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Mois : juin 2012 Page 1 of 2

Championnats canadiens: je ne suis pas le seul à préparer la Haute Route!

Une grosse lessive. C’est ainsi qu’on peut résumer la difficile course sur route des Championnats canadiens des coureurs Maitres disputée hier du côté de Lac Mégantic.

Le parcours était digne d’un Championnat canadien, et le vent a été l’invité surprise du jour: grosses rafales, vent soutenu.

Chez les Maitres B, une échappée de deux coureurs est partie tôt dans la course, vers le km 6 ou 7. Personne n’y a cru, avec ce vent, les difficultés du jour et la distance. Grave erreur, ils sont allés au bout! Chapeau bien bas à une pointure du peloton Maitres B (qui ne court habituellement pas avec les Maitres B), Pascal Buissières, le nouveau champion canadien. Rien à dire. La course a été durcie dans ses premiers 70 kms par David Gazsi, récent champion canadien du chrono chez les 40-49 ans, qui nous relançait l’allure dans chaque bosse.

On retrouve à la 2e place Yves Lefevbre, un coureur qui, comme moi, prépare la Haute Route. La place de premier Québécois sur l’épreuve française sera très disputée, Lefevbre a réalisé un grand numéro hier en passant la journée devant. À l’arrivée, petite question: « tu mets quoi comme braquets pour la Haute Route, Yves? » Réponse de l’intéressé, le 25. Un scrupule m’a empêché de lui demander si c’était couplé avec un 34 ou un 39…

Pour ma part, je termine « hors délai », une première dans ma carrière de coureur. Bizarre que cette application de la règle des délais sur des épreuves Maîtres, mais je crois que cette situation est liée au fait que cette course des Championnats canadiens permet de marquer des points UCI. Les délais étaient visiblement très faibles hier (3 ou 6% très certainement) car mon temps de course est de 3h12min45, soit environ 7 minutes de plus que le vainqueur. Je suis pourtant hors délai!

Ma course s’est terminée au km85 sur des putains de crampes, un classique depuis 2 ans en ce qui me concerne. Idem pour David, qui a cédé au même moment que moi. De mon côté, il faut absolument que je coupe sur le Riesling… Ceci étant, je demeure très satisfait de ma course, j’étais dans le coup jusque là, parmi le groupe de 20 coureurs derrière l’échappée. La dernière grande bosse, nez dans le vent, a achevé mes jambes et les crampes sont survenues sans avertissement, me bloquant net.

Carton rouge à mes quatre autres compagnons des 15 derniers kms, qui ont disputé un sprint endiablé dans les 200 derniers mètres pour la… 24e place, tout en me laissant tirer le dernier km. Je ne comprendrai jamais ce genre de comportement.

Je m’en voudrais de ne pas dire un mot sur Yvan Waddell, 13e hier et un coureur qu’on ne présente plus. Régulièrement décroché dans les bosses, je l’ai vu revenir au métier à chaque fois, sans s’affoler, preuve que l’homme possède un gros capital d’expérience. Impressionnant! Yvan a toutefois bénéficié de l’aide des bagnoles à au moins une reprise, mais on ne lui reprochera pas compte tenu qu’il n’a pas été le seul!

Enfin, ce fut un réel plaisir que de revoir plusieurs amis du peloton, notamment Claude et Mario. Que voulez-vous, dans de belles galères, les liens se tissent vite!

Prochain objectif, le GP OBC dans le Parc de la Gatineau dans deux semaines. D’ici là, un petit détour par Whiteface est au programme, question de travailler la montagne.

Tour 2012: 11 étapes à surveiller

Onze étapes m’apparaissent clef dans ce Tour de France qui débute samedi.

Prologue de Liège: un test psychologique plus que tout autre chose, et c’est ce qui rend ce rendez-vous intéressant. Pour les favoris, c’est toujours délicat: une contre performance et le doute s’installe non seulement chez vous, mais aussi au sein de vos équipiers.

1ere étape vers Seraing: Ca monte, ca descend tout le temps et le peloton est toujours nerveux au début du Tour. Les risques de chutes sont au maximum! Le parcours sera usant, surtout s’il fait chaud. Bref, pas si simple que ca pour les leaders et c’est là qu’une forte équipe, qui peut contrôler les écarts, est le plus appréciée des favoris.

3e étape vers Boulogne-sur-mer: un final casse-patte (4 bosses dans les derniers 16kms), du vent, de la nervosité. Là encore, cette étape est piégeuse et pas si simple que cela pour les leaders. Le travail d’équipe sera encore une fois d’une importance capitale.

7e étape vers La planche des belles filles: le premier vrai test de ce Tour avec 5 kms difficiles vers l’arrivée, comportant de nombreux passages à plus de 10%. Dès le pied, ca monte raide (13%) et il faudra encaisser le passage du grand au petit plateau. Des favoris pourraient déjà y perdre une grosse poignée de secondes, voire une minute.

8e étape vers Porentruy: difficile d’imaginer parcours plus casse-patte; pas un mètre de plat durant toute l’étape! C’est aussi assez court (158kms), donc ce sera nerveux, axé sur le mouvement. Une étape pour les baroudeurs et une étape pour le travail d’équipe pour les grands leaders.

10e étape vers Bellegarde: le premier test en montagne sur le difficile Grand Colombier. C’est certain que les favoris seront sans pitié pour leurs adversaires qui montreraient des signes de faiblesse puisque l’arrivée vient vite après la descente du col de Richemond. Au soir de cette étape, certains auront déjà perdu le Tour.

11e étape vers La Toussuire: une grande étape de montagne avec Madeleine, Glandon, Mollard (facile) et ascension finale vers La Toussuire. Ce sera difficile mais je pense que le Tour ne se jouera pas là, l’étape étant très courte (148kms).

14e étape vers Foix: une sacré patate dans le final avec ce Mur de Péguère dont les 3 derniers kms sont redoutables, à plus de 10% (certains passages à 18%!). L’occasion d’un gros effort et les organismes fatigués passeront à la trappe.

16e étape vers Bagnères-de-Luchon: l’étape-reine de ce Tour de France. Si des grimpeurs sont dans le coup pour le maillot jaune, cette étape est une grande occasion pour creuser l’écart en prévision du dernier chrono de 54 kms la veille de l’arrivée à Paris. Aubique, Tourmalet, Aspin et Peyresourde, ce n’est jamais facile, surtout sur 197kms. Ca se jouera à l’usure.

17e étape vers Peyragudes: un final pas facile, avec Port de Balès, Peyresourde et montée sur Peyragudes, un peu plus haut. Encore une chance pour les grimpeurs d’aller chercher un peu de temps en prévision du dernier chrono.

19e étape vers Chartres: 54kms chrono, tout simplement. The race of truth. Sur des organismes fatigués, c’est toujours révélateur.

Tour 2012: le peloton

On a désormais une idée plus précise de la liste des partants sur le Tour qui débute samedi. Cette liste est disponible sur le site officiel du Tour de France, qui bénéficie d’un nouveau look pour l’occasion. Petit tour d’horizon.

Les nationalités

43 Français (22%). 21 Espagnols. 18 Hollandais. 15 Italiens. 14 Belges. 13 Allemands. 12 Australiens. Total 136 coureurs, où environ 2 coureurs sur 3 (69%). Les 62 autres coureurs se répartissent comme suit: États-Unis 8. Danemark 5. Russie 5. Royaume-Uni 5. Slovénie 4. Kazakhstan 4. Biélorussie 4. Ukraine 3. Suisse 3. Slovaquie 3. Suède 2. Afrique du Sud 2. Portugal 2. Irlande 2. Luxembourg 1. Norvège 1. Japon 1. Canada 1. Estonie 1. Croatie 1. Nouvelle-Zélande 1. Argentine 1. Autriche 1. Pologne 1. 

Les grands absents

Alberto Contador (suspendu). Andy Schleck (blessé). Joaquim Rodriguez (se réserve pour la Vuelta après avoir terminé 2e du Giro). Tom Boonen (tout pour les JO). Thor Hushovd (malade). Damiano Cunego. Arnaud Demare (a fait le Giro et mise sur les JO). Nacer Bouhanni (récent champion de France, trop jeune). Arnold Jeannesson (blessé). Franco Pellizotti (récent champion d’Italie, équipe non retenue).

Les favoris

Ils sont deux: Bradley Wiggins et Cadel Evans. Misez Wiggins, qui mise tout cette année sur le Tour. Il dispose d’une meilleure équipe qu’Evans et il est plus fort dans les chrono.

Les outsiders

Ryder Hesjedal. Le joker de ce Tour de France. Il vient sans pression, ayant déjà rempli son contrat en ayant gagné le Giro il y a 3 semaines. Le Canadien trouvera un parcours à sa convenance. Aura-t-il suffisamment récupéré pour être à son meilleur niveau en juillet ? Il dispose également d’une excellente équipe à son service.

Janez Brajkovic. Capable de tout. L’inconnu, mais s’il est en forme comme sur le Dauphiné 2010, aie.

Vicenzo Nibali. On ne peut l’exclure de ce palmarès, ayant remporté une Vuelta. C’est un métronome.

Franck Schleck. Sans son frère, ça devient presque plus simple pour lui: il est l’unique leader. Il était en grande forme sur le récent Tour de Suisse, et son équipe RadioShack a grand besoin d’un bon résultat.

Samuel Sanchez. Discret ces derniers temps, on ne sait que peu de choses sur ses réelles intentions. Le parcours ne lui convient pas très bien, trop peu montagneux.

Robert Gesink. Capable de tout lui aussi.

Alejandro Valverde. Bourré de talent. Dispose d’une belle équipe à son service. Pas mauvais dans le chrono. Pas mauvais en montagne.

On pourrait les voir dans les 10 premiers à Paris

Tejay Van Garderen. Pierre Rolland. Michele Scarponi. Tom Danielson. Daniel Martin. Nicolas Roche. Rein Taaramae. Jérome Coppel. Chris Froome. Jurgen Van Den Broeck. Denis Menchov. Steven Kruijwijk. Juan Jose Cobo. Rui Costa.

Pour le vert

Peter Sagan. Je ne crois pas trop aux Mark Cavendish, Marcel Kittel, Matthew Goss, Joaquim Rojas ou André Greipel.

Pour les pois

C’est très ouvert. Samuel Sanchez peut-être, comme l’an dernier?

Pour le blanc

Tejay Van Garderen ou Rein Taaramae. Thibault Pinot a un bon coup à jouer lui-aussi sur ce classement.

Les inconnus (présence encore à confirmer)

Michael Schar (BMC). Jorge Azanza (Euskaltel). Pablo Urtasun (Euskaltel). Simone Stortoni (Lampre). Frederico Canuti (Liquigas). Nicolas Edet (AG2R). Romain Zingle (AG2R). Guillaume Levarlet (Saur). Jean-Marc Marino (Saur). Marcel Sieberg (Lotto). Rob Ruijgh (Vacansoleil). Rafael Valls (Vacansoleil). Eduard Vorganov (Katusha). Jonathan Cantwell (Saxo Bank). Roy Curvers (Argos). Johannes Frohlinger (Argos). Albert Timmer (Argos). Tom Veelers (Argos).

Les quadragénaires du Tour

Très intéressant article sur les coureurs de 40 ans et plus qui ont participé au Tour de France depuis sa création en 1903.

L’essentiel d’entre eux ont participé au Tour à une autre époque, celle de l’avant Deuxième guerre mondiale.

De l’époque « moderne » de l’après 1945, l’Italien Pino Cerami est un cas intéressant avec deux participations au Tour de France à l’âge de 40 ans (en 1962) et 41 ans (en 1963). En 1963, il a d’ailleurs remporté la 9e étape, ce qui en fait à ce jour le vainqueur d’étape le plus âgé de l’histoire du Tour « moderne ».

On notera aussi l’exceptionnelle longévité de Raymond Poulidor, 3e du général du Tour 1976 à l’âge de 40 ans. Excusez-un-peu, surtout que le Tour 1976 était sa 14e participation!

Le solide coureur portugais Joaquim Agostinho a également complété le Tour 1983 à l’âge de 41 ans.

Plus près de nous, le Russe Viatcheslav Ekimov a terminé à la 15e place le Tour 2006 à l’âge de 40 ans.

Sur le Tour 2012, deux coureurs de 40 ans au sein de la même équipe prendront probablement le départ: Jens Voigt et Chris Horner. Il s’agirait d’une première depuis le Tour 1928.

Il faut peut-être y voir la conséquence de l’avancement des techniques d’entrainement dans les sports d’endurance: si la maturité des cyclistes était autrefois estimée entre 27 et 31 ans, je pense que cette période s’est allongée depuis trois ou quatre décennies, tout comme l’espérance de vie des populations. Il faut probablement considérer la maturité cycliste entre 27 et 33 ou 34 ans désormais, ce qui allonge assurément la carrière d’un cycliste professionnel.

Europcar pour le Tour: Veilleux absent

Bernaudeau a rendu public la sélection Europcar pour le Tour.

On peut se questionner sur les choix effectués.

La nouvelle n’est pas tant la non-sélection du Québécois David Veilleux, car c’était du domaine du probable, mais celle d’Anthony Charteau, pourtant bon 3e de la récente Route du Sud. Ancien maillot à pois sur le Tour, il aurait, me semble-t-il, pu épauler efficacement Pierre Rolland en montagne. Je vous rappelle qu’Europcar n’a pas été retenue pour la prochaine Vuelta.

Pour David Veilleux, c’est évidemment une grande déception. Il est pour le moment désigné 2e remplaçant, derrière Alexandre Pichot. La réaction officielle de David est ici.

On pourra également se questionner sur la sélection d’autres coureurs comme Gene, Arashiro, Jérome, Malacarne ou même Bernaudeau.

Visiblement, Bernaudeau joue plusieurs cartes sur ce Tour de France et vise une approche lui permettant de tabler sur plusieurs tableaux: Rolland pour le général avec Malacarne en montagne, Gauthier pour les échappées surtout en début de Tour, Gene, Arashiro et Bernaudeau pour les sprints, et Voeckler comme joker imprévisible.

La stratégie est cependant très risquée selon moi. Je l’aurais joué différemment en misant sur la spécialisation et surtout, sur les garanties sur le papier. Car sur ce papier, Bernaudeau n’a qu’une certitude, qu’une garantie: Pierre Rolland. Dans ce contexte, j’aurais choisi de tenter une très bonne place au général (un podium…) avec lui, et donc des coureurs capables de l’épauler efficacement en montagne. J’aurais personnellement oublié les sprints.

Vous me répondrez que quand on est bon, on est toujours capable de tirer son épingle du jeu tout seul en haute montagne. Peut-être, mais c’est un pari risqué pour Rolland s’il est bien.

Chez Europcar, on justifie la sélection de Gène, Bernaudeau et Arashiro par leur pointe de vitesse. J’ai bien peur que ca soit largement insuffisant face aux autres grosses pointures comme Sky et Cavendish, Greipel et Lotto ou encore Farrar chez Garmin. Sprints de petits comités au terme d’une longue échappée alors? Je doute là encore…

Enfin, Davide Malacarne ne m’a pas apparu transcendant cette saison. Il est cependant assez jeune (25 ans) et se débrouille bien en montagne. Pourra-t-il cependant remplacer Anthony Charteau? À voir.

Bref, je perçois la sélection de Bernaudeau comme une prise de risque maximum. Voeckler ne donne aucune garantie et on peut raisonnablement se demander combien de temps son genou tiendra-t-il à ce niveau de compétition? Kern ne présente pas beaucoup plus de garantie en ce moment, bien que celui-là est capable du meilleur comme du pire. Le meilleur peut être sacrément bon. Gauthier a les meilleures chances de victoires d’étape par des échappées. Pour les autres, je comprends mal la stratégie et surtout, je vois mal ce qu’ils apportent de plus ou de différent par rapport à Charteau et Veilleux.

Bernaudeau est peut-être un gambler: sa gestion de l’étape de l’Alpe d’Huez sur le Tour l’an dernier milite pour cela!

Anyway, comptez sur moi pour suivre de près l’équipe Europcar sur ce Tour de France et pour commenter les (non) résultats!

Le Tour de l’actualité

1 – Il faut lire la réaction (commentaire #6) de M. Pol Dussaussois de la FQSC à mon texte publié hier à propos du port du casque à vélo. Je crois qu’il est simplement « fair-play » que les autres avis soient entendus sur La Flamme Rouge et la FQSC souligne quelques points très intéressants qui éclairent ce débat. J’en profite pour remercier M. Dussaussois de nous avoir fait part de ces commentaires qui me permettent de faire évoluer ma propre réflexion sur ce dossier.

2 – Une valise, c’est ce que Svein Tuft a mis à tout le monde sur le chrono des Championnats canadiens. Le deuxième, son équipier chez Green Edge Christian Meier, est repoussé à 2min08, excusez un peu! Tuft est donc devenu champion canadien du chrono pour une… 8e fois en carrière. C’est une domination totale, un peu comme celle qu’exerce Clara Hughes chez les femmes lorsqu’elle est présente. Elle vient d’ailleurs de remporter le chrono chez les femmes, en route pour les JO de Londres.

Chose certaine, Svein Tuft connait une bonne saison cette année et habituellement, il s’améliore à mesure que la saison avance. Pourrait-il nous sortir une bonne performance sur la Vuelta puis sur les Mondiaux?

Soulignons enfin les excellentes performances des Québécois Hugo Houle, champion canadien du chrono chez les U23, et de David Boily, 2e des U23 et pourtant plutôt grimpeur. La satisfaction de l’équipe SpiderTech est augmentée par la 5e place du revenant François Parisien qui prouve là qu’il revient doucement à son meilleur niveau et qu’il pourra être opérationnel pour la deuxième partie de la saison.

Enfin, je suis complètement soufflé par la 4e place d’un coureur de la région d’Ottawa-Gatineau, Aaron Fillion, contre qui je coure régulièrement dans le Parc de la Gatineau. On savait Aaron en très grande condition récemment puisque auteur de quelques numéros assez exceptionnels dans le coin ici. Mais de là à terminer 4e du chrono des Canadiens, à 3min25 d’un coureur en WorldTour, c’est vraiment impressionnant. Et je comprends mieux maintenant pourquoi quand Aaron se dresse sur ses pédales, je passe à la trappe très rapidement!!! Mes respects, Aaron.

3 – Selon le « start list » du Tour de France publié par CyclingNews, David Veilleux ne ferait pas partie de l’équipe Europcar qui disputera la Grande Boucle. Je crois toutefois que cette « start list » est pour le moment très préliminaire et que plusieurs formations annonceront leur formation définitive seulement dimanche ou lundi prochain au terme des Championnats nationaux.

4 – Les avocats de Lance Armstrong ont rendu publiques leurs réactions suite aux accusations de l’USADA. Rien de bien original et rien à rajouter tant c’était attendu. On attend désormais la suite des choses.

5 – Intéressant, Johan Bruyneel a décidé de devancer les choses et d’annoncer lui-même qu’il renonçait à exercer ses responsabilités de directeur sportif de l’équipe RadioShack sur le Tour de France. A-t-il eu des discussions avec l’UCI ou avec ASO en préambule à cette annonce? Ce n’est pas impossible. Quoi qu’il en soit, la nouvelle a de quoi me réjouir.

6 – Sans surprise, l’Association Cycliste Canadienne a sélectionné Ryder Hesjedal comme représentant masculin du Canada sur les épreuves du chrono et de la course sur route des prochains JO de Londres fin juillet. Comment en effet faire autrement? Hesjedal vient de signer LA perf cycliste de l’histoire canadienne en remportant, il y a 2 semaines, le Giro d’Italia.

Chez les femmes, Clara Hughes, Joelle Numainville et Denise Ramsden seront les représentantes chez les femmes, avec Clara Hughes notre meilleur espoir d’une médaille lors du chrono. Denise Ramsden vient d’ailleurs de remporter le titre de championne canadienne sur route lors des Championnats nationaux de Lac Mégantic.

7 – Jeannie Longo ne l’a pas eu facile ces derniers temps et en particulier ces derniers jours, ce qui expliquerait sa « contre-performance » au chrono du Championnat de France sur route. Si je refuse de l’exonérer de tout soupçon à l’égard du dopage à la vue des « affaires » de ces derniers mois, j’admire chez cette femme cette volonté qu’on retrouve par ailleurs chez de nombreux champions de ne jamais céder sur un échec. C’est malheureusement ce qui les coule parfois.

Port du casque à vélo: Vélo Québec a raison

C’est reparti pour un tour: pour ou contre le port obligatoire du casque à vélo?

Le coroner en chef de l’Ontario et les quatre centres hospitaliers universitaires du Québec se sont prononcés en faveur d’une réglementation. La Fédération Québécoise des Sports Cyclistes a aussi récemment émis un communiqué soutenant cette approche.

Vélo Québec préconise par ailleurs une approche non coercitive, basée sur le libre choix.

Je suis d’accord avec la position de Vélo Québec et je trouve les arguments avancés par le coroner en chef ainsi que par les centres universitaires faciles et peu responsables d’un point de vue de société.

C’est sur la base de l’examen de 129 décès de cyclistes sur une période de 5 ans, soit entre 2006 et 2010, que le coroner en chef de l’Ontario en est venu à une telle recommandation. Le coroner en chef teinte son jugement en affirmant cependant que des évaluations de l’effet d’une législation obligeant le port du casque sur l’activité cycliste devront être menées, l’hypothèse étant qu’une telle législation réduirait l’usage du vélo.

Les quatre CHU du Québec recommandent pour leur part que le port du casque soit obligatoire pour les moins de 18 ans. Chez les enfants, je me suis déjà prononcé en faveur d’une telle mesure l’an dernier.

Réglons d’entrée un élément: nous nous entendons tous pour affirmer haut et fort qu’un seul décès lié à la pratique du vélo est un décès de trop. Idem pour un seul décès sur les pentes de ski, ou lié à une autre activité. C’est donc réglé.

Revenons à nos 129 décès sur 5 ans. Savez-vous, comme le souligne avec justesse Suzanne Lareau de Vélo Québec, combien de décès provoque le tabagisme en une seule année? Savez-vous combien de Canadiens meurent frappés par la foudre sur une période de 5 ans?

Afin de mieux quantifier le problème lié à la pratique du cyclisme et afin de le mettre en contexte par rapport à d’autres comportements à risque, il aurait été préférable que le coroner exprime les statistiques sous forme de quotients de mortalité. Le hic, c’est le dénominateur de ces quotients: comment calculer les personnes soumises au risque? Pas simple de quantifier le total des déplacements à vélo en Ontario sur une période de 5 ans!

Chose certaine, on s’entend tous pour émettre une hypothèse raisonnable: le quotient de mortalité des cyclistes est très probablement extrêmement faible, beaucoup plus faible en tout cas que celui des fumeurs voire de d’autres comportements à risque. D’un point de vue de santé publique, ce dont le coroner est responsable, il y a bien d’autres urgences pour améliorer le bilan des morts prématurés chaque année…

Et savez-vous ce que coûte le tabagisme au système de santé puisqu’avant de décéder, les malades du tabac font souvent face à de graves problèmes de santé souvent couplés de pertes d’autonomie durant des mois, voire des années?

Vous voyez où je veux en venir: soyons cohérents s’il vous plait.

Autre point, le rapport du coroner n’indique pas les circonstances des 129 décès de cyclistes entre 2006 et 2010. Mme Lareau souligne que le tiers de ces décès sont survenus le soir. Avez-vous essayé le cyclisme sur route AVEC un casque à 21h le soir, pas de lumière sur votre vélo?

Encore une fois, soyons cohérents.

Enfin, Mme Lareau souligne que c’est aux Pays-Bas, pays cycliste s’il en est et où moins de 5% des cyclistes portent un casque, que l’on trouve le meilleur bilan routier à cet égard.

Je le répète encore, soyons cohérents. Et vous voyez où je veux en (re)venir.

La meilleure approche qui soit, si on veut améliorer le bilan routier à l’égard des cyclistes, c’est à mon sens l’éducation des gens. En particulier l’éducation des automobilistes. Les cyclistes ont certes leur tort: dans ma propre équipe cycliste, je vois très (trop) régulièrement des comportements inappropriés qui fâchent légitimement les automobilistes. Éduquons les cyclistes aux règles de la route, et éduquons les automobilistes aussi. Actuellement, très peu est fait à cet égard et ce ne sont pas les quelques panneaux « Partageons la route! » présents sur un nombre limité de routes du Québec qui vont faire une différence à cet égard. Des campagnes de publicité à la télé expliquant aux automobilistes comment dépasser de façon sécuritaire un cycliste et expliquant aux cyclistes leurs responsabilités seraient un grand pas dans la bonne direction.

Comme le souligne Mme Lareau, continuons aussi de développer nos infrastructures routières de façon à construire des routes complètes rassemblant espaces pour les automobilistes, les cyclistes, le transport en commun et les piétons. Êtes-vous déjà allé faire un tour à Genève? C’est un modèle dans le genre.

Bref, il n’y a pas selon moi davantage de justification basée sur les statistiques de mortalité (dont je suis un spécialiste dans mon emploi professionnel) pour le port du casque à vélo que pour d’autres activités à risque. Qui plus est, le risque zéro n’existe pas. Comme pour le tabagisme, le patin à roues alignées, les sports nautiques ou de glisse, il faut en appeler aux responsabilités individuelles. Ce qui ne signifie pas pour autant que la société n’a pas de responsabilités: elle doit mettre en garde des dangers, sensibiliser, elle doit surtout éduquer pour faire comprendre aux gens que nous vivons tous au sein de cette société et que dans ce contexte, il faut prendre en considération les autres. C’est dans ce contexte que l’approche de Mme Lareau et Vélo Québec me semble beaucoup mieux articulée, cohérente et porteuse d’un réel changement à long terme dans plusieurs sphères de la société, pouvant améliorer durablement le bilan des décès liés à la pratique du vélo.

David Veilleux et le Tour: c’est possible!

Je vous disais, il y a une dizaine de jours, que le Québécois David Veilleux avait, selon moi, des chances de faire partie de l’équipe Europcar du Tour de France. Après la bonne prestation de David sur la Route du Sud, il est utile de faire l’état de la situation en cinq points:

1 – le cas Voeckler. Avec un genou en délicatesse, le leader Europcar est un sacré risque pour le Tour. Les médecins semblent être rassurants, mais Voeckler a tout de même décidé de faire l’impasse sur les Championnats de France pour maximiser la guérison. Dans ce contexte, on peut raisonnablement se demander ce que vaudra Voeckler pour le Tour… On ne l’a pas vu à son avantage ces dernières semaines… et je doute qu’il puisse vraiment faire quelque chose en juillet tant le niveau est relevé sur la Grande Boucle. Sa sélection est probablement davantage une question d’image et de gestion des attentes du public. La compagnie Europcar veut maximiser sa visibilité et sans la vedette Voeckler, l’équipe est forcément moins attirante pour les journalistes et le public.

Bref, je pense que sa sélection est surtout basée sur d’autres critères que les seuls sportifs… et c’est correct comme ca.

2 – Veilleux a bien roulé sur la Route du Sud et est de retour au Québec pour disputer les Championnats nationaux de Lac Mégantic. David, il faut faire une solide perf sur ces Championnats, la sélection de Bernaudeau intervenant après. Un maillot de champion canadien couplé avec l’engagement de Louis Garneau dans l’équipe Europcar seraient deux arguments de poids pour te sélectionner! Plus facile à dire qu’à faire je sais, mais il faut y croire!

3 – Cinq coureurs Europcar sont déjà assurés d’une sélection: Voeckler, Rolland, Charteau, Gauthier et Kern. Reste donc quatre places. Ca se jouera assurément entre Veilleux, Bernaudeau, Malacarne, Pichot, Cousin, Arashiro, Gene et Reza. Selon David, seules deux places seraient encore indéterminées. Difficile de dire qui de ces coureurs ont déjà été retenus, mais je pense qu’il s’agit de Bernaudeau et Pichot.

4 – L’effet Louis Garneau. La compagnie québécoise est responsable de la bonneterie de l’équipe. C’est un sponsor non négligeable. Il n’est pas inhabituel que les intérêts des sponsors soient pris en compte dans la sélection des coureurs. Il est clair qu’une sélection de David maximiserait l’intérêt du Tour pour les spectateurs québécois qui constituent la plus grosse part de marché de la compagnie Louis Garneau, voire les premiers responsables du succès de cette compagnie de la région de Québec. Pourquoi ne pas en tenir compte dans la sélection? Je ne verrais aucun problème à ce que Louis Garneau passe un coup de fil à Jean-René Bernaudeau pour en discuter franchement, tout en respectant l’autorité sportive de Bernaudeau qui demeure le directeur sportif. Et personne n’est parfait, on l’a vu dans l’étape de l’Alpe d’Huez l’an dernier!

5 – Le facteur jeunesse. À 24 ans, David Veilleux représente un sacré bel espoir et il faut investir sur son développement. Un premier grand Tour est, dans ce contexte, nécessaire pour lui faire franchir un pallier et je pense que de tous les coureurs encore dans la course pour une sélection, David présente le plus grand potentiel. N’oublions pas qu’il virait aux côtés de Philippe Gilbert à 400m de l’arrivée du GP de Montréal en septembre dernier, après… 17 ascensions de Camilien Houde. Il y a des signes qui ne trompent pas. Sur le Tour, tout est possible… même une victoire d’étape s’il se glisse dans une échappée, notamment entre Belfort et Porrentruy!

Réponse dimanche ou lundi très probablement. J’offre à David mes meilleurs souhaits d’une sélection. Il faut y croire et il faut de bons championnats canadiens en fin de semaine prochaine si possible. Go David Go!

Des questions sans réponse… pour le moment

Quelques questions auxquelles j’ai hâte d’avoir une réponse:

1 – Quelle équipe Europcar pour le Tour? David Veilleux en fera-t-il partie? Il semble que Voeckler soit finalement partant, mais sa sélection comporte de gros risques.

2 – Ryder Hesjedal sera-t-il de l’équipe Garmin pour le Tour? Si l’intéressé s’est dit partant, on attend toujours la confirmation de l’équipe.

3 – Johan Bruyneel sera-t-il autorisé à diriger l’équipe RadioShack sur le prochain Tour? S’il n’en tenait qu’à moi, bien sûr que non puisqu’il fait l’objet d’accusations de l’USADA. À ce stade-ci, j’ai bien l’impression que seul ASO pourrait avoir le courage de l’exclure.

4 – Quelle ambiance chez RadioShack? L’équipe implose de partout. L’équipe est à peu près sans résultat cette saison, Bruyneel fait face à de lourdes accusations, Andy Schleck est non-partant pour le Tour, les salaires seraient versés avec retard, les frères Schleck se chercheraient une nouvelle équipe pour 2013 et des jeux politiques auraient lieu en coulisse, avec pour résultat la sélection de Chris Horner qui avait pourtant été annoncé non-partant il y a quelques jours. Je ne vois guère que Cancellara pour sauver les meubles en juillet!

5 – Quelles performances des grands outsiders sur le prochain Tour? Les Ryder Hesjedal, Janez Brajkovic (récent vainqueur du Tour de Slovénie), Jurgen Van Den Broeck, Jelle Vanendert, Nicolas Roche, Alejandro Valverde, Rui Costa, Steven Kruijswijk, Bauke Mollema et Jérome Coppel pourraient tous nous surprendre.

6 – La nouvelle sensation des grimpeurs, le colombien Nairo Quintana, récent vainqueur de la Route du Sud et vainqueur en 2010 du Tour de l’Avenir, sera-t-il au départ du Tour pour Movistar?

7 – Il est interdit à tout coureur pro de collaborer avec le médecin italien Michele Ferrari depuis 2002. Pourtant, Lance Armstrong et Filippo Pozzato l’ont fait, encore récemment. Combien de coureurs du peloton pro continuent encore de collaborer de près ou de loin avec cet individu?

Affaire Armstrong: l’indéfendable « pu capable »

Plusieurs lecteurs ont réagi à l’annonce des accusations portées par l’USADA contre Lance Armstrong et certains de ses proches par un « pu capable« . Manifestement, cela exprime un trop-plein de certains à l’encontre de la saga Armstrong face au dopage. Certains ont même exprimé le souhait de vivement retrouver des nouvelles « plus positives » (c’est bien dit!) sur ce site.

Il est vrai que la saga Armstrong-dopage dure depuis plus de 10 ans maintenant. Il est vrai que les récentes accusations de l’USADA ont une odeur de déjà vu, bien que des faits nouveaux y soient présents, notamment à propos de 2009 et 2010 ou de paiements de sommes importantes d’Armstrong à Ferrari.

Et chacun a droit à son opinion bien sûr. Il m’apparaît cependant intéressant de considérer cette position de « pu capable » afin de dire pourquoi elle m’apparaît indéfendable. Et pourquoi La Flamme Rouge continuera de couvrir ce genre de situation.

Pas juste le procès Armstrong

Toute sa carrière, Lance Armstrong s’est posé en authentique héros américain: vainqueur du cancer, il est revenu gagner le Tour de France 1999, l’épreuve sportive la plus difficile qui soit. Son message était clair: si je l’ai fait (vaincre le cancer et gagner le Tour après), c’est qu’on peut vaincre cette maladie et que vous pouvez le faire aussi. Le message était celui d’un espoir, et a été repris par des millions de personnes qui portent maintenant le fameux bracelet jaune. Car évidemment, le message Armstrong était aussi celui de la probité: oserait-il se doper après avoir passé à un cheveu de la mort? Bien sûr que non!

Sauf que.

Sauf que tout cela est bâti sur un mensonge, celui du dopage. Lance Armstrong a floué tous ces gens. Son retour n’est pas vrai: il était dopé. 7 de ses 14 échantillons sanguins du Tour 1999 sont positifs à l’EPO comme l’a montré le dossier L’Équipe. Le reste de sa carrière est pareil: tous les témoignages concordent. Pas facile à entendre peut-être, mais c’est la vérité.

Le bracelet jaune n’est pas celui d’un espoir, c’est celui d’un mensonge.

Je suis de ceux qui pensent que la vérité est toujours préférable au mensonge. Et c’est en premier lieu de cela qui s’agit dans le procès qui s’amorce.

Bref, la première étape est de déboulonner un menteur.

La deuxième, c’est de permettre à la lutte contre le dopage d’avancer un grand coup.

Car bien au delà du seul cas Armstrong voire Bruyneel et Ferrari, ce procès sera celui de l’actuelle lutte contre le dopage mené par les diverses institutions internationales, l’UCI en premier lieu.

Dans ce contexte, quelle occasion de changer les choses et de purger le système!

On découvrira très certainement que l’UCI a bel et bien couvert un contrôle positif d’Armstrong au début des années 2000. La preuve sera faite que l’UCI a accepté des versements monétaires d’Armstrong. D’autres choses sortiront peut-être au grand jour, qui sait? Ca a déjà commencé avec ce versement présumé de 465,000$ d’Armstrong à Ferrari…

Bref, loin d’être le seul procès de Lance Armstrong, il est probable que ce soit l’occasion d’un grand ménage dans le cyclisme et d’une réforme des institutions qui le dirige. L’Affaire Festina n’avait-elle pas amené à d’importants changements, notamment la criminalisation de la possession de produits dopants, l’accélération de la lutte contre le dopage voire, en bout de ligne, la création de nouveaux instruments comme le passeport biologique et le système ADAMS?

Enfin, on ne peut défendre une position de « pu capable » pour une dernière raison, à mes yeux la plus importante: je suis convaincu que la tenue du procès Armstrong sera un facteur de développement important pour le cyclisme des jeunes nations du sport, y compris bien sûr le cyclisme canadien. Si un tel procès débouche sur une purge du cyclisme et de ses vieilles « traditions », comment ne pas croire que cela ne servira pas l’égalité des chances dans le sport, et donc l’émergence de coureurs, notamment canadiens, que j’ose croire pas ou moins dopés que les autres?

Bref, plus que jamais, le procès Armstrong est nécessaire afin de pouvoir enfin se débarrasser de ceux qui incarnent les années sombres de ce sport et qui officient encore de près dans le cyclisme, à commencer par Bruyneel et par Riis. Pour enfin connaître les agissements (ou le laissez-faire…) de l’UCI et mettre à jour la position de conflit d’intérêt dans laquelle elle baigne depuis trop longtemps. Et pour pouvoir faire avancer d’un grand pas la lutte contre le dopage afin de donner aux jeunes coureurs, notamment canadiens, une chance plus équitable de s’illustrer au plus haut niveau.

Proprement, bien sûr.

Le Tour de l’actualité

1 – De retour après quelques jours d’absence sur La Flamme Rouge puisque j’étais parti amorcer ma phase finale de préparation en vue de la Haute Route en août prochain, l’épreuve débutant dans 62 jours. J’avais choisi, pour l’occasion, le secteur de Lake Placid aux États-Unis et l’ascension de Whiteface, sa montagne qui offre un profil très proche de l’Alpe d’Huez, mieux connue chez les cyclistes.

Au menu samedi, deux ascensions de suite, avec, lors de la première, une participation au Whiteface Hill Climb, une cyclosportive chronométrée. Très belle épreuve par ailleurs, bien organisée. L’hymne national américain au départ a cependant de quoi surprendre!

Je tiens à féliciter tous mes équipiers(ières) des Rouleurs de l’Outaouais: nous étions pas moins de 9 au départ! Richard Jodoin, qui part à L’Étape du Tour dans quelques jours avec sa conjointe Maryse, a été le meilleur d’entre nous au scratch, avec une belle 11e place. Félicitations également à Anais Courteille qui termine 1ere chez les femmes de 20 à 29 ans et à Chantal Gosselin, 2e chez les femmes de 30 à 39 ans!

Voici les temps approximatif d’ascension de Whiteface, sans les 7min30 des trois premiers miles (tout plat):

Richard Jodoin: 52min

Laurent Martel: 56min25

Chantal Gosselin: 59min50

Alberto Padilla: 1h00min30

Martin Reiher: 1h03min20

Anais Courteille: 1h04min30

Maryse Champagne: 1h07min30

Luc Lamarre: 1h14min30

Luc Ostiguy: M. 500 watts a fait fondre le bitume de sa puissance et est passé si vite le fil d’arrivée que le système de chronométrage n’a pu le capter…

Pour un premier contact personnel avec la montagne et le 36-26 cette année, je suis satisfait de ma place, surtout que la 2e ascension s’est faite avec encore beaucoup de force (en 59 minutes) et ce, malgré des allergies particulièrement tenaces cette année. Il y aura encore plusieurs autres week-ends à Lake Placid d’ici la mi-août question de peaufiner le coup de pédale de la montagne, avec l’objectif d’arriver affuté comme une dague sur la Haute Route.

2 – Movistar en fête: l’équipe espagnole engrange les succès depuis 3 ou 4 semaines. On avait vu Amador sur le Giro. On a un peu vu Kiryienka sur le Dauphiné. On a beaucoup vu Rui Costa sur le Tour de Suisse et Quintana sur la Route du Sud, qu’ils ont tous deux gagné. Valverde termine quant à lui 9e de l’épreuve en Suisse et a montré de belles choses sur les dernières étapes, au service de Costa. Soulignons aussi la 7e place de Pardilla sur la Route du Sud.

Bref, l’équipe Movistar sera assurément à surveiller de près en montagne sur le prochain Tour de France. Ils ont d’excellents et de nombreux coureurs capables de brouiller les cartes. Espérons qu’ils sauront tirer profit de cet avantage en créant une course de mouvement, imprévisible.

3 – Route du Sud, tant qu’on y est: très bonne prestation d’ensemble du Québécois David Veilleux selon moi. Très jeune, David a notamment fait une très belle place samedi dans les Pyrénées, terminant 18e d’une étape très dure qui a vu de nombreux abandons. Cette performance montre sans l’ombre d’un doute dans mon esprit que David est en grande condition et qu’il peut prendre part au prochain Tour de France. Espérons qu’il sera sélectionné, surtout qu’une place semble vouloir se libérer chez Europcar puisque Thomas Voeckler est en délicatesse avec un genou en ce moment.

4 – Tour de Beauce: victoire finale de Rory Sutherland (UnitedHealthCare) devant un excellent Hugo Houle chez SpiderTech et Christian Meier (d’habitude chez Green Edge, mais au sein de l’équipe nationale canadienne pour l’occasion). Svein Tuft termine 4e. Bref, un très beau classement général qui tend à démontrer que le niveau de compétition augmente en Beauce chaque année.

Hugo Houle est évidemment LA révélation de ce Tour de Beauce. On le savait en grande forme, mais sa 2e place vient lui donner une autre dimension. Steve Bauer tient en Hugo Houle, David Boily et Guillaume Boivin trois très beaux espoirs pour le cyclisme canadien et québécois. Espérons qu’ils pourront continuer à se développer chez SpiderTech voire qu’ils recevront des offres pour rejoindre une équipe World Tour le plus tôt possible…

Pour la Beauce, je voyais personnellement Mancebo gros comme ça, mais il termine finalement 7e à plus d’une minute. Je me suis trompé!

Enfin, à noter les belles places de Ryan Roth (8e), de Sébastian Salas (9e) et de Bruno Langlois (14e), qui gagne aussi la dernière étape pour l’équipe Garneau. Seulement 56 coureurs ont complété l’épreuve, un signe que la Beauce demeure très, très difficile.

5 – 465,000$, ce serait le montant d’un chèque fait par Lance Armstrong au médecin Michele Ferrari en 2006, on peut imaginer pourquoi. Cette information serait au dossier récemment déposé par l’USADA à l’endroit d’Armstrong, Ferrari, Bruyneel et deux autres personnes.

Ca fait des années que je vous répète que le dopage de pointe est devenu extrêmement efficace et donc très, très cher, réservé  à quelques initiés au sein du peloton. J’entends souvent l’argument « de toute façon, ils sont tous dopés, donc c’est quand même le meilleur qui gagne ». Justement non. Ils ne sont pas tous dopés: certains ne le sont pas (et j’ose croire que parmi ces derniers, on retrouve proportionnellement plus de coureurs canadiens…) et parmi ceux qui le sont, tous ne sont pas dopés pareil. À cause du prix. On sait tout cela depuis Virenque et l’Affaire Festina. Ca remonte à 14 ans maintenant…

6 – Histoire bizarre que j’ai peine à comprendre: Hincapie, Leipheimer, Vande Velde et Zabriskie ont tous demandé à la Fédé américaine de ne pas les considérer dans le choix des coureurs américains qui iront représenter leur pays aux prochains Jeux Olympiques de Londres en juillet. Quant on sait ce que représente cet événement pour les athlètes, même professionnels, cela nous surprend forcément et nous laisse dubitatifs quant aux raisons sous-jacentes… Nombreux sont les journalistes qui y voient un lien avec le récent dossier USADA à l’endroit d’Armstrong et ses proches collaborateurs. Bizarre, très bizarre que toute cette histoire.

Lance Armstrong dopé en 2009 et 2010?

Grosse nouvelle dans le milieu du cyclisme hier: l’United States Anti-Doping Agency (USADA) a formellement accusé Lance Armstrong et cinq autres personnes de son entourage, y compris Johan Bruyneel et Michele Ferrari, d’infractions aux lois anti-dopage dans le cyclisme et ce, pour la période de 1998 à 2011.

Le texte de 15 pages étalant les accusations est ici: armstrongcharging0613. Parmi les accusations, usage d’EPO, de testostérone, de transfusions sanguines, d’hormones de croissance, de plasma sanguin et de corticostéroïdes. Certaines personnes, dont Johan Bruyneel, sont accusées de possession, de traffic, d’administration, d’incitation et de circonstances aggravantes. Le texte mentionne aussi une conspiration chez US Postal afin d’organiser le dopage, un peu comme chez Festina ou Telekom on peut imaginer. On parle aussi de « cover-up », de procédures pour masquer ce dopage.

Très lourdes, les accusations sont donc très lourdes et comprennent une période durant laquelle Lance Armstrong a participé à 9 Tours de France, dont pas moins de 7 victorieux.

La grosse surprise vient des accusations pour les années 2009 et 2010, celles de son 2e come-back. Selon l’USADA, les échantillons sanguins prélevés chez M. Armstrong durant cette période seraient compatibles avec des manipulations incluant usage d’EPO et/ou de transfusions. Ca, c’est nouveau.

Lance Armstrong serait donc un multi-récidiviste…

Les prochaines étapes

Le dossier sera saisi par l’American Arbitration Association qui devra créer un comité de trois personnes qui prendront la décision: coupables ou non. Le choix de ces trois personnes sera donc crucial et gageons que Lance Armstrong et ses avocats manipulent déjà tout ce qu’ils peuvent pour influencer le choix. En principe, chaque camp (USADA et les accusés) auront droit à un représentant, puis ces deux représentants en choisiront un troisième. Cette troisième personne sera difficile à choisir et c’est là que des pressions seront assurément faites par le camp des accusés…

Une fois la décision rendue, il sera possible de la porter en appel auprès du Tribunal d’Arbitrage du Sport (TAS) en dernière instance. Un comité d’experts indépendants et internationaux se pencheraient alors de nouveau sur l’ensemble de la preuve pour rendre une décision.

En clair, une longue bataille judiciaire vient de s’enclencher. Elle coutera probablement très cher à M. Armstrong et aux autres accusés. Dans le cas d’Armstrong, gageons que la Fondation LiveStrong, désormais privée, épongera une partie de la facture. Car les enjeux concernant M. Armstrong dépassent désormais le simple cyclisme, ils touchent aussi la lutte contre le cancer. Et c’est là probablement la meilleure défense de M. Armstrong.

La réaction d’Armstrong

Je ne mâcherai pas mes mots: pitoyable. Un pur exercice de manipulation de l’opinion publique dans le seul but de gagner cette bataille de l’opinion publique. Loin de répondre aux accusations (une cause qu’il sait perdue d’avance), il s’attaque à tout le reste, en premier lieu au messager. Voyez un peu:

« I have been notified that USADA, an organization largely funded by taxpayer dollars but governed only by self-written rules, intends to again dredge up discredited allegations dating back more than 16 years to prevent me from competing as a triathlete and try and strip me of the seven Tour de France victories I earned. »

Voyez l’usage des mots: « financée par vos taxes mais gouvernée par ses propres règles », « allégations farfelues », « victoires que j’ai mérité »… Sans commentaires.

Il en rajoute une couche en écrivant : « USADA’s malice, its methods, its star-chamber practices, and its decision to punish first and adjudicate later all are at odds with our ideals of fairness and fair play. »

Malice? Vraiment? Fairness and fair play? Il me semble que c’est justement de cela dont il est question dans tout ca… Et voyez le subtil: il écrit « nos idéaux d’équité et de fair-play »… Quel culot!

Et il termine évidemment en rappelant son argument béton pour tout ceux qui ne connaissent rien au cyclisme, c’est à dire la majorité des gens: « I have never doped, and, unlike many of my accusers, I have competed as an endurance athlete for 25 years with no spike in performance, passed more than 500 drug tests and never failed one. »

Marion Jones, Alejandro Valverde et de nombreux autres (dois-je les ajouter?) n’ont eux non plus jamais échoué de tests antidopage… C’est oublier un peu vite des dossiers comme ceux de L’Équipe à propos des échantillons d’Armstrong sur le Tour 1999 (son premier victorieux) positifs à l’EPO, comme ceux de Walsh et Ballester, ainsi que les dépositions de son entourage immédiat, en premier lieu les Andreu, Floyd Landis et Tyler Hamilton.

Enfin bref, j’arrête, vous savez déjà ce que j’en pense!

La réaction de l’USADA suite aux déclarations d’Armstrong

Dans un communiqué teinté de professionnalisme, l’USADA rappelle qu’elle loge ces accusations car elle estime avoir suffisamment de preuves pour le faire. Elle rappelle également qu’elle ne considère jamais les pressions extérieures, l’intimidation ou tout autre élément avant de prendre la décision de loger des accusations: seules les preuves dictent sa conduite. Elle dit agir au nom de tous les athlètes propres et au nom de l’égalité des chances dans le sport. Elle rappelle aussi que les personnes accusées demeurent pour le moment innocentes, jusqu’à preuve du contraire. Enfin, elle souligne que la décision de culpabilité ou non ne sera pas rendue par l’USADA, mais bien par un panel indépendant.

J’ai trouvé ce communiqué excellent, nuancé et contribuant à rehausser la crédibilité de l’agence de même que du processus qui vient de s’amorcer. Et pas une fois le communiqué ne cite le nom d’Armstrong. Bravo. L’agence a un travail à faire, elle le fait du mieux possible.

Ce qu’on doit penser de tout ça

En premier lieu, je pense que l’USADA aura bien fait son travail et estimé que les preuves étaient suffisamment solides pour aller de l’avant. Les prochains mois seront donc intéressants et M. Armstrong et ses acolytes ont un peu de souci à se faire selon moi. L’USADA a évidemment récupéré l’essentiel du dossier Novitsky qui, rappelons-le, avait débouché sur un abandon surprenant et inattendu des procédures il y a quelques mois. Devant le manque de justification de cet abandon et le silence des principaux intéressés, il est raisonnable de croire qu’un important traffic d’influence avait permis d’en arriver là.

Rappelons aussi que la procédure Novitsky visait des accusations criminelles envers Armstrong et l’US Postal. Le dossier déposé par l’USADA ne peut porter d’accusations criminelles, mais peut radier les victoires de Lance Armstrong comme le sanctionner sur le plan sportif. Sa suspension est d’ailleurs immédiate et il ne pourra participer aux Mondiaux de triathlon à Nice à la fin du mois.

Autre élément non-négligeable, l’absence totale de l’UCI dans ce dossier. C’en est ridicule. Rappelons que l’UCI a la responsabilité de la lutte contre le dopage dans le cyclisme. Elle ne s’est jamais mobilisée pour enquêter sur Lance Armstrong et ses proches collaborateurs malgré les soupçons qui s’accumulaient depuis au moins 10 ans. En ce sens, l’action hier de l’USADA vient mettre en évidence toute l’inaction de l’UCI voire son souci premier, celui de préserver l’image du cyclisme, quitte à fermer les yeux sur certains dossiers moins intéressants à cet égard. Comment cela peut-il fonctionner? Le conflit d’intérêt est évident!

Dernière heure à propos de la crédibilité de l’UCI. (Évidemment, il est à prévoir que McQuaid réagisse vivement en niant tout laissez-faire…).

Si l’UCI est conséquente avec elle-même, elle devrait immédiatement interdire la présence de Johan Bruyneel sur les courses cyclistes UCI puisqu’il est soupçonné d’avoir favorisé le dopage au sein de son équipe et qu’il fait l’objet d’une procédure à cet égard. Il risque une suspension à vie du sport cycliste. Tant que cette histoire n’est pas tirée au clair, comment faire autrement?

Si ça ne vient pas de l’UCI, espérons que ça viendra d’ASO…

Et comment suspendre à vie Bruyneel et permettre à Riis de continuer? On peut se poser la question!

Enfin, concernant Lance Armstrong lui-même, la grosse nouvelle est évidemment ces échantillons sanguins possiblement dopés en 2009 et 2010. Ca, c’est nouveau et ça risque d’être très intéressant puisque cela prouverait que son retour n’était pas aussi clean qu’il ne l’a dit. Rappelons d’ailleurs au passage qu’Armstrong avait d’abord annoncé que ce retour se ferait sous stricte supervision médicale indépendante, avec résultats publics de ses tests sanguins, question de s’affranchir de tout soupçon. Il n’avait évidemment rapidement mis un terme à cette initiative après quelques semaines seulement…

Chose certaine, les récentes accusations l’auront surement mis très en colère. Je pense qu’il devait penser en avoir définitivement terminé avec tout ça suite à l’abandon du dossier Novitsky. Voilà que ça repart pour un tour (sans jeu de mots!) et voilà que ça contrecarre aussi ses projets sportifs immédiats. Gageons qu’il sera très actif au cours des prochains jours pour influencer tout cela en arrière-scène, quitte à user de n’importe quel moyen pour se libérer de cette affaire. Armstrong est très puissant puisque outre le champion cycliste, il a réussi à se poser comme un authentique « héros américain » en utilisant le meilleur moyen qui soit, l’adoption d’une juste cause envers laquelle tout le monde a de la compassion: le cancer.

Probablement sa meilleure défense je vous dis.

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