Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Mois : septembre 2012 Page 1 of 2

Giro di Lombardia: le match Gilbert-Contador

J’aime le Tour de Lombardie.

Et c’est tout un spectacle que nous promet la « Course aux feuilles mortes » samedi! La 106e édition (première édition en 1905!) devrait en effet voir deux grands champions s’affronter dans les bosses du final, soit Philippe Gilbert, nouveau champion du monde, et Alberto Contador, récent vainqueur de la Vuelta et de Milan-Turin. Avec Valverde et Rodriguez comme arbitres!

Bref, à ne pas manquer. Espérons que ces coureurs sauront montrer du panache!

Au menu des coureurs, 251 kms de course entre Bergamo et Lecco. Il y a 5 grosses difficultés sur le parcours, soit le Valico di Valcava (11kms à 8%, sommet au km 90), le Colle Brianza (4kms à 7%, sommet au km 135), le difficile Colma di Sormano (10kms à 7%, mais les deux derniers kms sont à 15%, passages à 25% – le sommet est au km 168), la mythique Madonna Del Ghisallo (10kms à 5%, sommet au km 205) et le Villa Vergano dans le final (3kms à 7%, sommet au km 242).

Difficile de prévoir comment la course se jouera, les échappées au long court ayant souvent connu du succès dans cette épreuve. Il est possible qu’un Contador, par exemple, profite des forts pourcentages du Mur de Sormano pour tenter de partir de loin. Gilbert, de son côté, attendra probablement l’ascension finale pour essayer de faire la différence.

Les outsiders seront évidemment les Italiens, Nibali et Moser en tête. Attention aussi à des coureurs comme Basso, DiLuca ou Pellizotti ! Outre ces coureurs, les hommes en forme des récents Mondiaux pourraient eux-aussi jouer les trouble-fête, par exemple Boasson Hagen, Kolobnev, Van Avermaet, Sanchez (souvent sur le podium en Lombardie ces dernières années), Rui Costa, Gerrans, Nordhaug, Voeckler (attention à lui!), Martin voire – pourquoi pas! – le Canadien Hesjedal.

Pour suivre la course sur internet, cyclingfans.com vous offre des liens vers des live! stream. Pratique au lever samedi matin pour bien commencer la journée en prenant un café!

Le point sur les transferts

En cette fin de saison, il est utile de faire le point sur les transferts qui changeront le visage du peloton pro en 2013.

On peut déjà dire que les équipes les plus actives sur la scène des transferts depuis quelques semaines ont été Saxo Bank, Astana, RadioShack, Rabobank et Sky.

Chez Saxo Bank, Bjarne Riis a été très actif pour mieux entourer Alberto Contador qui a re-signé en début de saison. Voilà qui laisse croire que Contador aurait posé ses conditions! Ainsi, depuis quelques semaines, Riis a déjà sécurisé les transferts de Nicolas Roche (AG2R-La Mondiale), Roman Kreuziger (Astana), Alexandr Kolobnev (Katusha), Matti Breschel (Rabobank), Olivier Zaugg et Daniele Bennati (RadioShack) et il serait en cours de faire venir Ignatiev (Katusha) et Rogers (Sky). Manifestement, on veut donner des lieutenants à Contador en montagne et aussi de bons rouleurs en vue des clm par équipe.

Ca bouge aussi chez Astana qui perd Alexandr Vinokourov, le champion olympique, pour cause de retraite. En remplacement, ils ont mis la main sur Vicenzo Nibali, qui quitte donc Liguigas. Jakob Fuglsang vient aussi renforcer l’effectif. Et des rumeurs persistantes envoyaient les frères Schleck dans cette équipe également, bien qu’on attend toujours une confirmation. La signature de Nibali laisse cependant croire que les Schleck iront ailleurs, possiblement chez… Liquigas! D’autres rumeurs laissent croire que les Schleck pourraient finalement rester chez RadioShack ou carrément être dans une nouvelle équipe en 2013, équipe avec un sponsor de l’Allemagne ou du… Qatar. Ces dernières rumeurs d’une nouvelle équipe me semblent moins fiables, je crois que nous en aurions déjà entendu parler à ce stade-ci de la saison. Enfin peu importe, wait and see…

Chez RadioShack, objectif Classiques avec le retour de Devolder (Vacansoleil) et Kiserlovski (Astana). Il est possible que Jos Posthuma (Rabobank) se joigne aussi à l’équipe. Chez RadioShack, on a cependant beaucoup de départs: les frères Schleck (prochaine équipe à confirmer), Zubeldia (Basque Cycling Team, le nouveau nom d’Euskaltel-Euskadi), Monfort (Omega Pharma-Lotto?) et Fulgsang (Astana). Fabian Cancellara a également cherché à quitter le navire, mais la compensation pour bris prématuré de contrat (il est sous contrat jusque 2014) aurait été trop importante: il restera vraisemblablement un an de plus dans l’équipe.

Chez Rabobank, on a recruté Lars Peter Nordhaug (Sky) et Jack Bodridge (GreenEdge). On travaille surtout à attirer Mark Cavendish, qui arriverait avec Eisel aussi. On perd cependant Posthuma, Matthews et possiblement Barredo.

Enfin, chez Sky, Mark Cavendish et Bernhard Eisel seraient en négociation avec Rabobank, les objectifs de l’équipe sur les grands tours avec Wiggins, Froome et Uran étant incompatibles avec ceux de Cavendish. Sky attirerait aussi Vassili Kyrienka (Movistar) qui viendrait renforcer l’équipe pour les grands tours. Sky verrait aussi partir Nordhaug (Rabobank), Lovkvist (IAM Cycling) et Flecha (Vacansoleil).

Parmi les autres grands transferts, ceux d’Heinrich Haussler (Garmin vers IAM Cycling, la nouvelle équipe continentale suisse), Yaureni Hutarovich (FDJ vers AG2R La Mondiale), Jérome Coppel (Saur vers Cofidis), Christophe Le Mevel (Garmin vers Cofidis), Danilo Hondo (Lampre vers RadioShack), Daniel Oss (Liquigas vers BMC), Johann LeBon (Bretagne-Schuller vers FDJ), Nick Nuyens (Saxo Bank vers Garmin) et Sylvester Szmyd (Liquigas vers Movistar).

Les grands retraités de l’année sont Alexandr Vinokourov, George Hincapie, Oscar Freire, David Moncoutié et Michael Barry.

Enfin, le contrat de Dominique Rollin à la FDJ serait à renouveler en cette fin d’année. Je n’ai cependant aucune information pour le moment sur le statut de Dominique Rollin en 2013. Si la FDJ ne renouvelait pas son contrat, pourrait-il se retrouver chez SpiderTech en 2013?

Affaire Armstrong: vers un séisme « 30 fois plus important » que tous les autres scandales de dopage à ce jour?

Plusieurs événements sont survenus au cours des derniers jours dans le dossier de l’Affaire Armstrong-USADA. Il est utile de faire le point, question d’anticiper la suite des choses.

Dans un premier temps, le contexte des Mondiaux de cyclisme à Valkenburg a conduit l’UCI à donner quelques conférences de presse, la plupart malheureuses. Il y a d’abord eu les déclarations de l’ex-président de l’UCI, Hein Verbruggen, qui se passent de commentaires.

Il y a ensuite eu Pat McQuaid affirmant que « L’UCI n’a rien à se reprocher » dans le contexte des affaires et de la lutte contre le dopage jusqu’à aujourd’hui. Simplement l’affirmer en dit déjà long, selon moi, sur les sentiments que véhicule l’UCI auprès de la plupart des observateurs éclairés du cyclisme, de même que sur les sentiments de culpabilité au sein même de l’UCI. Et la publication, imminente, du dossier Armstrong devrait nous permettre de bien mesurer si l’UCI n’a réellement rien à se reprocher au cours des dernières années… Chose certaine, l’affaire des « dons » monétaires de Lance Armstrong à l’UCI était source d’embarras pour l’UCI! Et le président de la Fédération du sport cycliste luxembourgeois, Jean Regenwetter, n’y va pas, lui, de main morte dans ses critiques de l’UCI sur le sujet, comparant cette dernière à une « république bananière »!

Dans la foulée, Pat McQuaid a aussi affirmé que l’UCI « veut éradiquer le dopage« . J’ai été surtout intéressé par une déclaration de McQuaid: «Il existait une vraie culture du dopage que nous sommes en train d’éradiquer mais il faut du temps». Il s’agit, à ma connaissance, de la première fois que l’UCI admet que le cyclisme était (est) gangréné par une « vraie culture du dopage » (les mots sont forts). Voilà qui est un pas dans la bonne direction, tout en restant réaliste sur les moyens que l’UCI compte employer dans cette lutte, son mandat principal étant le développement du sport cycliste, mandat pour lequel la diffusion d’une image positive du sport est capital…

Plus récemment encore, le directeur de l’USADA Travis Tygart a donné une très intéressante interview dans le journal français L’Équipe (dont le texte intégral est ici, mais cependant traduit librement en anglais), mentionnant notamment qu’il avait été victime de menaces de mort au cours des derniers mois. Enquêter sur le passé de Lance Armstrong et de ses proches collaborateurs n’est donc pas exempt de tout danger. Mais surtout, il est écrit dans l’entrevue que l’impact de la publication auprès du grand public de la preuve à l’endroit de Lance Armstrong, Johan Bruyneel et les trois autres personnes sous enquête pour un dopage « institutionnalisé » pourrait être « 30 fois plus important » que tout ce qui a été vu jusqu’ici dans le cyclisme. Cette preuve devrait être transmise à l’UCI d’ici la fin du mois et pourrait être rendue publique d’ici la fin de l’année dans le cadre de la contestation par Johan Bruyneel des accusations qui pèsent contre lui. Les choses bougeront donc rapidement désormais.

Il faut avouer que ça promet et que c’est un peu inquiétant pour la suite des choses. J’ai toujours dit que l’Affaire Armstrong  dépassait de très loin ce simple individu et qu’elle était en fait l’occasion d’un très grand ménage dans le sport cycliste, ménage qui apparaît évidemment nécessaire à la vue des affaires de dopage qui ont encore affligé le cyclisme en 2012. Si cette preuve pouvait amener nombre de coureurs cyclistes professionnels à la retraite et encore en activité à parler, ce serait un immense gain pour le cyclisme.

Enfin, l’événement le plus récent est cette déclaration de la ministre des sports français, Mme Valérie Fourneyon, qui met la pression sur l’UCI pour déchoir Lance Armstrong de ses titres sur le Tour de France. J’estime, comme beaucoup d’autres dont l’UCI, qu’il s’agit d’une déclaration prématurée puisque l’UCI doit d’abord examiner la preuve de l’USADA. S’il est en effet souhaitable que l’UCI agisse avec transparence et sérieux dans l’affaire, le gouvernement français n’avait pas à intervenir à ce stade-ci dans le dossier, mais plutôt une fois l’avis de l’UCI rendu. Les réactions françaises pourraient également se limiter à celles de la Fédération Française de Cyclisme ainsi que d’Amaury Sport Organisation, propriétaire du Tour de France.

Bref, il est fort possible que nous soyons actuellement à l’aube d’un grand choc dans le cyclisme professionnel. S’il est raisonnable pour tous les passionnés de ce sport de nourrir certaines inquiétudes, ceux qui ont des choses à se reprocher en nourrissent probablement bien davantage. Espérons que le cyclisme et l’UCI ne passeront pas à côté de cette occasion unique de franchir un pas significatif dans la lutte contre le dopage et de repartir sur des bases plus saines. Des positions fermes sur la validité et les sanctions prévues lors de tests rétrospectifs pourraient être un de ces pas significatifs, de même que l’exclusion de tout rôle au sein d’équipes professionnelles d’anciens acteurs déterminants dans le dopage.

Giro d’Italia: Il Grande Ciclismo

Il a changé de vélo!

Ouf! Quel changement de vélo à la volée! Durant la course pro des Mondiaux, ce coureur français et ses deux mécanos ont fait fort. Merci aux Gessiens pour le tuyau.

Faire mieux, enfin un vrai challenge pour l’an prochain, Marc Dufour?!

« Prendre conscience de sa pure potentialité »

Il ne faut surtout pas manquer les 4 derniers kms des Championnats du monde aujourd’hui, gagnés par Philippe Gilbert. Le commentateur belge est complètement déjanté! « Le passé n’est que nostalgie, le futur n’est que mystère mais le présent est un don. » OUF! Celle-là, je ne l’aurais pas imaginé!

Ceci étant, superbe victoire de Philippe Gilbert aujourd’hui! Du grand Gilbert, de celui qu’on a vu en 2011, intouchable. Quelle giclette dans le Cauberg! Par ailleurs, course très décevante des Canadiens qui ont été totalement absents.

Mondiaux: Hugo Houle 4e!

Le Québécois Hugo Houle vient de confirmer son excellente saison 2012 en prenant aujourd’hui la… 4e place de la course sur route U23 des Mondiaux de cyclisme au Limbourg. Toute une performance! C’est le Kazahk Lutsenko qui a gagné l’épreuve, le Français Bryan Coquard terminant 2e et le Belge Tom Van Asbroeck 3e.

Voilà une nouvelle preuve de la santé actuelle du cyclisme canadien. Rappelons que l’an dernier, David Boily avait terminé 2e du Tour de l’Avenir et que Guillaume Boivin avait terminé 3e de la course sur route U23 des Mondiaux 2010.

D’autres nouvelles

En marge de ces Mondiaux, soulignons que le Qatar a obtenu sans surprise l’organisation des Mondiaux de cyclisme en 2016. Rappelons qu’en 2014, les événements se dérouleront à Ponferrada en Espagne et en 2015 à Richmond aux États-Unis.

Pat McQuaid sera candidat à sa propre succession à la présidence de l’UCI en 2013, les mandats ayant une durée de 4 ans. C’est évidemment une très mauvaise nouvelle pour le bien du cyclisme qui pourrait donc devoir évoluer sous le joug de M. McQuaid jusqu’en… 2017. Je n’ose imaginer…

Les favoris pour dimanche

267 kms de course à faire: d’abord une centaine de kms version « course en ligne » puis 10 tours d’un circuit de 16 kms comptant le Cauberg, juge de paix de l’Amstel.

Ce sera vraisemblablement un match Belgique-Espagne, arbitré par plusieurs outsiders. La question est de savoir comment s’entendront Boonen et Gilbert au sein de l’équipe de Belgique. Du côté espagnol, ce sera entre Contador et Valverde.

Les outsiders sont cependant nombreux: d’abord Simon Gerrans, récent vainqueur du GP de Québec. L’équipe d’Australie court pour lui. Nibali et Sagan seront aussi à surveiller, de même que le jeune Moreno Moser. Sagan semble cependant s’essouffler en cette fin de saison. Boasson Hagen, Freire et Voeckler pourraient aussi surprendre, tout comme Robert Gesink et Lars Boom sans oublier Lars Petter Nordhaug, récent vainqueur du GP de Montréal. Attention aussi à ce diable de Kolobnev, toujours dangereux dans ce genre d’événement disputé en circuit.

Côté Canada, nous aurons 4 coureurs: Ryder Hesjedal, Svein Tuft, David Veilleux et François Parisien. Le parcours convient bien aux deux coureurs québécois: il faut y croire les gars! Il faut avoir un Canadien dans une échappée tôt dans la course, comme par exemple Tuft, bête à rouler. Les trois autres pourront se réserver pour le final.

Hein Verbruggen

Voilà qui se passe de commentaires. Je vous laisse juger par vous-même.

Entrevue avec Peter Pouly, récent vainqueur de la Haute Route 2012

En complément de l’analyse « quantitative » des performances sur la récente Haute Route proposée hier par Frédéric Portoleau et diffusée sur ce site, Peter Pouly, vainqueur de l’épreuve, a très gentiment accepté de répondre à mes questions, ajoutant un volet « qualitatif » à cette rétrospective. Je le joins en Thailande.

La Flamme Rouge: Bonjour Peter, bienvenue sur La Flamme Rouge! Tu es actuellement en Thailande, ton pays d’adoption, ou tu organises notamment des camps d’entrainement cyclistes. Peux-tu te présenter un peu à nous?

Peter Pouly: Bonjour et merci de me donner la parole sur ce site!  Je vis en effet en Thailande depuis 3 ans, pays que j’ai découvert après l’arrêt de ma carrière professionnelle en VTT en 2005.  Aujourd’hui, je suis gérant d’une société de sourcing et consulting dans le domaine du sport (ndlr: pour en savoir plus, consultez http://www.peterpouly.com). Depuis deux ans et demi, j’ai retrouvé en Thailande le plaisir de faire du vélo et j’essaie de le partager avec d’autres, en organisant des stages d’entrainement et des voyages. Ma société organise tout cela à la carte, et je travaille avec des sportifs de tous les niveaux.

LFR: Je crois que tu as eu du succès en VTT avant de te lancer dans le cyclisme sur route. Peux-tu nous résumer ta carrière cycliste jusqu’ici?

PP: J’ai d’abord commencé par le BMX dès l’âge de 7ans. Ensuite, à 15 ans, j’ai découvert le VTT, un sport qui m’a permis de comprendre mes bonnes capacités d’endurance. À 17 ans, je signais un premier contrat de coureur professionnel après avoir été Champion de France Junior et pris la 4ème place des Championnats du monde, derrière un certain… Cadel Evans. Au cours de ma carrière de 1995 à 2005, j’ai gagné en tout cinq titres de Champion de France, le Roc d’Azur en Elite et j’ai réalisé quelques top 10 sur des épreuves de Coupe du Monde.

LFR: Je crois que tu connais bien Antoine Vayer et Frédéric Portoleau, qui fréquentent tous deux La Flamme Rouge? Antoine a été ton entraineur?

PP: Antoine a en effet été mon entraineur et ce, dès l’âge de 17 ans. J’ai beaucoup appris de lui, son suivi de ma progression était très sérieux et nous faisions beaucoup de tests de toutes sortes. Bref, il était très proche de moi et aujourd’hui encore, je continue de m’entrainer de la même façon, sur les mêmes bases qu’il m’a transmise. Je connais également Frédéric depuis pas d’années, j’ai fait pas mal de stages et je lui ai parfois servi d’étalon pour calibrer ses calculs de puissance! C’est un personnage atypique et très intéressant dans le milieu cycliste et j’aime échanger avec lui ainsi que lire ses analyses de puissance.

LFR: Antoine me disait en tout cas que physiquement, tu es un immense talent qu’on avait vu dès l’âge de 16 ans. Tu as toujours eu de la « facilité » sur un vélo?

PP: Ce que je peux dire, c’est que quand j’ai commencé le VTT à l’âge de 15 ans, je roulais souvent avec des adultes qui courraient au niveau régional et ces derniers n’arrivaient souvent pas à me suivre! J’ai cependant totalement arrêté le vélo pendant cinq ans et j’ai repris sérieusement en novembre 2010. Au bout de 15 jours, j’avais déjà de bonnes sensations et j’ai pu accumuler rapidement de nombreux kilomètres en Thaïlande.

LFR: Tu participes désormais à plusieurs cyclosportives chaque année. Tu étais à l’Étape du Tour dans les Alpes en juillet, puis sur la Haute Route. La course cycliste pure et dure, c’est terminé pour toi? Tu as pourtant de belles dispositions.

PP: J’ai toujours aimé faire des cyclosportives, car les parcours sont toujours magnifiques et montagneux. Ceci étant, j’aimerais vraiment refaire des courses UCI sur le circuit asiatique, il y a vraiment de belles courses par étapes d’une longueur qui varie entre 4 et 7 jours. À ce jour cependant, aucune opportunité ne s’est présentée à moi pour intégrer une équipe continentale asiatique, mais je ne désespère pas! Entre temps, j’ai couru quelques courses au Vietnam et en Thailande, dont une course célèbre ici, la montée du Doi Inthanon, une course de côte de 42 kms, très très difficile. Je l’ai remporté en établissant le record de l’ascension. Plus tôt cette année, j’ai passé 2 mois en France et j’ai participé à cinq courses FFC de 2ième caté: j’en ai gagné quatre! Cet été, je suis venu sur l’Étape du Tour (qui me tenait à coeur) avec des amis thailandais. Nous avons passé 10 jours en France, je leur ai servi de guide tout en ayant organisé tout le séjour. Étant arrivé la veille de l’Étape du Tour et ayant passé toute la journée au salon du vélo organisé en marge de l’événement, j’ai trouvé la cyclosportive difficile et j’ai terminé très fatigué!

LFR: venons-en à cette Haute Route, que nous avons tous les deux faite. Ironique de se parler par courriel aujourd’hui alors que j’ai passé 40 bornes dans ta roue lors de la première étape, en sortant de Genève! Tu as apprécié l’épreuve autant que moi? La météo et l’organisation, en tout cas, ont été parfaites…

PP: Oui, c’est dommage de n’avoir pu échanger ensemble durant cette Haute Route!  J’apprécie vraiment cette épreuve qui est organisée par un ami et je l’avais déjà faite l’an dernier. J’y avais vécu quelque chose de vraiment unique, et la Haute Route est un vrai challenge personnel pour tous les participants. Cette année, le parcours et la météo ont tout simplement été parfaits.

LFR: tu as dominé la course de la tête et des épaules, terminant loin devant Michel Chocol, 2e. As-tu été inquiété par tes concurrents lors de ces 7 étapes?

PP: C’est vrai que j’ai dominé l’épreuve. L’an dernier, la Haute Route était nouvelle pour moi et je gérais vraiment ma course afin de ne pas avoir de jour sans.  Cette année, avec l’expérience de l’an dernier, j’étais dans un tout autre état d’esprit. J’avais coché certaines ascensions et je suis parti avec l’objectif cette année de faire ces montées le plus rapidement possible car je me savais en bonne condition, donc capable d’établir de vrais bons chronos qu’il me serait difficile de répéter dans les prochaines années, et aussi pour attirer l’attention des équipes continentales en Asie. Mais ca, c’était sur le papier avant la course. La première chose à faire sur la course a été de juger la concurrence lors de la première étape entre Genève et Mégève.

LFR: chaque jour, ton équipe et toi établissiez une stratégie de course ou c’était improvisé sur la route?

PP: Nous avions pas vraiment de plan précis dans l’équipe. Deux coureurs, en particulier, étaient capables de gagner des étapes si la course tournait à leur avantage mais cela n’a jamais été le cas, malheureusement. Tous les jours, il y a eu une féroce bataille pour la 3ème place scratch entre Ben Blaugrund, un Kenyan et Emma Pooley, avec comme impact d’éliminer progressivement, à mesure que les étapes passaient, mes équipiers et leur chance de victoire.

LFR: je crois que comme moi, tu as été surpris par le courage, la détermination et le niveau d’Emma Pooley. Impressionnante, cette fille!

PP: Emma m’a surtout impressionné par sa générosité sur le vélo: elle prenait tous ses relais et elle attaquait tout le temps!  C’est pour cette raison que je tenais tant à franchir la ligne d’arrivée de la dernière étape, à Vence, avec elle. Un beau moment.

LFR: tu gagnes au chrono de l’Alpe d’Huez en 42 minutes. On sent que celle-là, tu la voulais particulièrement, non ?

PP: Ce qui me tenait vraiment a coeur le matin de l’étape, c’était le record amateur tel que disponible sur… Strava!  Ce site est super car il n’y a pas de doute sur le temps effectué. C’était un moment magique que l’étape chrono sur l’Alpe d’Huez, qui demeure une montée mythique. En plus, ma fille de 5 ans m’a suivi en moto lors de mon ascension et m’encourageait!  C’était vraiment un moment particulier pour moi.

LFR: ton meilleur moment sur la Haute Route? Le mien fut l’étape de la Bonnette: j’avais de bonnes jambes, il faisait très beau, et que la montagne était belle! J’ai beaucoup souffert, mais j’étais heureux d’être là. Et quelle descente sur Risoul!

PP: J’ai trouvé magique le départ de Genève, et tous ces visages des participants sur lesquels on pouvait sentir certes l’inquiétude liée à ce grand défi personnel, mais aussi l’envie et la détermination d’aller jusqu’à Nice.

LFR: allez, tu peux maintenant nous dire ta moins bonne journée, la course est finie! De mon côté, ce fut les étapes 1 vers Morzine (crampes dans le final) et 5 vers Risoul, pas de jambes (j’ai peut-être payé mes efforts de la veille, sur le chrono de l’Alpe d’Huez). J’ai essayé de vous suivre dans le Lautaret, j’ai explosé après 4 bornes et je crois bien que ca m’a coûté cher dans l’Izoard!

PP: Contrairement à l’an passé où j’avais eu une défaillance dans les trois derniers kilomètres de la montée des Arcs, cette année je dois avouer que je me suis senti très bien tous les jours!

LFR: j’ai cru lire que tu avais une revanche à prendre dans le col du Glandon franchi lors de la 3e étape, après une mésaventure dans l’Étape du Tour. Peux-tu nous en parler?

PP: Je n’avais jamais monté le Glandon avant l’Étape du Tour cet été et cela a été un vrai chemin de croix ce jour là. Pourtant, une semaine avant, je tenais facilement 340 watts à l’entrainement et ce jour-là, probablement dû à la fatigue du voyage, j’avais du mal à pousser 280 watts! J’ai vu le groupe de tête partir devant moi, sans rien pouvoir faire et ce fut un moment très frustrant. Alors sur la Haute Route quelques semaines plus tard, je voulais vraiment prendre ma revanche sur ce Glandon en me faisant plaisir. Ce fut le cas et cela m’a réconcilié avec ce col difficile!

LFR: avais-tu fait une préparation physique spécifique pour être prêt sur la Haute Route cette année?

PP: Après avoir observé une coupure d’un mois et demi, j’ai repris l’entrainement début juin et j’ai effectué 6000 kms avant le départ de la Haute Route. Je me suis entrainé comme Antoine Vayer me l’a appris, c’est à dire en faisant des séries assez longue à une intensité de I2-I3 (tempo), suivant mon niveau de fatigue. Par ailleurs, j’essaie toujours de garder l’envie car à mon avis personnel, il est impératif d’arriver mentalement frais sur une épreuve comme la Haute Route, avec une grosse envie de monter des cols et d’aller au bout de soi-même.

LFR: après les avoir cotoyé de près, tu crois que les Kenyan Riders pourront réaliser leur rêve de Grande Boucle d’ici quelques années?

PP: Rien d’impossible, seulement il faut du temps et de la patience!

LFR: je termine dans ta roue à Nice, mais endeuillé par le décès tragique d’un concurrent. Comme moi, tu as trouvé que les concurrents de cette Haute Route prenaient par moment des risques insensés dans les descentes?

PP: Difficile de commenter là-dessus, j’ai été, comme tous les autres participants de la Haute Route, très choqué par le décès de ce coureur.

LFR: reviendras-tu l’an prochain sur les Haute Route Alpes et Pyrénées?

PP: Oui je l’espère, avec de nouveaux objectifs humains ou sportifs, ca reste à voir!

LFR: Merci Peter, je te souhaite bonne route dans les prochains mois et au plaisir de te retrouver, l’an prochain, au départ d’une cyclo en France ou ailleurs. Et qui sait, peut-être pourrais-je aller te rejoindre en Thailande pour un camp d’entrainement en début de saison? Nous les Québécois avons bien besoin de tels camps, on se les gêle ici durant l’hiver et le home-trainer a ses limites!

PP: Merci Laurent, j’espère bien te rencontrer un jour et bienvenue en Thailande, un pays où les montagnes sont raides et très longues… davantage encore que sur cette Haute Route!

Les chiffres de la Haute Route, avec Frédéric Portoleau

En complément de ma couverture de la Haute Route (village-départétape 1étape 2étape 3étape 4étape 5étape 6étape 7), Frédéric Portoleau nous propose aujourd’hui une analyse ô combien intéressante et pertinente des puissances développées sur les différents cols par Peter Pouly, le vainqueur de l’épreuve. Frédéric a été assez gentil pour établir quelques comparaisons avec moi, notamment sur l’étape de l’Alpe d’Huez chrono, ce qui vous permet de situer les niveaux. Merci à Frédéric de partager ainsi sur La Flamme Rouge ses analyses!

Et jeudi, La Flamme Rouge diffusera un autre très beau complément à cette rétrospective de la Haute Route 2012!

La Haute Route 2012, par Frédéric Portoleau

600 coureurs cyclosportifs avaient rendez-vous pour un véritable défi physique, celui de traverser à vélo les Alpes Françaises du Nord au Sud en 7 jours en franchissant les grands cols mythiques. La difficulté de l’épreuve m’a intrigué et je me suis alors demandé quel fut le niveau des participants de cette Haute Route 2012? Ayant l’habitude d’analyser le potentiel des coureurs professionnels, j’ai appliqué la même méthode d’évaluation des performances avec le calcul des puissances développées sur les ascensions.

La Haute Route ne fait pas partie de la grille de programme des chaînes de télévision, on ne peut donc visualiser le passage des coureurs devant des points de référence. Cependant, les résultats des ascensions chronométrées ainsi que les nombreuses données (positionnement GPS et puissance) disponibles sur le site Strava m’ont permis de réaliser cette analyse avec un excellent niveau de précision.

Au classement général, on peut dire qu’il y a eu moins de suspense qu’au Tour d’Espagne chez les pros! De plus, l’épreuve de la Haute Route est mixte, et une cinquantaine d’inscrites n’ont pas eu peur du parcours proposé, se présentant sur la ligne de départ à Genève. Emma Pooley et Peter Pouly ont pris la tête de l’épreuve dans leur catégorie respective dès la première étape pour ensuite creuser l’écart sur les autres concurrents jours après jours.

Il y avait donc eux et les autres sur cette Haute Route. Emma Pooley, 30 ans dans quelques semaines, est une cycliste Britannique de très haut niveau, championne du monde du contre la montre en 2010. Peter Pouly, 35 ans, ancien champion de France de VTT, a repris sérieusement le vélo fin 2010 après une interruption de 5 ans.

L’Alpe d’Huez, la plus célèbre montée cycliste des Alpes, avec ses 27 arrivées d’étape dans le Tour de France, était au programme le quatrième jour sous la forme d’un contre la montre. Une première comparaison chiffrée avec l’étape du Tour de France 2004, disputée elle-aussi sous la forme de l’effort solitaire, peut donc être réalisée.

Peter Pouly a réalisé le meilleur temps du chrono sur la Haute Route, franchissant les 21 lacets en 42min20s sur une distance de 13,9 km. Le parcours de référence du Tour de France de 13,8 km débute dès les premiers forts pourcentages. En 2004, Lance Armstrong avait grimpé ces 13,8 km en 37min36s, soit approximativement 4min30s de moins que Peter Pouly sur la Haute Route. Ce dernier aurait pu (en théorie) terminer autour de la quarantième place de l’étape du Tour de France. Le contexte apparaît différent car les coureurs professionnels escaladaient l’Alpe d’Huez en troisième semaine du Tour de France. En puissance étalon 78 kg avec vélo, Lance Armstrong avait fourni 465 watts (6,6 w/kg) en 2004 en tenant compte du vent de face présent dans les derniers kilomètres. David Moncoutié, récent jeune retraité du peloton, avait terminé 9iéme de l’étape avec un temps d’ascension de 39min56s, soit 425 watts en puissance étalon (6,05 w/kg) pour le Français.

Peter Pouly a développé 400 watts en puissance étalon (360 watts en puissance réelle et 5,9 w/kg) lors de la Haute Route, soit 14% de puissance moyenne en moins que Lance Armstrong et 6% de moins que David Moncoutié.  Il a tout de même établi un nouveau record amateur de la montée de l’Alpe d’Huez.

En comparaison, l’auteur de ce site aura développé, sur son temps de 1h00min09sec, une puissance que j’estime à 240 watts, soit 4 w/kg. Rappelons toutefois que les coureurs de la Haute Route abordaient le chrono de l’Alpe d’Huez avec déjà trois étapes dans les jambes, dont une très difficile la veille par delà les cols de la Madeleine et du Glandon, sans compter l’ascension finale vers l’Alpe d’Huez via Villars-Reculas. (note de l’auteur de ce site: la puissance estimée par Frédéric Portoleau est très proche de mes valeurs estimées depuis quelques années au moyen de différents tests. Ma PAM est estimée, sur 7 minutes, à environ 340 watts. Je pèse 60 kg (132 livres) au poids de forme. Mes pulsations cardiaques maximales sont, cette saison, de 175. J’ai gravi l’Alpe D’Huez à des pulsations assez stables autour de 160-162. Mes longues sorties tempo dans l’Outaouais sont réalisées à une puissance moyenne estimée de 220-225 watts, mais je rentre minable!).

Cela ne m’étonne guère de voir Peter Pouly briller sur une telle ascension. Son potentiel physique a été repéré assez jeune puisque sa consommation maximale d’oxygène atteignait déjà 78 ml/min/kg à l’âge de 16 ans. Au maximum de sa forme, quand il était coureur professionnel en VTT, elle est montée à 88 ml/min/kg.

Sa puissance réelle fut de 405 watts dans les deux premiers kilomètres de l’Alpe d’Huez, c’est à dire jusqu’au premier village de La Garde, puis de 355 watts jusqu’à l’entrée de l’Alpe d’Huez et enfin de 320 watts dans la station.

La meilleure marque mesurée sur l’Alpe d’Huez reste celle de Pantani de 1995 avec 36min50s. Ce dernier n’était pourtant pas dans sa meilleure forme cette année là et avait manqué un virage dans l’Alpe d’Huez. Pantani avait les moyens de descendre sous la barre des 36 minutes avec son potentiel du Tour de France 1998 ou du Tour d’Italie 1999.

Emma Pooley, pour sa part, a grimpé l’Alpe d’Huez dans un remarquable temps de 49min50s à 16,74 km/h. J’évalue sa puissance moyenne à 5 w/kg. Elle devance de 1min44s Laetitia Roux qui a monté l’Alpe d’Huez en 51min34s à la puissance moyenne de 4,75 w/kg. Laetita Roux était une invitée de marque sur la Haute Route, car elle est 5 fois championne du monde de ski alpinisme (http://laetitiaroux.blogspot.fr/). Elle n’est pas, comme Emma Pooley, une véritable spécialiste du cyclisme mais la « grimpe » constitue son royaume puisqu’elle détient le record du monde de vitesse ascensionnelle en course à pied de montagne avec un temps de 37min55s (1580m/h) sur le kilomètre vertical de Fully en Suisse. Son potentiel physique est élevé puisque sa consommation maximale d’oxygène serait de 72 ml/min/kg (http://www.raid-rando-trail.com/gros-plan-trail-interview-laetitia-roux-3-136.html).  Laetita Roux n’avait cependant pas participé aux trois premières étapes de la Haute Route ; elle a donc gravi l’Alpe d’Huez avec probablement plus de réserves que la grande majorité des concurrents.

Pour les autres concurrents masculin, l’échelle de performance en w/kg d’Andrew Coggan bien appropriée pour les contre la montre me permet d’évaluer le niveau général de la Haute Route (voir http://home.trainingpeaks.com/articles/cycling/power-profiling.aspx).

D’après l’auteur, la puissance développée sur un contre la montre d’une heure est bien corrélée avec la puissance indiquée dans la colonne FT (Functional Threshold power).

Sachant que les concurrents avaient dans les jambes les efforts des 3 premiers jours, le niveau réel des concurrents est probablement un peu supérieur à cette échelle de référence. Pour ceux qui ont grimpé l’Alpe d’Huez en moins de 50 minutes, soit les 6 premiers de l’étape, l’effort plus court fausse un peu le lien entre catégorie et le rapport w/kg. Le but reste une évaluation grossière du niveau de la Haute Route. Les catégories indiquées sont celles du cyclisme au Etats-Unis. Selon le tableau suivant, seuls les dix premiers de la récente Haute Route auraient le niveau « cat 1 » aux Etats Unis.

Position Alpe d’Huez

Puissance w/kg

Niveau/catégories

10

4,6

excellent cat 1

20

4,35

very good cat 2

30

4,25

very good cat 2

40

4,15

good cat 3

50

4,1

good cat 3

100

3,85

good cat 3

200

3,55

good cat 3

Revenons sur la performance d’ensemble du vainqueur de l’épreuve chez les hommes, Peter Pouly. D’une manière générale, Peter a géré ses étapes en  produisant généralement son effort lors de la dernière ascension du jour.

Voici donc le détail de ses performances sur la Haute Route 2012:

Etape 1

Cols en cours d’étape

Derniers cols
Genève-Megève Romme Colombière Aravis
315 w (5,1 w/kg) 315 w (5,1 w/kg) 320 w (5,3 w/kg)

 

Peter Pouly « Sur cette première étape, j’ai pu me rendre compte rapidement quels allaient être mes adversaires sur cette Haute Route. Je connaissais bien Benjamin (Blaugrund) mais pas trop Michel (Chocol). Sur le sommet de la Colombière, j’ai accéléré et poursuivi mon effort jusqu’à Megève. J’ai pris un maximum de temps d’avance pour pouvoir gérer sur l’étape du lendemain qui était plus piégeuse où j’aurais bien aimé faire gagner un équipier  ».

Etape 2

Cols en cours d’étape

Derniers cols
Megève-Courchevel Saisies Courchevel
280 w (4,55 w/kg) 330 w (5,4 w/kg)

 

Peter Pouly «Etape piégeuse car une longue vallée séparait les 2 cols du jours. Emma a fait un gros forcing dans les Saisies et de ce fait il n’y a pas vraiment eu de tactique. Dans la montée vers Courchevel, j’ai été surpris sur les premiers kilomètres par le gros tempo de Michel Chocol et par le coureur Kenyan qui s’est accroché sur la moitié du col. A 5 kms du sommet, j’ai produit mon effort pour distancer à nouveau Michel ».

Etape 3

Cols en cours d’étape

Derniers cols
Moutier-Alpe d’Huez Madeleine Glandon Villard Reculas Alpe d’Huez (fin)
275 w (4,5 w/kg) 315 w (5,1 w/kg) 285 w (4,65 w/kg) 290 w (4,75 w/kg)

 

Peter Pouly «  J’avais une revanche à prendre sur le Glandon. A l’Étape du tour, j’avais vécu un moment difficile».

Etape 4

Cols en cours d’étape

Derniers cols
Alpe d’Huez (CLM) Alpe d’Huez (CLM)
360 w (5,9 w/kg)

 

Peter Pouly « Je suis parti  vite, je voulais battre le record amateur de la montée de l’Alpe, mais après La Garde, j’ai eu peur de ne pas tenir le rythme, alors j’ai un peu ralenti. Plus haut, quand je me suis rendu compte que je pouvais encore accrocher le record, j’ai relancé  avant de finir à ma main après le passage devant l’Office de tourisme, dans la station ».

Etape 5

Cols en cours d’étape

Derniers cols
Alped’Huez-Risoul Lautaret Izoard Risoul
280 w (4,55 w/kg) 280 w (4,55 w/kg) 345 w (5,65 w/kg)

 

Peter Pouly «L’Izoard est toujours un moment magique sur la Haute Route. Les coureurs Kenyan étaient très forts ce jour là. Il y avait une bataille pour la 3ème place au classement général. J’ai pu produire mon effort comme je l’avais prévu dans la montée de Risoul. J’ai eu vraiment de bonnes sensations et je suis très satisfait de mon chrono du jour  ».

Etape 6

Cols en cours d’étape

Derniers cols
Risoul-Auron Vars Bonette Auron
275 w (4,5 w/kg) 290 w (4,75 w/kg) 335 w (5,5 w/kg)

 

Peter Pouly «Toujours la bataille pour la 3ème place entre Ben, Emma et le coureur Kenyan. J’ai essayé de ne pas influencer leur lutte et je me suis retrouvé rapidement seul dans la Bonette. C’était exceptionnel, nous avions des conditions parfaites ».

Etape 7

Cols en cours d’étape

Derniers cols
Auron-Nice Couillolle Saint Raphaël Vence
295 w (4,8 w/kg) 305 w (5 w/kg) 290 w (4,75 w/kg)

 

Peter Pouly «Durant cette Haute Route, les aléas de la course ne m’ont pas permis d’aider un équipier à remporter une étape. J’ai été impressionné toute la semaine par Emma, toujours à l’attaque, généreuse dans l’effort, tout ce que j’aime voir dans le cyclisme. J’avais vraiment envie de partager une victoire avec elle. Notre petite stratégie a fonctionné et nous avons pu arriver à Vence, arrêt du chrono avant la descente sur Nice, main dans la main pour un vrai moment de sport unique à vivre avec cette championne. »

Bilan des performances de Peter Pouly :

Cols en cours d’étape

Derniers cols
MOYENNESHaute Route 292 w (4,8 w/kg)330 watts étalon 78kg avec vélo 325 w (5,3 w/kg)365 watts étalon 78 kg avec vélo
MOYENNESTour de France 375 watts étalon 78kg avec vélo 420 étalon 78 kg avec vélo

 

La montée de l’Alpe d’Huez constitue la meilleure performance de Peter Pouly sur cette Haute Route 2012. Il ne faut également pas oublier sa montée rapide vers Risoul, à 5,65 w/kg en fin d’étape.

Peter a en moyenne développé 12 % de puissance en moins qu’un vainqueur d’un grand Tour chez les professionnels (niveau 2012), à la fois lors des cols en cours d’étape que lors des cols en fin d’étape.

Pour la suite, des projets trottent dans sa tête comme la course par étapes de VTT en duo en Afrique du Sud (la Cap Epic) ainsi que des triathlons ou des courses sur route en Asie (il réside en Thaïlande).

The Secret Race: dur, mais nécessaire

« The truth really will set you free. »

La dernière phrase du livre « The Secret Race » de Tyler Hamilton résume à elle-seule l’esprit de l’ouvrage: dire la vérité, pour se libérer d’un lourd passé.

Un coming-out, version longue (la version courte est l’émission 60 minutes, où Hamilton était passé aux aveux).

Et ce faisant, Hamilton fait aussi un immense cadeau au sport cycliste: l’opportunité, rare, de pouvoir comprendre la vie en arrière-scène d’un coureur pro. « So yes, I think people have the right to know the truth. People need to know how it all really happened, and then they can make up their own minds. »

Et grâce à Tyler Hamilton, on peut en comprendre, des choses. Notamment:

1 – comment les médecins d’équipe « amènent » les néo-pros vers le dopage

2 – comment le dopage s’organise au sein d’une équipe

3 – à quel point avoir un bon médecin est crucial pour une équipe. Lance Armstrong bénéficiait du meilleur selon Hamilton, c’est à dire Michele Ferrari. Ce dernier, interdit de travailler avec les coureurs cyclistes pro, continue d’officier dans le peloton: Fillipo Pozzato a été récemment suspendu pour avoir travaillé avec lui.

4 – comment les coureurs s’approvisionnent en produits dopants, sur et en dehors des courses

5 – comment il est facile de déjouer les contrôles

6 – que LA méthode de dopage du peloton est les auto-transfusions, toujours indétectables à ce jour

7 – comment les autorités du sport ont protégé Lance Armstrong, voire comment ce dernier manipulait ces autorités

Le livre propose également quelques révélations choc au fil des 290 pages. Parmi celles m’ayant surpris, le fait que la chute d’Hamilton, alors chez Phonak en 2004, était en fait liée à… Lance Armstrong lui-même. Ce dernier, fou de rage d’avoir été battu par Hamilton au Mont Ventoux sur le Dauphiné, a alors appelé Hein Verbruggen, le président de l’UCI, pour lui demander de convoquer Hamilton à l’UCI et pour lui demander également de « surveiller » de près le coureur. Quelques mois plus tard, au sortir de la Vuelta, Hamilton était piqué pour transfusions sanguines homologues (d’un autre donneur) alors qu’il ne pratiquait que des transfusions autologues (son propre sang). « Lance had called the UCI on June 10th, the day I’d beaten him on Ventoux, the same date they (ndlr: l’UCI) told me to come in, the same date of the warning letter they’d sent to Girona. Lance called Hein, and Hein called me. » Plus loin, Hamilton écrit « Lance worked the system – hell, Lance was the system. »

Bon nombre de ces révélations portent sur le dopage chez US Postal, donc dans l’équipe de Lance Armstrong. Pourtant, il ne faut pas se méprendre sur le but du livre qui n’est pas à propos de Lance Armstrong ni de l’UCI. Hamilton parle d’abord et avant tout de lui, de ses propres dérives, de son propre dopage. S’il parle des autres, c’est pour nous faire comprendre le contexte dans lequel il évoluait. À propos de Lance Armstrong, on sent même que Tyler Hamilton lui voue un certain respect, malgré de graves incidents, notamment en 2011 dans un restaurant d’Aspen, peu de temps après la diffusion de l’émission 60 minutes. Ainsi, Hamilton écrit: « The thing was, Lance was always different from the rest of us. We all wanted to win. But Lance needed to win. He had to make 100 percent sure that he won, every time, and that made him do some things that went way over the line, in my opinion. I understand that he’s done a lot of good for a lot of people, but it still isn’t right. Should he be prosecuted, go to prison for what he did? I don’t think so. But should he have won seven Tours in a row? Absolutely not. »

La crédibilité? Elle transpire de l’ouvrage. D’abord par le niveau de détail, de précision: impossible de « construire », d’inventer une telle histoire! C’est aussi l’avis d’Alain Gravel de Christiane Ayotte, tous deux interviewés sur le livre hier matin sur les ondes de l’émission Médium Large de la Première chaine de la radio de Radio-Canada. Mentionnons aussi que le co-auteur du livre, Daniel Coyle, avait imposé comme condition à son partenariat avec Hamilton la possibilité de vérifier tous les faits évoqués par Hamilton au moyen de sources indépendantes. À de nombreuses reprises, on trouve d’ailleurs des notes de bas de page par Doyle et qui viennent préciser les propos d’Hamilton, voire donner la version d’un autre témoin.

Construit de façon chronologique, de sa découverte du monde des pros chez Montgomery-Bell en 1996-1997 à sa descente aux enfers en 2008, 2009 et 2010 (Hamilton a tout perdu, fortune, travail, amis, mariage), j’ai trouvé l’ouvrage passionnant, mais également très dur. C’est un ouvrage propre à vous donner un sacré « reality check » à propos du monde des coureurs cyclistes professionnels. J’estime personnellement ce « reality check » nécessaire pour ne pas incarner le passionné ignorant qu’on dupe facilement, voire que la « machine commerciale » méprise parfois.

Sombre, « à vomir » selon Christiane Ayotte tant le monde décrit par Hamilton est glauque, le livre comporte pourtant des éléments d’espoir dont celui de comprendre les coureurs qui se dopent puis de travailler tous ensemble à édifier un milieu dans lequel le dopage ne sera plus utile. Je laisse le mot de la fin à Tyler Hamilton lui-même: « … I think everybody who wants to judge dopers should think about it, just for a second. You spend your life working to get to the brink of success, and then you are given a choice: either join in or quit and go home. What would you do? »

« I want to tell it (ndlr: son histoire) so people might focus their energy on the real challenge: creating a culture that tips people away from doping. »

L’UCI ferait bien de lire ce bouquin et d’entendre le message!

(Le livre est disponible sur ITunes ou Amazon, en langue anglaise. Je ne connais pas de traduction française pour le moment, mais elle va venir, c’est sûr.)

En marge de cet article, à lire l’opinion récente de Michael Ashenden, un expert mondial de la lutte anti-dopage, concernant l’omerta du milieu et les moyens de la combattre. Son idée de mettre sur pied une commission d’enquête, puis une unité d’enquête indépendante, m’apparait excellente et à même de convaincre les plus réfractaires de parler ouvertement de leur expérience. Chose certaine, l’omerta du milieu existe toujours, elle s’est simplement mutée en une forme différente à la suite de tous les scandales des 15 dernières années.

GP de Québec et Montréal: des suggestions aux organisateurs

Les récents GP de Québec et Montréal ont connu cette année encore un franc succès et il faut s’en réjouir puisque le cyclisme canadien continue d’afficher une belle santé. Je dirais même que le succès a été plus grand encore à Québec qu’à Montréal puisque malgré une météo parfaite, il semble qu’il y ait eu un peu moins de monde sur le circuit de Montréal cette année comparativement aux deux dernières années.

J’ai beaucoup discuté avec de nombreuses personnes qui sont allées soit à Québec, soit à Montréal, voire aux deux endroits. Quelques suggestions se dégagent de mes discussions et il peut être intéressant pour les organisateurs de les entendre.

En gros, c’est simple: mettre à disposition des spectateurs sur le bord de la route un moyen de suivre toute la course.

Certains proposent de créer, sur le circuit, un mini réseau internet accessible permettant de suivre, sur les appareils électroniques portables (IPad, IPhone, etc.) la course. Tous m’ont signifié qu’un accès payant à ce réseau (5, 10$ pour la journée) ne serait absolument pas un problème puisque la course, elle, est gratuite.

Les gens veulent suivre toute la course, et pas seulement voir les coureurs 15 secondes passer devant eux. Qui plus est, ils veulent comprendre ce qui s’est passé avant et après avoir vu tel ou tel coureur en échappée passer devant eux.

Un autre moyen serait de multiplier les écrans géants, que tous trouvent actuellement nettement insuffisants. Pourquoi ne pas fonctionner avec 3 ou 4 écrans géants? À Québec, outre la ligne départ/arrivée, il serait judicieux d’en placer sur le haut de la côte de la Montagne, au Carré d’Youville ainsi qu’en bas de la rue St-Jean, voire près de la traverse de Lévis. À Montréal, le belvédère Camilien Houde, le sommet de Camilien Houde et l’avenue Édouard Montpetit seraient également des endroits stratégiques.

Chose certaine, de nombreuses personnes m’ont dit qu’il était nettement plus agréable d’être sur le parcours de Québec que de Montréal. À Québec, la course passe dans le Vieux-Québec, où cafés, restaurants, magasins, galeries d’art et commerces en tout genre foisonnent. Voilà qui donne aux spectateurs de quoi meubler l’attente entre les passages des coureurs!

À Montréal, beaucoup souligne qu’on est prisonnier du parcours: une fois dans Camilien Houde, il n’y a strictement rien à faire entre les passages des coureurs. Le circuit traversant de nombreuses zones résidentielles, et non commerciales, le temps est long sur le bord des routes une fois la course passée, conduisant très probablement à un essoufflement, d’une année à l’autre, de l’enthousiasme des spectateurs venus sur le bord de la route.

Je trouve personnellement l’idée de déployer un réseau sans fil couvrant le circuit et permettant aux spectateurs de suivre, sur leurs portables, la course moyennant un forfait de 5 ou 10$ pour la journée, particulièrement intéressante et susceptible de ramener certains amateurs de cyclisme sur le circuit l’an prochain. Ils auraient ainsi le meilleur des deux mondes: voir en direct les coureurs, sentir l’ambiance de la course, sans perdre un seul instant du déroulement de la course sur les autres portions du circuit.

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