« Je ne suis pas surpris du tout » (Alex Harvey, champion canadien de ski de fond présent aux Mondiaux)
« C’est presque irréel comme situation. On pensait vraiment qu’on en avait fini avec ces scandales, que le monde avait compris que ca ne faisait pas partie de notre sport. C’est vraiment surprenant« . (Pierre-Nicolas Lemyre, Ski de fond Canada)
Ces citations sont tirées d’un article publié dans La Presse Plus ce matin. Cet article porte sur la récente descente policière qui a eu lieu dans le cadre des Championnats du monde de ski de fond qui se déroule à Seefeld en Autriche. Un des athlètes se serait fait prendre l’aiguille dans le bras, en pleine transfusion!
Au moins 4 athlètes présents se seraient fait piqué, ainsi qu’un médecin et un complice. On a affaire à un réseau qui dopait des athlètes de la Coupe du Monde de ski de fond depuis plusieurs années, et qui opérait notamment via Erfurt en Allemagne.
Fait intéressant, le médecin impliqué et d’autres acteurs de ce réseau seraient liés au monde du cyclisme, ayant oeuvré dans certaines équipes cyclistes pro allemandes dans le passé, comme la sulfureuse Gerolsteiner ou encore Milram. Le présent scandale pourrait avoir des ramifications dans d’autres sports écrit-on, et on pense bien évidemment en premier lieu au cyclisme professionnel.
Je me réjouis de telles opérations policières, car pour moi la seule vraie façon de lutter contre le dopage. Les tests ont depuis longtemps montré leurs limites, les athlètes et les médecins savent aujourd’hui comment les déjouer, notamment en pratiquant un dopage plus « chirurgical » qu’auparavant, fait de micro-doses ne provoquant pas de fluctuations dans les suivis biologiques et s’effaçant rapidement dans le corps humain. Aujourd’hui, le dopage sanguin est selon moi arrivé à « maturité » après 30 ans de pratique: on le maitrise parfaitement, c’est à dire qu’on est capable de préserver la santé de l’athlète (il y a moins de morts subites) tout en déjouant aisément les contrôles.
Je me réjouis moins de constater le décalage stratosphérique entre les perceptions d’un athlète comme Alex Harvey et des officiels de Ski de fond Canada, les deux semblant vivre sur des planètes complètement différentes.
Et pour moi, il est notamment là le problème.
Encore du dopage dans le ski de fond et le cyclisme? Bien sûr que oui!
Avons-nous déjà oublié le scandale des athlètes russes, pourtant pas si lointain? Plusieurs skient avec Alex Harvey sur ces Mondiaux.
Comment se fait-il que des fédérations supposées travailler à promouvoir un sport sain, dans le respect des règles, soient si décalées de la réalité?
Pas rassurant tout ca, surtout dans le contexte où c’est un peu le bordel actuellement à l’Agence Mondiale Anti-dopage qui fait face à une crise existentielle autour de son indépendance par rapport au CIO et aux fédérations. Rappelons simplement que la crise est suffisamment grande pour que des ex-athlètes comme la canadienne Beckie Scott aient claqué la porte de l’agence ces derniers temps…
Pas bon tout ca!
Ski de fond Canada aurait intérêt à écouter un peu plus les athlètes canadiens qui évoluent sur la Coupe du Monde de ski de fond afin de rester en contact avec la réalité… car il serait important de tenir compte de cette réalité. Y’a des 4e places qui valent de l’or… et des budgets qui doivent suivre.
Je suis triste aujourd’hui pour Alex Harvey, qui a annoncé sa retraite pour la fin de la présente saison de ski. Tout cela doit lui laisser un goût vraiment amer. Il aura besoin du soutien de son public sur les Plaines d’Abraham fin mars afin d’être rassuré, alors qu’il tirera sa révérence: ce public sait plus que jamais j’en suis sûr reconnaître les vrais champions.
Une course enlevante
Question de revenir au sport, le relais féminin 4x5km ce matin a donné lieu à une course enlevante, extrèmement excitante entre Norvégiennes et Suédoises. Quel finish! Une de meilleures courses de ski de fond ces dernières années!