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Bormio – Jour 4 – La Campionissimo

10422263_399336156888208_2297275081144355877_nOuf! Toute une journée sur le vélo! De celles que l’on oublie jamais.

Je vous souhaite à tous d’un jour vous mesurer à La Campionissimo, 175 kms, par delà le Passo di Gavia, le Passo di Mortirolo et le Passo San Cristina dans le final.

Une épreuve vraiment difficile, mais également magnifique.

J’adore ces grands défis en haute montagne, qui rapidement nous ramènent à une des plus simples expressions de la vie: l’Homme face aux éléments, ici la montagne.

La Campionissimo, c’est en tout cas comparable côté difficulté à la Marmotte, que j’ai fait 10 fois. Mon temps de selle hier a été de 7h10, alors que mon meilleur temps sur la Marmotte, établi l’an dernier, est de 7h26.

Ce qui frappe dans les Dolomites, c’est la pente: les cols sont beaucoup plus pentus que dans les Alpes françaises, que je connais bien. Prenez dans le Galibier: les pires passages, après Plan Lachat, doivent faire 11-12%.

En comparaison, le Mortirolo, c’est 12 kms dont 6 kms non stop à 13-14%, avec de bonnes grosses rampes à… 18%. Et dans le Gavia, il y a également quelques passages très pentus, assurément de l’ordre du 15%, notamment lorsque la route devient plus étroite, dans la forêt.

Incroyable Mortirolo en tout cas! Je vais m’en souvenir longtemps. Mes respects à tout cycliste qui parvient à se hisser là-haut sur un vélo, sans poser pied à terre dans la montée. J’y ai mis un point d’honneur hier, sur mon 34-29. Il m’a fallu 1h17 pour en venir à bout, les meilleurs montant en un peu moins d’une heure. Il faut dire que quelque peu inquiet par la difficulté, et avec un Gavia (2500m d’altitude) dans les jambes en hors d’oeuvre, j’ai plutôt cherché à gérer mon effort pour ne jamais exploser. Malgré cela, le Mortirolo m’a fait mal, je montais par moment à 7-8 km/h, pas plus!

Respect en tout cas à Hugo Houle qui a dû affronter ce Mortirolo en course sur le dernier Giro. Je serais curieux d’entendre ses impressions sur ce col. J’ai pensé à lui en le montant.

Et le Gavia, quel col! Très différent du Stelvio: très sauvage, à peu près rien au sommet, si ce n’est un refuge et une vierge Marie. La présence de deux lacs de haute montagne, en plus des sommets enneigés nous entourant, me permettent de dire que c’est là un des plus beaux cols que j’ai pu escalader à vélo.

Dans le final de la Campionissimo, la montée de San Cristina (7km de long) en aura surpris plus d’un, avec des rampes à 14% et un dernier kilomètre très difficile à 12%. Miguel Indurain, lui-même, m’a rejoint et dépassé dans ce col, dans son style caractéristique, bien posé sur sa selle, les bras à l’équerre. Grimpant 1,5 km/h plus rapidement que moi, je n’ai pas pu m’accrocher!

Le San Cristina, situé dans les 15 derniers kms, était le lieu de la grande lessive: j’y ai passé de nombreux coureurs en grande difficulté, plantés dans la pente. Dont cette Italienne, que j’avais été incapable de suivre en début de course dans le Gavia: je l’ai rejoint à 2 kms du sommet du San Cristina, elle était en grande détresse, arrêtée ou presque dans la pente. Ce qui nous rappelle que dans ce genre de grand marathon, il convient toujours de bien gérer ses efforts compte tenu de la distance à tenir et des difficultés à affronter.

Au final, je termine en 7h10min, bon pour la 172e place de l’épreuve, sur 562 concurrents classés. Le meilleur, Roberto Cunico, met 5h52 pour parcourir les 175 bornes, et me prend donc 1h17. Un écart avec le vainqueur similaire à celui qui est mien sur la Marmotte me laisse croire que je suis à ma place. J’ai peut-être joué d’un peu de conservatisme dans l’épreuve, notamment dans le Gavia et le Mortirolo, appréhendant un peu ce dernier. La connaissance du parcours est toujours un atout que je n’avais pas hier.

Informations à ceux qui voudraient y participer

1 – ne pas sous-estimer l’épreuve: 175 bornes en haute montagne, ce n’est pas équivalent à 175 bornes ailleurs.

2 – mes braquets hier: 50-34 à l’avant, 11-29 à l’arrière. Sur la Marmotte, je monte plutôt une cassette 11-27.

3 – l’alimentation joue un rôle crucial: ne jamais hésiter à vous arrêter aux ravitaillements prévus par la course, surtout pour refaire le plein en liquide.

4 – l’effort étant soutenu dans les cols, il faut vraiment se concentrer sur son alimentation, boire et manger régulièrement. Avec l’altitude, la soif et la faim disparaissent: c’est un piège.

5 – prévoyez toujours partir avec un coupe-vent (sans manche si le temps est beau comme hier) car le haut des cols, surtout s’ils sont à plus de 2000m d’altitude, peuvent être très frais. Ne vous laissez pas influencer par les coureurs – nombreux – prenant le départ sans ce coupe-vent. Les descentes peuvent être vraiment froides, surtout que vous les débutez trempés par l’effort fourni dans les ascensions les précédents.

6 – faites les descentes à votre rythme: on peut y laisser beaucoup de jus à vouloir suivre certains qui descendent comme des avions. Le plus souvent, ces derniers connaissent la descente par coeur. Les descentes sont le moment de se refaire une santé, il faut y manger lorsque c’est sécuritaire de le faire.

7 – si l’épreuve est longue, il est probablement prudent de commencer plus doucement, pour finir fort. Ce fut ma stratégie hier. Le départ des cyclos sont, comme dans les courses, toujours rapides: beaucoup le payent cash plus tard.

8 – sur de telles épreuves en haute montagne, cela vaut la peine de s’affuter au maximum: chaque kilo corporel superflu se paye cash. Au départ hier, une vaste majorité de participants était affuté comme des dagues, ce qui ne manquait pas d’être quelque peu intimidant!

9 – le coup de pédale de la montagne, souple, s’acquiert au fil des jours. Il convient donc d’arriver quelques jours avant votre épreuve, question de récupérer du vol et du décalage horaire, et de travailler ce coup de pédale très différent de celui qu’on utilise lorsqu’on roule à 45 km/h sur le plat. Le mien n’est pas encore tout à fait au point, mais devrait être mieux dimanche prochain sur le Marathon des Dolomites. On sait surtout qu’on a développé ce coup de pédale en montagne lorsqu’on est souple en danseuse.

Les photos

Quelques instants avant le départ, dans mon sas. On a de la chance, il fait un soleil radieux et la température est confortable.

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Preuve de la popularité du cyclisme italien, un hélico survole le peloton quelques minutes avant le départ. Il nous accompagnera dans le Gavia.

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Mon frère à l’arrivée, content de sa journée sur le Medio Fondo (155 kms).

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D’autres sont beaucoup plus éprouvés par la difficulté de l’épreuve et la distance.

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Mon co-équipier Martin en termine, bien fatigué.

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La majorité des participants sont bien affutés, jambes rasées et huilées, et cela peut impressionner au départ. Le matos est également impressionnant: ici, un De Rosa Protos monté sur des roues Lightweight.

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Cérémonies protocolaires, le speaker était vraiment excellent pour galvaniser la foule. Lui-même avait manifestement roulé dans la journée, portant des bas de contention!

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Podium Maitres 30-39 ans. Des avions de chasse. Pas un pet de graisse…

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Une belle rencontre dans le lounge Assos après la course: Luca Paolini, grand animateur du final de Milan SanRemo et vainqueur d’un Gand-Wevelgem d’anthologie plus tôt cette saison. Luca a roulé avec les participants du GranFondo et à entendre les italiens du peloton le saluer (la grande majorité des participants, peu d’étrangers étant sur cette Campionissimo), Luca est un coureur très populaire ici en Italie. C’est vrai que Luca est très sympathique et disponible auprès du grand public. Pour la petite histoire, Luca cache une bière derrière moi, question de préserver l’image d’un coureur pro…!

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  1. Magnifique tes reportages sur l’Italie.
    Tu m’as fait rêver

    Faudra qu’un jour avant de ne plus être assez bon en vélo que j’aille y poser mes roues dans ce STELVIO

    Bonne récup à vous les gars
    Stef

  2. le maillot est formidable…ouillle qu’il est beau

  3. Claudio

    On peut connaître la marque de bière qu’il boit? J’ai personnellement essayé une Kilkenny la veille de la course sur route à Sutton et ça marche pas!

  4. Vincent C

    Oh que je t’envie là! Je ne suis pas un grimpeur, mais j’aime bien la haute montagne plutôt que les maudites routes droites du Québec!

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