Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Mois : mars 2015 Page 1 of 2

Gent-Wevelgem: DANTESQUE!

D’abord, un chiffre: 39.

C’est le nombre de coureurs à l’arrivée de Gent-Wevelgem hier. Ils étaient 200 au départ. Je vous rappelle que c’est des pros.

Ca vous donne une idée de combien la course fut difficile.

Payez-vous absolument ces images, notamment des 40 derniers kilomètres. J’ai rarement, très rarement autant apprécié une course cycliste comme celle-là. (la retransmission intégrale, plus de 2h, est ici mais c’est en flamand).

Un exemple? Sur le vidéo en lien dans le paragraphe précédent, payez-vous les images autour de la 5e minute 45 secondes, alors qu’une haie incroyable de tracteurs de ferme acclame les coureurs au pied de la descente du Kemmelberg. Y’a qu’en Belgique que vous voyez ça, et ça en dit long sur la ferveur populaire que suscitent les Classiques. Les images sont vraiment impressionnantes.

Par ailleurs, la course a été considérablement durcie par la pluie et surtout, un vent très violent avec des rafales à 90km/h qui ont envoyé certains coureurs dans le talus, comme ici Geraint Thomas. Incroyable! Ca a évidemment borduré sévère, condamnant très rapidement beaucoup de coureurs. Bordures 101 hier en Flandres!

Payez-vous ensuite le classement final: c’est pas compliqué, y’a les 6 premiers, tous des sacrés costauds, puis Roelandts, puis Oss, puis un peloton pointé à environ 7 minutes, puis plus personne.

Et au final, un beau vainqueur en Luca Paolini, 38 ans, qui a été hier le plus malin. Certains diront qu’il a profité du travail des autres dans le final, ne prenant presque aucun relais après la dernière ascension du Kemmelberg où il avait été largué. C’est vrai, il faut reconnaitre qu’il l’a joué à l’économie dans les 25 derniers kms, sauf après son démarrage à 6 bornes de la ligne bien sûr.

D’autres s’émerveilleront de la poursuite qu’il a mené après le Kemmel: c’est vrai aussi, et j’en suis. Largué dans le Kemmel, Paolini a en effet chassé seul longtemps afin de revenir sur le devant de la course, témoignant d’un sacré mental. Je ne pensais jamais qu’il réussirait à rentrer!

Et il aura aussi été le plus malin dans le final, attaquant avec 6 kilomètres à faire, puis se relevant rapidement voyant Thomas le prendre en chasse, puis insistant assis sur la selle, pour créer un écart « mine de rien ». Ce fut le bon coup du jour!

Juste avant, le coup de théâtre qui m’a jeté par terre: tout juste revenu d’un changement de vélo qui – je le croyais – aurait dû le condamner, Terpstra attaque direct ses compagnons d’échappée, prenant seulement Paolini avec lui. Cette attaque, j’avoue que je ne l’aurais pas vu venir et c’était rudement bien joué.

Enfin, certains d’entre vous diront que les Etixx-Quick Step ont bien cafouillé une fois Paolini devant, ne prenant pas la chasse à leur compte: je suis parfaitement d’accord avec vous, et honte à eux car c’est au moins la 2e fois cette saison (rappelez-vous le Het Nieuswblad et la victoire de Stannard à la barbe de… trois Etixx!). Ils avaient tout simplement trop peur de Thomas, vainqueur vendredi d’un difficile Grand Prix E3, disputé là encore sous des conditions climatiques difficiles.

Bref, on a assisté, sur ce Gent-Wevelgem, à une vraie course de flahutes, une course d’hommes dont je n’explique pas la constitution tant elle me semble surhumaine, une course magnifique par ses rebondissements, une course qui m’a tenu en haleine tout le long, et une course que je prendrai plaisir à revoir pendant des années.

Ne manquez pas ça, c’est tout le vélo – son histoire, sa tactique, sa difficulté, sa légende – concentré dans une seule course!

Et vivement dimanche prochain pour le Ronde!

La bête Jelle Wallays

Une bête.

Un sacré flahute que ce Belge Jelle Wallays, vainqueur hier de la plus belle manière qui soit la course À travers les Flandres (Dwars Door Vlanderen) où on a vu son équipier chez Top-Sport Vlanderen-Baloise Edward Theuns prendre la 2e place.

Les deux autres coureurs de l’échappée, Kwiatlowski le champion du monde excusez-un-peu, ainsi que Dylan Van Baarle chez Cannondale-Garmin, sont battus. À la régulière.

Un sacré doublé donc pour cette petite équipe belge, ce qu’avait été incapable de faire la puissante formation Etixx-Quick Step sur le Het Nieuwsblad.

Payez-vous ci-bas les images de la course: on y voit un Wallays prendre de gros relais dans l’échappée, et donc ne ménager aucun effort. Il roule, il roule, il roule encore.

Puis on pense, à l’approche du dernier kilomètre, qu’il va amener au sprint son équipier Theuns qui, avec raison et stratégie, ne prenait plus de relais depuis un moment.

Il n’en est rien: Wallays attaque à 1100m de la ligne, tablant sur l’effet surprise ainsi que sur la neutralisation de Kwiatlowski et Van Baarle. Bien joué! car c’est exactement ce qui s’est passé.

Et Theuns derrière qui, dans ces circonstances favorables pour lui, avait l’occasion de moucher les deux autres pour la 2e place, ce qui fut fait.

On pourra déplorer selon moi l’attitude de ce Van Baarle, qui a refusé de collaborer avec Kwiatlowski pour essayer d’aller chercher Wallays dans le dernier kilomètre. La chicane est d’ailleurs prise entre les deux équipes, Etixx reprochant à Van Baarle sa passivité, Van Baarle estimant que c’était au champion du monde de rouler. Je donne raison à Etixx sur ce coup-là.

Quoi qu’il en soit, ce fut une belle classique, disputée encore une fois sous une météo difficile, et avec un bien beau vainqueur. De quoi faire de belles images pour nos séances de home-trainer qui s’éternisent au Québec en ce moment!

Et mine de rien, ce Jelle Wallays, 25 ans, commence à se forger un beau palmarès chez les pros puisqu’il avait déjà gagné… Paris-Tours l’an dernier devant Thomas Voeckler, là encore après avoir été très généreux dans l’échappée.

Assurément un coureur avec une grosse caisse et une grosse volonté. Un vrai de vrai flahute que celui-là! Gageons qu’il sera au sein d’une formation World Tour en 2016.

Le Québécois Hugo Houle a pour sa part terminé 28e de l’épreuve à plus de 6 minutes du vainqueur.

Et soulignons la performance intéressante du français Cyril Lemoine chez Cofidis, 7e hier. De quoi donner confiance à Bouhanni pour avoir un équipier avec lui dans le final le week-end prochain!

Sur les micro-doses

Si comme moi vous cherchez à comprendre ce qui se passe actuellement dans le monde du cyclisme professionnel, je vous recommande la lecture de deux articles intéressants parus récemment.

Le premier fait suite à la démission de Michael Ashenden de son poste d’expert indépendant siégeant sur la commission de l’UCI de revue des données du passeport biologique.

Ashenden estime ses droits trop limités quant à ses possibilités d’exprimer ses craintes face à ce qu’il constate actuellement dans ces données du passeport biologique de plusieurs athlètes.

L’article dont je vous parle est disponible ici et présente les méthodes très probablement utilisées aujourd’hui dans le peloton pour se doper: les micro-doses.

Celles-ci passeraient totalement sous le radar et permettraient des gains de puissance de 20 à 30 watts, soit largement suffisant pour faire la différence dans un peloton déjà bien entrainé.

L’article fait également état du besoin d’adapter le passeport biologique à cette nouvelle réalité, ce dernier étant devenu quelque peu inutile face à la nouvelle technique de micro-dosage.

Au même moment, un autre article fait état des récents progrès dans les méthodes de détection de l’EPO qui permettraient de prolonger la fenêtre de détection, comme d’avoir des mesures plus sensibles aux faibles quantités. Dans cet article, on affirme que des centaines d’échantillons des JO de Beijing en 2008 pourraient être re-testés pour vérifier la probité des athlètes.

Voilà deux articles qui montrent bien que les techniques de dopage et de détection du dopage sont en constante évolution et qu’il convient d’être toujours sur le pied de guerre. En ce sens, je trouve la position du récent retraité David Millar bien arrogante lorsqu’il déclare que l’UCI n’a aucune idée de ce qui se passe dans le peloton et que c’est la technologie qui permet aujourd’hui aux coureurs de rouler si vite.

Le Tour de l’actualité

Plusieurs nouvelles intéressantes à couvrir dans le monde du cyclisme cette semaine.

1 – Milan Sanremo. N’hésitez pas à laisser un commentaire pour faire part de votre opinion sur la course dimanche: l’avez-vous, comme moi, trouvé ennuyeuse?

Chose certaine, on commence à lire des avis sur Internet qui vont dans la même direction que le mien: Sagan a vraiment fait une gaffe à l’entrée de la Via Roma en ne poursuivant pas son effort, alors qu’il avait un petit trou à son avantage. Les équipes de sprinters auraient dû travailler pour le ramener, donc se fatiguer, et s’il avait été repris, d’autres coureurs auraient possiblement contré.

Comme quoi une course et un vainqueur, ça se joue parfois à rien.

2 – Milan Sanremo suite. On apprend que ce serait la guerre entre Oleg Tinkoff et Bjarne Riis qui aurait été suspendu par le millionnaire russe, frustré de ne pas voir davantage de résultats de son équipe depuis le début de la saison.

Il est clair que si tel est le cas, ce n’est rien pour créer un climat de travail serein au sein de l’équipe et à l’approche des importantes Classiques où Peter Sagan demeure un sacré client. Il aura la pression, ça c’est sûr!

3 – Milan Sanremo suite. Un autre qui semble commencer à s’énerver, c’est Nacer Bouhanni, 6e dimanche sur la Via Roma. Le coureur français estime en effet avoir été laissé seul par son équipe, ce qui est tout à fait juste puisqu’il n’avait aucun équipier avec lui dans le final. C’est dommage, car Bouhanni peut visiblement rivaliser avec les meilleurs sprinters, ayant la puissance de rester devant lorsque ça grimpe.

Rappelons que le Québécois Dominique Rollin a été engagé par Cofidis cette saison justement pour alimenter le train Bouhanni. Au départ dimanche à Milan, Rollin n’a malheureusement pas terminé la course, mais s’est peut-être acquitté de son travail par ailleurs dans les premières heures de course.

Espérons que les choses vont se placer chez Cofidis à l’approche d’un mois très important de course dans le Nord de l’Europe.

4 – La suite du programme, justement. Direction la Belgique maintenant, avec mercredi le « Dwars Door Vlanderen », puis vendredi le GP E3 et finalement dimanche prochain Gent-Wevelgem. Le site Internet de ces courses est très bien fait, notamment au niveau de la présentation des parcours.

Par ailleurs, ne manquez pas ce petit article (en anglais) présentant 10 raisons d’aimer ces courses-là. Je suis bien d’accord, nous entamons un mois fort intéressant dans la saison cycliste, le mois des Classiques belges essentiellement, des épreuves qui ont beaucoup contribué à forger toute la légende du sport cycliste. Et que dire de l’ambiance!

Les favoris? Vous prenez les mêmes que dimanche dernier, à peu de choses près!

5 – Tour de Catalogne. C’est parti hier et une échappée de trois coureurs, dont Pierre Rolland attention, a terminé avec plus de 2min30 d’avance sur le peloton, incluant Contador et Froome.

Rolland, actuellement à 4 secondes au général derrière son compagnon d’échappée d’hier le polonais Paterski, a donc un excellent coup à jouer pour gagner la course qui se déroule sur un parcours accidenté, casse-pattes, et qui devrait donc lui convenir. Avec encore 6 étapes à tenir, ce n’est cependant pas gagné d’avance, surtout durant les étapes 3 et 4 vers Girona puis La Molina, avec des final difficiles.

6 – Astana. On sera apparemment fixé le 2 avril prochain quant au maintien ou non de la licence WorldTour de l’équipe kazakh. Espérons que… Avec des soucis du côté du fisc, disons que Nibali n’évolue actuellement pas dans un climat très propice pour se concentrer uniquement sur son travail…

7 – Greg Lemond. J’aime beaucoup Greg, et on peut découvrir ici un extrait de son émission « LeMond of Cycling » qu’il tient sur Eurosport depuis quelques mois. C’est assez réussi je trouve, Greg étant toujours bien passé dans les médias, notamment grâce à une spontanéité et à une sincérité bien évidentes.

8 – SRM. Des nouvelles du SRM PowerControl 8 tant attendu, et qui intégrera notamment un GPS. À 800 euros pièce, le prix sera cependant stratosphérique.

9 – Putain d’hiver québécois qui n’en finit plus. -15 hier et aujourd’hui au matin selon le thermomètre, c’est encore pire que l’an dernier. Et apparemment pas de températures clémentes (on demande juste 6-7 degrés) dans les… deux prochaines semaines, ou presque. Ce pays va finir par me rendre fou! (si ce n’est pas déjà fait).

MSR: jusqu’au bout de l’ennui…

Je sais pas vous mais moi, je me suis royalement emmerdé devant mon écran de télé dimanche matin en suivant Milan San Remo.

C’est pas compliqué, sur cette course va falloir que la télé change ses habitudes et place une moto derrière le peloton plutôt que devant: c’est derrière qu’il y a le plus d’action!

Car on a l’impression que la course se joue davantage en fonction de qui est lâché derrière que sur ce qui se passe devant…

Et au bout de 6h45 d’ennui, un vainqueur un peu innatendu, bien qu’il était dans la liste des hommes à surveiller: John Dekengolb. Ce dernier doit cependant davantage sa victoire au cafouillage des Katusha dans le final qu’à une réelle belle perf de sa part, même s’il a été le meilleur des autres.

Kristoff était en effet à court d’un homme dans les derniers mètres, Paolini ayant beaucoup travaillé dans le Poggio (autant à la montée qu’à la descente) et n’ayant pu l’amener au sprint plus longtemps. Lorsque Paolini a sauté à 400m de la ligne, Kristoff n’a eu d’autre choix que d’y aller, et s’est éteint sur la fin pour laisser passer Degenkolb resté dans les roues un peu plus longtemps que lui. Je suis convaincu que si Kristoff avait été déposé 100m plus loin, il remportait facile ce Milan SanRemo.

Mais la course fut d’un ennui mortel, avec peu d’attaques dans le Cipressa ou le Poggio. Trois équipes ont sauvé le spectacle, BMC (Van Avermaet, Oss et Gilbert), Etixx (Stybar dans le Cipressa notamment) ainsi que Sky (surtout Thomas) qui se sont bien battues. Etixx a manqué de chance dans le final, Stybar et Kwiatlowski étant éliminé sur la chute dans la descente du Poggio ayant aussi envoyé à terre Philippe Gilbert.

Mais où donc était Cancellara dans le final ? A-t-il seulement levé le cul de sa selle?

Et les Lotto (Greipel a été lâché dans le Poggio)?

Pozzatto, Costa et les Lampre?

Valverde et les Movistar, qui revendique le statut de la meilleure équipe cycliste au monde?

Les AG2R-La Mondiale?

Sagan avait également l’air bien isolé dans le final de la course. À l’entrée de la Via Roma, il a toutefois eu un petit écart avec le groupe, et a préféré attendre. J’y serais personnellement allé, car derrière les sprinters se seraient peut-être regardé à savoir à qui de mener la chasse!

Bref, un Milan SanRemo bien decevant selon mon appréciation personnelle. Année après année depuis 15 ans, il semble que cette classique soit désormais celle des sprinters, une conséquence probable de l’homogénéité de la condition physique des coureurs et des enjeux financiers liés à la victoire.

Milan-Sanremo: comment déjouer les sprinters?

Petit tour d’horizon des principaux favoris pour Milan-Sanremo dimanche, cette fois-ci selon les scénarios possibles de la course.

En effet, comment diable gagner Milan-Sanremo si vous n’êtes pas sprinter ou si vous n’avez pas de sprinter au sein de votre équipe?

Voici mes réponses, en commençant toutefois par le plus probable, un sprint sur la Via Roma.

Arrivée au sprint

Le vent prévu dimanche rendra plus difficile à un petit groupe de résister à la meute derrière, c’est clair. Si ça arrive au sprint, il y a quelques coureurs à surveiller tout particulièrement.

D’abord Alexandr Kristoff, vainqueur l’an dernier et auteur d’un excellent début de saison. Il pourra cette année encore compter sur son équipier Lucas Paolini ainsi que sur Alexandr Kolobnev dans les derniers kilomètres pour lui préparer le terrain, même si je trouve globalement son équipe plus faible que l’an dernier sur la course.

Il y a ensuite Mark Cavendish, lui aussi en excellente condition et ancien vainqueur de l’épreuve. Il aura Mark Renshaw avec lui pour l’aider. Sur le papier, son équipe Etixx a beaucoup de cartes à jouer dimanche, avec la présence de Kwiatlowski, de Stybar, de Vandenbergh, et pourra donc constamment s’adapter au scénario de course. De quoi enlever de la pression et permettre à Cav d’être discret jusque dans le dernier kilomètre…

On pense également à Peter Sagan, qui vient de se débloquer sur Tirreno-Adriatico. Toute l’équipe Tinkoff-Saxo a la pression pour de meilleurs résultats, Oleg Tinkoff s’en étant apparemment pris à Bjarne Riis sur Tirreno pour manque de résultats. Roman Kreuziger pourra possiblement brouiller les cartes, voire partir d’un peu plus loin et servir de relais à Sagan dans le Poggio.

Il y a aussi Michael Matthews chez Orica-GreenEdge, au sein d’une excellente formation qui est toujours efficace et volontaire dans le final des courses. Matthews a remporté la semaine dernière la troisième étape de Paris-Nice ainsi que le classement final aux points. Il est en forme, attention à celui-là.

Parmi les autres hommes rapides à l’approche d’une arrivée et qui seront présents dimanche, on note John Degenkolb, Gerald Ciolek, Joaquin Rojas, Andrei Greipel, Davide Cimolai, Arnaud Demare et Nacer Bouhanni. De quoi faire un sacré sprint si tout ce joli monde est aux premières loges à l’embouchure de la Via Roma!

En bref, sur les 25 équipes de 8 coureurs présentes dimanche, presque la moitié (11) ont un sprinter qui peut soit jouer la gagne, soit faire un podium. Une partie imposante du peloton voudra donc / pourra donc contrôler la course.

Surprendre les sprinters

La seule solution pour les autres équipes afin de gagner est sans conteste d’user les sprinters en durcissant la course dès le Turchino, et surtout sans relâche à partir du Capo Mele. Dans le passé, je suis d’avis qu’on l’a donné trop facile aux équipes de sprinters en ne multipliant pas les attaques, comme si les équipes ne disposant pas de sprinters préférant jouer une place dans les 10 plutôt que d’essayer de gagner.

Il faut donc une course de mouvement, des attaques multiples, des échappées à plusieurs, avec l’espoir que derrière, à un certain moment, les équipes de sprinters se neutraliseront mutuellement en se demandant à qui le tour de rouler.

À ce petit jeu, quelques formations privées de sprinters mais très puissantes devront être particulièrement actives: je pense à BMC, à Trek Factory Racing, à AG2R – La Mondiale, à Astana, à IAM Cycling, à Cannondale et évidemment à Sky.

Fabian Cancellara s’est buté sur les équipes de sprinters ces dernières années: si son équipe, avec l’assistance de d’autres, lamine le peloton dans les 50 derniers kilomètres, je suis d’avis qu’il l’aura plus facile soit pour sortir sur le haut du Poggio, soit pour faire le coup du kilomètre. Plutôt que de garder ses équipiers autour de lui, espérons que Cancellara leur demandera d’attaquer le plus souvent possible, question de créer une course de mouvement.

Cancellara possède également plusieurs cartes intéressantes cette année, la première etant l’expérience de cette course spéciale: n’a-t-il pas été 4 fois déjà sur le podium, en dehors de sa victoire en 2008? Il est en excellente condition, venant de remporter le chrono final de Tirreno-Adriatico. Enfin, il dispose de Giacomo Nizzolo au sein de son équipe, ce dernier venant tout juste de gagner le GP Nobili plus tôt cette semaine. Cancellara nous fera-t-il le coup du kilomètre?

Rappelons-nous au passage qu’un sprinter privé d’équipiers sur la Via Roma sera grandement diminué, ne pouvant pas courir après tout le monde…

BMC pourra sacrifier DeMarchi voire Van Avermaet avant le Poggio et encore avoir la carte Gilbert à jouer, de quoi lancer plusieurs grosses attaques là encore, des attaques difficiles à ramener.

Idem chez Sky avec Stannard, Thomas, Nordhaug voire Swift.

AG2R – La Mondiale dispose de Bakelands, de Van Summeren, il y a Nibali et surtout Lars Boom, en forme en ce moment, chez Astana, et encore d’autres hommes capables de se lancer à l’attaque chez IAM Cycling (Chavanel, Pineau) ou Cannondale (King, Moser).

Et à tout ce beau monde, il faut rajouter des électrons-libres comme Valverde, comme Gallopin, comme Kreuziger, comme Tom Dumoulin, comme Wellens, comme Costa ou encore comme Pozzatto qui sont tous en forme et pourraient profiter des circonstances de course, même s’ils ont, au sein de leur équipe, un sprinter capable d’une place sur la Via Roma. Ces coureurs sont capables de sortir et de résister un temps aux équipes de sprinters lancées à leur trousse.

La politique du harcèlement constant, de la course de mouvement, je ne vois que ça pour laminer les équipes de sprinters et maximiser les chances d’éviter un emballage final sur la Via Roma.

Mais si le scénario classique se réalise, c’est à dire échappée matinale de coureurs moins connus, puis mise en route des équipes de sprinters qui voudront rentrer le plus tard possible sur l’échappée, alors ce sera cuit, car tout le monde sera trop frais dans le final pour permettre au Poggio de faire la différence.

Bref, ça nous prend la technique Hinault à Sallanches…

Il percorso della Milano-Sanremo

On disputera donc la 106e édition (!) de Milan SanRemo ce dimanche, surnommée « La Primavera » puisque c’est la première Classique de la saison.

C’est toujours un temps fort de la saison, le premier grand rendez-vous des courses d’un jour.

Et depuis le milieu des années 1990, Milan SanRemo est un peu devenue la grande Classique des sprinters, seulement 5 des 20 dernières éditions ayant été remportées par des coureurs dont le sprint n’est pas la spécialité. Rappelons que c’est le Norvégien Alexandr Kristoff qui s’était imposé l’an dernier.

Météo

On attend une météo assez compliquée pour dimanche, avec de nombreuses averses et surtout beaucoup de vent, mais une température clémente (entre 10 et 15 degrés). Le vent devrait limiter les chances de coureurs échappés, donc une nouvelle arrivée au sprint est très probable.

Parcours

Côté parcours, la principale difficulté de Milan SanRemo est sa longueur (293 km!), et non le relief.

Les coureurs n’auront pas à escalader cette année la montée de la Manie, qui de toute façon était situé trop loin de l’arrivée pour avoir un réel impact sur la course. On aura donc les ascensions classiques de la course: Turchino d’abord, porte d’entrée au bord de mer, puis les « capo » dans le final: Mele, Cervo, Berta, Cipressa et Poggio, à 10 bornes de l’arrivée.

Le grand changement cette année est le dernier kilomètre, qui reprendra cette fois le final « traditionnel » de la course, c’est à dire un déboulé sur la Via Roma, au terme de la descente du Poggio.

Ainsi, les coureurs auront 2,5 kilomètres tout plat et tout droit à se farcir avant de franchir la ligne d’arrivée. Idéal pour permettre à une équipe de sprinter de revenir sur quelques coureurs échappés; encore faut-il avoir quelques équipiers avec soi!

Idéal aussi pour essayer de coup du kilomètre, car la voie est large. Il faudra cependant être sacrément costaud pour tenir en respect la meute qui vous aura toujours en point de mire…

De mon côté donc, c’est clair, il est probable que la course se termine cette année encore au sprint. Un sprint par ailleurs toujours assez compliqué étant donné qu’il survient après 292 kilomètres de course.

Demain, les grands favoris!

msr-planimetria2015

Le Tour de l’actualité

Beaucoup de nouvelles intéressantes dans le monde du cyclisme ces derniers jours.

1 – Peter Sagan. Le Slovaque a enfin levé les bras hier en remportant la 6e étape de Tirreno-Adriatico, encore disputée sous une météo difficile (pluie et froid).

Sagan l’emporte au terme d’un assez long sprint l’ayant mesuré à une autre pointure de la discipline, Gerald Ciolek parfaitement amené d’ailleurs jusqu’aux 200 mètres par son nouvel équipier Edvald Boasson Hagen. Il fallait de la ressource pour résister ainsi et ce fut un bien beau sprint.

Sagan attendait cette victoire depuis un moment déjà, ayant fait plusieurs fois 2e jusqu’ici cette saison. Le genre de victoire susceptible de le libérer… et donc d’en appeler d’autres.

Et si c’était un avant-goût du final à SanRemo dimanche prochain?!

2 – Adam-Jalabert. Pour avoir écouté quelques étapes de Paris-Nice sur France Télévision, j’ai l’impression que ce n’est pas l’entente cordiale entre Thierry Adam et Laurent Jalabert, me trompais-je? Jalabert reprend souvent Adam sur ses commentaires, ce que Adam n’a pas l’air d’apprécier beaucoup!

3 – Lance Armstrong. Le coureur texan court toujours après une remise de peine qui lui permettrait de participer de nouveau à des épreuves sanctionnées, que ce soit en cyclisme, en triathlon ou en course à pied.

Armstrong a un besoin vital de compétition et de reconnaissance. On comprend dans ce contexte que la recherche d’un moyen de rédemption l’obsède.

On apprend que l’USADA pourrait bientôt l’entendre afin de lui donner une nouvelle fois l’opportunité de vraiment se mettre à table, contre remise de peine. L’USADA comme nous tous soupçonnons en effet qu’Armstrong n’a pas tout à fait tout dit et qu’un témoignage plus complet pourrait grandement permettre à la lutte contre le dopage de progresser, plusieurs acteurs du « système Armstrong » étant peut-être encore directement ou indirectement impliqués dans le monde du cyclisme pro aujourd’hui.

Espérons donc de tout coeur que cela se fasse. Il ne s’agit pas de plaindre ni d’excuser Armstrong, mais bien tout simplement de faire avancer la lutte contre les tricheurs.

Et on apprend qu’Armstrong pourrait participer à quelques étapes d’un mini-Tour de France cet été, 24h avant les coureurs, dans le but de lutter contre le cancer. Dans le contexte d’une rédemption, why not? Que Lance Armstrong, un survivant du cancer, utilise sa notoriété pour amasser des sous pour la lutte contre cette maladie, très bien dans la mesure où l’on remet les pendules à l’heure, c’est à dire qu’on ne nous fasse pas croire qu’il a gagné le Tour de France sans se doper en 1999, année de son grand retour.

4 – Nacer Bouhanni. Dans les 5 enseignements qu’on peut tirer du récent Paris-Nice, CyclingNews souligne l’échec de Nacer Bouhanni d’aller chercher une victoire. Dur constat peut-être quant on sait à quoi peut se jouer un sprint, mais il est vrai que Cofidis a monté durant l’inter-saison une équipe spécialement pour entourer Bouhanni dans les sprints, et donc pour aller chercher plus de victoires. Partie prenante de ce plan, le Québécois Dominique Rollin.

Si je suis d’avis qu’il convient d’être encore patient – nous n’en sommes qu’au mois de mars après tout! – il est clair que la pression augmente du côté de Cofidis, Bouhanni et Rollin.

Je sais pas vous mais je trouve que Nacer est bien isolé dans les tous derniers hectomètres des sprints, comme si son équipe parvenait à le placer pas trop mal à 5 bornes de la fin, puis après plus rien.

5 – Antoine Duchesne. Le coureur québécois, qui a retrouvé la santé, vient de terminer Paris-Nice et il convient de le souligner car il s’est illustré à sa façon. Il a d’abord travaillé pour l’équipe, il a ensuite résisté à la fatigue et le mauvais temps pour aller au bout de l’épreuve, et s’est même glissé dans une échappée sur la route vers la Croix de Chaubouret en compagnie de Chris Anker Sorensen et Thomas de Gendt, deux bêtes à rouler.

Bravo Antoine! De quoi prendre de la caisse en vue des Classiques.

Antoine Duchesne champion canadien sur route en 2015! Allez, on y croit.

6 – Passo di Gavia. Ces mots génèrent en moi comme en de nombreux amateurs de cyclisme des émotions particulières. Ce col appartient en effet à la légende du cyclisme, au même titre que les Tourmalet, Galibier, Alpe d’Huez, Stelvio, ou encore Izoard.

Le Gavia sera cet été mon grand rendez-vous. Que voulez-vous, j’ai toujours préféré me mesurer à moi-même et aux éléments, plutôt qu’aux autres dans des compétitions autour d’un clocher de village. Un choix tout personnel, probablement lié à ma nature profonde, ce qui ne m’empêche pas d’admirer ceux qui brillent en compétition. Chacun sa place, en fonction des moyens que la nature nous a donné.

Le Gavia, le Stelvio, la Campionnissimo, le Marathon des Dolomites, que je découvrirai pour la première fois, sont mes grands objectifs cette année. Ce qui ne m’empêchera de prendre part à plusieurs compétitions avant pour me préparer à donner le meilleur de moi-même en Italie, où le niveau sera élevé même sur des GranFondo.

On peut découvrir le Gavia grâce à ces deux magnifiques vidéos produits par Col Collective. Le premier porte sur l’ascension, le deuxième sur la descente. Je vous invite en particulier à vous taper celui de la descente, dans des paysages grandioses. Quel terrain de jeu! Je sens que je vais m’éclater à débouler plein pot là dedans en juillet prochain, sachons vivre après tout.

Et vous comprendrez ma décision de partir avec des jantes alu: en haute montagne, pas de compromis sur la sécurité.

7 – L’intensité chez les Maîtres. Excellent petit article avec une pointure, Ned Overend, que je ne vous présente pas (plus), sur l’entrainement en intensité pour des coureurs Maîtres. Overend confirme que malgré les obligations familiales et professionnelles, malgré l’avancée en âge, on peut rester à un excellent niveau en cyclisme très longtemps pourvu de bien gérer son entrainement, sa récupération, et de faire des séances de haute intensité.

Si vous cherchez à vous en convaincre davantage, il suffit de regarder ce petit vidéo de chercheurs qui mesurent les bénéfices d’un entrainement à haute intensité.

Et Ned semble aussi être un adepte de Strava!

Cet article fait suite à la récente publication d’un livre du gourou américain de l’entrainement, Joe Friel, intitulé « Fast after 50 » (Performant après 50 ans).

Je pense qu’une des clefs du succès en vieillissant est également la musculation, afin de préserver la masse musculaire donc la force, ainsi que la coordination.

8 – Équipes et coureurs Seniors 1-2 au Québec en 2015. Excellent article d’un coureur de la région de l’Outaouais, Guillaume Lafleur, sur la composition du peloton Senior 1-2 en 2015 au Québec.

Si l’équipe Garneau-Quebecor demeure, sur le papier, d’une redoutable puissance, d’autres équipes auront des arguments à faire valoir, en premier lieu Silber. Jusqu’où ira, par exemple, l’excellent grimpeur Michael Le Rossignol ?

Également intéressant, on annonce le retour de David Boily au sein de la formation Stingray/Ultime Vélo/Trek. Rappelons que Boily avait fortement impressionné sur le difficile et sélectif Tour de l’Avenir en 2011, terminant 2e derrière Esteban Chavez, aujourd’hui chez Orica-GreenEdge. Si Boily devait s’y remettre sérieusement, je suis curieux de voir ce que ça donnerait.

Qui enfin pour la couronne de plus en plus convoitée des Mardis cyclistes de Lachine? Simon Lambert-Lemay sera-t-il de retour en 2015 avec Garneau pour un troisième sacre consécutif?

9 – PowerTap. La compagnie se lance dans les capteurs de puissance intégrés aux pédales avec ce nouveau modèle baptisé P1. Comme le souligne Matos Vélo, reste à voir la précision du système, de même que son rapport poids-solidité.

10 – Campagnolo. Faute de freins « direct mount » au sein de la gamme Campagnolo, l’équipe Europcar, qui utilise ces groupes, doit parfois utiliser les freins Shimano pour monter leurs cadres. Ce fut le cas sur Paris-Nice pour le vélo de Thomas Voeckler.

Encore une preuve que depuis quelques années, Campagnolo est malheureusement un peu à la traine des autres groupes côté innovation. L’exemple des groupes électroniques est éloquent, maintenant des freins « direct mount » ainsi que des transmissions WiFi. C’est dommage, car on s’attend au meilleur de la part de Campagnolo.

11 – Couilles. Il en fallait une sacré paire pour oser faire ça à vélo, à flanc de falaise, sans protection. Complètement dément : la moindre faute et c’était la tétraplégie voire la mort, tout simplement.

Un beau week-end de cyclisme

Ha! mes amis, quel beau week-end de cyclisme avons-nous vécu!

Paris-Nice

Malheureusement, Tony Galopin n’a pas réussi à préserver son avance au général et s’est même écroulé durant le chrono d’hier vers le col d’Èze, étant repoussé à 1min39 du vainqueur logique, Richie Porte.

Il était évident, dès ses premiers coups de pédale, que le rythme de Tony n’était pas celui de Porte, parti rapidement. La pédalée de Tony semblait lourde, et les trois derniers kilomètres m’ont semblé interminables, comme à lui très certainement.

Je veux croire qu’après 30 bornes solo hier sur un parcours difficile, dans le froid et l’humidité, l’organisme n’avait pas complètement récupéré. La pression, la gestion d’un chrono avec le maillot de leader, a probablement aussi grugé Tony.

À l’arrivée, il était très déçu, ne cherchant – beau joueur – aucune excuse et affirmant même avoir été tout simplement « mauvais ». Je l’ai trouvé dur avec lui-même! Une place de 6e du général, une très belle victoire d’étape avec la manière, un jour en jaune, pas de quoi être déçu selon moi.

Et puis, devant, c’était aussi Richie Porte, un habitué du col d’Èze lui-aussi (merci Serge de me l’avoir rappelé) et un homme en forme en ce début de saison.

Pour la petite histoire, le chrono de Porte hier (20min23) restait loin de son temps de l’an dernier (19min16) et du record appartenant apparemment à Bradley Wiggins (19min12). La météo difficile, le froid, ainsi qu’un bon vent de face sur le final du chrono expliquent probablement pourquoi les temps étaient globalement plus lents hier.

On notera aussi la belle perf de Simon Spilak qui progresse manifestement: 2e du chrono, à seulement 13 secondes de Porte. Grâce à cette perf, Spilak a pu monter sur le podium de ce Paris-Nice, terminant 3e derrière Porte et Kwiatlowski. Cocasse, les 2e, 3e et 4e du général sont tous dans la même seconde, et il aura fallu avoir recours aux centièmes de secondes du prologue pour les départager.

Outre Gallopin, d’autres coureurs français ont livré des prestations intéressantes sur ce Paris-Nice, notamment Sylvain Chavanel, Romain Bardet, Arthur Vichot et Nicolas Edet que je vois un peu comme la surprise de l’épreuve. Il vient un peu confirmer, tardivement j’en conviens, sa victoire au classement général de la montagne sur la Vuelta 2013.

Tirreno-Adriatico

Ce fut un peu l’inverse de Paris-Nice: sur Tirreno, un coureur Sky était leader dimanche matin, et ne l’était plus dimanche soir (Poels).

Là-aussi, c’est le mauvais temps qui a considérablement compliqué la donne: en haut du Terminillo, il neigeait même abondamment lorsque les coureurs en finissaient avec l’étape du jour.

Dans ces conditions, pas surprenant de voir la victoire totale du coureur colombien Nairo Quintana, peut-être plus habitué des temps frais et de l’altitude à ce moment de la saison. Quintana s’est débarrassé de ses adversaires à un peu moins de 5 kilomètres de la ligne et on attendait alors tous la réplique d’Alberto Contador, qui n’est finalement jamais venue. Contador a subi toute la montée, incapable d’hausser son jeu.

On aura plutôt vu un excellent Thibault Pinot qui peut rivaliser constamment avec les meilleurs, ainsi qu’un final en fusée de Joaquim Rodriguez, fidèle à son punch. Nibali, par contre, a montré qu’à ce stade-ci de la saison, il ne faut pas compter sur lui. Doit-on également y voir un effet indirect des affaires qui secouent son équipe Astana ces temps-ci?

Au général, Quintana s’installe donc comme leader, avec Mollema et Uran en respect. Il devrait pouvoir tenir, l’étape de demain sera probablement pour les sprinters et le chrono de 10 bornes mardi n’est pas suffisamment long je pense pour nuire à Quintana, qui se défend par ailleurs assez bien dans cet exercice.

La suite

Tirreno se termine mardi, après on sera dans l’approche finale de la première grande classique de la saison, Milan SanRemo dimanche prochain. Je crois bien que cette année, la course sera plus ouverte que jamais car les prétendants à la couronne semblent très nombreux!

Tony – Tony – Tony!!!

Magnifique victoire solo de Tony Gallopin aujourd’hui samedi à Nice au terme d’une étape comme je les aime, sur un parcours accidenté et par une météo difficile.

J’aime Tony Gallopin. Un gars manifestement intelligent, modeste, bien à sa place, une bonne tête, un gars qui sait réfléchir en course, qui fait rarement d’erreurs stratégiques, un excellent coureur donc qui progresse chaque année un peu plus.

Bref, je suis un fan de Tony.

Et de cette belle petite équipe Lotto-Soudal qui, déjà hier et avant-hier, avait animé ce Paris-Nice avec un autre beau coureur que j’admire beaucoup, Thomas de Gendt.

De Gendt, c’est en effet la classe sur un vélo. Position parfaite, des jambes superbes, et une putain de sacré caisse. Quant De Gendt est devant, le peloton peut se faire du souci car c’est jamais facile d’aller le chercher. Le gus est un rouleur hors pair, résistant, inusable. Le genre de type qui, comme moi, te fait des sorties à la moyenne: tu débranches le compteur aux intersections pour ne pas que la moyenne tombe, et tu repars chaque fois au sprint.

Anyway, je serai pendu à Internet demain matin pour soutenir Gallopin dans ce chrono du col d’Èze, seule étape qui le sépare d’un sacre quasi-historique sur Paris-Nice. Le dernier vainqueur français de Paris-Nice, c’est Laurent Jalabert en 1997…

Gallopin connaît ce col d’Èze par coeur, ce qui devrait lui donner un avantage par rapport à Richie Porte et Michal Kwiatlowski, ses deux principaux adversaires.

Go Tony go!

Et il faudra zapper sévère demain matin aussi, car sur Tirreno-Adriatico c’est l’étape du Terminillo sur Tirreno-Adriatico, étape sur laquelle nous a donné rendez-vous un certain Alberto Contador.

Un grand dimanche!

Pauline Ferrand-Prévost: la petite reine

Très intéressant vidéo d’un peu plus de 35 minutes sur le récent hiver de la championne française Pauline Ferrand-Prévost l’ayant conduit à un 2e titre mondial en quelques mois, en cyclo-cross celui-là. C’est intéressant parce qu’on peut mesurer le travail derrière, de même que les phases de doute.

Inspirant et motivant! Et c’est du cyclisme féminin, dont il faut parler davantage.

Un papier lamentable

« If you can’t take drugs out of cycling – which the UCI has just admitted – that leaves you with two choices. Stop checking for drugs, or keep checking for lies. »

C’est la conclusion d’un papier lamentable publié cette semaine dans le journal anglophone The Globe and Mail par un certain Cathal Kelly.

Un torchon. Je suis sidéré de lire pareille ordure.

En gros, l’auteur argumente que le cyclisme a tout faux en essayant de lutter contre le dopage, que cette lutte, impossible à gagner, ne fait que miner le sport tout simplement.

D’où la conclusion.

Remarquez que l’auteur ne manque pas d’humour: « If you visited Paris that July, there was an off chance you’d end up winning the Tour de France, just because you were the only person in the city without the testosterone levels of a silverback gorilla. »

On rit jaune cependant. (sans jeu de mots, vous me suivez?)

Arrêter le lutter contre le dopage? Vraiment? Comment soutenir pareille argumentation?

Continuer de chercher des mensonges? Le cyclisme ne cherche pas de mensonges, il cherche simplement à avoir un sport sain. Dans cette recherche oui, forcément, des tricheurs tombent – encore un cas malheureux cette semaine chez AG2R – La Mondiale, mais attendons les résultats de l’échantillon B avant d’aller plus loin – mais c’est un mal nécessaire.

Je vais vous dire une fois pour toute: je préfère 1000 fois mieux un sport qui cherche à s’assurer que le meilleur gagne, plutôt que le plus chargé. Je préfère 1000 fois mieux un sport qui ose chercher la vérité plutôt que de se mettre la tête dans le sable et de prétendre que tout va bien.

Et je préfère 1000 fois mieux le cyclisme à la plupart des autres sports – sports américains en premier lieu comme le hockey, le football, le baseball, le basket mais aussi d’autres sports comme le golf ou le tennis qui sont aussi rongés – on pourrait soutenir « plus » rongés – que le cyclisme par le dopage.

Plus on luttera contre le dopage dans le cyclisme, plus l’édifice des autres sports se lézardera et plus les désillusions des amateurs de ces sports seront grandes. Ca a déjà commencé.

Visiblement, cet auteur ne s’est pas questionné quant au (triste) spectacle auquel il assiste en voyant une partie de football de la NFL…

Page 1 of 2