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Mois : octobre 2012 Page 2 of 3

Haute Route 2012: entrevue avec Christian Haettich, athlète handisport

Tous les concurrents de la Haute Route 2012 auront été marqués par un participant: Christian Haettich, qui a eu le mérite de compléter l’épreuve alors qu’il est amputé d’un bras et d’une jambe.

Vous avez bien lu. Le voici en action dans le col des Saisies, lors de la 2e étape, alors que j’allais le doubler. Il m’a donné la chair de poule! Un type incroyable nom de Dieu!

Christian n’a donc laissé personne indifférent sur cette Haute Route: dans les moments plus difficiles, sa seule présence sur l’épreuve nous aura permis de relativiser, de nous dépasser. S’il était capable de le faire, nous étions tous capables nous aussi.

Il y a des hommes au courage immense, des hommes qui, face à l’adversité, nous donnent des leçons. Christian est de ceux là.

Court entretien avec cet homme unique et inspirant. L’entretien a été réalisé par Nicolas Raybaud, lui aussi participant à la Haute Route 2012 et qui a terminé 16e du général, excusez un peu. Nicolas et moi avons sympathisé sur cette Haute Route et je le remercie de partager ainsi cet entretien sur La Flamme Rouge.

Nicolas Raybaud: Quels sont les raisons qui t’ont poussé à participer à la Haute Route ?

Christian Haettich: Le défi, le challenge de cette épreuve : partir à l’assaut de tous ces cols mythiques qui ont marqué le Tour de France, et voir jusqu’où on peut aller.

En tant que coureur handisport, je voulais montrer mon handicap à 33 pays représentés (mieux que les JO!) ainsi que montrer une toute autre image du cyclisme handisport (je crois avoir réussi).

J’ai également voulu montrer que malgré un handicap lourd, tout est possible. C’est juste une question de volonté. J’ai aussi voulu me faire plaisir, j’aime voire j’adore la montagne.

La Haute Route, c’est l’épreuve où j’en ai surpris et impressionné plus d’un je pense! C’est ainsi que je peux montrer une image des plus positives du cyclisme handisport. Tu ne peux pas oublier, l’épreuve dure sept jours, tu me vois chaque jour.

NR: Avais-tu participé à d’autres défis de ce genre ?

CH: Oui. J’ai participé à la Haute Route 2011. J’ai déjà fait une traversée des Alpes en 2003 et les Pyrénées en 2008.

J’ai également fait la traversée des Dolomites ainsi qu’un brevet Catalan.

En fait, je fais pas mal de choses sur le vélo. Comme cette année où je suis allé faire la Nove Colli en Italie ou la Lyon-Mont Blanc-Lyon (500km en 2 jours). J’aime les défis !

NR: Quel est ton meilleur et pire souvenir sur cette Haute Route 2012 ?

CH: La Haute Route est une épreuve spéciale, aucune étape n’est simple. Chacune présente son lot de difficultés.

La pire pour moi fut l’étape N°3. Le col du Glandon fut mon chemin de croix. Mais quelle satisfaction de passer la ligne d’arrivée à l’Alpe d’Huez! Aussi dure que fut cette étape, autant j’ai eu plaisir à la faire et à la finir. Il ne faut pas oublier qu’un certain nombre de participants ont purement et simplement abandonné durant cette étape. Pas moi.

Mon meilleur souvenir… il me faut mettre cela au pluriel! Il y a eu les encouragements de vous les premiers chaque jour, ceux des motards, du service kiné et de toute l’organisation. L’étape N°5 fut grandiose, la haie d’honneur de tous les motards au col de Sarrenne fut un moment vraiment spécial. La petite tape de la main de Rémi Duchemin (CEO OC SPORT), la haie d’honneur dans la montée d’Auron de tous les motards, là encore de très grands moments pour moi.

L’étape N°7 fut une des plus magnifiques, des décors de rêves, le col de la Couillole fut grandiose. J’ai pris beaucoup de plaisir à le grimper. Malheureusement, cette étape nous a tous marqué par la mort tragique de Pontus. Il nous a rappelé que nous ne sommes pas à l’abri d’une faute technique, d’une défaillance non plus. Mais au combien nous aimons ce sport, et les dangers en font partie.

NR: Comment prépares-tu tes Haute Route ?

CH: Je suis venu avec quasiment 17 000km au compteur et 142 800m de dénivelé dans la jambe. Pour certains cela paraitra beaucoup, mais pas pour moi.

La Haute Route doit se préparer sérieusement. Pas le droit à l’erreur sur ce genre d’épreuve. Mes entrainements sont toujours axés sur la qualité. Je roule souvent en Autriche et en Italie, là les pentes sont bien raides.

Je travaille la force et la puissance chez moi dans un de mes cols que j’affectionne tout particulièrement. Il fait 12 km et il est entre 8% et 15%. Et une fois par semaine, je fais ce col avec des séries de fractionnés. En moyenne, je me fais des semaines de 4 jours d’effort, puis un jour de repos, lorsque je travaille en montagne.

Au printemps, je me fais des sorties de 150 à 200 km par jour sur 5 jours et 2 jours de repos. Il va de soi que je me fais suivre par un kiné ainsi que par un ostéopathe.

Cela peut être paraitre beaucoup de km sur les sorties, mais je sais seulement une chose: si on veut progresser dans le vélo et être en forme, il n’y a pas de photo ! Il faut rouler encore et encore.

Quand je suis en Autriche, je me fais souvent une moyenne de 745km sur 4 jours avec 14 000m de dénivelé. Ensuite, c’est 5 jours de repos, puis je repars comme une fusée. Je me sens en pleine forme !

Sans compter que la Haute Route se prépare déjà en hiver. Participer à une telle épreuve est quelque chose d’important et de grandiose pour nous cyclistes. Il faut à tous se donner les moyens de finir. D’être « finisher ». C’est le plus important. Ne jamais abandonner.

NR: Comment parviens-tu à maîtriser le vélo malgré ton handicap, particulièrement sur un parcours montagneux ?

CH: Bonne question! Je n’ai pas de réponse facile.

Je pense que je maitrise bien le vélo. La montagne, c’est mon truc ! J’aime ça ! J’en demande !

Monter un col, c’est quelque chose de grandiose, certes je ne monte pas aussi vite que vous les valides, mais je monte ! La preuve t’a été donnée, j’ai terminé la même Haute Route que toi. J’aime grimper et j’aime descendre.

Dans les deux cas, je ne me pose jamais de questions.

Peu importe si le col est difficile par sa longueur ou par ses pourcentages, je sais que j’arriverai à le monter. Point final. Peu importe si je dois souffrir ! J’aurai toute la satisfaction une fois au sommet.

Et en montagne, je me sens à l’aise, je fais la même chose que vous les valides. Juste du vélo. Certes avec deux bouts en moins, mais ça n’empêche pas. Je fais le même nombre de km et de dénivelé que tous.

NR: Comment gérais-tu la récupération entre les étapes ?

CH: Après avoir franchi la ligne d’arrivée, je prenais le temps d’aller au service kiné. Je reconnais que j’ai eu de la chance, vu que j’avais droit à un massage d’au moins 45 mn chaque soir.

Ensuite, à l’hôtel, je prenais des bains d’eau froide. C’est ainsi que je maximisais ma récupération musculaire. J’essayais d’avoir une bonne nuit de sommeil, et pour les repas, je cherchais toujours de bonnes protéines et des glucides variés ainsi que des légumes.

Le plus important pour bien récupérer, c’est à mon avis de ne pas stresser sur l’épreuve du lendemain.

NR: Quel est ton prochain objectif pour 2013 ?

CH: C’est déjà imprimé dans ma tête!

Cela peut paraitre quelque chose d’irréalisable pour certains. Les difficultés seront plus que présentes. Un challenge hors norme, avec près de 1600 km et au minimum 40 cols, et pas moins de 40 000m d’ascension positive, à la force d’une jambe et d’un bras (rire). Faut plus qu’en vouloir ! Mon objectif principal est d’être « finisher » sur les deux Haute Route Alpes et Pyrénées. Peu m’importe le classement. « Finisher » serait une très grande satisfaction pour moi et mon handicap.

Merci Nicolas pour avoir réalisé cet interview et surtout, félicitations à Christian qui est une inspiration pour nous tous. Et si vous participez à la Haute Route Alpes ou Pyrénées 2013, n’hésitez pas à donner pour moi une petite tape dans le dos de Christian lors de l’ascension d’un col. Il le mérite…

À quoi ressemblera le 100e Tour de France?

Le parcours du prochain Tour de France, dont ce sera la 100e édition, sera dévoilé à Paris le 24 octobre prochain. On sait déjà qu’il s’élancera de Corse le samedi 29 juin avec une étape en ligne de 200 bornes entre Porto-Vecchio et Bastia, soit la première de trois étapes sur l’île de beauté.

Mais après?

Pour déjà découvrir ce que pourrait être le Tour 2013, il faut consulter le travail remarquable de Thomas Vergouwen publié sur son site velowire.com. Chaque année, c’est à un travail de moine que se livre Thomas, épluchant une multitude de journaux locaux afin de mettre la main sur tous les articles pouvant lui donner un indice des villes étapes. Son site est très bien documenté et de loin le plus crédible quant à la précision des prédictions concernant le profil de la course.

En gros, le Tour 2013 comporterait un clm par équipe d’environ 20 bornes lors de la 4e étape autour de Nice. On aurait deux autres clm, individuels ceux-là, le premier autour du Mont Saint-Michel, le second dans les Alpes, près d’Embrun.

Le Tour commencerait par la Provence puis les Pyrénées (arrivées possibles à Ax-3 Domaines et Bagnères de Bigorre), remonterait ensuite via un transfert en avion vers la Loire puis effleurerait la Bretagne pour ensuite piquer vers Tours, le Massif central (mais pas de Puy de Dôme malheureusement…), puis les Alpes où plusieurs étapes seraient proposées. L’une d’elles se terminerait au Mont Ventoux, une autre proposerait une double ascension de l’Alpe d’Huez, avec descente de la première ascension via le col de Sarenne qui a été repavé, cet automne, pour l’occasion. Enfin, une autre se conclurait vers Le Grand Bornand avec peut-être une dernière étape alpestre du côté d’Annecy la veille de l’arrivée.

Enfin, la dernière étape pourrait être nocture et se terminer par un feu d’artifice pour souligner cette 100e édition du Tour. Les coureurs feraient également le tour de la place de l’Étoile, autour de l’Arc de Triomphe, et ne tourneraient donc pas juste devant.

Voici donc la carte provisoire du Tour 2013, telle que fondée sur le travail de Thomas qui m’a gentiment donné l’autorisation de la reproduire sur La Flamme Rouge. Merci de ne pas la copier, étant protégée par un copyright. Pour davantage d’information sur les rumeurs concernant le parcours du Tour 2013, je vous recommande fortement le site de Thomas, velowire.com. Très bien documenté!

N’ajustez pas votre appareil…

On croit rêver: le président de l’UCI, Pat McQuaid, a déclaré samedi dernier que « le cyclisme se porte très bien« .

Une sacré chance! Qu’est ce que ca serait s’il se portait mal?

McQuaid affirme aussi que le peloton « est complètement différent ». Une autre affirmation à mettre dans la même catégorie que celle de Verbruggen à l’égard d’Armstrong il y a peu (« il ne s’est jamais, jamais, jamais dopé »).

La vérité, c’est que nous avons les preuves que Michele Ferrari continue de pratiquer auprès de nombreux coureurs professionnels (affaire Pozzato, aveux récents de Bertagnolli). La vérité, c’est que nous avons encore de nombreux cas de dopage, notamment de Contador et Franck Schleck récemment.

La vérité, c’est que les calculs de puissance nous montrent que ces puissances sont récemment reparties à la hausse, notamment sur le Tour et la Vuelta.

Et il y a Andy Schleck qui nous affirme que le cyclisme « doit se tourner vers l’avenir« . Une façon de botter en touche l’Affaire Armstrong et d’éviter les questions qui fâchent, notamment envers son propre frère.

Tout se passe donc exactement comme d’habitude: dans le milieu, on se dissocie vigoureusement et avec aplomb du passé, des accusés, tout en essayant de laisser entendre qu’aujourd’hui, les choses ont bien changé et que le dopage, c’est désormais l’affaire de quelques cas « problème » seulement.

Je demeure convaincu du contraire. Et je déteste qu’on me prenne pour un imbécile. Je préfère de loin les propos difficiles mais lucides de Dick Pound, l’ex-président de l’AMA, qui ont le mérite d’être probablement beaucoup plus près de la réalité.

Il y a de quoi être très inquiet pour l’avenir du cyclisme: Pat McQuaid sera candidat à sa succession à la présidence de l’UCI en 2013…

SpiderTech, au fond victime de l’UCI?

Des rumeurs circulaient ces derniers jours, la nouvelle est sortie hier: le manager général de l’équipe canadienne continentale pro SpiderTech, Steve Bauer, arrête l’équipe pour 2013. 19 coureurs se retrouvent donc sans employeur l’an prochain.

Raison évoquée par Bauer: il désire prendre un an pour démarcher suffisamment de sponsors pour être capable de passer en World Tour en 2014. Son sponsor principal jusqu’ici, SpiderTech, s’impatienterait de passer au niveau supérieur, tout comme lui. Bauer n’a pas réussi, jusqu’ici, à augmenter significativement son budget pour espérer passer en World Tour.

Deux réactions.

D’une part, il ne sera pas facile pour Steve Bauer de rassembler les sponsors nécessaires au financement d’une équipe World Tour, surtout si l’objectif est que ces sponsors soient entièrement canadiens. Le budget minimum d’une équipe WorldTour est d’environ 7 millions de dollars canadiens, les plus nanties, comme Sky, disposant de plus de 17 millions de dollars annuellement. Une somme.

Ca ne sera pas facile car au delà de convaincre, Bauer évolue dans un contexte difficile car le cyclisme véhicule une image peu positive en ce moment. Pourquoi un sponsor canadien, donc loin du cyclisme européen, prendrait-il le risque d’investir dans le vélo considérant tout ce qui s’y passe côté dopage? Il existe d’autres véhicules de promotion probablement moins risqués.

Chose certaine, Bauer, qui a évolué aux côtés d’Armstrong chez Motorola, n’avait surement pas besoin du rapport de l’USADA et des aveux de Michael Barry.

C’est en ce sens que j’estime que l’UCI nuit davantage au développement du cyclisme qu’il ne l’encourage. Le rapport de l’USADA comporte de nombreux passages accablants pour l’UCI dont l’inaction dans le dossier US Postal est affligeant. Ses refus multiples d’entendre des coureurs voulant parler est particulièrement désespérant. Ils sont nombreux aujourd’hui à appeler à une démission de Pat McQuaid et à une éviction de Hein Verbruggen des fonctions qu’il occupe toujours auprès de l’UCI. Chose certaine, une refonte de l’UCI semble aujourd’hui plus que jamais souhaitable car son approche, au cours des 15 dernières années, a probablement davantage nuit au cyclisme qu’autre chose.

Malheureusement, d’autant que je sache, l’UCI n’a de comptes à rendre à personne…

Si l’UCI ne bouge pas, elle court probablement à sa perte de toute façon. On sait que Jonathan Vaughters, soutenu par d’importants capitaux anglais, travaille actuellement au développement d’une ligue privée de cyclisme au sein de laquelle les revenus des droits télé seraient mieux redistribués entre organisateurs de courses et équipes pro. Cette initiative découle du fait que de nombreux managers d’équipe sont actuellement très frustrés de ne pouvoir mettre la main sur une partie suffisante de ces droits télé, partie qui  leur permettrait de stabiliser le financement de leur équipe et de les rendre moins vulnérables aux aléas du renouvellement des sponsors. Dans un tel environnement, Bauer aurait la vie plus facile.

Quoi qu’il en soit, je tiens à dire que j’espère de tout coeur que Steve Bauer réussira dans son entreprise et qu’il saura monter un projet crédible car cela contribuerait très significativement au développement du cyclisme au Canada. Pourquoi ne pas proposer une équipe radicalement différente sur la scène de la lutte contre le dopage, en proposant par exemple des rapports médicaux publics des coureurs et ce, à intervalles réguliers, ainsi qu’un suivi médical totalement indépendant de l’équipe?

D’autre part, on ne peut s’empêcher de penser que l’arrêt de SpiderTech est un sacré coup dur pour de nombreux coureurs de l’équipe qui avaient probablement trouvé là leur seule chance de courir à ce niveau en Europe. Si Bauer s’emploie à relocaliser du mieux possible ses coureurs, et c’est tout à son honneur, on peut penser que ce sera difficile pour certains, surtout à cette époque de la saison. Je ne me fais pas trop de soucis pour les Boivin, Boily et Houle, mais les autres?

Chose certaine, l’équipe Garneau se renforcera probablement en vue de la saison prochaine et ca va faire mal sur la scène des courses au Québec!

Affaire Armstrong: beaucoup de réactions affligeantes

Il faut se délecter, ces jours-ci, des diverses réactions d’acteurs importants du cyclisme tant ces réactions sont soit loufoques, soit ridicules, soit nous prennent vraiment pour des imbéciles.

Il y a eu celle de Lance Armstrong via ses avocats, pathétique.

J’ai bien aimé également celle de Fabian Cancellara: « une vieille histoire » a-t-il déclaré. Comique pour quelqu’un qui est encore aujourd’hui préparé par le sulfureux médecin italien Luigi Cecchini… Il déclare aussi « Now I understand how US Postal was able to put eight or nine riders in the front on a mountain stage and drop all the others. » Hey! Fabian! l’équipe Sky a fait exactement la même chose sur les routes du Tour en juillet dernier… Enfin, il conclut: « Nowadays, we work differently, more professionally, with more attention to detail. That’s the cycling I believe in, not ‘training and loading’. It’s changed. » Je n’en crois pas un mot, ou plutôt si, ironiquement: les coureurs pros travaillent en effet « différemment » (comprendre avec d’autres produits et d’autres réseaux) et de façon plus « professionnelle » (comprendre dans leurs relations avec les médecins-dopeurs, puisque la prudence est de mise depuis que l’on sait que les policiers utilisent les écoutes téléphoniques, débusquent les courriels, etc.).

L’ex-directeur sportif de Telekom, Rudy Pavenage, se déclare quant à lui « choqué ». Ben voyons!

Il y a surtout eu celle de l’ex-président de l’UCI, Hein Verbruggen, qui se contredit publiquement lui-même. Affligeant. Un homme aux abois qui se couvre de ridicule à chaque entrevue.

Je n’aime pas du tout non plus le communiqué de presse émis par Canada Cyclisme (l’ex-ACC), qui ne ressemble qu’à un mauvais exercice de relation publique et de « damage control ». Son président, John Tolkamp, y affirme que  «Le cyclisme sur route a beaucoup progressé ces cinq à sept dernières années dans le but de se débarrasser de la drogue. Le lancement du programme de Passeport biologique a eu des effets rapides, contribuant à façonner un cyclisme beaucoup plus sain, tel que nous le connaissons aujourd’hui.  Nous pouvons en effet constater aujourd’hui que la culture du cyclisme sur route s’oriente rapidement vers celle d’un sport sans drogue.»

La vérité, c’est qu’en sait-il vraiment? Que sait-il vraiment de ce qui se passe dans les équipes professionnelles, le soir une fois que les portes des chambres des hôtels sont fermées? Où sont les arguments lui permettant de soutenir une telle position? Le cyclisme canadien a lui-même été secoué par des affaires de dopage récemment, notamment celles de Benjamin Martel et Arnaud Papillon l’an dernier, sans parler des récents aveux de Michael Barry. D’autres scandales de dopage dans le cyclisme canadien pourraient survenir… Et en matière de passeport biologique, on a trop souvent l’impression que la montagne a accouché d’une souris tant son usage, pour confondre les tricheurs, semble compliqué voire limité.

Ce genre de déclaration me paraît donc irresponsable car elle est une insulte à l’intelligence du public qui continue de constater, année après année, que le cyclisme reste profondément gangrené par le dopage. Comment pourrait-il en être autrement tant que les ex-dopés continuent d’occuper des postes importants dans le cyclisme, comme directeurs sportifs?

Mon opinion est qu’il y a actuellement très peu d’éléments concrets nous permettant de croire que le cyclisme de 2012 est très différent à l’égard du dopage de celui du début des années 2000. Les calculs de puissance nous le démontrent, comme les scandales de dopage qui continuent de se multiplier. Sans oublier que c’est à travers des enquêtes policières ou de certains organismes comme l’USADA que les chances d’attraper les tricheurs sont les meilleures, pas à travers les contrôles antidopage.

Le piège du procès Armstrong

On y est. Le grand déballage vient de débuter dans le cadre du procès Armstrong.

L’USADA a donc rendu public hier la preuve à l’endroit de Lance Armstrong, Johan Bruyneel et trois autres personnes. J’ai commencé la lecture du document original, mais cela me prendra quelques jours tant le dossier est volumineux! Il couvre la période de 1998 à 2012, détaillant pour chacune de ces années, des éléments concrets du système de dopage utilisé par Lance Armstrong et ses proches.

Cinq éléments m’ont paru particulièrement intéressants jusqu’ici.

Le premier, ce sont les aveux de trois coureurs ex-équipiers de Lance Armstrong: George Hincapie, Levi Leipheimer et le Canadien Michael Barry. Ils n’avaient évidemment plus le choix puisque témoins à charge dans le dossier de l’USADA. Ils ont avoué leur dopage, mais aussi le fonctionnement à cet égard de l’équipe US Postal puis Discovery. En conséquence, ils sont tous suspendus, tout comme Christian Vande Velde, Tom Danielson et David Zabriskie. Pour Hincapie et Barry, c’est une bien triste fin de carrière… surtout que leurs victoires antérieures leur seront probablement retirées, comme les primes les accompagnant.

Le deuxième, c’est la publication des preuves de collaboration et de versements monétaires (pour un million de dollars!!!) entre Lance Armstrong et Michele Ferrari à une époque où Lance Armstrong affirmait pourtant ne plus avoir aucun lien « professionnel » avec le gourou italien du dopage. Sa collaboration s’est même poursuivie en 2009, année de son deuxième come-back. Les publications des courriels échangés entre Armstrong et Ferrari dans le mois précédent le Tour 2009 sont particulièrement intéressants.

Le troisième, ce sont des preuves scientifiques d’un dopage sanguin de Lance Armstrong entre 2009 et 2012, les années de son deuxième come-back. Des taux de réticulocytes (jeunes globules rouges) et de plasma sanguin anormalement bas et… le refus de l’UCI à l’endroit de l’USADA d’acheminer davantage de données de laboratoires sur le profil sanguin de M. Armstrong, sous prétexte que ce dernier refusait (bien évidemment) de donner son accord.

Le quatrième, c’est la façon dont Lance Armstrong pouvait facilement déjouer les contrôles. Son entourage proche (surtout Johan Bruyneel) était en mesure de le prévenir d’avance de l’imminence d’un contrôle, et donc de le planifier. Il fallait donc d’autres personnes à l’autre bout pour les prévenir, mais qui ? Le rôle de l’UCI n’est d’ailleurs pas très clair à ce niveau puisqu’en 2009, elle était conjointement responsable des contrôles avec l’AFLD. Or, il est prouvé que cette année-là, l’équipe Astana de Lance Armstrong (et Alberto Contador, le vainqueur…) a bénéficié d’un traitement de faveur à l’égard des contrôles anti-dopage. Douteux quant on connaît les liens qu’entretenaient Armstrong et l’UCI dès 2001.

Le cinquième, c’est l’usage par Lance Armstrong d’intimidation et de menaces à l’encontre de ceux qui osaient se dresser contre lui à l’égard du dopage, en particulier lorsque ces derniers brisaient la loi de l’omerta. Il est d’ailleurs intéressant de constater à ce chapitre que Hincapie, Barry et Leipheimer auront attendus hier, soit le tout dernier moment possible, pour passer aux aveux… tous étaient en activité en 2012… Le rapport prouve également que Lance Armstrong a menti alors qu’il était sous serment dans le cadre du procès avec sa compagnie d’assurance et qu’il a tenté de produire de faux affidavit.

Seuls les trois premiers éléments constituent selon moi des preuves recevables d’un dopage organisé dans le cadre d’un jury ou d’un procès. Les deux derniers sont plutôt des éléments de contexte pouvant nous convaincre de la culpabilité de Lance Armstrong.

Il est possible que les prochains jours nous apportent d’autres éléments à mesure que le rapport est décortiqué plus en détails.

Quoi qu’il en soit, une question se pose à partir de maintenant: combien de temps Lance Armstrong va-t-il pouvoir tenir sa position de deni?

Il a réagi hier par la voie de ses avocats qui n’ont pas été chercher bien loin leurs arguments de défense. C’est assez pathétique, voire cela suscite la pitié: « Ignoring the 500-600 tests Lance Armstrong passed, ignoring all exculpatory evidence, and trying to justify the millions of dollars USADA has spent pursuing one, single athlete for years, USADA has continued its government funded witch hunt of only Mr. Armstrong, a retired cyclist, in violation of its own rules and due process, in spite of USADA’s lack of jurisdiction, in blatant violation of the statute of limitations, and without honoring UCI’s demand to produce the entire USADA « file » for an independent review and decision as mandated by national and international rules. »

Chose certaine, avec chaque élément de preuve rendu public, Lance Armstrong perd davantage de sa crédibilité déjà sérieusement atteinte. Il vient toujours un moment où le mensonge ridiculise le menteur lorsque ce mensonge devient trop évident. Bref, ca va vite devenir intenable pour lui et s’il persiste, son mensonge pourrait miner complètement son avenir, par exemple ses ambitions politiques.

On peut aussi voir la situation différemment: Lance Armstrong a aujourd’hui une vraie opportunité de poser un acte de courage et d’amour du sport cycliste, en déballant lui-aussi sur une période trouble du cyclisme. Ce qui permettrait à la lutte contre le dopage de faire un grand pas en avant.

La situation risque aussi d’être difficile pour l’UCI au cours des prochains jours car elle devra expliquer comment elle a pu passer à côté, durant plusieurs années, d’autant d’éléments du dossier Armstrong alors qu’elle est la principale instance en charge du cyclisme et qu’elle affirme depuis longtemps que la lutte contre le dopage est une de ses priorités. Son inaction ne serait-ce qu’à enquêter autour des agissements de Lance Armstrong soulèvera forcément des questions et minera aussi sa crédibilité.

Mais surtout, il y a un risque énorme que tout ce déballage occulte le plus important: ce qui se passe aujourd’hui dans le peloton. Car si le procès Armstrong est nécessaire à mes yeux, ce n’est que pour nous faire comprendre ce qui peut se passer aujourd’hui dans le peloton. Et à ce chapitre, les récents calculs de Frédéric Portoleau tendent à nous montrer que les puissances sur le Tour et la Vuelta ont de nouveau fleurtées avec des seuils surhumains. S’il est probable qu’une accalmie ait eu lieu sur la scène du dopage en 2010 et 2011, il y a des doutes raisonnables quant à la saison 2012 et il n’est pas impossible que de nouveaux produits aient fait leur apparition dans le peloton, comme l’AICAR ou le GW1516 et leurs dérivés. La domination de certaines équipes en 2012, en particulier sur les grands tours, ne fait-elle pas trop penser à la grande époque US Postal?

Le piège Armstrong, c’est donc le fait que les acteurs actuels du cyclisme vont tenter de nous faire croire que tous ces scandales, toutes ces pratiques appartiennent à une époque révolue, au passé. Que le cyclisme d’aujourd’hui est beaucoup plus propre. Ca a d’ailleurs déjà commencé, par exemple les propos de Dave Brailsford, manager chez Sky, qui joue la carte de la surprise. Je crois qu’il n’en est rien, les systèmes de dopage ont simplement évolué vers d’autres produits, d’autres techniques, d’autres réseaux, d’autres passeurs. Je vous rappelle, pour preuve, que le rythme des scandales n’a rien perdu de sa vigueur avec, depuis deux ans, les contrôles positifs de Contador, Franck Schleck, Remi Di Gregorio, Ivailo Gabrovsky, et l’Affaire Pozzatto. Plus encore, Michele Ferrari continue de pratiquer auprès de coureurs pros aujourd’hui, comme Kreuziger, Pellizotti, Gasparotto, Chichi. Il convient d’être vigilants et d’user de jugement dans les performances qui nous sont offertes.

Bref, espérons que Lance Armstrong fera prochainement acte de courage en passant aux aveux pour nous permettre de bien comprendre ce qui peut se passer aujourd’hui dans le peloton, à la lumière de ce qui se passait hier dans ce peloton professionnel. Espérons que ce dossier assemblé par l’USADA soit pris au sérieux par toutes les instances du cyclisme professionnel et débouche sur des actions concrètes mises en oeuvre au sein du peloton actuel. Car si tout ce déballage ne reste qu’un exercice portant sur le passé plutôt que sur le présent, il n’y aura que des perdants dans toute cette histoire…

Cool stuff!

Avec un Dogma en plus!

Le Tour de l’Alberta, nouvelle course UCI au Canada

Il semble qu’une nouvelle course cycliste UCI, de catégorie 2.1 (même catégorie que le Tour du Qatar, le Tour de Grande-Bretagne ou encore le Tour de l’Avenir), verrait le jour en 2013 en… Alberta! 

Sous la direction d’Alex Stieda, l’ex-coureur pro premier Canadien à revêtir le maillot jaune du Tour (en 1986), la course se déroulerait fin-août début-septembre, soit entre le US Pro Challenge et les GP de Québec et Montréal. Cette course comporterait 6 étapes entre Calgary et Edmonton, en passant probablement par Red Deer. Le parcours serait dévoilé en conférence de presse le 15 octobre prochain. Si la course se dirige vers Banff, il y a quelques cols qui pourraient durcir la course!

Quoi qu’il en soit, le moment choisi dans le calendrier semble très bon puisqu’il permettrait d’offrir aux coureurs européens faisant le déplacement en Amérique du Nord un beau programme de course pendant deux semaines. Voilà de quoi rentabiliser l’investissement que représente un tel déplacement.

Si la course voit bel et bien le jour, elle viendrait directement concurrencer le Tour de Beauce au chapitre du titre de course par étapes la plus importante au Canada. Par contre, sur le plan du prestige, l’histoire du Tour de Beauce place la course québécoise hors-concours!

Dans le bus Argos-Shimano avec David Deroo

Sympathique petit vidéo nous donnant une meilleure idée de la vie au quotidien du personnel des équipes cyclistes professionnelles, ici David Deroo, ex-coureur pro et désormais soigneur chez Argos-Shimano. Merci à Jean-Michel Guidez pour le vidéo et pour l’avoir porté à mon attention.


BUS DAVID DEROO par JMGUIDEZ

Le Tour de l’actualité

1 – Une des sensations de l’année, le Britannique Jonathan Tiernan-Locke (Endura Racing), a signé pour deux saisons chez Sky, quelle surprise… Voilà qui vient renforcer la garde de l’équipe de Bradley Wiggins en haute montagne, comme s’il y avait besoin… Rappelons que Tiernan-Locke a gagné cette saison le Tour du Haut-Var, le Tour d’Alsace, le Tour Méditerranéen ainsi que le Tour de Grande-Bretagne, rien que ça!

Rappelons aussi qu’après des débuts prometteurs en amateur, Tiernan-Locke a dû arrêter sa carrière pendant trois ans entre 2005 et 2008 en raison du virus d’Epstein-Barr (mononucléose infectieuse). Revenu à la compétition en 2008, il est percuté par un cheval lors d’un entrainement, retardant encore son retour. Voilà pourquoi on a réellement entendu parler de lui qu’à partir de l’année 2011.

Pur grimpeur, il faudra le surveiller de près sur les grands tours, lorsque les pourcentages seront à leur maximum. Les arrivées en altitude sont pour lui.

2 – Autre transfert, celui de José Rujano qui quitte l’équipe italienne Androni-Giocattoli pour rejoindre Vacansoleil-DCM. Il faut rappeler que Rujano et son directeur sportif, le coloré Gianni Savio, étaient en froid depuis l’abandon du Vénézuélien lors de la 19e étape du Giro cette année. Rujano avait présenté l’argument d’une mononucléose, argument immédiatement remis en cause par Savio.

Quoi qu’il en soit, je doute que Rujano trouve chez les Hollandais de Vacansoleil un milieu propice à son épanouissement. Le choc des cultures risque d’être très grand pour le petit coureur vénézuélien âgé de 30 ans. Faut-il y voir par ailleurs une volonté chez Vacansoleil de mieux épauler De Gendt en montagne lors des grands tours?

3 – 12 équipes sont assurées d’avoir une licence World Tour en 2013, dont une seule française, soit FDJ. Les licences d’AG2R La Mondiale, de Saxo Bank, de Euskaltel-Euskadi, de Garmin, de Rabobank et de Lotto-Belisol doivent être reconduites et la décision surviendra bientôt. Une 19e équipe tente de se frayer un chemin parmi l’élite mondiale, soit Argos-Shimano. Si elle accède au World Tour, c’est qu’une des équipes de 2012 sera rétrogradée en Continentale Pro. Inquiétant pour AG2R – La Mondiale qui a connu une saison très moyenne et qui a été vue à la chasse de points UCI ces derniers temps.

Il existe donc un risque non-négligeable de ne voir qu’une seule équipe française en World Tour l’an prochain, ce qui ne serait par ailleurs pas un drame, pour preuve Europcar.

4 – Florian Vachon (Bretagne-Schuller) a remporté hier Paris-Bourges, une course qui jouit d’un certain prestige en France de par son histoire (première édition en… 1913). Voilà qui clôt une belle saison de ce coureur peu connu puisqu’il avait remporté, au printemps, la Classique Loire-Atlantique. Il a également terminé 9 fois 2e en 2012!

Sur Paris-Bourges, Vachon s’est imposé en faisant le coup du kilomètre, soufflant la politesse aux sprinters Nacer Bouhanni, champion de France, et John Degenkolb. Attention cependant à ce dernier sur Paris-Tours en fin de semaine!

5 – Mario Cipollini était ces derniers jours de passage à… Niagara-on-the-Lake, au coeur des vignobles de la péninsule ontarienne au Canada, pour faire la promotion de ses vélos. Que voulez-vous, il faut créer l’événement et il y a toujours des « tifosis » pour combler les rangs de la foule curieuse de voir le bellâtre italien. Il y a quelques années c’était les vélos Cervélo qui étaient à la mode, c’est aujourd’hui Cipollini et ca sera encore autre chose dans les prochaines années. Le packaging, le packaging, tout le reste n’est pas important!

Je ne suis pas un fan de Mario Cipollini, notamment parce qu’il n’a jamais daigner terminer le Tour de France sur lequel il a par ailleurs remporté plusieurs étapes. S’il dit le regretter aujourd’hui, cela entache cependant son palmarès de façon très significative puisque le Tour, ca se respecte selon moi. Je respecte toutefois Cipollini pour sa victoire au Championnat du Monde de 2002, acquise alors qu’il avait une pression énorme pour gagner. Cipollini savait aussi être sérieux dans sa préparation (sans jeux de mots!) et on l’a notamment vu gagner de très belle manière Gand-Wevelgem en 2002. Il fallait le boucher, le trou, pour revenir sur l’échappée devant! Les images sont d’ailleurs intéressantes puisque dans les derniers 1500m, on voit en quelques secondes toute la carrière de George Hincapie qui reste là, en 5e position (pourtant la position idéale pour attaquer au kilomètre), sans rien faire jusqu’aux 200m. À quoi pensait-il nom de Dieu? Qu’il allait se taper au sprint un Cipollini en grande condition? Il est évident qu’il fallait partir au kilomètre et miser sur la neutralisation de Cipollini et Rodriguez (le champion des USA) par après… Anyway, passons, car je suis encore moins un fan de George Hincapie!

Pour revenir à Cipollini, mentionnons aussi que ses prises de position récentes à l’égard des coureurs actuels sont franchement discutables car souvent teintées de dénigrement et de nostalgie de « son » époque, la dernière grande du cyclisme selon lui.

Allez, j’arrête ici, c’est déjà suffisamment d’honneur pour Mario!

6 – Très belle photo! Merci à Pat Wells pour m’avoir permis de la découvrir.

Les godasses de 2013

La compétition est très forte dans le domaine des chaussures de cyclisme. L’an prochain, les compagnies Specialized, Sidi, Gaerne, Diadora, Bont, Lake, Vittoria, Mavic et Louis Garneau, qui occupent une très large part du marché, se livreront une chaude lutte pour séduire le consommateur. Beaucoup d’entre elles misent sur le système de laçage Boa. Petit tour d’horizon avec des avis personnels qui n’engagent évidemment que moi.

Specialized

La populaire S-Works a été entièrement revue. Je dois dire que le produit final est impressionnant, réussi tant du côté de l’esthétisme (et c’est important pour les coureurs sur route!) que du côté de la technique. Semelle asymétrique (décidément, c’est une manie en ce moment dans le vélo!) et très travaillée, double laçage Boa, look résolument moderne, très aérien voire minimaliste et les  couleurs sont réussies. Et à ma connaissance, il n’ y a que les chaussures Bont qui sont plus légères que les S-Works. Prix raisonnable: environ 320 euros, ou 400$CAN.

Sidi

Chez Sidi, on a lançé la nouvelle Wire, d’apparence plus fluide, plus légère, pour concurrencer Specialized très certainement. Pas de système Boa, mais son propre système de laçage développé « maison » (Techno 3). On demeure fidèle à la courroie de support sur le haut du pied, ce qui alourdit par ailleurs à la fois l’apparence, mais aussi la chaussure dans son ensemble par rapport aux Specialized. On demeure cependant dans le domaine de la grande classe italienne avec ces Wire au look réussi. Chéro : environ 390 euros, ou 500$CAN.

Gaerne

Je ne suis pas un fan, mais je dois dire qu’on s’est sérieusement renouvelé du côté des Italiens de Gaerne ces derniers temps. Leur chaussure G.Chrono est plutôt réussie et intègre les dernières technologies, dont le laçage Boa. Pas les plus légères cependant, mais le look est efficace, même si ce n’est pas aussi aérien que d’autres modèles. Environ 320 euros, ou 400$CAN.

Diadora

Les chaussures de Cadel Evans. Je ne suis pas un fan non plus de Diadora, qui ont souvent été à la traine en matière de développement technologique depuis 20 ans. Si les Vortex Racer intègrent un laçage Boa, peu d’autres intérêts digne de mention, si ce n’est l’apparence d’aération du soulier, ainsi que le prix: on peut les trouver pour moins de 300$CAN, ou environ 240 euros. Pas spécialement légères non plus.

Bont

Le nouveau venu sur le marché depuis quelques années et qui a su viser le top dès son entrée en sponsorisant Bradley Wiggins, rien de moins! Sa chaussure haut de gamme, appelée « Zero », est résolument différente des autres, mais il faut aimer (ce qui n’est pas mon cas). Le look est particulier, on dirait une pantoufle en plastique! Laçage de style Boa, masqué par une languette qui recouvre le tout, question d’aérodynamisme (vraiment?). Très légère (on annonce à 170 grammes!) et thermoformage. Hors de prix: 600 euros! (environ 750$CAN!). Que voulez-vous, ce sont les chaussures de Wiggins!

Lake

J’ai toujours aimé cette compagnie américaine qui a été, à ma connaissance, parmi les premières à utiliser le système de laçage Boa il y a quelques années. Les CX401, qui étaient technologiquement en avance il y a 4 ans, sont très réussies, même si la concurrence leur fait mal plus récemment. J’aime bien l’idée de placer l’attache velcro plus haut sur le pied, par-dessus le laçage Boa. Thermoformable comme les Bont, la semelle carbone monte également assez haut, une bonne idée. Rapport qualité-prix imbattable selon moi: on trouve des CX401 pour moins de 300$ en ce moment sur le marché.

Vittoria

Une marque italienne mythique, mais dont les produits ont pris un peu de retard depuis une quinzaine d’années selon moi. La Hora EVO veut remettre la marque « dans le coup » et le modèle est assez réussi dans l’ensemble, bien que dégageant cette même impression de lourdeur, comme chez Gaerne ou Diadora. Le laçage Boa a été placé sur le dessus du pied, peut-être un endroit moins facile à atteindre lorsqu’on roule à vélo. Sinon, rien de bien particulier à dire, pas spécialement légères. Prix annoncé, autour de 290 euros (370 $CAN).

Mavic

Vous aimez le jaune? Pour des godasses, pas moi! Mais question d’être remarqué, c’est réussi! Pas de laçage Boa pour ces Zxellium Ultimate, mais plutôt une courroie sur le dessus du pied et deux languettes velcro plus bas. Pas très légères, d’un look moyen et d’une qualité de cuir d’apparence discutable, je n’aime personnellement pas trop. Mais bon, la réputation de Mavic est excellente, ils font habituellement du matos sérieux. Prix 350 euros, ou environ 450$CAN. Attention cependant avant d’investir, cette chaussure pourrait « vieillir » rapidement.

Louis Garneau

Louis Garneau passe à l’attaque en 2013 avec sa nouvelle gamme « Course » qui comporte une chaussure radicalement différente de ce que la compagnie québécoise nous offrait jusqu’ici. Compétition oblige, on intègre un laçage Boa, une semelle carbone travaillée, un choix de semelles intérieures (une bonne idée) et un look plus épuré, plus aérien. De toutes les chaussures présentées ici, c’est probablement la belle surprise du lot. Un court vidéo présente la chaussure ici. Seule critique, le cuir de la chaussure semble avoir peu d’aération par endroit, en particulier sur le côté extérieur du pied. Prix à préciser au cours des prochains mois.

Pédale! un magazine complètement déjanté

Question à Jérome Pineau: « à ton avis, on a trop ou pas assez de dents dans la bouche? »

Question à Geoffroy Lequatre: « donne-moi un argument en faveur du sac-banane« .

Titre de l’entrevue avec Mario Cipollini: « Contador et Schleck, on dirait deux gays« .

Ou du texte, très intéressant par ailleurs, sur l’arrivée des Colombiens en Europe au milieu des années 1980: « Forts de café« . Et celui sur David Moncoutié: « Le mec qui sortait du Lot« …

Toute le magazine est comme ca, à naviguer entre satire et ironie.

J’ai récemment mis la main sur le magazine cycliste Pédale! que je ne connaissais pas.

Intrigué par un texte radicalement différent, j’ai vite réalisé qu’il s’agit en fait d’un magazine hors série publié par So Foot, un magazine de football qui publie, une fois l’an jusqu’ici, un numéro « hors série » sur le cyclisme. Le numéro actuel, avec Mark Cavendish en page couverture, serait leur no2, publié à l’occasion du Tour cette année. Le no1, avec Andy Schleck en couverture, avait été publié durant l’été 2011.

Je dois vous dire que c’est assez bien réalisé: les textes sont à la fois bien documentés, mais aussi versent dans l’humour, parfois assez « raide ». On découvre souvent une autre facette de la personnalité des cyclistes pro qui jouent le jeu. Dans le numéro 2, c’est ainsi que les textes sur Joaquim Agostinho, sur Manolo Saiz, sur David Moncoutié et sur Michael Rasmussen m’ont paru particulièrement intéressants car originaux. Et le gros bonus, c’est que les journalistes du magazine osent poser les questions qui fâchent, mais avec humour, ce qui fait toute la différence!

La présentation du magazine est également soignée, avec des photos originales, souvent différentes de celles qu’on retrouve partout ailleurs.

À l’heure de la convergence, même dans les magazines cyclistes (bien souvent, on retrouve les mêmes reportages d’un magazine à l’autre, mais simplement traduits, une pratique exécrable selon moi), Pédale! a le mérite de faire différent, de faire unique.

Pour 8.50$ (6 euros) une fois l’an, c’est un excellent investissement pour se garantir quelques heures agréables et pour… la diversité de presse!

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