Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Mois : juin 2013

28e édition du Tour de Beauce

Capture d’écran 2013-06-10 à 23.05.14Ca commence aujourd’hui et c’est une de nos plus belles courses en Amérique du Nord, car « la Beauce » a la réputation d’être une course difficile, très usante, et qui ne s’offrent qu’aux plus costauds.

Y’a qu’à voir le palmarès de l’épreuve pour s’en convaincre: ont gagné en Beauce les Yvan Waddell, Gervais Rioux, Jacques Landry, Jonathan Vaughters, Levi Leipheimer, Henk Vogels, Michael Rogers, Svein Tuft et Francisco Mancebo, entre autres. Tous des excellents cyclistes ayant un beau palmarès! D’autres coureurs de premier plan sont montés sur le podium, avec récemment des coureurs du peloton pro comme Hugo Houle ou encore Sergio Henao.

Y’a pas à dire, seul Steve Bauer ne figure pas sur la liste des vainqueurs de cette épreuve canadienne, et ca manque franchement à son palmarès!

Le parcours

Cette année, le Tour de Beauce comporte six étapes totalisant 738 kms, répartis ainsi: trois étapes « en ligne » dont la difficile étape du Mont Mégantic, désormais un classique, un chrono de 20 kms en milieu d’épreuve et deux circuits urbains durant les deux dernières étapes, le premier à Québec sur le circuit de la côte Gilmour (à peu de chose près, le même circuit que le GP de Québec, ou est-ce l’inverse?!), le deuxième à St-Georges.

Pour le général, la course se jouera très certainement au Mont Mégantic sur la 3e étape, puis le lendemain sur le chrono.

Pour le reste, il faut avoir une bonne équipe pour contrôler le peloton qui est souvent très actif, les possibilités d’échappées étant nombreuses sur un tel terrain toujours accidenté. Pas facile de contrôler « la Beauce » et les coureurs y laissent beaucoup d’énergie. Il n’y a pas d’étapes de repos ou faciles!

Le plateau

Pas mal du tout cette année, avec de réelles chances de voir un coureur canadien s’imposer. Le peloton compte en effet plusieurs équipes canadiennes/québécoises, notamment Ekoi-DeVinci, Norco-Premier Tech, Garneau-Quebecor, Team Médique et l’équipe nationale canadienne.

Parmi les coureurs canadiens/québécois à surveiller, les Ryan Roth (Champion System), Antoine Duchesne (Bontrager), David Boily (Amore&Vita), Bruno Langlois et Michael Woods (Garneau-Quebecor) ainsi que Guillaume Boivin, Hugo Houle, Christian Meier et Dominique Rollin (équipe nationale canadienne).

Je mise en particulier sur les Boily, Houle et Woods dont le parcours leur convient et qui sont de véritables machines humaines. Woods est absolument incroyable, il a atomisé ma course régionale il y a 10 jours dans le Parc de la Gatineau. Parti après le peloton car arrivé en retard, il a rattrapé tout le monde, puis déposé tout le monde, pourtant du beau monde. On ne l’a jamais revu, et pourtant la boucle du Parc ne s’était de mémoire d’homme jamais faite aussi rapidement (55 minutes!). Ce type est incroyable nom de Dieu!

L’opposition est cependant très forte puisqu’on compte aussi au départ les Francisco Mancebo (un ancien vainqueur, aujourd’hui chez 5hr Energy), Jason McCartney (Bissel), Benjamin Jacques Maynes (Jamis) ainsi qu’une puissante formation UnitedHealthCare dirigée par Hendrik Redant, avec les Benjamin Day (aussi un ancien vainqueur), Marc De Maar, Davide Frattini, Philip Deignan et Lucas Euser. Aie.

Bref, ca sera super-intéressant que ce Tour de Beauce qui s’annonce déjà très relevé.

Nouveau cette année

La caravane publicitaire, comme sur le Tour de France!

Suivre la course

Difficile si vous n’êtes pas sur la course. Des photos et des vidéos seront disponibles sur le site Internet du Tour de Beauce, espérons assez rapidement.

À quand une couverture télé digne de ce nom, par Radio-Canada, TVA ou RDS par exemple? Le cyclisme est en pleine explosion au Québec et au Canada, et cette épreuve, l’une des plus belles, des plus historiques et des plus difficiles en Amérique du Nord, le mériterait tellement!

Que se passe-t-il chez Europcar?

Aie aie aie.

Il y a des nouvelles qui nous touchent davantage que d’autres, forcément.

Celle-ci en est une.

L’équipe Europcar se retrouve ce matin dans la tourmente, puisque le journal L’Équipe a révélé que Pierre Rolland, un de ses deux leaders, n’aurait pas dû prendre le départ de la 8e étape du Dauphiné Libéré pour raison sanitaire. En effet, un contrôle tôt le matin aurait révélé un taux de cortisolémie effondré, laissant croire à une insuffisance surrénalienne.

Cette règle est appliquée aux équipes qui ont adhéré au Mouvement pour un cyclisme crédible.

Évidemment, les raisons derrière ce taux effondré soulèvent des questions qui tuent. Dopage? Chose certaine, une des causes les plus fréquentes d’un effondrement du taux de cortisolémie est la prise de corticoïdes sur une longue période.

Ou alors, le contrôle a-t-il été fait correctement?

Quoi qu’il en soit, c’est très troublant, surtout que ce n’est pas la première fois que des soupçons d’usage de cortisone, de corticoïdes voire d’autres produits se dirigent vers l’équipe Europcar. L’an dernier, une enquête avait même été lancée, classée sans suite par après. Anthony Charteau avait également fait l’objet d’une mise à l’arrêt sur les Quatre Jours de Dunkerque 2012 suite à un contrôle sanguin pas très normal.

Jean-René Bernaudeau joue un jeu dangereux

La crise a pris de l’ampleur aujourd’hui alors que Jean-René Bernaudeau, manager général de l’équipe, a déclaré que la prise du départ de Rolland avait été autorisée par le médecin Armand Mégret.

Le démenti de Mégret n’a pas tardé, ce dernier étant manifestement en beau pétard avec les déclarations de Bernaudeau.

Qui dit vrai?

La suite

Roger Legeay, président du Mouvement pour un cyclisme crédible, doit entendre Bernaudeau et Mégret rapidement, afin de tenter de faire la lumière sur cette situation regrettable.

L’équipe Europcar pourrait-elle être privée de Tour de France? Rappelons que les règles du Mouvement pour un cyclisme crédible sont claires, une auto-suspension étant recommandée sur la prochaine course en cas d’affaires de dopage au sein d’une équipe. L’équipe AG2R La Mondiale vient justement de se priver volontairement du Critérium du Dauphiné suite au contrôle positif de Sylvain Georges lors de la 7e étape du Giro.

Si l’équipe Europcar ne devait pas faire le Tour en raison de cette situation, quelle drame pour David Veilleux. Surtout que la nouvelle est confirmée ce matin par le principal intéressé lui-même: sa participation au Tour a été confirmée. Normalement, il sera au départ!

Espérons que la situation à l’égard de Rolland pourra être rapidement clarifiée, et que d’autres mauvaises nouvelles ne nous parviendront pas dans les prochaines heures.

Froome, façon Armstrong

Chris Froome a remporté le Dauphiné Libéré hier en dominant largement ses adversaires.

Il a été en contrôle de l’épreuve du premier au dernier kilomètre. Il savait qu’il prendrait le contrôle soit mercredi dernier suite au chrono, soit le lendemain sur la première étape de montagne vers Valmorel, pour ne plus le lâcher.

Le plan de match a été respecté.

C’est ce qui est bien cette année avec Chris Froome: on sait à quoi s’attendre. Il respecte son programme en gagnant presque à chaque fois, coup sur coup: son programme 2013 passait par le Tour d’Oman, Tirreno-Adriatico, le Critérium International, Liège-Bastogne-Liège, le Tour de Romandie puis le Dauphiné. Il a remporté le Tour d’Oman, le Critérium International, le Tour de Romandie et le Dauphiné. Il a terminé 2e à Tirreno-Adriatico, à 23 secondes de Nibali, et n’a donc « déçu » que sur la Doyenne, terminée à la 36e place.

Prochain objectif, le Tour. Aie. À la lumière de sa saison actuelle, et à la lumière de la méthode Wiggins de l’an dernier chez Sky qui nous avait fait le même genre de saison avant le Tour, je propose de nous éviter l’ennui en juillet et de lui remettre dès aujourd’hui le maillot jaune (le Tour 2012 a été qualifié par de nombreux suiveurs comme le Tour le plus ennuyeux des 20 dernières années…). Guillaume Prébois a également publié très récemment un article en ce sens, qui vaut la peine d’être lu.

Le plus comique? Froome nous la joue intox, et modeste. Intox car il déclare « Je suis la preuve«  (ndlr: qu’on peut gagner sans se doper). Modeste car il déclare « J’apprends toujours«  (ndlr: à être leader d’une équipe).

Des messages évidemment totalement vide de sens, appuyés par aucun justificatif, aucun argument crédible et tangible.

Perso, à la lumière des 20 dernières années dans le cyclisme, je préfère me poser des questions lorsque je vois un coureur dominer autant le reste du paquet, afin de rester lucide et de ne pas m’exposer à de nouvelles déceptions si une mauvaise nouvelle devait survenir. Car chose certaine, la supériorité de Froome est actuellement insolente, il fait vraiment ce qu’il veut de tous les autres coureurs qu’il rabaisse au rang de vulgaires cadets surtout lorsque la route s’élève.

Et malheureusement, ca me rappelle trop une certaine époque Armstrong où, on le sait grâce à Lance lui-même, la clef du succès était dans un travail plus acharné, plus professionnel que les autres… comme Froome et les Sky, plus « pro », plus pointus que les autres dans leur prépa. Les professionnels de la comm savent y faire pour contrôler le message public, et ils n’hésitent pas à nous le resservir jusqu’à l’écoeurement. Beaucoup ont la mémoire courte. Pas moi!

Seul espoir, vivement les calculs de puissance, qu’on nous éclaire un peu!

Le Tour de l’actualité

Beaucoup de nouvelles à commenter dans le monde du cyclisme:

1 – Capture d’écran 2013-06-07 à 15.08.41Fin de cycle. Autopsie d’un système corrompu. C’est le nouveau livre publié très récemment par l’excellent journaliste d’enquête Pierre Ballester.

Rappelons que Ballester est l’auteur, avec David Walsh, de plusieurs enquêtes et ouvrages sur Lance Armstrong, des ouvrages ayant directement contribué à sa chute puisqu’ils ont été le point de départ des travaux de l’USADA.

Cette fois-ci, Ballester s’attaque surtout à l’UCI et dénonce les dérives de cette institution durant les années Armstrong.

Une critique de cet ouvrage sera prochainement publiée sur La Flamme Rouge. En attendant, il ne faut absolument pas manquer cette entrevue avec Ballester sur France Info, où Ballester dénonce l’UCI et estime que les histoires de dopage, ce n’est pas bon pour le cyclisme, mais c’est bon pour la popularité du Tour…


Pierre Ballester : « Le Tour de France est mort » par FranceInfo

2 – Pat McQuaid. On comprend mieux maintenant le contexte de l’arrivée dans la course à la présidence de l’UCI du président de la fédé britannique Brian Cookson. Dans une lettre rendue publique, McQuaid dénonçait les liens existants entre Cookson et Igor Makarov, président de la fédé russe de cyclisme et de la compagnie Itera derrière l’équipe Katusha. Makarov vient de réagir publiquement aux propos et allégations de McQuaid.

En fait, ce qui se passe est très certainement lié au fait que l’UCI ait tenté, l’hiver dernier, d’exclure l’équipe russe Katusha du World Tour, une situation que n’a visiblement pas apprécié Makarov, et on le comprend. Légalement, la décision de l’UCI était indéfendable, pour preuve le TAS a en effet renversé la décision et exigé la ré-introduction de l’équipe au sein du WorldTour, affaiblissant d’autant la crédibilité de l’UCI. Makarov règle probablement ses comptes avec McQuaid en ce moment.

Mon avis? Pat McQuaid a ce qu’il mérite. Il ne peut pas prétendre d’un côté que l’UCI ne pouvait agir durant les années 2000 à l’endroit de Lance Armstrong faute de moyens légaux, et de l’autre omettre arbitrairement une équipe du WorldTour justement sans cadre législatif.

3 – UCI encore. Comme moi, Travis Tygart comprend de la même manière la « game » que joue actuellement l’UCI en se trainant les pieds dans le cadre des suites à donner à l’Affaire Armstrong. Selon Tygart, “It’s the stall game: Let’s delay. Let’s let the season start. Let the Tour happen. Memories will fade and pretty soon it will be business as usual. And that will be a real tragedy and we [USADA] are not doing our job if we let that happen.

L’élection pour la présidence de l’UCI en septembre prochain n’est certainement pas étrangère à la situation.

Seule ouverture qu’il convient de signaler par honnêteté intellectuelle, McQuaid a affirmé mercredi dernier que l’UCI allait collaborer avec l’AMA et l’USADA dans ce dossier en lui transmettant dès cette semaine les premières informations pertinentes. J’ajoute cependant que l’UCI a probablement eu tout le temps nécessaire, ces derniers mois, pour caviarder l’information à son avantage…

4 – Dauphiné Libéré: victoire de Thomas Voeckler hier et qui confirme l’excellent Dauphiné de l’équipe Europcar après les succès de David Veilleux.

On retiendra surtout de cette étape l’incompétence notoire des deux coureurs Astana qui sont arrivés avec Voeckler. Normalement, au niveau pro, lorsque deux coureurs de la même équipe arrivent au sein d’une échappée de seulement quatre coureurs, la victoire peut difficilement leur échapper. Ces deux coureurs, Silin et Seeldraeyers, terminent en fait 3e et 4e de l’étape! Silin a bien attaqué au kilomètre, Voeckler est allé le chercher, mais le contre de Seeldraeyers était trop mou pour être efficace. Du coup, la dynamique d’attaque un après l’autre s’est rompue et Voeckler n’a eu aucun mal à battre tout le monde au sprint. Lamentable à ce niveau de professionnalisme!

5 – Europcar. Le sponsor devrait se retirer en fin d’année, donc Jean-René Bernaudeau est actuellement à la recherche d’un repreneur. Si les succès du Dauphiné arrivent très certainement à point pour lui, le prochain Tour de France sera également important pour l’équipe.

6 – Ryder Hesjedal a renouvelé quant à lui son contrat chez Garmin jusqu’en 2015. Très certainement avec un salaire revu à la hausse!

7 – Tour de Suisse. Ca commence aujourd’hui avec un très intéressant plateau de coureurs en préparation finale pour le Tour de France.

En action en Suisse, les Rui Costa, Joaquin Rojas, Simon Spilak, Fabian Cancellara, Andy Schleck, Tom Boonen, Janez Brajkovic, Ryder Hesjedal, Daniel Martin, Philippe Gilbert, Tejay Van Garderen, Michele Scarponi, Peter Sagan, Wilco Kelderman, Luis Leon Sanchez, Roman Kreuziger, Nicolas Roche, Igor Anton, Thibault Pinot et Arnaud Demare, entre autres.

Il sera particulièrement intéressant de suivre la progression d’Andy Schleck au cours des 9 étapes de l’épreuve. Pour la victoire finale, je vois bien Van Garderen qui, j’en suis sûr, estime probablement qu’une victoire en Suisse lui permettrait de revendiquer un statut de co-leader de la BMC sur le Tour.

Du côté du parcours, les étapes à surveiller sont la 2e étape avec l’arrivée en altitude à Crans-Montana dimanche, la 7e étape vers La Punt ainsi que le chrono de 27 bornes le dernier jour.

8 – Tour de Beauce. Ca s’en vient la semaine prochaine, soit du 11 au 16 juin. Je vous reviens à ce sujet très bientôt, question de bien présenter cette course.

9 – Radio Vélo. Si ce n’est pas déjà fait, courrez-vite vous abonner au Podcast de cette très sympathique émission de radio portant sur le cyclisme professionnel. C’est bien fait, c’est intéressant, c’est vivant, ca fait le tour de l’actualité en environ 53 minutes, et les animateurs ont un accent que j’adore. Rafraichissant!

10 – La Grande Boucle, le film. Ca sort la semaine prochaine (le 12) sur les écrans en France. Espérons qu’il sera possible de le voir au Québec très bientôt. À ne pas manquer, cette petite rétro des grands films cyclistes du cinéma au cours des dernières décennies.

Dauphiné: le point

Avec l’étape de transition vendredi, c’est l’occasion de faire le point sur le Critérium du Dauphiné Libéré. Approche par coureur.

David Veilleux

La belle épopée de David a pris fin sans surprise mercredi dernier sur le chrono de 33 bornes remporté sans surprise non plus par le spécialiste Tony Martin qui a repoussé ses premiers poursuivants à presque une minute derrière lui. Martin arrive en grande condition à temps pour le Tour, où il nourrit quelques ambitions.

David a terminé 76e de ce chrono, à 3min53. Mais plus important, il termine 2e Europcar, derrière Rolland 46e à 3min23, soit à peine 30 secondes de moins que David. Voeckler n’est que 94e, à 4min14.

Sur la première étape de montagne jeudi, David a également bien tenu son rang, terminant à une belle 43e place à un peu plus de 4 minutes du vainqueur Chris Froome. Seul Voeckler a pu mieux faire au sein de l’équipe Europcar, Rolland étant cependant attardé sur un incident mécanique au pied de la dernière difficulté.

Bref, ce Dauphiné est déjà un grand succès pour David, qui doit cependant « terminer » le travail en ne faiblissant pas au cours des prochains jours, question de montrer à son entourage qu’il est à l’aise sur une course aussi longue.

Chris Froome

Le nouveau maillot jaune a pris les commandes grâce à une victoire d’étape sans équivoque à Valmorel, répondant à une attaque de Contador près du dernier kilomètre puis poursuivant l’effort pour terminer seul, quelques secondes devant le champion espagnol.

Froome nous donne donc toutes les garanties en prévision du Tour: il grimpe très bien, mais il roule vite aussi sur les chronos, ayant terminé 3e mercredi dernier à environ une minute de Martin.

Nul doute, Froome est super-costaud, mais la question qui tue est la suivante: est-il costaud trop tôt? La dernière semaine du Tour de France n’est que dans… 6 semaines!

Alberto Contador

Très mauvais chrono pour l’Espagnol, repoussé à la 61e place à plus de 3min30 du vainqueur Martin, et à plus de 2min de Froome.

Contador a parlé de ses allergies comme explication de cette contre-performance sur le chrono (j’en sais quelque chose!), estimant que le Dauphiné ne lui a jamais très bien réussi pour cette raison. Rappelez-vous l’année où il a échoué face à un surprenant Brajkovic, notamment dans l’ascension de l’Alpe d’Huez…

Pour revenir aux chronos, Contador n’a jamais refait de grands contre-la-montre depuis celui du lac d’Annecy sur le Tour 2009 où il avait battu… Fabian Cancellara. Vous pourrez vous-même formuler des hypothèses quant aux raisons de cette situation. Moi, je l’ignore, mais je constate que la hiérarchie change souvent depuis quelques années dans le peloton, peut-être pour le mieux?

Jeudi, Contador s’est retrouvé quelque peu, attaquant dans le final et prouvant ainsi que même diminué, il demeure un sacré grimpeur et un sacré attaquant aussi.

À 3 semaines du départ du Tour, l’Espagnol a encore le temps de beaucoup s’améliorer. Ce Dauphiné n’est cependant pas très rassurant sur sa condition, et n’aide en rien à bâtir sa confiance en lui.

Alejandro Valverde

Discret, mais présent. Il est 12e du général, et c’est un sacré talent sur un vélo. Attendons les étapes du week-end pour en dire plus sur son compte.

Samuel Sanchez

Décevant, il termine à plus d’une minute 30sec à Valmorel. J’attendais beaucoup plus de lui suite à un Giro terminé sur une forme ascendante.

Rein Taaramae

De quoi espérer chez Cofidis… qui en a bien besoin. Ce coureur a un grand talent, attendons la suite ce week-end pour confirmer une forme ascendante.

Michal Kwiatkowski

5e du chrono, légèrement off the pace vers Valmorel, le jeune coureur de la Quick Step pointe tout de même en 8e place du général. Très bien.

Les étapes du week-end

Samedi, en route vers Superdévoluy, le passage à l’Alpe d’Huez puis au col de Sarenne lancera certes la course, mais sera situé trop loin de l’arrivée pour provoquer la bagarre chez les favoris qui attendront plutôt le col du Noyer pour tenter quelque chose. Je n’attends pas grand chose de cette étape pour mettre en danger Froome.

Dimanche, c’est plus intéressant avec, dans le final, Vars et la montée roulante vers Risoul. Pour l’avoir faite sur la Haute Route, Risoul sera du gateau tout cuit pour les Sky qui pourront faire ce qu’ils font de mieux: imposer un train soutenu en tête du peloton, pour limiter les possibilités d’attaque. Pour réussir un bon coup, leurs adversaires devront selon moi exploiter le col de Vars plutôt que d’attendre la montée finale.

Le pipeau de Pat McQuaid

L’individu me donne des boutons. Je vais bientôt devoir aller en thérapie pour être capable de gérer ca!

Pat McQuaid sévit une nouvelle fois, il vient de publier une lettre en réaction à l’annonce récente de Brian Cookson, président de la fédé britannique de cyclisme, de briguer contre lui le poste de président de l’UCI lors des élections de septembre prochain.

Il s’agit sans l’ombre d’un doute une preuve additionnelle d’à quel point McQuaid tente de s’accrocher désespérément à son poste. Je n’y vois qu’une raison possible: ses ambitions personnelles, point final, et nullement les intérêts supérieurs du sport cycliste.

En effet, pourquoi McQuaid cherche-t-il autant une ré-élection? Critiqué de toutes parts, non désiré par beaucoup, constamment baignant dans les scandales, pourquoi insister?

Anyway, la lettre de McQuaid dénonce surtout des tractations en cours visant à nuire à sa ré-élection. Si McQuaid a probablement raison de s’inquiéter de la légalité ou la moralité de certaines actions, j’estime qu’il est bien mal placé pour se poser ainsi en un « défenseur de la démocratie ».

En conclusion, McQuaid ré-itère son intention de servir le cyclisme, tout le cyclisme, au cours des prochaines années. Surtout, il écrit « (…) as well as ensuring that the UCI has remained at the forefront of the fight against the scourge of doping in sport. »

Pure désinformation!

M. McQuaid, quelques questions pour vous, pour aller au delà des communiqués léchés vide de sens:

1 – tout le monde reconnaît que l’UCI est en conflit d’intérêt permanent entre la promotion du cyclisme, qui exige une image de marque, et la lutte contre le dopage, qui ternit l’image du cyclisme. Pourquoi l’UCI se traine-t-elle les pieds dans ce dossier? Pourquoi l’UCI ne prend-t-elle pas le leadership d’une réforme de la gouvernance de ce sport pour clairement donner le dossier de la lutte contre le dopage à des instances internationales indépendantes? Pourquoi autant de temps?

2 – Pourquoi l’UCI se réfugie-t-elle derrière des statistiques vides de sens portant sur le nombre de contrôles antidopage pour justifier ses actions, en réalité très modestes? La majorité des grands scandales de dopage des 20 dernières années sont survenus à la suite d’enquêtes journalistiques ou policières… Qu’attend l’UCI pour collaborer avec les autorités nationales en partageant de l’information, quitte à ouvrir le dossier de la confidentialité des informations, notamment celles recueillies au moyen du passeport biologique?

3 – La mise en place d’un passeport biologique est probablement le meilleur coup de l’UCI dans la lutte contre le dopage ces dernières années. Pourquoi sous-utiliser cet outil? Pourquoi ne pas le complémenter par un profil de puissance des athlètes, permettant d’identifier les coureurs à surveiller de près?

4 – Pourquoi tant tarder dans la mise en place d’une commission « Vérité et Réconciliation » tant demandée par le milieu cycliste – Lance Armstrong lui-même – pour faire débloquer les choses? Craindriez-vous des révélations dont le timing serait mal choisi à quelques semaines de l’élection pour la présidence de l’UCI? Pourquoi vous contentez-vous d’un « rapport interne » à venir sur le dossier, pour l’instant? Démocratie, transparence vous dites?

5 – Quel rôle à l’UCI joue encore Hein Verbruggen à l’UCI, et quelles ont été les gestes posés par ce dernier et par l’UCI à l’endroit de Lance Armstrong et de son équipe entre 2000 et 2010? Le rapport USADA a soulevé de nombreuses questions, notamment quant au rôle de l’UCI durant le Tour 2009 envers l’équipe Astana d’Armstrong et du vainqueur Contador, questions toujours sans réponse aujourd’hui….

6 – Pourquoi désinformer le public quant à la supposée « démocratie » régnant à l’UCI? Votre « commission indépendante » proposée à l’automne 2012 à la suite du scandale Armstrong n’était pas indépendante: vous avez vous-même nommé la personne responsable de choisir les trois personnes responsables de mener cette commission!!! Pourquoi affirmer sur toutes les tribunes que l’AMA et l’USADA ont refusé cette commission, sans ajouter qu’elles l’ont refusé car cette commission n’était pas indépendante de l’UCI, donc pas crédible?

7 – Pourquoi affirmez-vous d’une part ne pas avoir pu connaître les agissements des coureurs pro durant les années 2000, et d’autre part que le peloton pro d’aujourd’hui est plus propre que jamais? En vérité, de deux choses l’une: où vous n’en savez strictement rien, car les coureurs vous cachent ce qu’ils font, où vous le savez très bien, mais protégez l’image du cyclisme… J’opte personnellement pour la 2e option, à mes yeux la plus probable.

8 – Pourquoi tarder à durcir les peines contre les coureurs dopés? Pourquoi Alexandre Vinokourov est-il l’actuel manager général de l’équipe Astana? Pourquoi Bjarne Riis de Saxo Bank? Et Jonathan Vaughters? Comment espérer se sortir du dopage si des ex-dopés sont aujourd’hui managers des plus grandes équipes? Quelle crédibilité pour le cyclisme pro?

Et je pourrais continuer ainsi longtemps, notamment sur d’autres réformes à mettre en place, notamment du côté des médecins d’équipe…

Bref, je suis convaincu que Pat McQuaid traine suffisamment de casseroles derrière lui pour justifier qu’il n’est pas raisonnable de lui accorder notre confiance pour présider aux destinées du cyclisme au cours des prochaines années. Ces communiqués de presse léchés ne doivent pas nous voiler la triste réalité de son bilan au cours des dernières années, et qui a conduit le cyclisme là où il est actuellement.

Le Tour de l’actualité

1 – D’abord, la mauvaise nouvelle: après Danilo DiLuca, un 2e coureur de l’équipe italienne Vini Fantini-Selle Italia vient de se faire prendre pour dopage à l’EPO sur le Giro, et pas le moindre: le leader Mauro Santambrogio!

Rappelons que Santambrogio a accumulé les places d’honneur cette saison, et qu’il a surpris de nombreux suiveurs dont je suis.

On sait maintenant à quoi il carburait.

Le plus triste dans tout ca? La réaction du « milieu ». Son directeur sportif, Luca Scinto, joue la carte de la haute trahison, voire de la surprise totale. Ben voyons! Doit-on rappeler qu’Oscar Gatto marche assez fort également depuis plusieurs mois au sein de cette équipe?

Le directeur du Giro joue quant à lui la carte classique: une brebis égarée, rien de plus. Mieux, il affirme que la réaction du milieu cycliste, virulente, montre à quel point les mentalités ont changé.

Évidemment, il faut interpréter ces propos avec grande prudence: d’une part, si Santambrogio et DiLuca les ont réellement trompé, alors ils ne savent strictement rien des pratiques actuelles du milieu et leurs propos ne sont donc d’aucune crédibilité. Ou alors ils savent pertinemment ce qui se passe dans le peloton pro, surtout sur les courses par étapes, et donnent encore dans la politique du « save my ass » à tout prix…

Tout cela est bien désespérant et malheureusement, loin d’être fini. Très bientôt sur ce site, beaucoup plus sur le dopage dans le cyclisme…

2 – Ensuite, la bonne nouvelle: Pat McQuaid a désormais un adversaire en vue du poste de président de l’UCI lors des élections de septembre prochain. Il s’agit de Brian Cookson, le président actuel de la fédération britannique de cyclisme.

J’aimerais bien savoir par ailleurs la position officielle de Cyclisme Canada dans ce dossier… Je vous en donne des nouvelles bientôt j’espère.

3 – L’équipe Blanco pourrait bien avoir trouvé un repreneur pour la saison prochaine: il s’agit de la société américaine Belkin qui fabrique du matériel informatique et de communication, essentiellement. Apparemment, le démarchage de coureurs serait déjà commencé, l’équipe s’intéressant notamment à Peter Stetina, le jeune coureur américain de 25 ans chez Garmin-Sharp, excellent grimpeur en devenir d’ailleurs.

4 – Dauphiné: victoire d’étape au sprint du jeune coureur italien Elia Viviani chez Cannondale aujourd’hui, après que Nacer Bouhani ait été lâché dans la dernière bosse du jour. Viviani vient de terminer le Giro, ce qui lui a assurément donné de la caisse. Voilà une situation qui ne sera pas pour plaire au Québécois Guillaume Boivin qui joue lui aussi dans le même registre que Viviani au sein de l’équipe Cannondale…

Enfin peu importe, David Veilleux est resté en jaune grâce notamment au travail de son équipe et ca, c’est vraiment très bien!

5 – L’agence de presse QMI qui diffuse notamment sur le site Canoe avait annoncé, il y a deux jours, que David Veilleux serait du prochain Tour de France. Selon le principal intéressé, David lui-même, la nouvelle a carrément été inventée, rien n’étant pour le moment confirmé.

Je suis content d’avoir mis des bémols dans mon texte, trouvant l’annonce de cette participation bien rapide, surtout que le manager de l’équipe, Jean-René Bernaudeau, n’était pas sur l’épreuve.

Bref, ne vous fiez pas sur les sites « main stream », mais bien sur La Flamme Rouge!

6 – Beau tir groupé des Québécoises sur le récent Parx Casino Philly Cycling Classic puisque Joelle Numainville termine 2e, Lex Albrecht 6e, Véronique Fortin 8e et Karol-Ann Canuel 11e. Impressionnant! Voilà qui montre avec éloquence qu’il existe également une belle relève du côté du cyclisme féminin au Québec.

7 – Plus près de nous, le GranFondo Mont Sainte-Anne approche, puisque c’est prévu pour le 23 juin prochain. On note, du côté des organisateurs, la présence de Mélanie Turgeon comme invitée d’honneur de cette première édition qui devrait réunir environ 2000 cyclistes, rien de moins. L’Alto Fondo de 160 kms s’annonce particulièrement corsé, avec de grosses bosses à escalader. Prévoyez petits braquets!

8 – Encore plus près de nous, une autre belle cyclosportive se disputera le week-end prochain, la cyclosportive St-Donat Le Nordet dans les Laurentides. L’épreuve est plus accessible que celle du Mont Ste-Anne, avec un grand parcours de 90 kms.

9 – La Flamme Rouge pourrait être perturbée dans les prochains jours, un déplacement professionnel sur la côte Ouest canadienne, à Victoria plus précisément. Je n’aborde pas ce voyage dans le meilleur état d’esprit, ca perturbe la routine d’entrainement et je suis loin de ma petite famille pendant plusieurs jours!

David Veilleux sur le prochain Tour?

La direction de l’équipe Europcar via Andy Flickinger l’aurait affirmé hier à la suite de la grande victoire d’étape de David Veilleux sur la première étape du Dauphiné: le coureur québécois prendra le départ du prochain Tour de France, en Corse.

L’information reste cependant à confirmer dans les prochains jours, Jean-René Bernaudeau débarquant sur le Dauphiné seulement demain. C’est lui qui prendra la décision finale.

On voit mal comment Bernaudeau pourrait justifier de laisser de côté le coureur québécois, avec la condition qu’il affiche présentement. À 26 ans, Veilleux est en effet mature pour son premier grand tour et il prouve actuellement qu’il arrive en grande condition au bon moment.

Si elle est confirmée, ce sera une excellente nouvelle pour tout le cyclisme au Québec, car les exploits de David Veilleux seront probablement une formidable locomotive pour développer encore plus la pratique du vélo de ce côté-ci de l’Atlantique. Si le sport est en pleine explosion en ce moment, notamment du côté des pratiquants, les performances au plus haut niveau sont susceptibles d’alimenter l’intérêt pour les courses cyclistes au Québec.

Veilleux sera donc très probablement le… 2e Québécois à prendre le départ du Tour de France après Pierre Gachon qui avait participé au Tour 1937, pour abandonner dès la première étape. Gachon, membre du Temple de la renommée du cyclisme québécois, était un immigrant français devenu citoyen canadien.

Ainsi, on pourrait dire que Veilleux sera le premier Québécois né au Québec à participer au Tour de France!

Aujourd’hui, il a passé sans problème sa première journée en jaune sur le Dauphiné, bien protégé par ses équipiers dans un final compliqué, avec quelques belles patates à monter. Normalement, il devrait aborder le chrono de mercredi en jaune. À partir de ce moment, ce seront les jambes qui parleront et ca sera difficile de conserver la tête du classement général, car les « grands » du peloton comme Froome ou Contador voudront se rapprocher de la tête et marquer les esprits. Mais rien n’est impossible quant on a de bonnes jambes et un maillot à défendre!

Go David go! Depuis la maison, la simple vue de ta présence en tête de peloton, tout de jaune vêtu, nous donnent à tous la chair de poule!

David Veilleux: É-N-0-R-M-E!!!

Journée historique pour le cyclisme québécois aujourd’hui puisque David Veilleux, de l’équipe Europcar, a remporté la première étape du Critérium du Dauphiné.

Surtout, avec la manière!!! Un mot: solo. Les plus belles.

Magnifique! Les images de sa victoire sont ici.

Et à la clef, tous les maillots du jour, sauf celui du meilleur jeune. David s’est payé une belle garde-robe aujourd’hui!!

David, toutes mes félicitations pour cette très grande victoire, et surtout, respect! C’est énorme! Et un grand pas vient d’être franchi pour une place au sein de l’équipe Europcar sur le Tour… où tu peux aussi aller chercher la gagne!

Veilleux a provoqué la bonne échappée à plus de 115 ms de l’arrivée, puis est sorti solo à environ 50 bornes de la ligne pour tenir tout le monde en respect. Le peloton n’a repris qu’environ 2 minutes à David, preuve du rythme incroyable qu’il a réussi à maintenir devant dans le final. Il était grimaçant dans les derniers 20 kms, mais il a tenu.

Pour tout vous dire, j’ai vécu ces derniers 40 kms pendu à la télé et j’ai compté chaque putain de kilomètre le séparant de la ligne. Dans la descente du Pas de Morgins, ces rigoles d’eau me foutaient la trouille, j’avais peur que David glisse dessus. Et à la flamme rouge, j’étais debout et… émotif!

David partira donc demain en jaune et pourrait garder le maillot jusqu’au chrono de mercredi, avec l’aide de son équipe. En restant concentré, il peut viser une bonne place au général.

Mais pour l’heure, il s’agit de bien profiter de ce succès, ils sont difficiles à obtenir au niveau professionnel, et surtout il faut penser à bien récupérer, la course n’est pas terminée!

Pour la petite histoire, la victoire de David survient presque 25 ans jour pour jour (c’était un 31 mai) après la victoire de Steve Bauer sur la première étape « 1b » du Dauphiné 1988, Aubenas-Romans.

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