Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Mois : octobre 2018

Le Tour de France 2019

Bientôt, le rhume et la grippe…

L’hiver est à nos portes, et cet hiver est dur, du moins au Québec! Froid intense, neige, grésil, pluie verglaçante, écarts de température, un sacré cocktail chaque année…

Pour nous athlètes, l’hiver peut représenter une période difficile à gérer étant donné l’incidence des virus du rhume et de la grippe. C’est en effet aux mois de janvier, février et mars que ces maladies frappent le plus la population québécoise. Chaque année, on y enregistre des pics de décès, c’est le démographe en moi qui vous écrit.

Et un entrainement intensif affaiblit, du moins dans les premières heures, le système immunitaire, rendant les athlètes plus à risque de contracter de telles infections durant ces mois. Dans ces situations, c’est la galère: rien de pire qu’un rhume ou une grippe à deux ou trois semaines d’un objectif comme une course de ski de fond ou un départ pour un camp d’entrainement cycliste intensif…

Avec de jeunes enfants, c’est parfois pire, l’exposition au risque étant décuplée: un hiver, alors que mes enfants étaient tout jeunes, j’ai eu 7 rhumes en 10 semaines! L’enfer.

Comment s’aider? Quelques éléments peuvent faire une différence.

  1. Prendre de la vitamine D. Ca fonctionne, la vitamine D ayant un effet sur la fonction immunitaire du corps.
  2. Prendre de la vitamine C. C’est un excellent anti-oxydant.
  3. Faire des cures de fer, de temps en temps. Une déficience au niveau du tonus, du pep, de l’envie d’en découdre, une fatigue et une faiblesse générales peuvent être des symptômes d’un niveau de fer trop bas.
  4. Prévoyez toujours une boisson énergétique sur le home-trainer. Trop d’athlètes négligent ce point important. Une boisson énergétique même pour une petite heure d’effort sur le home-trainer peut contribuer à vous garder à l’abri des infections rampantes. Et rappelez-vous: il y a des boissons énergétiques meilleures que d’autres…
  5. Des protéines après l’entrainement. On recommande de consommer des protéines après l’entrainement pour les fonctions musculaires, mais ca restaure également le système immunitaire.
  6. La fenêtre glucidique. Dans les 30 minutes après des intervalles sur le home-trainer, consommez une boisson à base de glucides. Ca restaure le body au complet!
  7. Dormez. On a rien trouvé de mieux que le sommeil pour entretenir le système immunitaire. Plus facile à écrire qu’à faire, les tracas de la vie quotidienne pouvant perturber le sommeil. J’en sais quelque chose ces temps-ci.
  8. En cas d’infection, « slackez »! L’avancée en âge m’a appris une chose, être raisonnable (bien que plusieurs de mes amis vous diraient qu’il n’en est rien dans mon cas!). Vous perdrez davantage à essayer de revenir trop rapidement à votre rythme d’entrainement habituel après un rhume ou une grippe, plutôt que de prendre votre temps. Le truc, c’est d’observer 24h de repos complet de plus lorsque vous sentez que vous pouvez de nouveau « pousser » la machine (votre corps) à bloc après une infection.

Évidemment, se laver fréquemment les mains et conserver une hygiène domestique irréprochable limite bien entendu le risque d’infection, mais ça, vous le saviez déjà.

Vous avez des « trucs » qui fonctionnent sur la base de votre analyse « de terrain »? N’hésitez pas à partager vos expériences, je suis preneur pour « passer l’hiver »!!!

Limite à 6,8kg: à quand la réforme?

Quelques articles portant sur le matos extra-light ont attiré mon attention récemment. Et notamment celui-ci où on rapporte une paire de roues à 887 grammes (FSE). Ouf!

Aujourd’hui, de nombreux cadres et fourches « de série » sont en deçà de un kilo. Je pense au Canyon Ultimate EVO, au Merida Sculptura, au Trek Emonda, au Fuji SL, et plusieurs autres. Usage exclusif bien sûr, pour cyclistes légers uniquement!

Bref, proposer un vélo plus léger que la limite de 6,8 kilos imposée depuis le début des années 2000 par l’UCI est chose aisée aujourd’hui.

Plusieurs articles comme celui-ci montrent que cette limite était sur le point d’être révisée en 2017.

Puis rien. Aucune nouvelle en 2018.

Difficile de comprendre ce qui se passe! Chose certaine, c’est le Word Federation of Sporting Goods Industry qui est responsable de veiller aux intérêts de l’industrie du cycle auprès de l’UCI. Cet organisme a donc beaucoup de poids dans l’éventuelle décision de l’UCI de modifier la règle actuelle.

Je pense en fait qu’il est tout à fait raisonnable de penser que les freins à disque ont freiné les changements à venir. L’industrie s’ajuste actuellement à cette nouvelle technologie, qui augmente légèrement le poids des vélos. Du coup, on a probablement préféré ne rien précipiter, afin de ne pas compromettre l’expansion de ces vélos équipés de freins à disque. Une nouvelle norme trop basse aurait pu donner ce résultat…

Rappelons que la limite a été imposée pour des raisons de sécurité, l’UCI estimant à l’époque qu’en deçà de 6,8 kilos, un vélo n’était pas sécuritaire. Si on change cette limite, laquelle adopter? 6,5 kilos? 6,0 kilos? Aucune limite? Cette dernière solution pourrait amener à des abus des coureurs voulant se donner un avantage face à la concurrence, quitte à une prise de risque maximum.

L’UCI pourrait baser sa limite sur certaines bases. Par exemple, en bas d’un kilo pour l’ensemble cadre-fourche, ça n’apparait pas très raisonnable, surtout chez les pros qui ont une puissance, notamment lors des sprints et sur quelques secondes, très conséquente. Les compagnies proposant de tels ensembles imposent souvent une limite de poids au cycliste voulant rouler sur ce matériel.

Idem pour les roues: en bas de 1200 grammes la paire, on voit mal comment la sécurité n’est pas compromise.

Des freins carbone? Pas sûr non plus que c’est une bonne idée!

Bref, si on compte 1200 grammes pour l’ensemble cadre-fourche, 1200 grammes pour la paire de roues (au mieux), 2000 grammes pour le groupe complet, 500 grammes pour les boyaux/pneus, 1000 grammes pour les périphériques (potence, guidon, guideline, selle, tige de selle, visserie, porte-bidons, déblocages rapides) et 200 grammes pour les pédales, on arrive à 6,1 kilos.

En se donnant un peu de marge (notamment pour des capteurs de puissance, capteurs dont le poids a beaucoup diminué chez certains fabricants au cours des dernières années), une norme autorisant des vélos en World Tour d’un poids situé entre 6,2 et 6,4 kilos m’apparait aujourd’hui réaliste.

À quand la réforme promise? Je voudrais bien le savoir!

Le Tour de France 2019

On dévoilera dans une petite semaine (le 25 octobre prochain) le profil du Tour de France 2019. Il s’agit toujours d’un moment important dans le cyclisme, le Tour étant la plus grande course cycliste du monde et son profil un aspect déterminant pour identifier quel coureur aura des chances de s’imposer, compte tenu de ses caractéristiques.

D’une année à l’autre, je trouve que le secret est de mieux en mieux gardé, de moins en moins  d’information sur le parcours filtrant dans la presse avant le dévoilement officiel.

L’excellent site VeloWire de Thomas Vergouwen demeure toutefois, année après année, la référence pour avoir une idée du Tour avant le Tour.

Ce qui est sûr, c’est un départ de Bruxelles pour souligner le 50e anniversaire de la première victoire sur le Tour d’Eddy Merckx, notre dieu à tous. M. Merckx aura alors 74 ans.

On soulignera également les 100 ans du maillot jaune, revêtu pour la première fois par Eugène Christophe lors de la 11e étape (Grenoble-Genève) du Tour de France 1919. Merckx détient d’ailleurs toujours le record du nombre de jours en jaune: 96! Machine!

D’après les rumeurs, le Tour tirerait ensuite vers l’Est, notamment la Lorraine, et les possibles villes-étape de Nancy et Mulhouse. La Planche des Belles Filles, chère à Nibali et Pinot, serait de nouveau dans les cartons.

On glisserait ensuite vers Saint-Étienne, puis Saint-Flour, puis les Pyrénées avant les Alpes.

Dans les Pyrénées, la ville de Pau est entrevue comme ville-étape. Une arrivée au sommet du Tourmalet pourrait être au programme.

Une fois dans les Alpes, certains annoncent un possible contre-la-montre individuel sur les pentes du Mont Ventoux. Ce serait évidemment grandiose, plus de 30 ans après la victoire monumentale de « Jeff », Jean-François Bernard, au sommet du Géant de Provence (c’était durant le Tour 1987, un des plus beaux selon moi).

La vallée de la Maurienne serait ensuite au programme, et une possible arrivée à Tignes. Un transfert en avion serait ensuite organisé pour une dernière étape en banlieue parisienne (départ de Rambouillet) avant l’arrivée classique sur la plus belle avenue du monde, les Champs-Élysées.

Vivement qu’on découvre tout ça! Et surtout, qu’on découvre le dosage qui sera appliqué entre chronos, arrivées en altitude et disciplines connexes (pavés, terre battue, etc.), entre étapes longues et étapes courtes, entre étapes pour sprinters et étapes pour grimpeurs, et toujours les surprises, les innovations.

Qu’est-ce qu’un Tour moderne?

D’ailleurs, on peut se poser la question suivante: qu’est ce qu’un Tour moderne?

Pour moi, c’est un Tour de France qui marie à la fois tradition et innovation. Plus facile à écrire qu’à réaliser concrètement, il faut en convenir!

Des clins d’oeil au passé, à l’histoire de ce sport et à ce qui a construit la légende du Tour sont nécessaires selon moi. J’aimerais revoir la trilogie de la Chartreuse, le chrono sur le Ventoux, le classique « Glandon, Galibier, Alpe d’Huez » ou l’enchainement « Peyresourde, Aspin, Tourmalet », de grands classiques. Un retour au Puy de Dôme?

En même temps, l’innovation est nécessaire, pour briser la routine. Trouver des cols inédits, ou peu utilisés comme le Mont du Chat en 2017. Comme le col de Sarenne, il y en a tant d’autres. Des pavés, en attendant, bientôt, des chemins de vigne?

Et vivement un Tour sans oreillettes!!!

Les commentaires sur LFR

Merci aux lecteurs vigilants de ce site m’ayant signalé un problème pour voir les commentaires laissés suite à mes articles. La situation a été corrigée, tout le monde devrait pouvoir voir les commentaires laissés sur ce site en réaction aux textes publiés. J’en profite pour vous remercier tous pour la qualité de vos interventions qui font de ce site un site vraiment unique et crédible sur le cyclisme.

Le Tour de l’actualité

1 – Tour de Lombardie. Encore une belle course (très belles photos ici), ponctuée d’un final enlevant! (les 14 derniers kms sont ici). Thibault Pinot s’est offert une bien belle victoire, avec la manière: solo. Il était clairement le plus fort samedi dernier, aucun doute là-dessus. Il a surtout montré une confiance nouvelle, notamment dans les descentes qu’il a abordé avec assurance. Grâce à cette victoire, Pinot conclut une saison faite de hauts et de bas, et capitalise pour l’an prochain. De quoi passer des vacances sereines durant l’inter-saison en tout cas, et Pinot a déjà affirmé vouloir se concentrer sur le Tour de France l’an prochain.

2 – Pinot et le Tour? Thibault Pinot peut-il gagner le Tour de France 2019? 3e en 2014, ses chances de succès l’an prochain repose notamment sur le tracé du Tour, qui devra ne pas comporter trop de chronos (réponse le 25 octobre prochain!). Personnellement, j’ai davantage confiance en Pinot qu’en Bardet pour la suite, le registre de Pinot semblant être plus complet. Mais la pression peut aussi être un élément clé, pas facile de gagner le Tour lorsqu’on est… français!

3 – Vicenzo Nibali. Le champion italien nous a montré tout son tempérament d’attaquant samedi dans le final: à peine repris par le groupe de chasse, il remettait ça pour conclure détaché, 2e derrière Pinot. La hargne! Faudra que je m’en inspire plus souvent…

4 – Tour de Guangxi. C’est la prochaine épreuve WorldTour, ça commence aujourd’hui du côté de la Chine et tout le monde s’en fout. Au mieux, c’est l’occasion pour certains jeunes coureurs de se montrer, et pour d’autres de grappiller quelques points UCI. Le classement UCI de l’année est quant à lui plié, c’est Simon Yates qui l’emporte devant Peter Sagan.

5 – Jérémy Roy. Le coureur Groupama-FDJ a participé samedi à sa dernière course pro, le Tour de Lombardie. L’hommage rendu par son équipe à l’occasion de sa retraite sportive témoigne de la valeur de ce coureur, et de l’estime que lui portent ses équipiers.

6 – Sylvain Chavanel. Idem pour le coureur Direct Énergie, récemment salué pour sa retraite après une carrière assez extraordinaire, notamment sur les épreuves chrono. Chavanel pourrait monter sa propre équipe pro au cours des prochains mois. Le plus difficile est évidemment de trouver le sponsor capable d’investir suffisamment d’argent, et de s’engager à long terme.

7 – Garmin Edge 520 Plus. Une petite critique de ce compteur est disponible ici. Après avoir explosé mon 520 dans une violente chute de VTT au mois d’août, je vous avoue franchement avoir une certaine satisfaction avec ce 520 plus, qui a également baissé de prix cette année. Une bonne affaire, la cartographie ayant été améliorée grandement.

8 – Dopage dans… l’athlétisme. Une vraie farce que ces marathoniens kenyans, pris les uns après les autres pour dopage depuis plusieurs mois. Le dernier – Samuel Kalalei – a été annoncé le 10 octobre dernier, piqué positif en avril dernier sur le marathon de Rotterdam aux Pays-Bas. La liste s’allonge continuellement pour ces coureurs du Kenya, jusqu’à quand cette farce? Si je ne me fais guère plus d’illusions en cyclisme, je dois dire que je suis également très prudent face aux performances offertes en athlétisme, en ski de fond ou en triathlon.

9 – Remco Evenepoel. Il a gagné le chrono des Nations chez les juniors dimanche dernier. Qui d’autre?! Il a mis son dauphin à plus d’une minute… Chez les élites, deux Danois occupent les deux premières places, avec un certain Vicenzo Nibali 8e à près de 3 minutes, moins de 24h après avoir terminé 2e du Tour de Lombardie!

10 – Vandenbroucke is back! Cameron, la fille aînée de Frank Vandenbroucke, fera partie de l’équipe Lotto-Soudal en 2019. Si elle a hérité du talent de son père, ouch! Dans son cas, c’est peut-être le nom qui sera le plus lourd à porter… elle sera, en tout cas, sous les projecteurs.

11 – Campagnolo sans fil. Selon Matos Vélo, ce sera pour 2020, pas avant.

12 – Paris-Tours. Je n’avais pas commenté le récent Paris-Tours. J’ai adoré pour ma part le final, avec notamment ces chemins de vigne qui n’ont apparemment pas fait l’unanimité chez les coureurs et les directeurs sportifs, certains dont Patrick Lefevere ayant estimé que ces chemins n’avaient pas leur place dans le cyclisme. Je ne suis pas d’accord! Et Paris-Roubaix?! Heureusement, Christian Prudhomme et les amateurs de vélo se sont faits entendre.

Chose certaine, Niki Terpstra (directeur sportif Lefevere…) a encore perdu les… pédales dans le final, s’énervant contre le jeune français Benoit Cosnefroy qui était pourtant cuit après avoir fourni un gros effort pour revenir sur le néerlandais et le danois Andersen. Ca a coûté assurément la course à Terpstra tant il semblait fort. À ce niveau, ca manque de professionnalisme…

Légalisation du cannabis: ça demeure interdit dans le sport!

Le Canada légalisera la consommation de cannabis mercredi prochain, soit le 17 octobre.

Le Canada rejoint ainsi quelques pays (Uruguay, Belgique, Pays-Bas, Suisse, Italie, Allemagne, Portugal, Espagne, etc.) et quelques états américains où la possession et/ou la consommation de cannabis en petites doses est légalisé ou toléré.

Pour nous cyclistes, il faut tout de même continuer de faire attention car le cannabis figure toujours sur la liste des produits interdits par l’Agence Mondiale Antidopage. Son effet anti-stress et relaxant la veille de compétitions importantes est essentiellement la cause de cette interdiction.

Pour être sanctionné, un athlète doit dépasser la dose de 15 nanogrammes par millilitre d’urine.

Il s’agit donc de faire preuve de jugement avant de se rouler un « bat » la veille d’une course de la fédé!

Le CCES a publié cette liste de questions & réponses très utile afin de mieux comprendre les risques auxquels on s’expose si on consomme du cannabis alors que coureur licencié sujet à des tests anti-dopage.

Soyez prudents!

112e Tour de Lombardie

Samedi, Messieurs les coureurs s’élanceront dans la dernière grande course de la saison, le Tour de Lombardie, dans une région – Côme et son lac – vraiment magnifique.

Au menu, 241kms entre Bergame et Côme, avec les grandes difficultés concentrées dans les derniers 70kms de l’épreuve.

Ca sera d’abord la montée de la Madonna del Ghisallo, puis l’approche et enfin le fameux Mur de Sormano, une redoutable pente de 1,7km à 15% de moyenne avec des passages à… 27%, pour ensuite filer sur le bord du lac et se taper une dernière ascension au dessus de Côme, le Civiglio. On revient ensuite dans Côme pour l’arrivée.

Le Mur sera donc une phase cruciale de course qui devrait permettre à un petit groupe de s’extraire pour la victoire finale. Ca pourrait toutefois se jouer dans le Civiglio comme l’an dernier.

Pour la petite histoire, c’est Thibault Pinot qui détient actuellement (et depuis 2015) le KOM sur le Mur de Sormano dans Strava, 8min27. On verra samedi si ce temps est battu.

Côté météo, on annonce beau et assez chaud samedi, de bonnes conditions pour les coureurs… et qui fera de la course une sélection par l’avant très certainement.

Les favoris

Justement, Thibault Pinot qui vient de s’imposer au sommet de Superga sur Milan-Turin. De toute évidence, le Français a fait de la Lombardie son grand objectif de fin de saison, et le parcours lui convient bien (il avait terminé 3e de l’épreuve en 2015). Il pourra certainement compter sur David Gaudu pour l’épauler dans le final.

Vicenzo Nibali. En net progrès depuis les Mondiaux, le Requin de Messine a progressivement joué la gagne sur les semi-classiques italiennes des derniers jours. Vainqueur sortant, il est agressif en course et sera assurément dans le final, bien épaulé par ses équipiers Pozzovivo et Pellizotti. La Bahrain-Merida a un coup à jouer!

Alessandro Valverde. Comment ne pas mettre le récent champion du monde parmi la courte liste des grands favoris? Il a joué la gagne plus tôt cette semaine sur Milan-Turin (3e)… mais n’a jamais gagné la Lombardie (2 fois 2e).

Romain Bardet. S’il s’est reposé un peu cette semaine, le coureur français est lui aussi en excellente condition et peut s’imposer samedi.

Rigoberto Uran et Mike Woods. L’équipe Education First a un gros coup à jouer samedi avec ces deux coureurs en grande condition. Ils ont été de tous les finals sur les semi-classiques italiennes, et le Mur de Sormano convient tout particulièrement bien à Woods, dont le rapport poids-puissance doit être redoutable en ce moment. S’il devait partir de là avec un Pinot ou un Bardet par exemple, ca pourrait être bon!

Primoz Roglic et Steven Kruijswijk. Les deux coureurs Lotto-Jumbo sont sur leur faim depuis les Mondiaux et voudront se reprendre en Lombardie. Excellents grimpeurs, bons rouleurs, ils peuvent s’imposer. Attention cependant à Roglic, qui offre parfois des performances douteuses…

Egan Bernal et Gianni Moscon. Les deux coureurs Sky ont aussi une belle complémentarité. La condition de Bernal est en hausse et il sera présent dans le Mur de Sormano (avec Woods?). S’il passe le Mur, Moscon sera un sacré client pour la suite du parcours jusqu’à l’arrivée.

Les outsiders, des coureurs en forme en ce moment: Bauke Mollema, Wilco Kelderman, les frères Yates, Tim Wellens, Tiej Benoot, Rafal Majka, Dylan Teuns et Tom Skujins. 

Les inscrits sont ici.

On peut s’abonner à La Flamme Rouge

En attendant un article demain sur le Tour de Lombardie, dernier grand rendez-vous de la saison 2018, une petite annonce et qui fait suite à de nombreuses demandes reçues de votre part au cours des derniers mois: on peut désormais s’abonner à La Flamme Rouge et recevoir une notification par courriel dès qu’un nouvel article est disponible sur ce site.

C’est à droite, ci-contre.

J’espère que l’ajout sera pratique pour vous, en attendant une refonte plus en profondeur de ce site…

Radio Bidon #13

C’est toujours excellent, c’est Radio Bidon. Cette fois-ci, des interviews avec des acteurs canadiens des derniers Mondiaux, Simone Boilard et Mike Woods.

À ne pas manquer.

Merci à Charles Ostiguy et son équipe pour cette initiative tellement rafraichissante!

Paris-Tours: ca sera intéressant!

On court dimanche la… 112e édition de Paris-Tours, qui se dispute depuis des années le surnom de « course aux feuilles mortes » avec le Tour de Lombardie.

Réglons ca tout de suite: pour moi, pas de doute: la « course aux feuilles mortes« , c’est la Lombardie. Case closed.

Habituellement, je ne me passionne pas vraiment pour cette course qui, une fois sur deux, couronne un sprinter. Au mieux, ca faisait de belles photos du peloton qui passe devant deux ou trois chasseurs dans les champs de la Beauce!

Mais ca sera probablement différent cette année.

Signe des temps, les organisateurs s’inquiètent assurément de la baisse de popularité du cyclisme et ont donc revu le final de la course, dans le but évident d’ouvrir la course à des attaques de baroudeurs, question de faire une fin de course plus intéressante, plus imprévisible.

On a d’abord réduit la distance totale à 215kms, comparé à 234 en 2017.

On a ensuite introduit 12,5km de « chemins de vigne » et 7 côtes additionnelles dans les 60 derniers kilomètres, afin de produire une course de mouvement.

Qu’est ce qu’un « chemin de vigne »? C’est un chemin étroit serpentant entre des vignobles (dimanche, ceux de Vouvray, une appellation que je chéris tout particulièrement, miam!) et présentant souvent des changements brusques de dénivelé.

Voilà qui sera propice à lancer des attaques, le peloton perdant rapidement les fuyards de vue.

La dernière bosse, la côte de Rochecorbon, intervient à 10 bornes de l’arrivée.

Bref, ca sera nettement plus compliqué pour les sprinters cette année…

Les favoris

Je donne favoris des puncheurs-baroudeurs capables d’enrouler du braquet, mais aussi de passer des bosses courtes et pentues. Et ayant une petite pointe de vitesse!

Chez Quick Step, Philippe Gilbert et Yves Lampaert ont un bon coup à jouer. Attention également à Niki Terpstra, même si on ignore sa condition actuelle.

Simon Geschke (Sunweb) m’a surpris sur les Mondiaux, étant présent très loin dans la course. Attention à lui.

Olivier Naasen ne devrait pas être loin du compte non plus.

Arnaud Démare représente une excellente chance française sur un tel parcours.

Si ca arrive quand même au sprint, Dylan Groenewegen sera un sérieux client pour Demare.

Et j’ose ajouter à cette liste le Québécois Guillaume Boivin chez Israel Academy, qui a une excellente condition actuellement. Guillaume peut gagner cette course, il faut y croire! Un autre Québécois sera présent, Antoine Duchesne chez Groupama-FDJ.

Un plateau plus intéressant en Italie

Le plateau de Paris-Tours est quand même un peu décevant. C’est que les meilleurs coureurs sont actuellement en Italie, sur une succession de courses de fin de saison culminant avec le Giro di Lombardia le 13 octobre prochain: Giro dell’ Emilia (samedi), Tre Valli Varesine (le 9), Milano-Turino (le 10) et Gran Piemonte (le 11).

Barguil, une année à oublier

Le journal L’Équipe proposait hier sur son site un reportage intitulé « Warren Barguil, l’année loupée ». N’ayant pas accès au contenu réservé aux abonnés, je n’ai pas pu lire l’article.

Mais force est de constater qu’en effet, Barguil a eu une saison assez moyenne en 2018. Son dernier fait d’arme remonte à dimanche dernier lors des Mondiaux d’Innsbruck, où il a abandonné assez tôt dans la course après avoir été pris dans une chute. À sa décharge cependant, Barguil n’était initialement pas prévu en Équipe de France, donc n’avait peut-être pas préparé cette course avec toute la rigueur nécessaire.

D’autres résultats de Barguil cette saison: 17e de Paris-Nice, 15e du Tour de Catalogne, 45e de la Flèche Wallonne, 53e de Liège-Bastogne-Liège, 19e du Dauphiné, 17e du Tour de France… Son seul fait d’arme cette saison est probablement sa 3e place acquise sur le Grand Prix de Wallonie le 12 septembre dernier.

Je suis de ceux qui se sont surpris à l’intersaison l’an dernier de voir Barguil quitter une « grosse » formation WorldTour comme la SunWeb et ses grands leaders dont Dumoulin pour la petite équipe française Fortuneo-Samsic.

Ceci peut-il expliquer cela?

Il est clair que Barguil porte sur ses épaules la formation Fortuneo-Samsic, exempte de grands leaders à part lui. Il a donc davantage de responsabilités que lorsqu’il était à la SunWeb où un coureur comme Dumoulin pouvait le décharger significativement de cette pression.

Il a probablement dû s’impliquer davantage dans les choix de l’équipe également, ce qui coûte en énergie et en… tracas. Je pense ici par exemple à l’histoire du changement d’équipementier de vélos deux semaines avant le Tour, de Look à BH. Apparemment, Barguil n’était pas satisfait des vélos Look… je ne peux pas croire que ca n’a pas perturbé sa préparation.

Une plus petite structure veut également dire moins de gros moyens pour tous les à-côtés du cyclisme: diététique, soins divers, tests de matériel, tous ces « marginal gains » sur lesquels de grosses écuries comme Sky, BMC, Quick Step ou d’autres misent.

Bref, Barguil a peut-être eu la tête « encombrée » en 2018 par des éléments autres que le seul fait de pédaler sur son vélo. La joie de retrouver ses terres bretonnes n’a probablement pas compensé suffisamment pour ces tracas additionnels.

Je suis activement le cyclisme depuis 1983, et j’ai vu beaucoup de grands coureurs qui, après une année de grands succès, ont opté pour des équipes moins aguerries ou émergentes, un choix évidemment souvent compensé par une rallonge salariale. Stephen Roche en 1988 avec Fagor en est un exemple éloquent, mais aussi Luc Leblanc chez Le Groupement en 1995, et d’autres encore.

L’histoire m’a prouvé que c’est là un pari souvent risqué, rarement payant. Barguil est peut-être l’exemple le plus récent de cette série malheureuse.

Les meilleurs Mondiaux du Canada

Quatrième.

Le Canada a terminé 4e au classement des nations lors des Championnats du monde d’Innsbruck, derrière les Pays-Bas, l’Italie et la Belgique.

Mais devant la France, l’Espagne, l’Australie, l’Allemagne, le Royaume-Uni, la Suisse, des nations qui ont une tradition cycliste de longue date, ou qui ont connu de grands succès au cours des dernières années.

Sans l’ombre d’un doute, l’équipe du Canada a connu les meilleurs Mondiaux de son histoire. Et ca fait rudement plaisir! De là cependant à conclure que Cyclisme Canada a quoi que ce soit à voir là-dedans, je garderais une petite gêne…

Boilard donne le ton

On dirait que l’équipe du Canada a été d’entrée placée en confiance avec les performances inspirantes offertes par la jeune Simone Boilard, 5e du chrono puis 3e de la course sur route chez les juniors.

Les belles performances se sont ensuite enchainées, comme si Simone avait donné le ton!

Leah Kirchmann et Karol-Ann Canuel terminaient respectivement 4e (à une seconde du podium!) et 8e du chrono élite chez les femmes le lendemain.

Nickolas Zukowsky animait ensuite la course sur route des U23 avec une longue échappée ou il a fait brillé le maillot de l’équipe canadienne.

Karol-Ann Canuel remettait ça en étant présente dans le final de la course sur route des femmes, et terminant à une belle 6e place après avoir chassé derrière l’Italienne qui terminait 3e. Il n’a pas manqué grand chose pour un grand résultat.

L’équipe du Canada terminait dimanche en apothéose avec la troisième place de la course sur route pour Mike Woods d’Ottawa, derrière Valverde et Bardet, excusez-un-peu. Et plus tôt dans la course, Rob Britton animait longtemps la course en étant devant dans l’échappée, permettant à Woods d’adopter une position de force.

Quelle semaine d’équipe Canada! De quoi être vraiment très fier de tous ces coureurs inspirants. Il y a peut-être seulement chez les juniors hommes que les résultats n’ont pas été à la hauteur des attentes.

Mike Woods le plus fort?

Je vous avais dit de ne pas manquer cette course sur route des Mondiaux d’Innsbruck, on n’a pas été déçu tant la course a été enlevante sur un parcours vraiment très sélectif.

Dans les 50 derniers kms, ca a attaqué de tous les côtés, c’était vraiment un beau spectacle.

Plaçée favorite, l’équipe de France a bien joué ses cartes selon moi, travaillant lorsqu’il le fallait (notamment Molard et Gallopin) tout en dévoilant ses cartes maitresse qu’à la toute fin. Dans le mur d’Innsbruck, ils étaient trois devant, les trois qu’on attendait: Pinot, Bardet et Alaphilippe. Là, on se disait bien que ce dernier serait difficile à battre.

Ben non, Alaphilippe a manqué de jambes. Ca arrive, c’est la course! Bardet a eu le bon réflexe, prenant la course en main pour l’équipe de France. Pas de regrets à avoir. Pinot est-il parti trop vite au pied de la bosse? Je ne crois pas, s’il ne l’avait pas fait, c’est Woods qui l’aurait fait…

En tout cas, Cyrille Guimard le sélectionneur général peut être satisfait selon moi, il a bien joué les cartes, en fin stratège qu’il est.

Dans ce mur, l’invité surprise a bien sûr été le Canadien Mike Woods. Je suis d’avis qu’il était le plus fort dans ce raidard, faisant même craquer Moscon à la pédale. Valverde était au métier, c’est clair que l’Espagnol a très bien géré cette montée, sans jamais s’affoler, avec toute son expérience. Il savait que s’il restait au contact jusqu’au sommet, c’était probablement gagné pour lui.

Woods a lui-aussi bien géré cette montée, imposant son rythme, le plus rapide possible pour ne pas épargner personne. C’était lui le plus fort selon moi durant cette ascension parfaitement adaptée à ses qualités, il était plus fort que Bardet qu’on a cru voir au seuil de rupture à quelques occasions sur la 2e partie de l’ascension. Si l’arrivée avait été en haut, Woods serait probablement champion du monde aujourd’hui!

Pour tout vous dire, je pense que ca s’est peut-être joué à la cadence, donc à la cassette installée sur les vélos. Bardet, Woods et Valverde semblaient pouvoir mieux tourner les jambes qu’un Valgren ou d’autres. Certaines équipes auraient-elles fait des erreurs en sous-estimant la difficulté de la pente, abordée après 255 kilomètres d’une course usante? J’aurais bien aimé en savoir davantage sur les braquets utilisés!

Et je n’ai pas compris le pétard mouillé de Bardet une fois les gros pourcentages passés, tout en haut de la bosse finale: qu’espérait-il à ce moment? Larguer Valverde? Il fallait le faire dans le secteur où Moscon avait capitulé, dans les gros pourcentages ou il avait justement un braquet souple.

Une fois dans la descente, c’était plié, Valverde n’allait pas rater pareille occasion. Woods et Bardet ont peut-être fait l’erreur de relayer l’Espagnol: ce n’était pas nécessaire. Meilleur sprinter des trois, c’était à Valverde de rouler pour éviter le retour de Dumoulin et de Moscon (le retour de Moscon aurait causé un gros problème à l’Espagnol). Woods et Bardet ont probablement été motivé par l’idée de préserver leur place sur le podium, on ne peut pas leur en vouloir à ce niveau, compte tenu des enjeux et de la valeur d’une place sur un tel podium.

Valverde est devenu hier le 2e plus âgé champion du monde derrière le néerlandais Joop Zoetemelk couronné en 1985. Six fois sur le podium de la course sur route des Mondiaux dans sa carrière, c’est dire si ce coureur voulait un titre de champion du monde à son palmarès déjà impressionnant, avec notamment quatre Liège-Bastogne-Liège. Présent à l’année, gagnant aussi bien en février à Majorque qu’en octobre sur les Mondiaux, je pense qu’il fera un beau champion du monde en 2019… à la nuance près que dans son cas, le petit doute sera toujours présent, en raison de Puerto…

Pour le reste, les équipes belges, polonaises et colombiennes ont bien déçu, étant incapables de vraiment peser sur la course lorsqu’il le fallait. Kwiatlowski a créé la première grosse surprise de la course en étant lâché avant le final, tout comme Dan Martin. Wellens, Benoot sont aussi passés à travers, comme Uran et Quintana. Sagan? Je vous avais dit qu’il ne tiendrait pas sur un tel parcours. Et je n’ai pas trop apprécié sa présence sur le podium par la suite, poussant même le bouchon à passer lui-même la médaille autour du cou de Valverde. Sagan n’avait rien à faire sur ce podium, la gloire et la visibilité étaient à ce moment uniquement pour les trois lauréats.

Les équipes italiennes, néerlandaises, danoises et anglaises ont joué leurs cartes correctement, sans pouvoir obtenir un grand résultat. Moscon a été placé pour jouer le titre dans les derniers kilomètres, tout comme Dumoulin ou Valgren. Les frères Yates ont manqué de jambes dans le dernier mur, comme Alaphilippe, après un gros travail de l’équipe anglaise à plusieurs reprises durant la course. Rien à redire dans leur cas.

Espérons que la plupart de tout ce beau monde se retrouvera dans 10 jours sur le Tour de Lombardie, notamment Mike Woods, Vicenzo Nibali, les Français Bardet, Pinot et Alaphilippe, Valverde bien sûr, Moscon… ca pourrait nous faire une course vraiment intéressante!

Et l’an prochain, place aux Mondiaux dans le Yorkshire au Royaume-Uni, sur un parcours moins dur qu’Innsbruck mais présentant quand même un certain niveau de difficulté, notamment une longueur inhabituelle: 285kms!