Je publie aujourd’hui une contribution spéciale à La Flamme Rouge, celle de Marc Kluszczynski qui revient sur le récent Tour de France, question de continuer à tirer des conclusions du spectacle offert en juillet. Car il est important, sur La Flamme Rouge, de donner écho à des avis divers.
Je remercie Marc pour cette contribution qui fait toujours plaisir!
Afin de bien comprendre ce texte, je rappelle à tous que les « radars » du Tour de France 2017 sont disponibles ici. Toujours très intéressant, et il faut en remercier Frédéric Portoleau. Je demeure convaincu de l’utilité de ces radars, de ces calculs indirects de puissance, dont la précision ne cesse de m’étonner.
Les refrains du Tour, par Marc Kluszczynski
À la manière de la spiqueurine qui rabâche devant l’auditoire ébahi les cinq lettres de la marque automobile fournissant les voitures à l’organisation du TdF, on a eu droit à d’autres refrains durant le mois de juillet.
Du côté des coureurs ou des ténors de l’antidopage, les habitudes sont tenaces. On ne parlera pas cette fois d’Alessandro Valverde, sauvé par une fracture de la rotule lors du CLM de Düsseldorf. Nairo Quintana prépare déjà son TdF 2018 et assure qu’il ne refera pas les mêmes erreurs en ayant voulu s’aligner sur deux grands Tours, le Giro et le TdF. Le dernier lauréat de ce doublé est Marco Pantani en 1998, une époque révolue.
Chris Froome, moins dominateur cette année peut-être avec les déboires de Sky avec les corticoïdes, ne pourra souffler qu’après le CLM de Marseille, tant Romain Bardet (AG2R) et Rigoberto Uran (Cannondale Drapac) resteront menaçants jusqu’à l’arrivée.
Bardet avait été accusé de dopage après sa 2ème place en 2016 par le ténor de l’antidopage, Antoine Vayer. Qu’en sera-t-il cette année ? Pourtant son état de fatigue en fin de 3ème semaine ne plaide vraiment pas en faveur d’un dopage.
Pour Warren Barguil, la partie ne sera pas facile à assumer non plus après son record dans l’Izoard le 20 juillet (c’est la 1ère fois qu’une étape arrivait à ce col et Barguil pouvait donner le maximum). Du carrefour de l’Estéyère au sommet du col, Barguil (Sunweb) en 38.15 bat le record d’Andy Schlek en 2011 (40.40). On lui souhaite de bien encaisser les commentaires… Barguil expliquait sa performance par un état de fraîcheur physique et mental préservé à la suite de son arrêt en janvier 2016, où il fut fauché par une voiture avec 5 de ses équipiers.
Mais que dire d’Annemiek van Vleuten (Orica Scott) sur le même tronçon lors de l’étape réservée aux pros féminines (La Course) ? Si la hollandaise qui ne mérite vraiment pas son prénom, met 47 min (moyenne de 18 km/h), elle réalise le 3ème meilleur temps hommes et femmes confondus sur les 5 derniers km du col d’Izoard. Seuls Bardet et Barguil ont été plus vite. A la manière de la marathonienne Liliya Shobukhova à Chicago avant son contrôle positif, Annemiek nous fait douter. Elle gagnera La Course en s’adjugeant également la victoire dans la poursuite deux jours après.
Et Dave Brailsford se prend pour Lance Armstrong : en ayant interdit Barry Ryan, journaliste à Cycling News, de participer à une réunion de presse donnée par Sky, Brailsford s’isole un peu plus. Il accuse le meilleur site d’informations cyclistes d’écrire des contre-vérités sur Sky. On attend toujours les conclusions de l’UKAD sur les possibilités d’un dopage systématique aux corticoïdes dans l’équipe anglaise.
Alberto Contador réalisera sa pire performance sur le TdF (9ème). Un de ses équipiers avait été contrôlé positif à l’EPO juste avant le départ. On remercie l’AFLD et l’OCLAESP d’avoir affirmé leur présence sur ce Tour dont le classement n’en est que plus crédible.
Mais, surprise, le refrain a changé du côté des analystes de la puissance estimée. Vayer et Portoleau estime ce TdF peu propice aux estimations de puissance… à cause du vent ! L’incertitude grimpe entre 4 et 5% dans certaines ascensions, ce qui représente à ce niveau une vingtaine de watts. Pour ces deux spécialistes, le vent a donc fait son apparition cette année. En tout cas, retenons qu’ils ne décèlent pas de performances surhumaines sur ce TdF.
Autre refrain habituel, celui de Sky sur les gains marginaux …pas si marginaux. Avec la bénédiction de Cookson, Brailsford a équipé ses coureurs de combinaisons spéciales CLM. Un dispositif (Vortex) réduit la traînée et on estime le gain entre 18 et 24 s pour le CLM de 14 km à Düsseldorf. Nike en avait équipé ses marathoniens sous forme de plaques adhésives sur les bras et jambes pour la tentative du marathon en moins de 2H (gain estimé à 12 s sur un marathon).
Et même Seppelt y a été de son petit couplet : à l’occasion du TdF, le journaliste allemand a tenté une échappée avec le molidustat. C’est facile. Sous prétexte que le cycliste croate Matija Kvasina a été contrôlé positif à ce nouvel inhibiteur de l’HIF-1α prolylhydroxylase au Tour du Luxembourg début juillet, Seppelt se signale à l’occasion du TdF dans un article cosigné avec Von Thilo Neumann (First doping findings with blood agent Molidustat, Sportschau.de). Les inhibiteurs de l’HIF, qui simulent un état d’hypoxie dans l’organisme et lui font sécréter son EPO, sont facilement détectables (FG-4592, Bertrand Moulinet ou encore FG-2216), grâce à la collaboration des laboratoires antidopage de Cologne et Paris avec son fabricant en ce qui concerne le molidustat. Pas un des meilleurs du TdF ne chercherait à l’utiliser ! S’il est certain que la filière du dopage sanguin endogène s’est imposée en raison des contraintes imposées par le PS, rien ne dit que les FRoome, bardet, Uran, Barguil y goûtent. Que cherchent Seppelt et les vedettes de l’antidopage à l’occasion du TdF ?