Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Mois : septembre 2014

Vuelta: je me régale!

Je sais pas vous, mais moi je prends un pied immense à regarder le final des étapes de la Vuelta.

Payez-vous ces images du final de la 15e étape avant-hier vers les célèbres Lagos de Cavadongas: Contador a bien dû essayer 6 ou 7 fois de distancer Valverde et Rodriguez par des attaques impressionnantes. Dans les derniers hectomètres, ils étaient tous au taquet, pendus, dans une lutte sans merci. J’aime beaucoup, beaucoup ces grimpeurs capables de changements de rythme dévastateurs et ce, à de multiples occasions.

Évidemment, nous pourrons aussi dire que Contador surprend décidément beaucoup, et qu’il ne semble pas toxiner dans les cols, ce qui est toujours quelque peu louche. Quant on fait du vélo et qu’on sait ce que coûte une accélération brutale dans une belle bosse pour distancer les petits copains, on reste pantois devant la capacité de Contador d’en remettre plusieurs couches sur les 5 derniers kms de l’ascension finale.

Mais quel spectacle!

Hier, ce fut une nouvelle fois grandiose, avec le remake couplé d’un règlement de compte entre Contador et Froome mano-à-mano pour le titre de meilleur coureur de grand tour. Froome, visiblement en regain de forme, avait d’abord fait le ménage et distancé Valverde et Rodriguez sur une première accélération. Il a ensuite roulé à fond, évidemment pour distancer Valverde et ainsi se rapprocher de la 2e place du général, aujourd’hui seulement à 3 secondes de lui.

Contador a quant à lui eu le mérite de suivre, puis s’en est allé cueillir la victoire d’étape aux 800m par une accélération encore une fois très impressionnante, laissant littéralement Froome sur place.

Bref, j’aime beaucoup. Le style de Contador en montagne est un délice pour les yeux.

La suite

Très fort, Contador n’a pas course gagnée pour autant. Outre les possibles chutes, il lui reste encore à affronter 5 étapes, dont 2 posent des difficultés intéressantes.

Il y a d’abord la 18e étape jeudi vers Monte Castrove, avec une arrivée au sommet au terme d’une ascension d’un peu plus de 6 kilomètres. Ce n’est cependant pas une montée très difficile.

Il y a surtout la 20e étape vers Puerto de Ancares samedi, la veille de l’arrivée. Au menu, 186 bornes casse-pattes, avec 7 bosses ou cols à franchir, dont un final difficile avec l’Alto de Folgueiras de Aigas, puis l’arrivée en altitude à Puerto de Ancares (1665m d’altitude). Ce n’est pas super-difficile, mais les 3 semaines de course et les 170 premiers kms pèseront lourds dans les jambes c’est certain. Et ca sera la dernière chance pour les uns de faire craquer les autres. Froome voudra très certainement retenter sa chance à ce moment-là.

Le chrono du dernier jour, long de… 9,7 kms (!!!), ne devrait pas peser très lourd dans la balance, sauf si une poignée de secondes devait séparer certaines positions au général. Chez les pros, un tel chrono tout plat représente à peine 13-14 min d’effort.

Le vélo de Ryder Hesjedal était-il équipé d’un moteur?

Vous êtes nombreux à laisser un commentaire sur le sujet de l’heure, à savoir si le vélo utilisé par Ryder Hesjedal lors de la 7e étape de la Vuelta était équipé d’un moteur. Vous êtes également nombreux à me demander mon avis. Voici une première réaction.

Premièrement, le vidéo d’où est parti la rumeur.

La rotation du vélo une fois au sol est en effet très surprenante et n’apparait pas naturelle. C’est louche.

Rappelons également que le dopage mécanique est plausible. Dans la foulée des soupçons générés par les accélérations de Fabian Cancellera sur le Tour des Flandres et Paris-Roubaix 2010, accélérations fulgurantes le cul sur la selle (et chaque fois après un changement de vélo sans raison apparente), Davide Cassani, l’ex-coureur pro, avait diffusé ce vidéo qui démontre sans l’ombre d’un doute qu’il est possible, depuis 2004, de cacher un petit moteur dans le cadre d’un vélo et qui entraîne le pédalier. L’apport de watts serait très significatif, surtout si le système est utilisé durant les phases clef de la course.

Il n’est donc pas impossible que le dopage mécanique soit en usage dans le peloton.

Dans le cas de Ryder Hesjedal, espérons que devant la polémique, l’équipe Garmin va réagir et donner quelques explications du comportement bizarre du vélo une fois au sol.

La chute elle-même a de quoi surprendre. Hesjedal suivait DeMarchi sur une trajectoire peu tendue, le revêtement était bon et apparemment, sans risque de chute. Or, la roue avant se dérobe.

Enfin, je suis aussi troublé par le manque de constance des résultats d’Hesjedal sur cette Vuelta. C’est pas compliqué, la seule étape où il semblait vraiment bien, c’est justement la 7e où on pensait bien qu’il pouvait jouer la gagne avant sa chute. Car depuis, c’est la cata, il perd des paquets de minutes et a notamment terminé à 13 minutes d’Aru hier. La perf de la 7e étape, pour un coureur de son niveau, a de quoi surprendre. Aurait-il pu utiliser le dopage mécanique sur cette étape et ainsi se glisser dans la bonne échappée, notamment sur les moments clef de l’étape?

Il sera probablement très difficile d’avoir des certitudes dans ce dossier qui prouve cependant qu’il convient de demeurer vigilant, le recours au dopage mécanique, du reste presque pire que le dopage classique, étant tout à fait possible aujourd’hui.

Regain d’intérêt pour le record de l’heure

C’est pas nouveau, on dirait que l’intérêt des coureurs pros pour le record de l’heure vient par phase.

Et cette période est habituellement le milieu des décennies.

Il y a eu Merckx en 1972 puis Moser en 1984, puis il a fallu ensuite attendre de nouveau une dizaine d’années avant de retrouver les tentatives d’Obree, Boardman, Indurain et Rominger au milieu des années 1990.

Puis l’UCI a modifié le règlement, estimant que les innovations techniques comme les positions originales développées par Obree prenaient le pas sur la performance humaine. L’UCI a donc créé deux « records », soit le record de l’heure classique, qui doit être fait sur un vélo classique de même apparence que celui de Merckx en 1972, puis « la meilleure performance masculine dans l’heure », qui peut être tentée sur des vélos plus spécifiques comme ceux retrouvés dans les chronos sur route.

Actuellement, c’est le Tchèque Ondrej Sosenka, un coureur assez peu connu, qui détient le record de l’heure, avec 49,700m parcouru à Moscou le 19 juillet 2005. Sosenka avait alors réalisé quelques 250m de mieux que Boardman en 2000 (49,441), ce dernier ayant battu la marque de Merckx établie en 1972 que de 10m (49,431 pour Merckx).

Personne n’a donc à ce jour pu dépasser les 50 kms dans l’heure sur vélo classique. Le peu de différence entre la marque établie par Merckx en 1972 et celle de Sosenka montre selon moi que nous sommes actuellement proche des limites ultimes de ce record. Voilà qui situe la marque établie par Merckx il y a… 40 ans!

La meilleure performance dans l’heure appartient pour le moment à Chris Boardman, avec 56,375km établi à Manchester en 1996 sur un vélo reproduisant une position de type « superman ».

Les nouvelles récentes indiquent que plusieurs coureurs pourraient prochainement s’attaquer au record de l’heure, et c’est assez excitant de voir ce que des coureurs modernes, au fait des plus récentes techniques d’entrainement, pourront réaliser.

Ainsi, les spécialistes Tony Martin et Fabian Cancellara pourraient s’attaquer au record dès l’an prochain. Le plus sérieux à ce stade-ci semble être Cancellara, qui voudra ainsi laisser sa marque dans le cyclisme. Évidemment, Tony Martin ne sera pas indifférent, les deux coureurs se disputant depuis des années déjà le titre de meilleur rouleur du peloton.

On apprenait récemment que le jeune retraité Jens Voigt pourrait s’attaquer lui-aussi au record dès le… 18 septembre prochain, sur une piste en Suisse.

Comment ne pas faire de liens? Voigt est chez Trek Factory Racing, comme Cancellara. Voigt ferait sa tentative en Suisse, lieu de résidence de Cancellara. Je sais pas vous, mais j’ai l’impression que la tentative de Voigt, bien réelle, servira aussi de test, de préparation à celle de Cancellara prévue l’an prochain. Test de matériel, test de la piste, etc. seront assurément au programme!

Enfin, Ondrej Sosenka a lui-aussi exprimé, dans un récent magazine cycliste, son désir de se ré-attaquer au record de l’heure dans les prochains mois. Peu connu du grand public, ce coureur est néanmoins une sacré machine humaine.

Du côté féminin, notons que le record de l’heure appartient actuellement à Jeannie Longo avec 48,159 kms établi à Mexico en 1996. Depuis, personne à ma connaissance n’a osé s’attaquer à cette marque impressionnante, à seulement 1,3 km de celle de Merckx.

Et pour la petite histoire, notons que la distance la plus longue parcourue dans l’heure chez les Maitres appartient à un coureur de la catégorie des 45-49 ans! Y’a donc de l’espoir pour les coureurs de la quarantaine!

Incroyable Contador!

Je suis médusé par les résultats du chrono aujourd’hui sur la Vuelta.

Les spécialistes se sont certes expliqués, et la logique des dernières années a été respectée: Tony Martin a devancé Fabian Cancellara, 3e hier, mais seulement 18 petites secondes derrière. Sachant que les deux hommes se préparent pour les Mondiaux et qu’ils ont, dans ce contexte, tous deux fait le chrono à fond, les résultats sont intéressants.

Mais les surprises sont ailleurs.

La première, c’est la perf de Rigoberto Uran, 2e hier à seulement 15 secondes du spécialiste Martin. Uran se replace du coup au général, il est désormais 3e à 59 secondes du nouveau leader.

Et ce nouveau leader s’appelle… Alberto Contador! Incroyable! 4e hier du chrono, à 39 secondes de Martin, il devance ainsi tous ses rivaux sauf Uran.

Vraiment, je me perds pour vous expliquer cette perf, compte tenu de sa fracture du tibia subie lors du Tour de France en juillet. De deux choses l’une: ou la blessure était beaucoup moins grave que rapportée dans les médias, et Contador a donc pu s’entrainer davantage que ce qui a filtré dans la presse, ou bien c’est un véritable phénomène et le repos forcé lui ayant fait du bien pour recharger les batteries.

Quoi qu’il en soit, Contador est aujourd’hui maillot rouge de la Vuelta et l’homme à battre. Je n’aurais pas parier un clou sur ce résultat au départ de la Vuelta il y a 10 jours.

Parmi les autres grosses surprises du jour, la 5e place de Samuel Sanchez, qui devance ainsi son leader Cadel Evans chez BMC d’une petite seconde. Rien de tel pour se renégocier un contrat en vue de 2015!

Il faudra aussi remarquer les 12e et 14e place de deux coureurs français, Jérome Coppel et Romain Sicard. Ca fait vraiment plaisir de les retrouver à ce niveau après des mois de misère.

Parmi ceux qui ont déçu, Chris Froome bien évidemment, qu’on attendait mieux que ca. Contador le repousse à plus de 50 secondes, ca se complique donc pour l’Anglais – et pour Sky dont l’annus horibilis se poursuit – sur cette Vuelta.

Le repos forcé n’aura donc pas eu le même effet sur Froome que sur Contador!

Autre déception, Valverde, seulement 8e à plus de 20 secondes de Contador, ou encore Rodriguez, pour lequel le chrono sera encore cette fois-ci le fossoyeur de ses ambitions au général.

Et bien sûr Quintana, éliminé sur une chute qui semble être la conséquence d’une grossière erreur de trajectoire. C’est dommage pour le coureur colombien qui a dû abandonner la course.

Alors, jouée la Vuelta?

Bien sûr que non! Contador doit encore tenir 11 jours, ca ne sera pas facile avec 7 coureurs à moins de deux minutes de lui au général. La menace viendra désormais de Uran bien sûr, mais aussi de Valverde promu malgré lui leader de la Movistar en raison de l’abandon de Quintana. Et n’enterrons pas Froome, 5e du général à 1min18.

La suite va être passionnante!

Tour de l’Alberta: ce qu’il faut savoir

Départ aujourd’hui du Tour de l’Alberta du côté de Calgary, avec un prologue intéressant qui se termine au terme d’une bonne petite grimpette de 1,3 kilomètres. De quoi faire quelques petits écarts d’entrée de jeu et de forcer ceux qui visent le classement général à ne pas se louper!

La 1ere étape, un circuit du côté de Lethbridge, sera aussi assez difficile, avec une bosse présentant des pourcentages à 15% à franchir six fois.

La 2e étape sera celle à ne pas manquer, avec de nombreuses bosses dans le final pouvant permettre aux coureurs agressifs de faire la différence.

Les étapes 3 et 4 seront moins difficiles, puis la 5e et dernière étape, un circuit routier à Edmonton, sera une véritable étape-casse pattes, avec à chaque tour un beau petit mur à escalader.

Le plateau

Plusieurs coureurs seront intéressants à surveiller cette semaine en Alberta, en premier lieu ceux de l’équipe Garmin qui compte notamment sur Caleb Fairly et Tom Danielson.

Les Belkin se sont déplacés avec Bauke Mollema, peut-être le coureur sur le papier le plus costaud du peloton.

Matthiew Goss est également là chez Orica Green Edge qui aligne aussi le Canadien Christian Meier, mais pas Svein Tuft.

Le jeune Matej Mohoric, dont on dit beaucoup de bien, est présent en Alberta pour Cannondale.

Chez Giant-Shimano, Tom Dumoulin est probablement celui qui pourra présenter un bon résultat cette semaine.

Du côté canadien, ils sont très nombreux au départ. Outre Meier, on retrouve les Ryan Anderson, Will Routley, Nic Hamilton, Bruno Langlois, Mike Woods, Derreck St-John, Elliot Doyle, Michel Lachance, Matteo Dal-Cin, Robert Ralph, Ryan Roth, William Goodfellow, Zach Bell, Kris Dahl, Rob Britton, Hugo Houle, Garrett Mccleod, Benjamin Perry, Stuart Wight, Adam De Vos, Jean-Sébastien Perron, Jordan Cheyne et Cody Canning.

Les Hugo Houle, Mike Woods, Matteo Dal-Cin, Bruno Langlois et Jean-Sébastien Perron seront particulièrement d’intérêt pour moi, trois d’entre eux étant de la région de la Capitale nationale, les deux autres (Houle et Langlois) de gros moteurs dotés d’un bel esprit d’attaquant.

Page 2 of 2