J’écrivais lundi avoir pris beaucoup de plaisir sur le récent GranFondo Mont Tremblant car selon moi, cette cyclosportive a su incarner parfaitement « l’esprit cyclosportif ».
Pas de podium à l’arrivée, pas de vainqueur au GranFondo Mont Tremblant. Juste deux tronçons chronométrés de deux kilomètres chacun question de pimenter un peu l’événement… pour ceux qui en ont envie.
Un accueil chaleureux, une dégustation de bières en ouverture, un repas après l’événement, une ambiance festive et conviviale, un cadre somptueux, le plaisir de rouler à bon rythme mais sans se prendre la tête avec de nombreux amis(es) et pointures du vélo, bref, c’était parfait.
Et mon texte est tombé à point: Nicolas Roux, une grosse pointure des cyclos en France, s’est « vidé le coeur » hier sur le site Vélo101 quant aux dérives des cyclosportives en France.
Je pense donc être dans le vrai lorsque j’affirme qu’il demeure plus que jamais très important de préserver l’esprit cyclosportif, un esprit très différent de celui qui règne sur les courses cyclistes sanctionnées.
Nicolas dénonce le manque de sécurité, les risques que prennent certains participants, et le manque de convivialité des cyclosportives en France. Le GranFondo Mont Tremblant, c’est tout l’inverse. Un merci encore à Marc-André qui, dans le final du 125kms rapide, a mis un point d’honneur à faire en sorte que tout le groupe termine ensemble, sans que les 15 derniers kms dégénèrent en partie de manivelles qui n’aurait eu aucun sens, aucun podium n’étant offert à l’arrivée.
Nicolas dénonce aussi l’ambiance des cyclos d’aujourd’hui: « Il y a quinze ans, entre leaders, on se mettait d’accord pour s’arrêter remplir nos bidons. On se départageait dans les bosses. Maintenant c’est la guerre, on se retrouve un peu comme dans des courses FFC. » Je ne peux pas être davantage d’accord avec lui… et félicite encore le GranFondo Mont Tremblant où de ça, il n’en a pas été question.
Nicolas semble avoir apprécié sa récente expérience sur l’Explore Corsica, ou « on avait le temps de rouler tranquillement avec les gens et de s’arrêter aux ravitos pour échanger avec d’autres passionnés. » Cette épreuve avait adopté, comme le GranFondo Mont Tremblant, la formule des tronçons chronométrés, plutôt qu’un timing sur l’ensemble du parcours (ce qui incite trop souvent les participants à en faire une vraie course). Nicolas Roux: « Ça a été une très belle expérience, les segments étaient bien placés. On avait la possibilité de se donner un maximum, de se faire plaisir. Les classements étaient là pour mettre les meilleurs devant. »
L’esprit cyclosportif, c’est ça: faire d’un événement une vraie fête du vélo, ou les pratiquants de la petite reine prennent plaisir à se retrouver pour partager leur passion du cyclisme. C’était l’esprit des premières Marmotte, disputées au début des années 1980, où la vaste majorité des concurrents s’y lançaient un réel défi étant donné l’ampleur des difficultés (3 grands cols!), et y savouraient la joie de pédaler dans le cadre majestueux de la haute montagne, la fleur au guidon et le K-Way dans la poche arrière du maillot. Le chrono? Qu’est ce qu’on s’en foutait!
La guerre et la lutte pour la victoire, ça s’appelle des courses cyclistes à la FFC ou à la FQSC… pas des cyclosportives!
Le vrai risque pour l’avenir des cyclosportives
Selon moi, c’est simple: le prix!
Parce qu’à presque deux dollars du kilomètre parcouru, ça commence à faire cher comme me faisait récemment remarquer un coureur de ma région.
Certaines cyclosportives ici et ailleurs pratiquent en effet des tarifs de plus en plus chers. Si une épreuve de qualité, sécuritaire, bien encadrée coûte nécessairement plus, il y a probablement des réflexions à faire sur d’autres éléments moins cruciaux, par exemple l’offre de maillots, qui pourraient réduire la facture.
De nombreuses cyclos offrent, voire exigent le port du maillot de l’événement. Évidemment, cela suppose son design, sa confection, sa production en masse, etc… augmentant du même coup le prix de l’événement. C’est peut-être superflu, sachant que la très vaste majorité des participants ne porteront ce maillot distinctif que très peu souvent, voire une seule fois, ayant des vêtements d’équipe ou « préférés » par ailleurs.
Si les encadreurs doivent être facilement identifiables, les participants à l’intérieur d’un peloton n’ont peut-être pas le même impératif…