Le 102e (!) Paris-Roubaix, surnommé l’Enfer du Nord, aura lieu dimanche entre Compiègne et Roubaix. Créée en 1896, cette course est un monument du cyclisme et représente, pour reprendre l’expression de Jacques Goddet, ancien directeur du Tour, « la dernière folie du sport cycliste ».

Dernière folie en effet puisque ses 51 secteurs pavés appartiennent a une autre époque. Une autre époque que les coureurs d’aujourd’hui doivent cependant, une fois par année, revivre s’ils carressent le rêve d’une victoire sur cette prestigieuse épreuve. En ce sens, Paris-Roubaix, plus que n’importe quelle autre course du calendrier professionnel, établit un pont direct entre le passé et le présent du cyclisme.

Au menu donc dimanche, 261 kms dont 51 de pavés, repartis en 26 secteurs, dont le plus court comporte environ 400m et le plus long 3700m. Les secteurs les plus célèbres sont la tranchée d’Aremberg au km 166, Orchies au km 201 et le mythique Carrefour de l’Arbre a 17 km de l’arrivée, souvent lieu fatidique ou les meilleurs s’envolent vers la victoire. L’arrivée sera, comme d’habitude, jugée sur la piste du vélodrome de Roubaix après un tour complet.

Les victoires: 50 victoires pour la Belgique, 30 pour la France, 11 pour l’Italie, 5 pour les Pays-Bas, 2 pour l’Irlande, 1 pour le Luxembourg, la Russie et la Suisse.

La météo annoncée sera probablement plutôt clémente (ensoleillé, léger vent de face, température dans les 10-15 degrés), ce qui favorisera une course plus ouverte ou davantage de coureurs auront leur chance. Pour les favoris, Van Petegem, Wesemann, Musseuw, Boonen en premier lieu, il faudra être vigilant et prendre l’initiative.

Paramètre incontournable de cette course, la chance. En effet, Paris-Roubaix apparaît moins difficile que le Ronde ou la Doyenne, mais la chance y joue toujours un grand rôle. Et cette chance, certains réussissent a la forcer, le plus célèbre dans ce registre étant Roger De Vlaeminck, recordman de l’épreuve avec 4 victoires (9 fois sur le podium !). « Le Gitan » avait ce don, issu du cyclo-cross, de toujours choisir la bonne trajectoire, épargnant ses boyaux et limitant les risques de chute. On reconnaît ainsi les spécialistes a leur façon de négocier les pavés, toujours sur le haut (d’ou l’expression « tenir le haut du pavé »), c’est-a-dire au milieu de la route. Les moins a l’aise choisissent plutôt les bords de route, ou les chances de trouver un silex qui perforera les pneumatiques sont plus élevées…

En cas de victoire, sa 4e (ses trois premières : 1996, 2000 et 2002), Musseuw rejoindrait Roger De Vlaeminck comme recordman. Belle façon de terminer sa carrière… Il aura cependant beaucoup d’opposition, a commencer par Boonen, son propre équipier, toujours a l’aise sur les pavés. Van Petegem, Hincapie et Wesemann voudront aussi participer a la bagarre finale. Wesemann, en particulier, pourra compter sur une belle équipe autour de lui (Aldag, Ivanov, Nardello). Hincapie pourrait de nouveau être isolé dans le final, car seul Van Hesswijk semble pouvoir répondre en ce moment. Van Petegem, pour sa part, n’a besoin de personne !

Les outsiders : Ludo Dierckxsens semble le plus sérieux et n’hésitera pas a se lancer dans de longs raids, ce qui assure toujours le spectacle ! Chez les Italiens, on compte sur l’ancien vainqueur Tafi, dont on ignore la condition, sur Baldato, sur Pieri, sur le podium l’an dernier, et sur Michele Bartoli, qui revient sur cette course apres plusieurs annees d’absence. Peu a espérer pour lui cependant, son gabarit léger l’handicapant sur le pavé. Les CSC alignent pour leur part Hoffman, Hoj et Michaelsen qui pourraient surprendre. Vandenbroucke sera également la et dans sa condition actuelle, tout est permis même s’il n’est pas un spécialiste du pavé. Van Bon, Vainsteins, Wauters, Zanini, Knaven et Ivanov sont également tous des coureurs a surveiller dimanche.

Deux espoirs sérieux chez les Français : Didier Rous, un guerrier dur au mal, et surtout Frédéric Guesdon, ancien vainqueur de l’épreuve, dont la forme est bonne en ce moment.

Les grands absents: Erik Zabel (ALL), Lance Armstrong (USA), Oscar Freire (ESP), Paolo Bettini (ITA), Mario Cipollini (ITA), Baden Cooke (AUS), Viatcheslav Ekimov (RUS).

Les dix derniers vainqueurs:

1994: Andrei Tchmil
1995: Franco Ballerini
1996: Johan Museeuw
1997: Frédéric Guesdon
1998: Franco Ballerini
1999: Andrea Tafi
2000: Johan Museeuw
2001: Servais Knaven
2002: Johan Museeuw
2003: 1. Peter Van Petegem ; 2. Dario Pieri ; 3. Viatcheslav Ekimov (RUS) à 15 sec.

Organisée par la Société du Tour de France, le site web de la course, très bien fait, est ici. Cyclingnews tiendra, comme d’hab, son live! report et présente une intéressante rétrospective de l’épreuve. Eurosport et la radio de France Info auront également des reporters qui feront des reportages live au courant de la journée. Enfin, Michele Bartoli nous parle de ses ambitions ici.

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