Je vous avoue d’entrée ma frustration suite à l’émission 60 minutes sur CBS à propos du dopage mécanique dans le cyclisme.
Un des intervenants, Jean-Pierre Verdy, un ancien directeur des contrôles à l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD), affirme que le dopage mécanique serait bel et bien présent sur le Tour de France depuis plusieurs années, et que 12 coureurs pourraient y avoir eu recours en 2015.
Plus troublant, Varjas lui-même a affirmé qu’une nouvelle version du système se dissimule dans le moyeu arrière, ajoutant 800 grammes environ au vélo. Or, il semble que les vélos de chrono de l’équipe Sky durant le Tour 2015 pesaient justement environ 800 grammes de plus.
Il y a ensuite les reportages déstabilisants comme « Moteur, ça tourne » diffusés l’an dernier sur France Télévision, dont la première partie est ici et la seconde ici.
Il y a aussi des images troublantes, et si explicites: un Cancellara qui dépose comme une vieille chaussette un client comme Tom Boonen dans le Mur de Grammont sur le Ronde 2010, après avoir changé de vélo et avoir porté une main à son cintre… pour répéter à l’identique la séquence une semaine après sur Paris-Roubaix, déposant là encore ses adversaires comme s’ils étaient arrêtés…
Je ne vous parle pas de l’empressement des mécanos d’Alberto Contador à « remiser » son vélo après l’étape il y a deux ans sur la Vuelta.
Et que dire des pulsations cardiaques de Chris Froome dans le Ventoux qui restent inchangées alors qu’il attaque et dépose Alberto Contador, tournant les jambes à plus de 100 RPM? Essayez, pour voir!
Ce que je ne comprends pas?
Je ne comprends pas qu’on doute encore de l’utilisation de ces moteurs dans le peloton. Et ça me frustre de savoir qu’ils sont là, et que les autorités semblent impuissantes à débusquer les tricheurs, voir les réseaux derrière leurs utilisations.
Plus encore, il semble que l’UCI elle-même ait interdite de peser séparément les roues de l’équipe Sky sur le Tour 2015. C’est grave, car ça pourrait vouloir dire une complicité des plus hautes autorités. Rappelons que Cookson est britannique, comme l’équipe Sky…
Verdy ne peut balancer de noms, faute de preuves puisqu’il ne veut certainement pas se retrouver avec des poursuites sur le dos. L’UCI manque de volonté, et l’AFLD de budget. Et les technologies évoluent sans cesse, on parle désormais de roues aimantées…
L’impuissance à débusquer les tricheurs est tellement frustrante pour nous les fans! On a l’impression que quelqu’un, quelque part assure un « dommage control » pour préserver le cyclisme, déjà mis à mal par les réformes ratées, les soupçons de dopage sanguin et maintenant mécanique, et le scandale des AUT entourant Bradley Wiggins et la Sky. Sale temps.
Armstrong? Je vous dirais « so what »? Ce n’est pas la bonne cible: sans l’excuser bien sûr si jamais il avait eu recours, durant sa carrière, à de tels moteurs (ce qui n’est pas impossible puisqu’il travaillait avec Michele Ferrari et que ce dernier s’intéressait de près à ce système…), il m’importe davantage de débusquer les tricheurs aujourd’hui, peut-être sur le GP de la Marseillaise le week-end dernier, ou sur le récent Tour Down Under.
Bref, je me rallie encore une fois totalement à l’opinion de Greg LeMond: « This is curable. This is fixable. I don’t trust it until they figure out how to take the motor out. I won’t trust any victories of the Tour de France. »