Celle-là, je pense qu’on n’a pas fini d’en parler!
C’est à un Paris-Roubaix très ouvert et surtout très tactique qu’on a assisté hier. Son vainqueur, Niki Terpstra, est celui qui a tiré le gros lot à la toute fin, non sans un bel effort dans les tous derniers kilomètres, ne laissant aucun doute sur sa forme et son mérite.
Au sprint, Degenkolb et Cancellara ont complété le podium, Vanmarcke est 4e, Sagan 6, Thomas 7e, Wiggins 9e et Boonen 10e. Que du beau monde!
Le point tournant de la course?
Selon moi, c’est la reprise de ce qui apparaissait alors comme la bonne échappée (groupe Cancellara, Sagan, Vanmarcke, Degenkolb et Stybar) par un groupe de 6 coureurs au sein duquel on retrouvait Boonen et Terpstra, Wiggins et Thomas, De Backer (Giant-Shimano) et Langeveld.
Du coup, onze coureurs se retrouvaient en tête à moins de 10 bornes de l’arrivée, dont… trois Omega Pharma-Quick Step, deux Sky et deux Giant-Shimano. À ce moment, la situation de Sagan, Cancellara et, dans une moindre mesure de Vanmarcke, était donc bien compliquée!
La suite fut limpide, les Omega Pharma jouant parfaitement l’avantage numérique en envoyant Terpstra devant. La pression de chasser se retrouvait alors surtout sur les Giant-Shimano, puisque le sprinter Degenkolb disposait encore d’un équipier, De Backer. Les autres n’ont pas bougé. Sky aurait pu en faire plus…
LA question qui tue: pourquoi donc Cancellara, Sagan et Vanmarcke ont-ils laissé le groupe des six rentrer dans le final? Ma seule explication est qu’ils étaient probablement plus assez frais pour faire la différence, qui plus est dans un vent souvent défavorable. Et la présence de Sagan et Degenkolb, deux sprinters, dans ce petit groupe de 5 les gênait très certainement, mais il fallait tenter de s’en débarrasser!
Quoi qu’il en soit, il est très clair pour moi que Cancellara, Sagan et Vanmarcke ont perdu Paris-Roubaix en permettant au groupe de six de rentrer sur eux. L’équilibre des forces basculait alors complètement et Cancellara, en particulier, se retrouvait avec une situation difficilement gérable, avec trois Omega Pharma, deux Giant-Shimano et deux Sky.
Et même cuit, je demeure convaincu que Cancellara a commis l’erreur de ne pas produire un gros effort dans le secteur du Carrefour de l’Arbre. Les résultats montrent que des onze, beaucoup étaient sérieusement entamés, Sagan compris. Même cuit, Cancellara était peut-être le moins cuit de tous et Sagan ainsi que Degenkolb auraient peut-être cédé… mais on ne le saura jamais. Chose certaine, la présence de Stijn Devolder, équipier de Cancellara, aurait complètement changé ce final j’en suis sûr!
Je donne encore une fois un petit carton rouge à Vanmarcke qui se préoccupe beaucoup de Cancellara, mais qui entretemps n’assume pas ses responsabilités de leader de la Belkin en faisant sa propre course à lui.
Par ailleurs, j’ai bien aimé la course d’offensive des OmegaPharma, qui ont lancé Boonen à 65 kms de l’arrivée. Pendant 20 bornes, ce dernier nous a donné l’impression qu’il était parti pour faire un sacré truc. Un Omega Pharma en cachait un autre… et leur collectif n’a pas été pris en défaut.
Par contre, l’échec du collectif est à placer du côté des BMC, qui ont fait la course pour finalement s’éteindre complètement dans les 25 derniers kilomètres. Seule consolation pour eux, Thor Hushovd était visiblement de retour à son niveau, après deux années difficiles. Hoshovd termine à une très respectable 19e place, à un peu plus d’une minute du vainqueur.
Des deux Québécois au départ, seul Hugo Houle chez AG2R – La Mondiale a rallié le vélodrome de Roubaix, un bel accomplissement qu’il pourra chérir le restant de sa vie. Antoine Duchesne chez Europcar n’a pas terminé, pris dans une chute.