportage aux Aventures du Pharmachiens.

Le premier article est ici.

Le deuxième article est ici.

Et si on entend beaucoup parler de cétones en cyclisme ces temps-ci, j’ai lu moins d’articles chez les fondeurs, mais il n’y a aucune raison de croire que ces régimes spéciaux ne sont pas en usage parmi le circle blanc.

Sur la scène du cyclisme

La reprise approche à grands pas, avec notamment le GP La Marseillaise le week-end prochain. Vivement revoir du vélo!!

En attendant, les préparations vont bon train…

Le ski de fond aux JO de Beijing

On y est presque: les Jeux Olympiques de Beijing.

En espérant qu’ils auront bien lieu!

Côté ski de fond, ca risque d’être très intéressant, contrairement à ce qui se passe en Coupe du Monde.

Car de ce côté, pas de quoi se réjouir: les deux étapes prévue en janvier, soit les Rousses et Planica, ont été annulées soit en raison de la Covid, soit pour des raisons budgétaires, soit les deux.

Je vous avoue que je ne comprends pas: le biathlon, le ski alpin, le ski-cross, le ski acrobatique, tout va de l’avant en ce moment, sauf le ski de fond.

Frustrant. Très frustrant. Un si beau sport!!!

Du côté des JO, ca débutera dès le premier week-end avec la magnifique épreuve du skiathlon, qui combine une distance en style classique immédiatement suivie de la même distance en style libre.

Chez les femmes le 5 février, deux fois 7,5 kms. Chez les hommes le lendemain 6 février, deux fois 15 kms, pour un total de 30 kms, soit une grosse heure d’effort.

Le tenant du titre est le Norvégien Krueger, un fin technicien et un des plus beaux styles du peloton mondial. Krueger avait réalisé à PyeongChang une performance spectaculaire, étant relégué loin derrière en raison d’une chute en tout début d’épreuve lors de la portion classique, pour ensuite remonter doucement jusqu’à la tête du groupe dans la portion style libre, puis s’envoler solo pour une victoire que tout le monde pensait perdue 50 minutes plus tôt. Magnifique!

Alex Harvey avait terminé 8e de cette épreuve.

On enchainera le 8 février avec les sprints en style libre, puis le 10 avec le 10km classique chez les femmes. Le 15km classique chez les hommes aura lieu le lendemain.

Le week-end du 12-13 février, place aux relais par équipe, là aussi de très belles épreuves à ne pas manquer, la cohésion du groupe et la stratégie au niveau de l’ordre des relayeurs jouant un rôle important. Le 12, le 4x5km chez les femmes et le 13, le 4x10km chez les hommes.

Suivront les sprints en classique en deuxième semaine, le mercredi 16 février.

Et pour le dernier week-end, les épreuves de distance, prédilection d’un certain Hans Christer Holund. Le samedi 19, le 50km style libre chez les hommes, et le dimanche 20 le 30 km style libre chez les femmes.

À PyeongChang, c’était un 50 km style classique et Alex Harvey, pour ses derniers JO, avait terminé à une frustrante 4e place. Le fondeur russe Andrey Larkov avait pris la 3e place on ne sait pas trop comment, n’ayant eu aucun résultat jusqu’à ce moment. Où plutôt si, on sait comment…

L’équipe canadienne prendra de l’expérience

Nordiq Canada a annoncé la composition de l’équipe canadienne il y a quelques jours, et aux lendemains des épreuves de sélection à Canmore en Alberta.

Pas trop de surprises, des choix logiques.

Chez les hommes, l’armada sera amenée par le Gatinois Antoine Cyr, qui en est à ses premiers jeux. Le meilleur fondeur canadien actuellement visera « le mieux possible », sachant qu’une place dans les 10 sur l’une ou l’autre des épreuves (mais surtout en classique) est possible dans un bon jour.

Antoine sera entouré du sherbrookois Olivier Léveillé et de Graham Ritchie.

Pour le jeune Olivier Léveillé, c’est incroyable: 20 ans à peine, nouveau chez les séniors (il était junior l’an dernier), et déjà aux JO!!! Le gars a juste un moteur extraordinaire selon moi, et avec quelques années de développement, notamment sur le plan musculaire, Olivier a certainement le potentiel d’aller très, très loin dans le ski de fond.

Pour Olivier, il a déjà gagné: il est aux JO! Le reste, les résultats, c’est du bonus. Il n’a aucune pression, il peut aborder chaque épreuve avec la simple volonté de « donner le maximum » peu importe le résultat, sachant que c’est souvent dans cet état d’esprit que les belles surprises surviennent. Il a l’avenir devant lui, et pour lui.

Chez les femmes, des choix logiques: Catherine Steward-Jones, Cendrine Browne, Laura Leclair et Dahria Beatty. Seules Browne et Beatty ont déjà pris part à des Jeux olympiques.

Cinq fondeurs du Québec, dont trois de ma région ici à Gatineau, pour les sept athlètes retenus, ouf, on va être sur le bout de notre chaise lors de ces prochaines épreuves aux JO. Et puis, Olivier vient de ma ville natale.

L’armada norvégienne

Y’aura du très beau monde en ski de fond sur ces JO.

Certains – Holund, Ustiagov – ne pensent même qu’à ça depuis des semaines…

Ca ne sera pas facile pour l’équipe canadienne, ni pour personne.

L’armada norvégienne débarque en force, amenée par leur superstar Klaebo, le meilleur fondeur au monde et intouchable sur le récent Tour de ski.

Holund, Krueger, Rothe, Valberg, pour ne nommer que ceux-là, répondront aussi présents c’est certain. Les Norvégiens ont tout: les meilleurs techniciens sur ski, les meilleurs farteurs, les meilleurs farts, les meilleurs skis… et ils sont revanchards, après le scandale de Ruka en début de saison. Klaebo a donné rendez-vous à tout le monde sur ces JO.

L’opposition viendra de l’équipe russe, Bolshunov d’abord, mais aussi Ustiagov en plein regain ces temps-ci, et aussi les Spitsov, Terentev (pour les sprints), Chervotkin et Maltsev.

Bolshunov n’a pas été vu au mieux cette saison, notamment sur le récent Tour de ski. Aura-t-il réussi son pari de bien doser sa montée en puissance pour arriver à l’heure aux JO?

Il ne faudra pas oublier, sur les épreuves en style classique, le finlandais Iivo Niskanen, une machine de double-poussée.

Pour le reste, faut voir. Les Français et les Italiens, peut-être, mais pas pour la gagne. Les Suisses aussi pourraient être dans le coup, et aussi les Allemands qui ont très bien faits sur le récent Tour de ski, avec notamment Moch et Bog.

Chez les femmes, la grosse équipe c’est la Suède, suivie des Norvégiennes, des Américaines et des Russes juste derrière. La compétition chez les femmes est plus serrée, donc des surprises pourraient survenir à chaque compétition.

On va se régaler!

Suivre le ski de fond aux JO

Va falloir que je vous revienne sur les bons plans pour suivre le ski de fond à Pékin. Si vous les connaissez déjà, merci de les partager sur cette page, en utilisant les commentaires!

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