Temps de selle aujourd’hui pour Rui Costa, le nouveau champion du monde: 7h25.
Plus de 7h de selle, c’est déjà très long, alors imaginez sous la grande flotte! C’était l’invitée-surprise de cette course sur route des Mondiaux, une pluie torrentielle toute la journée et qui a considérablement durci la course. Commentaires du Canadien François Parisien, qui s’est bien battu et maintenu dans le premier groupe jusqu’à deux tours de la fin: « Pendant 240 kilomètres, c’était vraiment une pluie torrentielle. On roulait parfois dans un demi-pied d’eau. C’était assez extrême. Je n’avais jamais couru dans de telles conditions. Ç’a été une expérience vraiment unique. J’ai fait six championnats du monde dans ma carrière, mais celui-là je vais m’en rappeler longtemps. »
À ne pas manquer, cet intéressant et court vidéo nous permettant de mieux saisir la difficulté des éléments hier.
Bref, ce fut une sélection par l’arrière jusqu’au dernier tour où une poignée de survivants – une petite quarantaine – se sont expliqués.
Comme trop souvent sur les Mondiaux, les Italiens se sont découverts très tôt dans la course, contrôlant le peloton derrière une échappée de cinq hommes réduite à trois, puis à deux dans le final. Les Italiens ont bien joué dans ce final, lançant un moment Scarponi qui avait visiblement de bonnes jambes. Nibali a pour sa part joué de malchance, allant au tapis et devant par la suite se payer une belle poursuite pour rentrer sur l’avant de la course (merci à la voiture de l’équipe d’Italie…). Il y a laissé très certainement des énergies. Seule déception, Pippo Pozzato qui était présent dans le final, mais au neutre. Peut-être était-il la carte de réserve des Italiens en cas de regroupement à un kilomètre de la ligne?
Les Espagnols ont également bien joué, étant plus discrets que les Italiens mais présents au bon moment avec un temps Contador, puis Rodriguez et Valverde dans le dernier tour. Ces deux-là terminent 2e et 3e, de quoi nourrir des regrets… Valverde commet-il une faute en ne marquant pas Costa – son équipier chez Movistar… – lorsqu’il part à la poursuite de Rodriguez? Si je crois que Valverde aurait en effet dû marquer Costa à la culotte, je doute qu’il s’agisse d’une affaire d’équipe puisque Costa a annoncé, après le Tour de France, avoir signé chez Lampre l’an prochain.
Costa a pour sa part prouvé une fois de plus être un sacré renard dans le final de courses cyclistes, produisant son effort au bon moment, ni trop tôt, ni trop tard. Ne bénéficiant que de deux équipiers portugais au départ, Costa a fait une course discrète pour sortir au bon moment, un peu comme au GP de Montréal en 2011. C’est bien joué et il fallait de sacrés bonnes pattes pour être présent dans les derniers hectomètres par une telle météo: son rapproché sur Rodriguez dans les 1500 derniers mètres ne fait aucun doute, il marchait du feu de Dieu!
Mon favori hier, Cancellara, n’a finalement pas pu s’exprimer dans les derniers kilomètres, étant trop juste face aux grimpeurs de poche comme Nibali, Valverde ou Rodriguez. Sagan s’est également éteint dans le final, incapable d’accompagner les meilleurs dans les dernières ascensions, tout comme Gilbert à qui il manquait un petit quelque chose. Outre les Italiens qui loupent le podium, les Belges ont dû être les plus déçus puisque Gilbert avait fait donner de son équipe pour ramener l’échappée devant dans le final, laissant un moment croire qu’il était vraiment très bien.
Les autres favoris? Beaucoup ont abandonné tôt, à l’exception peut-être de Contador qui a rendu les armes après avoir travaillé pour son équipe dans le final. Ceci étant, les Froome, Evans, Porte, Wiggins, Cavendish, Martin, Gesink, Horner et Van Garderen sont tous rentrés à l’hôtel avant les derniers tours du circuit.
Quoi qu’il en soit, Costa ajoute donc la plus belle ligne à son palmarès qui, mine de rien, devient l’un des plus beaux des coureurs actuellement en activité: outre son titre de champion du monde 2013, il a été 2e du Tour de l’Avenir 2008, a remporté les Quatre jours de Dunkerque 2009 ainsi que 3 étapes sur le Tour de France (2011, et 2 étapes cette année), le GP de Montréal 2011 et deux fois le Tour de Suisse (2012 et 2013). Seul un contrôle positif à la methylhexanamine en 2010 vient quelque peu ternir cette feuille de route impressionnante.
Les Canadiens
Meier et Parisien ont tous deux abandonné. Parisien a fait la plus belle course, se maintenant dans le premier peloton de chasse jusqu’au km 240, excusez un peu.
Les autres courses
Chez les juniors, c’est Mathieu Van der Poel qui a gagné. Ce coureur est le fils d’Adrie Van der Poel, coureur de Classiques des années 1980 (vainqueur du Tour des Flandres 1986, de Liège-Bastogne-Liège 1988, de l’Amstel 1990 et des Mondiaux de cyclo-cross en 1995), et de Corinne Poulidor, la fille de Raymond Poulidor. Mathieu a déjà été couronné deux fois champion du monde de cyclo-cross chez les juniors, suivant donc les traces de papa! Cinq coureurs canadiens étaient au départ, un seul a terminé, loin.
Chez les U23, victoire du slovène Matej Mohoric, un nom à retenir puisque ce coureur avait déjà été sacré champion du monde de la course sur route l’an dernier chez les juniors (et 2e du chrono)! Mohoric rejoindra l’an prochain Peter Sagan chez Cannondale, de quoi renforcer le punch de cette équipe. Le Canadien Antoine Duchesne termine 46e à plus de 2 minutes du vainqueur.
Chez les femmes, troisième titre du phénomène Marianne Vos, après ses victoires en 2006 et 2012 (elle a aussi terminé 5 fois 2e des Mondiaux sur route!). Rappelons que Vos fait aussi de la piste et du cyclo-cross avec succès, faisant d’elle l’actuelle « Eddy Merckx » du cyclisme féminin.