Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Mois : avril 2014

Roulette russe sur Paris-Roubaix!

Celle-là, je pense qu’on n’a pas fini d’en parler!

C’est à un Paris-Roubaix très ouvert et surtout très tactique qu’on a assisté hier. Son vainqueur, Niki Terpstra, est celui qui a tiré le gros lot à la toute fin, non sans un bel effort dans les tous derniers kilomètres, ne laissant aucun doute sur sa forme et son mérite.

Au sprint, Degenkolb et Cancellara ont complété le podium, Vanmarcke est 4e, Sagan 6, Thomas 7e, Wiggins 9e et Boonen 10e. Que du beau monde!

Le point tournant de la course?

Selon moi, c’est la reprise de ce qui apparaissait alors comme la bonne échappée (groupe Cancellara, Sagan, Vanmarcke, Degenkolb et Stybar) par un groupe de 6 coureurs au sein duquel on retrouvait Boonen et Terpstra, Wiggins et Thomas, De Backer (Giant-Shimano) et Langeveld.

Du coup, onze coureurs se retrouvaient en tête à moins de 10 bornes de l’arrivée, dont… trois Omega Pharma-Quick Step, deux Sky et deux Giant-Shimano. À ce moment, la situation de Sagan, Cancellara et, dans une moindre mesure de Vanmarcke, était donc bien compliquée!

La suite fut limpide, les Omega Pharma jouant parfaitement l’avantage numérique en envoyant Terpstra devant. La pression de chasser se retrouvait alors surtout sur les Giant-Shimano, puisque le sprinter Degenkolb disposait encore d’un équipier, De Backer. Les autres n’ont pas bougé. Sky aurait pu en faire plus…

LA question qui tue: pourquoi donc Cancellara, Sagan et Vanmarcke ont-ils laissé le groupe des six rentrer dans le final? Ma seule explication est qu’ils étaient probablement plus assez frais pour faire la différence, qui plus est dans un vent souvent défavorable. Et la présence de Sagan et Degenkolb, deux sprinters, dans ce petit groupe de 5 les gênait très certainement, mais il fallait tenter de s’en débarrasser!

Quoi qu’il en soit, il est très clair pour moi que Cancellara, Sagan et Vanmarcke ont perdu Paris-Roubaix en permettant au groupe de six de rentrer sur eux. L’équilibre des forces basculait alors complètement et Cancellara, en particulier, se retrouvait avec une situation difficilement gérable, avec trois Omega Pharma, deux Giant-Shimano et deux Sky.

Et même cuit, je demeure convaincu que Cancellara a commis l’erreur de ne pas produire un gros effort dans le secteur du Carrefour de l’Arbre. Les résultats montrent que des onze, beaucoup étaient sérieusement entamés, Sagan compris. Même cuit, Cancellara était peut-être le moins cuit de tous et Sagan ainsi que Degenkolb auraient peut-être cédé… mais on ne le saura jamais. Chose certaine, la présence de Stijn Devolder, équipier de Cancellara, aurait complètement changé ce final j’en suis sûr!

Je donne encore une fois un petit carton rouge à Vanmarcke qui se préoccupe beaucoup de Cancellara, mais qui entretemps n’assume pas ses responsabilités de leader de la Belkin en faisant sa propre course à lui.

Par ailleurs, j’ai bien aimé la course d’offensive des OmegaPharma, qui ont lancé Boonen à 65 kms de l’arrivée. Pendant 20 bornes, ce dernier nous a donné l’impression qu’il était parti pour faire un sacré truc. Un Omega Pharma en cachait un autre… et leur collectif n’a pas été pris en défaut.

Par contre, l’échec du collectif est à placer du côté des BMC, qui ont fait la course pour finalement s’éteindre complètement dans les 25 derniers kilomètres. Seule consolation pour eux, Thor Hushovd était visiblement de retour à son niveau, après deux années difficiles. Hoshovd termine à une très respectable 19e place, à un peu plus d’une minute du vainqueur.

Des deux Québécois au départ, seul Hugo Houle chez AG2R – La Mondiale a rallié le vélodrome de Roubaix, un bel accomplissement qu’il pourra chérir le restant de sa vie. Antoine Duchesne chez Europcar n’a pas terminé, pris dans une chute.

Cancellara pour l’Histoire!

Paris-Roubaix – La Reine des Classiques. Ambiance.

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Ca roule au pays basque

Superbe étape hier sur le Tour du Pays basque, avec un festival d’attaques dans la dernière ascension vers la ligne. Avec à la clef une victoire de Wout Poels (on attendait plutôt Kwiatkowski!) et que du beau monde dans les 20 premiers. Les acteurs des Ardennaises qui arrivent très vite maintenant sont à chercher parmi eux. Parmi les énigmes, Philippe Gilbert et Ryder Hesjedal, pour le moment pas au mieux.

Contador reste en tête de la course, avec une priorité de 12 secondes sur Valverde. Encore une étape accidentée aujourd’hui, et demain samedi le chrono de 26 bornes. Passionnant!

Backstage sur le Ronde

Magnifique vidéo autour de l’expérience des Orica-GreenEdge sur le récent Tour des Flandres.

Mes nuances dans l’histoire Arnaud Papillon

La volonté exprimée par Arnaud Papillon, ce prometteur coureur cycliste trouvé positif à l’EPO il y a 2 ans, de revenir à la compétition au sein du club cycliste de Boucherville a défrayé la chronique au cours de la semaine dernière suite à la sortie de l’ex-coureur pro François Parisien qui a refusé de partager la même tribune que M. Papillon lors du prochain camp de formation de l’équipe.

La nouvelle a même été reprise par Simon Drouin de La Presse vendredi dernier.

Plusieurs d’entre vous m’ont demandé ce que j’en pense.

Premièrement, je tiens à rassurer François, et vous tous: je suis fermement contre le dopage dans le cyclisme (en doutiez-vous?!), et je lutte à ma façon depuis plus de 10 ans contre ce cancer du cyclisme. Comme François, comme Lyne, comme plusieurs autres, je suis révolté par les coureurs qui osent se doper, car ces derniers volent tout simplement la carrière, les revenus et pire encore les rêves d’autres athlètes qui, eux, respectent les règles.

Je vous rappelle qu’il est faux de croire que tous les coureurs se dopent, comme il est faux de croire que parmi ceux qui se dopent, tous se dopent de la même façon.

Anyway comme François, j’en veux à Michael Barry et Ryder Hesjedal de l’avoir parfois volé de places sur l’équipe nationale.

Comme Lyne, j’en veux à Geneviève Jeanson d’avoir limité son épanouissement sportif. Intrinsèquement, Lyne était pourtant une athlète plus douée physiquement que Geneviève.

Comme vous tous, j’en veux à Lance Armstrong d’avoir fait tant de tort au cyclisme tout entier par ses mensonges éhontés des années durant. J’en veux aux innombrables coureurs pro dopés ces 15 ou 20 dernières années d’avoir placé ce si beau sport là où il est aujourd’hui dans l’opinion publique: un sport de triche, un sport peu crédible.

Et comme François, j’ai toujours estimé que les sanctions à l’égard des dopés n’étaient pas assez sévères. Je l’ai souvent exprimé sur ces pages.

Bref, je comprends tout à fait la position de François Parisien. Elle a l’immense mérite de laisser clairement voir les frustrations que le dopage amène parmi les coureurs sains, d’une façon différente de celle de Christophe Bassons ou Gilles Delion. Les autorités devraient en prendre acte. La justice concerne aussi les victimes!

Ceci étant, est-il acceptable voire moral qu’Arnaud Papillon revienne au cyclisme?

Je pense que oui.

Il a en effet payé sa dette selon les règles. La sanction est-elle suffisante? C’est une autre question qui concerne d’autres acteurs, notamment les institutions chargées de la gouvernance du cyclisme.

Arnaud a également reconnu s’être dopé. Ce n’est pas tous les piqués positifs qui le font, au mépris même de l’intelligence des amateurs de cyclisme.

Arnaud a donc assumé la responsabilité de ses actes.

Dans notre société de droit, chaque faute a une sanction. Une fois la sanction purgée, je suis d’avis que tout le monde a le droit à une deuxième chance.

Comme Érik Lyman avant lui, comme Benjamin Martel à la fin de la saison dernière, je suis donc d’avis qu’Arnaud Papillon doit pouvoir – s’il le souhaite et en trouve les moyens – ré-intégrer le peloton. Il sera peut-être davantage surveillé par les autorités dans l’avenir, c’est normal.

Ayant avoué avoir commis une erreur, repentant, je suis même d’avis que son expérience peut servir les plus jeunes à éviter de tomber dans le piège du dopage. Quoi de mieux côté crédibilité qu’un ex-alcoolique pour parler lors d’une soirée des AA? En ce sens, Arnaud peut oeuvrer pour le bien commun en partageant ses dérives pour faire de la prévention.

Je rejoins donc l’opinion de Simon Lambert-Lemay en quelque sorte, en ajoutant cependant que Simon devrait comprendre les frustrations de François qui sont légitimes.

J’apporte cependant une nuance très importante à cette position.

Si le fait qu’Arnaud Papillon ou d’autres ex-dopés reviennent EN COURSE après avoir purgé une suspension pour dopage me parait recevable, je suis absolument catégorique quant à permettre aux ex-dopés d’occuper, une fois la retraite sportive arrivée, des emplois dans l’univers du cyclisme lorsque ces emplois sont liés à l’encadrement – entrainement ou autre – de coureurs, quels qu’ils soient, en activité. C’est non.

L’UCI a d’ailleurs adopté, en 2011, une politique visant à interdire que des ex-dopés puissent travailler au sein d’équipe: l’UCI ne leur délivre tout simplement pas de licence à cet égard. L’esprit de ce règlement est très clair: tu t’es dopé durant ta carrière? Une fois celle-ci terminée, tu ne peux pas travailler dans l’entourage de cyclistes ou encadrer d’autres athlètes. Point final. Do something else.

Ainsi, la présence de Bjarne Riis ou Alexandr Vinokourov comme managers des équipes Tinkoff-Saxo et Astana m’apparait absolument intolérable. Comme la présence d’Erik Zabel au sein de l’encadrement chez Movistar, et tant d’autres encore. Pas surprenant dans ce contexte que le cyclisme peine à s’en sortir et que l’omerta soit toujours la règle #1…

C’est une question de confiance rompue: coureur, on peut toujours tester plus souvent ces repentis qui reviennent à la compétition. Dans l’encadrement, comment s’assurer, une fois les portes closes, de leurs bons conseils face à de jeunes coureurs qui demandent ce qu’il faut faire pour réussir au plus haut niveau?

Le vrai scandale est là selon moi: tous ces ex-dopés qui travaillent aujourd’hui encore avec de jeunes coureurs ou de jeunes pros rêvant de percer au plus haut niveau. Comment leur faire confiance le jour où, détruit par une course terminée loin derrière, le jeune néo-pro pose les vraies questions?

Cancellara… façon Boonen!

Au terme d’une course usante nerveusement, voire dangereuse, Fabian Cancellara s’est imposé hier d’une façon inhabituelle pour lui, c’est à dire… au sprint, un peu comme Boonen l’a souvent fait sur ces Flandriennes. Il a ainsi dominé ses trois adversaires, Van Avermaet, Vanmarcke et Vandenbergh qui complète dans cet ordre les 4 premières positions.

Sprint par ailleurs très intelligent de Cancellara, puisque amorcé de loin: il sait qu’une fois sa vitesse maxi atteinte, il peut la maintenir plus longtemps que les autres. Cancellara ne l’a donc pas joué sur l’explosivité, mais sur l’endurance. Bien vu!

Cancellara rejoint donc Boonen et quatre autres coureurs dans l’Histoire du Ronde, avec 3 victoires chacun.

Cancellara rejoint aussi Boonen d’une autre façon, c’est à dire au chapitre du coureur en activité le plus titré dans les Grandes Classiques, avec sept victoires.

Boonen a un Paris Roubaix de plus que Cancellara, mais ce dernier s’est déjà imposé sur Milan SanRemo. Voilà qui met la table au niveau des enjeux dimanche prochain sur la Reine des Classiques!

La course

Ce fut d’abord un festival de chutes! Des chutes partout, tout le temps. À un certain moment, on ne comptait plus celles qui ont touché Stijn Devolder, qui mérite assurément la palme du plus malchanceux hier. Une de ces chutes a été provoquée par un îlot directionnel et a envoyé Johan Van Summeren ainsi qu’une dame de 65 ans à l’hosto. Le pronostic vital étant engagé pour la dame, cet accident est venu assombrir la course.

Et dire que le milieu pro défend le maintien des oreillettes en avançant en premier lieu l’argument de la sécurité!!! N’importe quoi…

Pourquoi tant de chutes? Plusieurs raisons selon moi: une météo clémente et donc une course moins sélective, laissant un gros peloton dans les 100 derniers kilomètres, des îlots directionnels sans cesse plus nombreux en Europe, des spectateurs qui prennent trop des risques (outre l’incident VanSummeren, Popovitch a également heurté un spectateur) et aussi l’homogénéité de la condition physique des coureurs, qui rend la sélection difficile.

Anyway, outre les chutes, la course a été une sélection par l’arrière d’abord, le vent en particulier durcissant la course. Puis, dans les 30 derniers kms, ce fut une sélection par l’avant pour départager les favoris.

C’est Van Avermaet qui a lancé les vraies hostilités à environ 33 kms de l’arrivée, amenant avec lui Vandenbergh qui couvrait ainsi pour l’équipe Omega Pharma-Quick Step. Cette dernière a donc bien manoeuvré toute la course, mais manque de résultats au final, Boonen et Terpstra étant trop justes pour finir le travail.

Van Avermaet était possiblement le plus costaud hier, creusant à lui seul rapidement un écart d’une trentaine de secondes sur le paquet de favoris. Quel beau coureur!

Puis, au même endroit que l’an dernier, soit la dernière ascension du Vieux Quaremont, Cancellara a mis en route solide. Seul Vanmarcke résistait. Exit donc Sagan, qui était laissé sur place, ce qui n’a pas manqué d’en surprendre plusieurs. On attend encore les explications de sa part sur ce qui s’est passé…

Cancellara a ensuite fait l’essentiel du travail pour revenir sur Van Avermaet et Vandenbergh devant. Ici, gros carton rouge à Vanmarcke qui, hier, n’a cherché qu’une seule chose: courir contre Cancellara. Lamentable si vous voulez mon avis. Vanmarcke assumait pourtant le leadership de la Belkin… Il voulait quoi de plus, Vanmarcke, dans le final? Pourquoi ne roulait-il pas davantage pour aider Cancellara à revenir?

Anway, jonction faite c’est encore Cancellara et Van Avermaet qui ont fait le gros du travail jusqu’aux trois kilomètres, moment où Vandenbergh a placé une mine prévisible. Si Van Avermaet est bien resté calé sur Vandenbergh, ce satané Vanmarcke a encore essayé de baiser Cancellara dans la poursuite… indigne!

Et à partir de la flamme rouge, Cancellara a parfaitement maitrisé le jeu, probablement aidé par l’expérience de la course.

Les enseignements

Il y en a plusieurs.

Un, Cancellara a lui-même avoué qu’il était un peu juste et qu’il ne pouvait pas faire la différence dans la dernière ascension du Paterberg. Il sera donc peut-être meilleur encore dans une semaine sur Paris-Roubaix!

Deux, Van Avermaet a prouvé à toute l’équipe BMC qu’il peut assumer le rôle de leader. Deuxième du Ronde, c’est le meilleur résultat chez BMC depuis un bon moment… Il était selon moi le plus costaud hier. Et de façon générale l’équipe BMC a bien joué hier, avec un excellent Taylor Phinney devant pendant un bon moment.

Trois, Sagan s’est encore écroulé d’un coup. Chez lui, et ça devient une habitude, c’est tout ou rien. Il court encore après une victoire sur une grande classique! Chez lui, on commence à parler d’un moral parfois défaillant…

Quatre, la guigne puis le moral de Devolder. Il est évident, à la façon dont le type s’est battu hier pour revenir après plusieurs chutes ou incidents, que Devolder a le couteau entre les dents. Attention à lui sur Paris-Roubaix, il voudra se reprendre et Cancellara pourrait vouloir partager si c’est au sein de son équipe… Espérons seulement que le coude de Devolder, salement amoché hier, sera rétabli pour dimanche prochain.

Cinq, la couardise de Vanmarcke. À un moment donné, quant tu es leader d’une équipe, que tu es devant pour la gagne dans une grande classique et dans une échappée en petit comité, que la situation est claire, tu te dois de rouler avec tes adversaires. Hier, les relais de Vanmarcke ont été inconstants et timides dans le final. C’est pas compliqué à mes yeux, il ne méritait pas de gagner.

Six, l’échec des Omega Pharma-Quick Step. En position de force jusqu’à 40 bornes de l’arrivée, l’édifice collectif s’est effondré par la suite. Boonen était trop juste dans les 30 derniers kms, Terpstra a réagi trop tard, et l’encadrement a tardé selon moi à donner le feu vert à Vandenbergh de collaborer devant.

Sept, les Lotto inexistants. C’est la cata pour l’équipe belge qui courait à domicile, rappelons-le. Le premier Lotto est le français Tony Gallopin, 23e! Pas de quoi être fier. C’est vrai cependant que l’équipe a manqué de chance, avec notamment la grave chute de Jurgen Roelandts qui devrait être out pour Paris-Roubaix la semaine prochaine.

Huit, Filippo Pozzato. J’attendais franchement mieux de ce coureur pétri de classe, au final « seulement » 17e. Idem de Paolini, duquel j’attendais mieux.

Neuf, la FDJ. Le premier coureur de l’équipe française qui mise une partie de sa saison sur les Flandriennes est Yoann Offredo, 21e. Ca ne doit pas plaire à Marc Madiot ça!

Le Tour du Tour des Flandres

Petit tour de l’actualité autour du Tour des Flandres disputé ce dimanche.

1 – 98e édition du Ronde van Vlaanderen. La première édition a eu lieu en… 1913, juste avant la Première guerre mondiale, à une époque ou même mon grand-père n’était pas né! Cette première édition comportait… 324 kilomètres, excusez-un-peu.

2 – Trois. C’est le maximum de Ronde remporté par un seul coureur. Ils sont cinq avec ce palmarès: Achiel Buysse, Éric Leman, Fiorenzo Magni, Johan Musseuw et Tom Boonen. Ce dernier pourrait donc entrer dans l’Histoire du cyclisme dimanche en devenant le premier coureur à s’imposer à quatre reprises sur cette épreuve mythique.

3 – Parcours. 260 kms à parcourir pour Messieurs les coureurs, entre Bruges et Audenarde. 17 monts à escalader en route, tous concentrés entre le km 109 et le km 246 (les derniers 15 kms sont donc exempts de difficultés majeures). Les mythiques bosses du Oude Kwaremont (2,2 kms, pente maxi 11,4%) et du Paterberg (360m, pente moyenne de 13%, maxi 20%) sont chacune à escalader deux fois. Pour découvrir un autre mont, le Koppenberg, c’est ici. Et le Kemmelberg est ici.

4 – Pour l’Histoire. Trois coureurs peuvent entrer dans l’Histoire dimanche. Outre Tom Boonen qui deviendrait le recordman de victoires avec 4, Fabian Cancellara pourrait rejoindre les cinq autres coureurs qui ont déjà levé les bras à trois reprises sur le Ronde. Et Peter Sagan, avec une première victoire sur une grande Classique, pourrait devenir, à 24 ans, un des plus jeunes vainqueurs de la Classique depuis les 25 dernières années.

5 – Les autres favoris. Souvent en cyclisme, la présence d’archi-favoris permet à leurs équipiers d’avoir du succès, ces archi-favoris voulant se placer dans une position de force en « envoyant » leurs mercenaires devant. Et derrière, la course est alors souvent bloquée par une course d’attente improductive.

Ainsi, d’autres coureurs au sein des équipes Trek Factory Racing, Omega Pharma-Quick Step et Cannondale pourraient tirer leur épingle du jeu dimanche. On pense bien sûr en premier lieu à Stijn Devolder, équipier de Cancellara et double-vainqueur du Ronde. Il est en grande forme et pourrait bien aller au bout s’il se lance dans une échappée condamnant derrière Cancellara à une course d’attente. Devolder connait très bien le parcours et sait ce qu’il faut faire pour gagner.

Idem évidemment pour Niki Terpstra chez Omega Pharma-Quick Step, voire pour Oscar Gatto chez Cannondale.

D’autres coureurs voudront jouer les trouble-fêtes: je pense en particulier à Luca Paolini, un attaquant qui aime foutre le bordel dans une course, à Sep Vanmarcke, lui aussi coureur volontaire, à Greg Van Avermaet qui a désormais l’expérience sur cette course, voire à Geraint Thomas chez Sky qui peut aussi compter sur Boasson Hagen. Tous ont des responsabilités à assumer.

6 – La météo. Pas de pluie, un simple couvert nuageux, et des températures confortables d’environ 17 degrés attendent les coureurs. Le vent ne devrait pas non plus être un grand facteur. La météo ne sera donc pas sélective dimanche, bon pour une course plus « open ».

7 –  Dopage mécanique. J’ai toujours affirmé que je trouvais crédible l’hypothèse que Cancellara avait usé de dopage mécanique sur le Ronde 2010 alors qu’il avait déposé comme une vieille chaussette Tom Boonen dans le Muur et ce, après un changement de vélo peu justifié quelques kilomètres plus tôt. Le même scénario s’était répété une semaine après, sur Paris-Roubaix, alors qu’il avait aussi changé de vélo puis décollé tout le monde au train, bien assis sur sa selle.

À ne pas manquer, ce court article et surtout le lien sur un récent vidéo d’environ 15 minutes produit par Sporza et très éloquent quant à la réalité du dopage mécanique. Le vidéo montre notamment un Johan Musseuw décollant un coureur amateur dans le Oude Kwaremont une première fois, puis l’amateur le laissant sur place la deuxième fois, alors équipé d’un vélo mécanique.

8 – La plus belle. Une enquête révèle que les coureurs pro ont désigné le Ronde van Vlaanderen comme la plus belle Classique du calendrier. On est bien d’accord avec eux!

9 – On s’ennuie… du Muur de Geraardsbergen, ou Mur de Grammont. Le traditionnel et mythique juge de paix du Ronde van Vlaanderen ne figure encore pas au parcours cette année. Tant que la course se termine à Oudenarde et non à Meerbeke, il semble qu’on ne pourra pas ré-intégrer cette bosse au Ronde. Dommage, vraiment dommage.

10 – Les Canadiens au départ: Svein Tuft chez Orica-GreenEdge, Antoine Duchesne chez Europcar ainsi que Hugo Houle chez AG2R-La Mondiale.

11 – En marge du Ronde, la France vient de retirer la Légion d’honneur à Lance Armstrong qui poursuit donc sa descente aux enfers. Je continue de déplorer qu’il soit le seul à morfler, mais c’est ce qu’il semble lui même souhaiter!

GP OBC: dernière victime de la CCN

La nouvelle a l’effet d’une onde de choc dans la région d’Ottawa-Gatineau, voire au sein de la communauté cycliste de l’Est Ontarien et du Québec: après 15 ans d’existence, le Grand Prix du Ottawa Bicycle Club, qui se déroulait chaque juillet sur le circuit du Parc de la Gatineau, ne sera pas organisé en 2014.

Le communiqué officiel émis par le Ottawa Bicycle Club est disponible ici.

C’est donc l’une des plus belles et des plus sécuritaires courses du calendrier de cyclisme sur route de la FQSC qui disparait ainsi.

Lamentable Commission de la capitale nationale (CCN)

La raison officielle? Le risque d’accident avec les cyclistes récréatifs usagers du Parc de la Gatineau le samedi matin était apparemment devenu trop important.

La raison officieuse? Très certainement le refus de la Commission de la capitale nationale de procéder à la fermeture complète – y compris pour les cyclistes récréatifs – du circuit emprunté par la course le samedi matin en question, entre 7h et midi. Fermer la boucle du Parc présente évidemment un défi que l’organisation d’OBC ne peut relever seul. Mais la CCN a accès à des moyens autrement plus importants pour rejoindre le public, le sensibiliser et limiter les risques. Ce qu’elle n’a visiblement pas voulu faire. Et seulement trois accès doivent être bloqués pour sécuriser le parcours: l’embranchement après Pink, l’entrée sud et l’entrée nord de la « Boucle Nord ». Pas compliqué!!!

J’aurais presque préféré qu’on nous dise que c’était en raison de la hausse des risques de collision avec les chevreuils et les ours du Parc, en raison d’une hausse du cheptel: c’eut été plus crédible!!!

Je déplore évidemment haut et fort cette situation, car le Grand Prix OBC était assurément une superbe course au calendrier de la FQSC. Elle permettait à de nombreuses catégories de coureurs de disputer une course relevée et difficile, et proposait également une catégorie « débutant » originale permettant à plusieurs cyclistes d’essayer la compétition pour une première fois. Sans oublier que la qualité du revêtement et l’absence de zone habitable permettaient d’en faire une course particulièrement sécuritaire, de très loin la plus sécuritaire de toutes.

Plus encore, je me permet ici de dénoncer rien de moins que la « guerre » que livre depuis des années la Commission de la capitale nationale contre les cyclistes de performance, de même que leur gestion douteuse du Parc de la Gatineau.

Ainsi, il y a environ une dizaine d’année, la CCN a autorisé, en plein coeur du Parc de la Gatineau, la construction d’une route d’accès au domaine Mackenzie King. Un accès « historique » existait pourtant pour les voitures, via les chemins Kingsmere et Swamp, ne manquant pas de soulever des interrogations sur la nécessité de créer une telle voie d’accès détruisant de nombreux écosystèmes, tout en accroissant très significativement le trafic automobile dans le parc.

Apparemment, le lobby des résidents des chemins Kingsmere et Swamp l’aurait emporté…

Aujourd’hui, la CCN déplore régulièrement les incidents liés à la cohabitation des automobilistes et cyclistes (dont le nombre est chaque année croissant…) usagers du Parc de la Gatineau, tout en évitant bien sûr de mentionner qu’outre le développement du cyclisme (une bonne chose en soit pour de nombreuses raisons, notamment écologiques et de santé de la population), la création d’une telle voie d’accès au domaine Mackenzie King est directement lié à cette augmentation des incidents.

Plus récemment, la CCN posait un autre geste contre les cyclistes de performance en installant, en une seule nuit, de très nombreux dos d’âne sur l’ovale routier de 2 km du centre Asticou. La CCN n’était pourtant pas sans savoir que cet ovale était utilisé depuis de nombreuses années, surtout les soirs après 18h, par plusieurs clubs cyclistes et de triathlon comme zone d’entrainement. Cette décision a évidemment condamné l’usage de cet ovale pourtant parfait pour les cyclistes voulant s’entrainer dans un environnement plus contrôlé et sécuritaire que sur les routes. Raison officielle? Lutter contre les courses d’automobile la nuit! Devant la pléthore d’autres solutions possibles, on doutera bien évidemment de la raison évoquée par la CCN pour condamner ainsi le centre Asticou à la pratique cycliste.

Enfin, plus récemment encore, la CCN a été au coeur d’un vaste scandale entourant la fermeture d’un tronçon de 500 mètres de route, la rue Gamelin, pourtant largement utilisé comme voie d’accès au Parc de la Gatineau et au sud de Hull. Raison évoquée par la CCN? Je vous le donne en mille: la préservation des écosystèmes! On parle ici d’un tronçon de route de 500m sur lequel circulait des automobiles depuis des années, en plein coeur de la ville de Hull. Plus encore, ce tronçon permettait d’accélérer le service ambulancier entre certains quartiers en plein essor et l’hôpital de Hull! Anyway, il est drôle de constater que la préservation des écosystèmes n’a pas été une préoccupation lorsqu’est venu le temps d’autoriser la création d’une voie d’accès au domaine Mackenzie King, un domaine pourtant situé en plein coeur du Parc, à des kilomètres de toute zone habitée, et donc au coeur de l’habitat de nombreuses espèces végétales et animales…

Bref, je suis convaincu que la CCN a pris de nombreuses décisions plus que regrettables au cours des dernières années avec pour principale victime les cyclistes de performance de la région.

Dans le cas de la course dans le Parc de la Gatineau, en quoi la fermeture de la boucle du Parc pendant environ 7 heures un samedi matin de l’année est-il un problème? On ne parle pas ici des fermetures de route en plein coeur d’une ville comme le nécessite 10 fois dans l’été les Mardis cyclistes de Lachine! En quoi cela sert-il l’intérêt commun, surtout considérant que le Parc est réservé aux cyclistes tous les dimanches matin de l’été?

Quoi qu’il en soit, je salue haut et fort l’engagement du Ottawa Bicycle Club toutes ces années pour nous produire tout simplement ce qui était la meilleure et la plus sécuritaire des courses cyclistes du calendrier annuel de la FQSC. Bravo, et surtout merci.

Ca ne me donne pas le goût de me lancer dans l’organisation d’un Grand Prix La Flamme Rouge dans ma région!

Pour se mettre dans l’ambiance du Ronde…

Le Tour de l’actualité

À moins d’une semaine du Ronde van Vlaanderen, un petit tour de l’actualité.

1 – Comme vous, je ne connaissais pas Silvan Dillier (BMC) avant le final de Gent-Wevelgem dimanche. Dillier est un jeune coureur suisse (23 ans), au beau palmarès sur piste et dans les chronos en Suisse. Vainqueur d’une étape au Tour d’Alberta l’an dernier, cette victoire a convaincu les dirigeants de BMC de lui donner sa chance au plus haut niveau. Le flair a payé, car pour mener grand train pendant plus de 15 bornes avec Devolder et Amador, fallait avoir de la caisse. Un nom à retenir pour les prochaines courses!

2 – Comme l’a écrit en commentaire Alain39, il faut souligner le beau début de saison des coureurs français qui sont souvent bien placés. Demare a terminé 2e de Gent-Wevelgem dimanche, alors qu’au même moment, Bardet (4e) et Barguil (9e) terminaient dans les 10 premiers du Tour de Catalogne remporté par Joaquim Rodriguez. Thibault Pinot y confirmait aussi une belle montée en puissance, terminant 13e du général. Bouhani a déjà gagné cette saison, et Voeckler repointait le bout de son nez dans la dernière étape du Tour de Catalogne aussi.

Bref, la jeune génération française est intéressante et décomplexée, et ça fait plaisir à voir! Y’a que du côté de Cofidis où ça roule moins fort depuis un moment déjà…

3 – Tour de Catalogne justement. Derrière le vainqueur Rodriguez, que du beau monde: Contador (2e), Van Garderen (3e), Bardet (4e), Quintana (5e) et Froome (6e). Les organisateurs sont probablement contents, ils ont livré une belle course en 2014, avec de belles étapes propices à la bagarre.

À ne pas rater non plus, un certain Rider Hesjedal qui pointe son nez en 15e place du général…

4 – D’après ce que je comprends, Stijn Devolder a rallongé dimanche après Gent-Wevelgem, s’installant derrière le derny conduit par son père pour accumuler quelques kilomètres de plus, au rythme de course. Aie!!!

5 – Je tiens à remercier tout particulièrement un lecteur, Vincent, pour son commentaire laissé hier suite à mon petit texte sur Devolder justement. C’est le genre de commentaire qui récompense directement mon travail sur La Flamme Rouge, à partager presque tous les jours ma passion du cyclisme avec vous.

Je te rassure Vincent, je ne manquerai rien des derniers 100 bornes du Ronde dimanche prochain, vibrant avec mes amis belges pour chaque coureur qui enverra du lourd dans les monts pavés. Bonne chance samedi sur le Ronde cyclo, un sacré programme, mais je vois que tu maitrise assez bien, donc on y va confiant! Et je partage tout à fait ton avis: les courses seraient très différentes sans ces oreillettes de merde qui « robotisent » les coureurs et vouent à l’échec les tentatives d’échappées légitimes.

6 – Gent-Wevelgem. Pour un aperçu de l’ambiance sur le côté de la route sur les grandes Classiques belges d’avril, ce sympathique petit vidéo de l’ami Jean-Michel Guidez qui a assisté pour nous à Gent-Wevelgem dimanche dernier. On pourra constater que les merguez sont toujours bien présentes, et que le cyclisme attire tout le monde, du passionné aux familles qui se déplacent avec les plus jeunes.

Et pour ceux qui voudraient une explication aux étranges bruits fatigants voire insupportables qu’émet la voiture ouvreuse, c’est ici. Je me demande encore comment le chauffeur de la voiture n’est pas fou…

7 – Infirmerie. Exit Stannard et Greipel pour les prochaines Classiques, victimes tous deux de blessures sur chute. Dommage.

8 – Du vent, de la pluie possibles pour dimanche prochain sur le Ronde. Les coureurs peuvent être inquiets, la course sera probablement durcie par les éléments. Aie.

9 – Nous sommes deux François Parisien à tenir une position très ferme à l’endroit du dopage dans le cyclisme. Bravo!

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