L’incident du passage à niveau sur Paris-Roubaix dimanche fait décidément couler beaucoup d’encre.
Ce n’est pas la première fois que des coureurs franchissent de tels passages à niveau fermés: c’est presque une tradition cycliste!
Avec raison très certainement. Le train n’est pas passé très longtemps après le dernier coureur à avoir bravé la barrière. La moindre chute, le moindre accrochage sur la voie et c’était le drame à coup sûr tant le temps de réaction était limité. Ainsi, je suis d’accord avec plusieurs commentaires laissés hier sur ce site: c’était pas très intelligent de la part des coureurs.
L’organisation a raté une belle occasion d’envoyer un signal fort: tolérance zéro. Il aurait fallu disqualifier tous les coureurs fautifs, sans exception. C’était facile de prendre leur numéro une fois le train passé, ils étaient juste devant. Voire de se servir des images télé.
La SNCF a logé une plainte contre X, elle a raison.
De surcroit, les coureurs pro n’ont certainement pas réalisé qu’outre de prendre des risques importants, ils donnaient un bien piètre exemple au grand public, nombreux devant leur télé à cette heure.
Je dois dire que depuis 20 ans, je suis toujours effaré de constater que chez certains individus, même lors de simples entrainements, le fait d’être en paquet sur une ligne de départ (souvent improvisée) et de prononcer le mot « go » les transforment en lobotomisés complet.
Une fois partis, plus rien de compte pour ces individus qui deviennent prêts à tout pour arriver parmi les premiers, sinon le premier. Quitte à bouffer leur mère!
Pire, certains deviennent si concentrés qu’ils oublient qu’ils évoluent dans un environnement X, avec parfois de la circulation, d’autres coureurs autour d’eux, des dangers sur la route, etc. J’ai été par moment effaré de voir la prise de risque en descente de cols chez certains concurrents de la Haute Route que j’ai fait en 2012.
Je n’ai jamais gagné de course cycliste importante. Je participe à plusieurs événements chaque année depuis 1990 et je compte encore mes chutes sur les doigts d’une seule main, entrainements compris et malgré deux grosses années à rouler en région parisienne. Je n’ai jamais envoyé personne par terre de ma faute, ni en course, ni à l’entrainement.
Alors que la saison 2015 débute au Québec, de grâce, faites toujours preuve de jugement et d’attention lorsque vous êtes sur le vélo. La sortie de club du samedi matin se termine dans 400m sur un sprint de pancarte mal placé? Ne le faites pas! Un tronçon Strava est dangereux? Laissez-le aux écervelés. Vous entamez le dernier tour du critérium NRC avec le groupe de tête mais sentez que c’est chaud: laissez faire. Vous n’avez rien à prouver aux yeux des autres: être capable de vous regarder dans une glace suffit (y compris en matière de pratique dopante…).
Pour la vaste majorité d’entre nous, des enfants, un conjoint(e), un travail le lundi matin nous attend une fois l’événement cycliste terminé. Ne l’oublions jamais. Et de mon côté, le « bravo papa » que j’entend en revenant d’un seul morceau vers mes enfants une fois la course terminée vaut toutes les victoires du monde. Je laisse les vraies victoires aux jeunes de 19 ans qui rêvent encore – parfois avec raison – de passer pro.
Complément d’information
En complément de mon texte, il faut lire ce court texte diffusé aujourd’hui dans le journal L’Équipe et surtout regarder ce court vidéo qui montre le franchissement d’un passage à niveau par des coureurs U23 sur le récent Tour des Flandres. Le train ne passe que quelques petites secondes après le dernier coureur, c’était assez limite merci. Il viendra un moment où il y aura un drame.