Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Mois : octobre 2011 Page 1 of 2

Il grande ciclismo

Traitement médiatique du dopage dans le cyclisme vs d’autres sports: deux poids, deux mesures ?

Injuste et frustrant. Ce sont les mots qui me viennent spontanément à l'esprit pour décrire le traitement médiatique inégal réservé aux deux plus récents cas de dopage révélés par le Centre Canadien pour l'Éthique dans le Sport (CCES), l'un en cyclisme, l'autre en… football. 

La semaine dernière, le CCES a annoncé la suspension pour deux ans du cycliste Arnaud Papillon pour usage d'EPO. La nouvelle s'est rapidement répandue parmi les médias de la province. J'ai pu lire des articles sur ce sujet dans CyberPresse, sur Radio-Canada.ca, Le Soleil, le Journal de Québec, TVA Nouvelles, j'ai même entendu cette nouvelle dans le bulletin Sports de la radio de Radio-Canada. Plus encore, ça s'est poursuivi dans les jours qui ont suivi avec des articles complémentaires, notamment avec son entraineur dans le Cahier Sports de La Presse

Bref, une couverture étendue de la nouvelle. Je n'ai pas de problème avec ça.

Cette semaine, avant-hier pour être précis (le 26 octobre), le CCES a annoncé la suspension pour deux ans d'un joueur de football des Carabins de l'U. de Montréal, Olivier Renière, pour usage de stéroïdes. Traitement médiatique jusqu'ici: très faible selon ce que j'ai pu lire ou entendre. Un petit article sur Radio-Canada, un autre, bien enfoui, dans la section "Sports universitaires" de CyberPresse. À ce jour, that's it, du moins à ma connaissance. 

Traitement médiatique juste et équitable, vous dites ?

Ce n'est pas tout.

Le CCES affirmait aussi, dans son communiqué de presse d'avant-hier, que pas moins de 16 cas de dopage – 16! – avaient été révélés au grand jour dans le football universitaire canadien depuis le 31 mars 2010, sur environ 600 contrôles. Un autre sortira d'ailleurs fort probablement dans les prochains jours, toujours chez les Carabins

En cyclisme canadien ? Un seul durant la même période, du moins à ma connaissance. Deux si on compte les aveux de Miguel Agreda. J'ignore malheureusement le nombre de contrôles effectués.

Traitement médiatique juste et équitable, vous dites ?

Attendez la suite.

Le 28 juin dernier, le CCES a rendu public un important rapport intitulé "Le dopage menace la vie de nos athlètes, de nos enfants et de nos jeunes – Rapport final du Groupe de travail sur l'utilisation de substances destinées à augmenter le rendement au football". Ce rapport a été commandé "en raison du nombre sans précédent d'échantillons d'urine et de sang signalant la présence de substances interdites prélevées hors saison auprès de joueurs de football de Sport Universitaire Canadien (SIC) au printemps et au début de l'été 2010". Rappelons entre autre que deux joueurs de football de l'U. Laval avaient été contrôlés positifs en début d'année. 

Un gros problème de dopage dans le football universitaire canadien, vous dites? 

Pourtant, le traitement médiatique réservé à ces nouvelles a été très limité à ma connaissance. Moi qui suis aux aguets concernant le dopage dans le sport, je ne me souviens pas d'avoir lu des articles de presse sur ce rapport. J'ai cherché hier soir sur internet, je n'ai pas trouvé grand chose… Je n'ai également pas trouvé ce rapport ou un quelconque communiqué de presse en faisant mention sur le site de Sport Universitaire Canadien.

J'ajoute qu'en consultant la liste des communiqués de presse du CCES, on réalise que plusieurs athlètes canadiens ont été convaincus de dopage au cours des derniers mois: en triathlon (28 septembre), en athlétisme (21 septembre), en athlétisme encore (20 septembre), en taekwondo (1er septembre) et en rugby fauteuil roulant (26 juillet). Je ne me souviens pas d'en avoir entendu parler dans les médias. Je ne lis évidemment pas tous les communiqués ou articles des médias, mais je crois qu'on peut affirmer que le traitement de ces cas de dopage était loin d'être celui réservé pour le cas Papillon.

Bref, je pense qu'on peut raisonnablement affirmer que les récents cas de dopage (Papillon et Agreda) dans le cyclisme canadien ont "bénéficié" d'une couverture médiatique disproportionnée en comparaison avec d'autres cas de dopage dans d'autres sports, cas de dopage parfois beaucoup plus nombreux sur une courte période de temps. 

Ce constat vaut aussi pour le cyclisme professionnel en Europe: les cas de dopage en cyclisme sont très médiatisés, ceux dans le football (soccer) moins, quant les affaires ne sont pas carrément étouffées par les ligues toutes puissantes. 

Évidemment, ce constat ne pourra jamais, du moins à mes yeux, valoir d'excuse pour le cyclisme. Ne regardons pas les autres, ayons le courage de reconnaître – même publiquement – nos défis et faisons y face avec lucidité, courage et innovation. Tant mieux pour le cyclisme si nous établissons les nouvelles façons de lutter contre ce fléau ! Ce fut d'ailleurs le cas avec l'introduction du dépistage sanguin, du passeport biologique, du système ADAMS, etc. 

Conclusion ? Il faut rappeler haut et fort que le cyclisme est loin d'être le seul sport au prise avec le dopage, malgré ce que laisse croire le traitement médiatique réservé aux cas de dopage dans le cyclisme. Et qu'il serait très intéressant d'aller faire un petit tour dans d'autres sports – chez les pros comme chez les amateurs – comme par exemple le hockey, le football (soccer), le rugby, le basket, le baseball voire même le golf ou la Formule Un en leur imposant les mêmes contrôles que ceux auxquels doivent se soumettre les cyclistes. 

On serait fort probablement surpris des résultats… dans les sports qui acceptent les contrôles. D'autres en débattent encore!!!

Médecin du Tour, par Gérard Porte

38 ans durant, il a été médecin du Tour de France. Quant il a commencé, j'avais un an. Autant dire que Gérard Porte faisait, pour moi, partie du Tour de France. Sa présence était normale, immuable. Jusqu'à ce jour de 2009 ou ASO lui a indiqué assez cavalièrement la porte.

Bref, quand j'ai vu le livre Médecin du Tour, je n'ai pu résister de l'acheter. Petit compte-rendu.

En gros, Gérard Porte nous livre, en 316 pages, toutes les anecdotes, les aventures, les histoires qu'il a amassées et vécues durant tous ses Tours de France. L'intérêt, pour le passionné de cyclisme, est donc d'avoir accès à la face cachée de l'épreuve, d'entrer dans l'intimité des coureurs et de tous ceux qui sont non pas en dehors de la caravane, mais bien dedans. Pour les néophytes, ce sera l'occasion de découvrir ce qu'un Tour de France représente pour les coureurs et l'encadrement. 

Plusieurs chapitres ont pour moi été d'un intérêt certain, notamment celui portant sur la fameuse "visite médicale d'avant-Tour" et qui a désormais disparu. Porte a la perspicacité de répondre à nos questions sur le sujet, notamment celles sur les raisons de cette visite ainsi que celle du coureur qui a présenté le pouls le plus lent qu'il lui ai été donné d'observer. Réponse ? Mauro Gianetti, 27 battements par minute. Et non, ce n'est pas Miguel Indurain.

Nombre d'histoires portent sur les divers coureurs et champions qu'il a côtoyé toutes ces années. Le passionné trouve parfois matière à boucher les trous de son histoire du cyclisme, par exemple à propos de la fameuse blessure au pied de Greg LeMond qui l'aurait handicapé sur le Tour 1990, ou encore sur les diverses chutes majeures et ses conséquences médicales qui sont survenues sur l'épreuve depuis 30 ans.

Je ne peux cacher cependant qu'il m'est arrivé de m'ennuyer un peu en lisant ce livre. De nombreuses anecdotes apparaissent peu pertinentes pour le lecteur, et une grande partie du contenu du livre reste avec une certaine superficialité. On se demande vraiment en quoi cela nous intéresse de connaître la liste des invités que Porte a reçu sur le Tour au fil des ans, d'Albert de Monaco à Philippe Douste-Blazy… J'aurais aimé en apprendre plus sur la médecine du sport, sur les exigences d'une course de trois semaines comme le Tour, sur ce que les coureurs utilisent comme médicaments, bref, j'aurais aimé que le médecin Gérard Porte me parle plus souvent, au lieu que ce soit le groupie du Tour. Le problème du dopage, par exemple, est certes abordé dans un chapitre intitulé "L'éternel problème", mais on n'y apprend malheureusement rien qu'on ne connait déjà tant Porte reste sur des généralités. Pourtant, il me semble qu'un homme qui a été pendant 28 ans médecin-chef du Tour aurait pu nous en apprendre beaucoup sur le sujet!

Bref, Médecin du Tour est une lecture légère, si on aime le cyclisme et les anecdotes. Ca se lit bien, on peut lire quelques pages chaque soir, les histoires étant courtes. Par contre, le véritable passionné qui en connait déjà un rayon sur le vélo perdra vite de l'intérêt pour ce livre qui n'est pas vraiment celui d'un médecin, mais plutôt d'un homme lui aussi passionné du Tour. Gérard Porte étant en procès avec ASO, il n'est pas impossible que cette situation lui aie imposé des contraintes dans la rédaction de ce livre. Le secret médical l'aura probablement aussi limité et c'est bien dommage pour l'intérêt de ce livre. 

Le syndrome de la montagne ?

Très bien, M. Foglia, le syndrome de la montagne. Et surtout, merci de votre intérêt dans La Flamme Rouge.

Le syndrome de la montagne, je connais. Ce n’est pas la première fois que vous l’évoquez. Je suis un lecteur régulier de vos chroniques, depuis un moment déjà.

Mais je parlais bien d'un autre syndrome, que j'ai appelé syndrome Pierre Foglia.

Le syndrome Pierre Foglia, c’est quant on souffre justement du syndrome de la montagne et qu’on a la chance d’avoir des indices externes nous permettant d'envisager qu'on est sur une montagne. Le syndrome Pierre Foglia, c’est quant on ne tient pas trop compte de ces indices externes et qu’on persiste à ne pas considérer l’hypothèse que peut-être, on est sur une montagne.

Des exemples d’indices ? Une mise hors course pour taux d’hématocrite trop élevé par exemple. Ce n’est pas une preuve de recours à un dopage sanguin bien sûr, mais de quoi soulever des doutes, surtout dans le contexte où l’efficacité limitée des tentes hypoxiques avait déjà été démontrée, notamment par Christophe Bassons.

Des absences à certains contrôles aussi, impensables à ce niveau. Une certaine Flèche Wallonne. Là encore, pas de quoi être certain d’un usage de produits dopants, mais de quoi soulever un doute raisonnable.

Des déclarations aussi, notamment de Lyne Bessette, voire de proches du milieu. Vous avez raison : s’il fallait croire tout ce qu’on nous dit… Mais ces déclarations constituaient un élément de plus pointant dans une direction.

Bref, le syndrome Pierre Foglia, c’est quand on souffre du syndrome de la montagne et qu’on ignore les signaux extérieurs qui nous auraient permis, peut-être, de considérer qu’on était sur une montagne.

J'ai choisi votre nom évidemment en lien avec l'Affaire Jeanson. La Flamme Rouge porte sur le cyclisme, et l'Affaire Jeanson est le plus gros scandale de dopage à avoir secoué le cyclisme au Québec jusqu'ici. Le dit-syndrome mériterait le nom de bien d'autres personnes j'en conviens, notamment dans la sphère politique, mais c'est un autre sujet. 

Remarquez que vous m’avez facilité le travail. Extrait d’une entrevue à la radio de Radio-Canada avec l'animateur Michel Désautels le 4 octobre 2007 à propos des aveux de dopage de Mme Jeanson (le verbatim est ici) :

Michel Désautels : Est-ce que ça vous a pas renvoyé, Pierre Foglia, à votre appui ? Jusqu’à la fin vous avez été du dernier groupe qui a soutenu Jeanson lorsqu’elle répétait que non, non, non, j’en ai jamais vu, on ne m’en a jamais proposé, j’en ai jamais pris, etc. Je sais même pas comment ça fonctionne ?

Pierre Foglia : Les précisions c’est pas important ça, j’ai pas été du dernier groupe, j’ai été du premier. Le premier était très petit. On était deux à croire ça. Oui on l’a cru jusqu’à la fin, Tu le crois, tu le crois ! Le monde dit : tu dois être vexé ? Pas une seconde. Il me semble que c’est assez évident pourquoi. La dope, de tout ce que j’ai vu, ça fait longtemps que je suis dans le vélo, et toutes les situations de doping que j’ai vues, où moi je voyais que la personne était dopée que son entourage le voyait pas. C’est très simple la dope : c’est une marche en montagne. T’es sur une montagne, en haut, et tu dis : ah, y’a une montagne là, y’a une montagne là, y’a une montagne là, celle-là, celle-là, celle-là mais toi tu le sais pas que tu es sur une montagne. C’est tout à fait normal. Plus t’es collé dessus moins tu vois la montagne sur laquelle tu es, et c’est sûr que je te parle comme si j’étais pas journaliste. Mais évidemment que là, j’ai une faute… parce que je suis journaliste, j’aurai dû faire une job… comme journaliste, j’ai fait une très mauvaise job. Ok. Mais j'étais pas vraiment journaliste, j'étais pas mal groupie là-dedans. C’est sur que c’est l’vélo, c’est mon sport de passion, c’est… j’suis là-dedans à fond moi, j’embarque, j’vois une course, j’capote tsé, j’suis au Tour de France pis j’sacre parce que je peux pas voir la course comme j’voudrais la voir… c’est un sport de passion, j’suis là-dedans, j’ai toujours vécu ça et dans le cas de Jeanson… cette fille sur un vélo… elle m’a fait tripper fort et j’ai complètement oublié que j‘étais journaliste.

(…)

Robert Frosi : C’est fini. Elle a avoué ! T’avoir promené en bateau pendant des années.

Pierre Foglia : Je suis un naïf. Si je suis pas un naïf dans toute cette histoire-là j’suis un con ! Mais je suis forcément naïf au boutte. Mais t’a raison. Ok, j’peux pas dire autre chose que t’as raison. C’est correct mais tu connais pas le milieu du vélo. Moi le milieu du vélo je le connais depuis Marinoni. Je suis des courses depuis toujours. C’est un monde d’affrontements. C’est un monde de passion. C’est un monde de coups de poings sur la gueule à la fin des courses. C’est un monde de chicanes comme en Corse. Je sais pas pourquoi c’est comme ça, je l’ai pas analysé mais c’est comme ça. J’ai vécu ça depuis tout p’tit. Depuis que je me suis intéressé au vélo.

Où je veux en venir ? Simplement que ce qui me surprend, moi, des récents événements dans le cyclisme au Québec, c'est qu'on puisse encore se surprendre que ça arrive, même chez nous. Beaucoup avoue leur surprise, leur incompréhension dans le contexte où ça se passe dans leur cour, et non parmi les grands du World Tour. N'est-ce pas un aveu de naïveté à quelque part ? Il me semble qu’après 15 ans de scandales à répétition dans le monde du cyclisme, même sur les cyclosportives – surtout sur les cyclosportives ! – on devrait avoir compris. On devrait se douter, désormais, qu’il est possible, voire probable, qu’on est sur une montagne, au Québec où n'importe où, à n'importe quel niveau.

Qu'en est-il des indices ? Toutes les affaires passées, de l’Affaire Lyman à l’Affaire Jeanson. N’avons-nous rien appris de ces malheureux événements qu’il faille encore se surprendre d’un dopage, aussi sanguin, au Québec ? On devrait même pouvoir reconnaître d'autres indices qui pourraient nous laisser croire qu'on est sur une montagne. Je sais, grâce aux capteurs de puissance et les méthodes que Portoleau et Vayer ont largement validé, combien de watts il me faudrait générer pour m’imposer au sommet de Maple Road à la Coupe des Amériques… Attention, je ne dis pas que ceux qui me précèdent sont dopés, je n’en sais strictement rien et le plus probable est qu'ils soient simplement meilleurs que moi. Mais des nouveaux cas de dopage, même à l'EPO, dans des pelotons Seniors 1-2 voire Maîtres ou Juniors ne me surprennent plus.

Bref, à mon avis, nous n’en sommes plus à nous surprendre et à chercher à comprendre, nous en sommes au stade d’agir. C’est ce que Louis Garneau a compris. Je n'ai lu aucune déclaration de sa part mentionnant autre chose que de la déception. Plus encore, il a immédiatement réagi en déclarant qu’il va effectuer dès l’an prochain au sein de son équipe à la fois de la prévention mais aussi davantage de contrôles, quitte à les payer de sa poche. Il n'a pas hésité, non plus, à demander l'aide de la police pour démasquer les réseaux de fournisseurs. Je dis bravo. On avance. D’autres doivent emboiter le pas, malheureusement avec des moyens limités. Il y a peut-être des choses à faire, peu couteuses. J’en ai proposé quelques unes.

En terminant, sachez que j'ai emprunté votre nom simplement pour faire comprendre mon propos, rien de plus. Je ne cherche aucunement à faire de l'audimat via ce site, encore moins à porter atteinte à la réputation de quiconque. Comme vous avez vous même publiquement avoué vous être trompé sur le cas de Mme Jeanson, ce qui est d'ailleurs tout à votre honneur, j'ai pris la liberté d'illustrer mon propos de votre exemple passé. Il est évident que j'aurais pu emprunter le nom d'autres personnes.

Allez, faute avouée à moitié pardonnée. Merci de vos papiers ("Tout seul en tête", je m'en souviens encore…), ils ont toujours été une inspiration pour moi et m’ont souvent servi de modèles pour ce blog.

Entente A.S.O. – FFC dans l’Hexagone

Petite pause dans la couverture de l'actualité cycliste au Québec (avant peut-être qu'elle ne rebondisse davantage) pour parler d'une nouvelle récente qui n'a pas manqué de m'intéresser: Amaury Sport Organisation (ASO), propriétaire du Tour de France, a signé une entente de trois ans avec la Fédération Française de Cyclisme (FFC) visant à poursuivre le développement du cyclisme français et à le renforcer.

Rappelons que le cyclisme français vit une sorte de renaissance depuis quelques mois. Il y a eu, d'une part, la performance des coureurs français sur le dernier Tour de France: Thomas Voeckler bien sûr, mais aussi Pierre Rolland, Jérémy Roy, Arnold Jeannesson voire Romain Feuillu et Jean-Christophe Peraud. 

Il a ensuite eu la perf remarquable de la France aux récents Championnats du monde sur route: victoire chez les juniors (Pierre Henri Lecuisinier) et doublé chez les Espoirs (Arnaud Demare et Adrien Petit). Sur piste, la France a ramené pas moins de onze médailles sur les Mondiaux 2011. 

Il y a ensuite eu de belles performances tout au long de la saison, comme la 2e place de Sylvain Chavanel au Tour des Flandres ou la 4e place de John Gadret sur le Giro. David Moncoutié a ramené pour la 4e année de suite le maillot de meilleur grimpeur de la Vuelta. Et d'autres espoirs s'amènent comme Thibault Pinot ou Jérôme Coppel.

Bref, revoilà la France au plus haut niveau, après des années passées à galérer dans le bas des classements dès qu'on regardait une épreuve internationale. 

Et voilà que la FFC pourra compter sur l'appui fort d'ASO pour poursuivre le développement du cyclisme dans l'Hexagone. De quoi nourrir des espoirs pour les prochaines années.

L'entente porte sur trois axes majeurs:

1 – aider et renforcer les Challenges nationaux Juniors et Espoirs dans le but de révéler de nouveaux talents ; 

2 – développer le cyclisme des régions et des départements via l'achat de matériel, l'organisation de stages et de compétitions et par la mise en place d'activités de promotion ; 

3 – créer un poste, au sein de la FFC mais soutenu financièrement par ASO, d'agent de développement dédié aux équipements sportifs afin d'appuyer les projets des comités régionaux, départementaux ou de clubs.

Y'a pas à dire, on ne peut pas nier l'engagement d'ASO envers le cyclisme français. ASO engrange certes beaucoup de profit avec le Tour de France et ses autres épreuves (elles sont désormais nombreuses) mais redistribue également en soutenant de nombreuses épreuves professionnelles dont certaines d'entre elles ont connu des soucis financiers dans le passé, de même qu'en soutenant financièrement la FFC. Moi, je dis tout simplement bravo.

Voilà qui pourra peut-être donner des idées à certaines sociétés québécoises et canadiennes qui voudraient aider au développement du cyclisme d'ici en soutenant les fédérations sportives qui en ont bien besoin, notamment en matière de développement et de maintien des infrastructures (à quand un vélodrome couvert au Québec, pierre angulaire d'un développement encore plus important de ce sport ?), de création d'épreuves cyclistes et de… lutte contre le dopage. Rappelons que PedalMag annonçait, le 15 septembre dernier, que Saputo, commanditaire de longue date des Mardis Cyclistes de Lachine, ne serait pas de retour avec cette épreuve en 2012 et retirait son appui

Dopage: je ne comprends pas l’incompréhension

De nombreuses réactions aux deux cas de dopage qui secouent le cyclisme au Québec témoignent d'une certaine surprise et d'une certaine incompréhension. 

C'est une réaction que je ne comprends pas !

Trois ans après les aveux de Geneviève Jeanson, n'avons-nous pas tiré des leçons de cette triste histoire ?

Il me semble que les constats sont très clairs:

1 – le dopage dans le cyclisme touche tous les niveaux de pratique: professionnels bien sûr, mais aussi coureurs amateurs, des Maitres (plus de 30 ans) jusqu'au rang juniors, ainsi que cyclosportifs. Les quinze dernières années nous ont prouvé cela à maintes reprises.

2 – le dopage, c'est aussi au Québec. Il y a eu plusieurs cas dans le passé, le plus triste étant celui de Geneviève Jeanson.

3 – l'accès aux produits dopants est facile, notamment avec les moyens modernes de communication et de distribution dans un monde globalisé.

4 – l'attrait du dopage, dans un sport d'endurance aussi exigeant que le cyclisme, est et demeurera très élevé, probablement plus que pour les athlètes d'autres sports reposant davantage sur l'habileté ou l'adresse, voire se déroulant sur des périodes de compétitions beaucoup plus courtes. 

5 – certains professionnels se dopent pour pouvoir gagner des courses, donc gagner de l'argent et de la gloire. Ils se dopent aussi et surtout pour gagner ou garder leur place, pour obtenir des contrats de travail. Ils se dopent enfin par pression des sponsors, de leur encadrement voire du milieu.

Certains jeunes coureurs en dessous du niveau pro, qu'ils soient juniors ou U23, se dopent aussi pour avoir des contrats, mais surtout pour progresser dans l'échelle. À 22 ans, Arnaud Papillon espérait surement passer au niveau supérieur, par exemple chez SpiderTech pour pouvoir courir en Europe. 

Certains coureurs Maîtres se dopent pour épater la galerie, pour parfois vivre à la hauteur de leur réputation d'antan voire pour compenser pour une préparation défaillante ou pour les sensations que ça procure, tout simplement.

Dans tous les cas, y compris en dehors du cyclisme, on se dope dans le but de se valoriser par rapport aux autres. 

6 – tous les coureurs, quel que soit le niveau de pratique, ne sont pas dopés ! Il convient donc de ne jamais généraliser.

7 – le cyclisme n'est pas le le seul sport entaché par le dopage. On se dope dans beaucoup d'autres sports, voire dans beaucoup de sphères de l'activité humaine.

Les bonnes nouvelles… chez les pros

Bref, pour moi, ces constats sont du domaine du connu, du statique. Revenir encore sur ces points est une perte de temps. Passons au dynamique, ce qui change. Et là, il y a plusieurs bonnes nouvelles.

1 – le cyclisme a fait plus que n'importe quel sport en matière de lutte contre le dopage au cours des dix dernières années. Les coureurs cyclistes professionnels sont les athlètes les plus testés du globe. Ceci étant, ce n'est pas un argument recevable pour laisser croire que les nouveaux scandales sont des cas isolés, puisqu'il y a régulièrement de nouveaux scandales !

2 – à la lumière de la saison professionnelle 2011, le dopage chez les pros a probablement récemment régressé, laissant croire que les efforts des dernières années portent fruit. Ceci étant, il ne faut pas baisser les bras et la vigilance est de mise, de même que les investissements en recherche de nouveaux moyens de dépistage.

Les moins bonnes nouvelles… dans les catégories en dessous des pros

1 – malgré ce qu'on essaie de nous faire croire, les jeunes générations de coureurs pros et pas encore pros ne sont pas forcément moins dopées. On retrouve, parmi les cas positifs récents, de jeunes coureurs formés dans l'ère post-Festina. 

2 – peu a été fait aux échelons inférieurs pour augmenter la lutte contre le dopage au cours des dix dernières années. On a certes augmenté un peu le nombre de contrôles lors des grands événements amateurs, mais ça demeure nettement insuffisant à l'échelon local.

3 – le financement de la lutte contre le dopage à tous les niveaux de pratique demeure un problème. 

Quelques solutions 

Au niveau professionnel, beaucoup a déjà été fait. D'autres projets de l'UCI, comme le "no needle policy" ou celui d'interdire à vie aux dopés de travailler dans le milieu cycliste après leur carrière de coureur, une suggestion que j'avais déjà formulée dans mon texte daté du… 5 décembre 2005 (!!!), vont dans la bonne direction. D'autres pourraient être entrepris, comme de rendre obligatoire la présence de médecins indépendants dans toute équipe World Tour, médecins en charge du suivi biologique, de tests inopinés et de la surveillance des médicaments en circulation. Les équipes ne seraient pas d'accord, comme elles ne sont pas d'accord avec le projet de suppression des oreillettes ? N'est-ce pas le rôle des autorités que celui d'imposer les règles, surtout celles visant à préserver la crédibilité et l'image du sport ?

Au niveau inférieur, beaucoup reste à faire. Deux suggestions, évoquées dans mon texte il y a quelques jours:

1 – que la FQSC ne délivre de licences de coureur cycliste qu'aux personnes ayant suivi une formation en ligne sur le dopage. Cette formation serait à reprendre chaque année. Pas de formation, pas de licence, c'est aussi simple que ca. Si on veut faire de la prévention par l'éducation, voilà un moyen simple et efficace de rejoindre tous les coureurs, où qu'ils soient, dans le confort de leur maison. Surtout les plus jeunes. Et la vaste majorité des gens ont désormais accès à internet.

2 – suggérée par un ami et reprenant l'idée d'augmenter le coût de la licence pour financer la lutte contre le dopage aux niveaux inférieurs évoquée dans mon texte il y a quelques jours, inclure, dans l'achat d'une licence de course, un contrôle anti-dopage. Ce contrôle serait réservé au titulaire de la licence, mais administré au hasard de l'année cycliste, sans avertissement préalable. L'achat de votre licence vous garantit donc que vous serez testé au moins une fois durant la saison, vous avez payé pour ! Ce contrôle coûte 250$ ? Très bien, la licence devient 250$+les autres frais. Trop cher ? La vaste majorité des cyclistes amateurs roulent sur des vélos dernier cri. De plus, ce montant additionnel pourra être justifié par le fait qu'il vous garantit des compétitions plus équitables et qu'il vous revient en quelque sorte. Et qu'il défend la crédibilité du cyclisme, votre sport. 

Il y a surement beaucoup d'autres solutions visant la lutte contre le dopage aux niveaux inférieurs à celui professionnel et qui pourraient être rapidement entreprises. Je vous invite à partager sur La Flamme Rouge vos idées en laissant un commentaire ci-bas. 

Il est selon moi grand temps d'aller de l'avant, de prendre action. Les fédérations ont un rôle capital à jouer dans la lutte contre le dopage aux échelons inférieurs. L'inaction serait catastrophique pour l'avenir même du sport, en particulier au Québec, et la garantie probable de se retrouver encore au même point qu'aujourd'hui dans quelques années. 

Des liens entre Louis Garneau et La Flamme Rouge

Quelques commentaires laissés par des lecteurs (je les en remercie) remettent en doute l'impartialité de La Flamme Rouge dans son traitement de l'actuel scandale de dopage qui touche l'équipe Louis Garneau. C'est légitime car effectivement, le seul logo commercial qui apparaît sur ce site est celui de Louis Garneau Sports.

Je tiens donc à vous présenter la situation telle qu'elle est, espérant que cela rassurera tous les lecteurs de La Flamme Rouge quant à l'indépendance totale de ce site.

Premièrement, je rappelle que ce site est maintenu par une seule personne, moi, et par personne d'autre. Personne d'autre que moi (et mon webmestre chargé de la maintenance informatique du site) ne connaît les mots de passe donnant accès à l'interface de publication du site.

Deuxièmement, La Flamme Rouge n'est soutenu par personne. En fait, La Flamme Rouge me coûte un peu d'argent chaque année, que ce soit en maintenance ou, surtout, en dépenses liées à l'information, ceci afin de pouvoir toujours vous donner des informations et surtout des opinions pertinentes et crédibles. Évidemment, je ne compte pas les innombrables heures que je passe chaque semaine à écrire mes textes. Je le fais par pure passion pour le cyclisme, et parce que je dois aimer écrire quelque part ! En ce sens, je suis peut-être un journaliste qui s'ignore…

Troisièmement, je tiens à dire que je ne gagne pas ma vie grâce au cyclisme. Mon emploi professionnel n'a strictement rien à voir avec le cyclisme. Je ne dépend donc de personne du milieu cycliste et je n'ai de compte à rendre à personne non plus. Personne ne dépend non plus de La Flamme Rouge: sa disparition n'aurait strictement aucun impact.

Enfin, je n'ai jamais eu de contacts directs ou indirects avec M. Louis Garneau. Un lien d'amitié avec un de ses représentants a permis que chaque vainqueur d'un classement du pool de cyclisme reçoive, depuis deux ou trois ans, un petit prix modeste sous la forme d'un objet cycliste fabriqué par LG Sports. Il n'y a jamais eu d'accord, de papier signé, de contrat, ou quoi que ce soit qui aurait pu unir ce site avec LG Sports. Ces petits prix sont laissés entièrement à la discrétion de LG Sports et varient chaque année. Cela justifie pourquoi je n'annonce jamais, en janvier quant le pool démarre, que des prix seront remis en fin d'année pour les vainqueurs, encore moins de quelle nature pourraient être ces prix. 

Plus important encore, je n'ai jamais touché de prix de Louis Garneau Sports pour mon usage personnel. Chaque prix a été directement traité et envoyé par Louis Garneau Sports aux vainqueurs du pool. La Flamme Rouge n'agit donc pas en intermédiaire. Je ne roule pas sur un vélo Louis Garneau et si je possède quelques vêtements cyclistes LG, c'est par choix personnel et pour lesquels j'ai payé le juste prix.

Par ailleurs, j'ai déjà parlé des produits Louis Garneau sur ce site ; mais pas plus, pas moins que d'autres produits qui m'ont intéressé par le passé, souvent fabriqués en Europe. 

Je termine en mentionnant également que la distribution de prix LG Sports aux vainqueurs du pool ne m'empêchera jamais d'exprimer ma reconnaissance envers LG Sports pour le geste qu'ils posent: c'est la moindre des politesses. Pour ce qui est de mes propos sur Louis Garneau le pdg et l'ex-coureur, dans mon dernier texte, il ne relève que de l'honnêteté intellectuelle face à ce que cet homme a fait pour le cyclisme d'ici au cours des années. D'autres ont aussi fait beaucoup ; en temps et lieu, si l'occasion se présente, je le dirai aussi. On peut facilement défendre et soutenir l'opinion voulant que si M. Louis Garneau devait arrêter de soutenir le cyclisme d'ici, ce serait un coup très dur pour le sport.

La Flamme Rouge n'a qu'un seul but: partager la passion du cyclisme et faire de ses lecteurs des observateurs éclairés du cyclisme. La Flamme Rouge est et demeurera, tant qu'elle existera, un site totalement indépendant de tout (y compris indépendant de mon équipe cycliste Les Rouleurs de l'Outaouais), un espace de libre-pensée et de libre-arbitre ainsi qu'une tribune permettant l'échange d'opinion au sein de la communauté cycliste, le tout toujours dans le respect de l'autre, avec le souci d'une certaine qualité du français et fondé sur une argumentation crédible. Je fermerais ce site sans hésitation s'il devait en être autrement.

Un deuxième coureur de l’équipe Garneau-Club Chaussures dopé

Aie aie aie. 

Le cycliste Miguel Agreda vient de passer aux aveux après avoir été informé par le Centre canadien pour l'éthique dans le sport (CCES) d'avoir échoué un test antidopage.

Miguel Agreda faisait partie, cette année, de la même équipe qu'Arnaud Papillon, suspendu cette semaine lui-aussi par le CCES pour usage d'EPO : l'équipe Louis Garneau – Club Chaussures.

L'équipe de M. Louis Garneau, pdg de Louis Garneau Sports. Une équipe qui a beaucoup gagné de courses cette saison sur la scène canadienne. 

Aie aie aie. 

À cette heure, on attend encore de savoir quel a été le produit utilisé par Agreda. Mais si on se fie à l'Affaire Papillon, c'est probablement encore de l'EPO.

Du coup, on ne peut que se demander si un système de dopage existait au sein de cette équipe. Tout cela n'est pas bon. Pas bon du tout pour le cyclisme canadien. Pour deux raisons.

La première, c'est évidemment en raison de l'image salie – une fois de plus – du cyclisme. À l'heure où le cyclisme canadien et québécois fait de gros efforts pour percer sur la scène mondiale, voilà que deux coureurs d'une équipe juste en dessous du niveau international sont pris au contrôle. Pas bon du tout. 

La deuxième, c'est évidemment parce que ces deux coureurs sont de l'équipe de M. Garneau, un homme qui a fait beaucoup pour le cyclisme canadien et québécois depuis plusieurs décennies déjà. Sans son soutien, il est très clair que le cyclisme chez nous ne serait pas ce qu'il est aujourd'hui. Rappelons nous qu'il a lancé la carrière d'un David Veilleux par exemple. Qu'il continuait, avec son équipe, de vouloir lancer la carrière de d'autres coureurs d'ici. Que s'il investissait au plus haut niveau avec l'équipe Europcar, il n'oubliait pas la scène nationale non plus.

Avec ce scandale, Louis Garneau pourra se sentir trahi par ses coureurs et pourra remettre son soutien en question. Qui lui reprocherait ?

Dans cette réaction à chaud, c'est pour Louis Garneau le pdg et l'ancien coureur que mes pensées vont. Je suis très attristé pour cet homme de valeur, d'éthique et de détermination. J'espère de tout coeur qu'il saura encaisser ce coup dur sans perdre foi dans le sport cycliste. Et surtout qu'il continuera de soutenir le cyclisme de haut niveau ici au Québec et au Canada, tout en s'ajustant aux événements afin de limiter les chances qu'ils se reproduisent dans l'avenir. Il a d'ailleurs déjà commencé.

Ne jamais abandonner.

Les frères Schleck piégés !

Petit vidéo à voir, les frères Schleck piégés. Rigolo d'un bout à l'autre…

Le Tour de l’actualité

1 – Affaire Papillon. Il faut lire le texte de Gilles Morneau concernant la gestion de l'image publique. Je dois avouer que ce texte m'a quelque peu déstabilisé tant les parallèles sont frappants. 

2 – Affaire Papillon bis. Je suis d'accord avec un commentaire d'un lecteur: il faut punir l'athlète certes, mais aussi et surtout ceux qui l'ont aidé à se doper, le cas échéant: entraineurs, soigneurs, directeurs sportifs, médecins. Il aurait été injuste, par exemple, que Geneviève Jeanson paie seule le prix de son usage d'EPO. Fort heureusement, plusieurs personnes directement impliquées en ont également payé le prix.

3 – Affaire Papillon toujours. Oui Jean-Seb, les coureurs Maîtres se dopent aussi. Pas tous bien sûr. Pas pour les mêmes raisons que les coureurs élite non plus, mais certains se dopent quand même. Trois coureurs parmi les meilleurs du Marathon des Dolomites cet été en Italie étaient positifs et il est désormais acquis que seul le nombre restreint de contrôles anti-dopage sur les cyclosportives limite le nombre de scandales… Le dopage est-il plus "acceptable" chez les Maîtres ? Bien sûr que non. L'effet est partout le même, ca fausse les compétitions. Mais les enjeux d'une course maître sont moins grands ; on ne se bat pas pour un contrat à l'échelon supérieur l'année d'après ou pour une sélection sur l'équipe nationale. Les enjeux sont encore moins grands sur les cyclosportives. On peut donc comprendre pourquoi le nombre de contrôles est moins élevé. C'est pas l'idéal, mais ca se justifie. 

4 – Tour de Lombardie. Victoire d'un coureur peu connu, le Suisse Olivier Zaugg chez Leopard. Ca s'est joué dans le final, dans la dernière ascension à 10km de l'arrivée. Avant, Nibali avait bien essayé, sans succès. Trop tôt probablement. Gilbert était présent dans le final, mais les jambes étaient fatiguées après une saison bien pleine. Zaugg s'impose solo, Daniel Martin et Joaquim Rodriguez complètent le podium.

5 – Pool de cyclisme: le classement final sera bientôt disponible.

6 – Geox, c'est terminé. Le sponsor a annoncé bien tardivement son retrait. Voilà donc une trentaine de coureurs de plus sur le marché des transferts, une situation qui n'aidera certainement pas ceux qui y sont déjà et qui doivent commencer à trouver le temps long si aucune équipe ne les a contacté.

À noter que le retrait de Geox s'est fait abruptement et que la société gestionnaire de l'équipe de Mauro Gianetti pourrait poursuivre le sponsor devant le TAS pour qu'il respecte son contrat, initialement prévu pour l'an 2012 aussi.

Chose certaine, c'est un autre coup dur pour le cyclisme après le retrait de HTC et la fusion bordélique de Leopard et RadioShack. Je commence à croire Philippe Gilbert davantage !

7 – Alejandro Valverde sera vraissemblablement de retour dans le peloton pro en 2012 chez Movistar. Rappelons qu'il a été suspendu deux ans dans les suites de l'Affaire Puerto de 2006.

8 – Oscar Freire a signé chez Katusha, tout comme Davide Rebellin. En attendant Fabian Cancellara ?

Erik Zabel se joint par ailleurs au staff d'encadrement de l'équipe. Il collaborait avec HTC cette année.

9 – Les deux Étapes du Tour 2012 sont connues: la première aura lieu dans les Alpes entre Albertville et La Toussuire, sur un "petit" 140 kms. La deuxième sera nettement plus musclée: Pau-Bagnères de Luchon, 197 kms avec quatre grands cols au programme de la journée, soit l'Aubisque, le Tourmalet, l'Aspin et le Peyresourde. Lessive garantie. 

Ces deux Étapes du Tour offrent donc un certain choix, comme en 2011, entre parcours plus accessible (le premier) et vrai gros défi. Si vous avez un choix à faire, prenez la deuxième étape: souvenirs mémorables garantis, et un vrai grand challenge. De quoi se motiver tout l'hiver !

10 – Mes félicitations et mes respects à Mike Nash, un coureur d'Ottawa, qui a battu récemment le record de l'heure dans la catégorie (la mienne!) des 40-44 ans. Il a couvert 45.95 kms dans l'heure, chapeau bien bas ! Voilà qui prouve une fois de plus que la région d'Ottawa-Gatineau regorge d'excellents coureurs cyclistes dont les plus connus sont Aaron Fillion, Mike Nash, Matteo Dal Cin, David Gadzi, Sue Schlatter, Doug Van Den Ham, Ron Amos, Maxime Levasseur, Osmond Bakker, Derrick St John, Warren McDonald et Érik Lyman. Pas reposant tout ce remuant joli monde!

L’Affaire Papillon, le syndrome Pierre Foglia et des suggestions

Le milieu cycliste du Québec est sous le choc: Arnaud Papillon, champion canadien sur route en 2010 chez les U23, vainqueur de la Classique Montréal-Québec en 2008, vient d'être suspendu par le Centre canadien pour l'éthique dans le sport (CCES) pour usage… d'EPO. Dopage sanguin. On ne parle pas ici d'amphétamines ou de stéroïdes – des classiques –  mais bien d'un produit moderne, plus sophistiqué et qui s'injecte dans le sang.

Deux contrôles, l'un en compétition (les derniers Championnats canadiens), l'autre hors compétition, ont confirmé le verdict. Le CCES a appliqué la sanction conformément au règlement et a suspendu Papillon pour une durée de deux ans.

Dans la foulée, Arnaud Papillon a réagi sans tarder via un communiqué et mis un terme à sa carrière. J'ai trouvé ce communiqué équilibré, nuancé et responsable: "Je reconnais avoir commis un geste inacceptable et je le regrette. Je m’excuse pour la déception que je cause à ceux qui m’ont fait confiance, notamment mes proches, mon entraîneur et les membres de mon équipe. (…) Je devrai vivre avec cette réalité et les apprentissages qui en résultent pour le reste de ma vie. (…) Le cyclisme exige un dépassement de soi où n’ont pas place les paradis artificiels. Je vous supplie de ne pas vous y laisser prendre." Papillon me déçoit énormément, mais conserve, avec cette réaction, une partie de mon estime.

Un dopage seul ?

Espérons maintenant que Papillon collaborera avec les autorités pour mieux comprendre son geste et son contexte, de même que ses sources d'approvisionnement. Car on a peine à croire qu'il s'est dopé seul à l'EPO, un dopage qui nécessite tout de même une certaine connaissance de la substance, de son administration et des protocoles sous-jacents pour en maximiser les effets. Si des gens de son entourage l'ont aidé, Papillon doit maintenant les dénoncer, c'est son devoir s'il veut aider la communauté cycliste.

Bientôt d'autres têtes ?

Des personnes proches du milieu m'informent que d'autres cyclistes québécois de premier plan pourraient être convaincus de dopage par le CCES très prochainement. Affaire à suivre… et si cela se confirme, ces personnes auraient-elles agi avec Papillon?

Si tel est le cas, on sera vraissemblablement devant le plus gros scandale de dopage dans le cyclisme au Québec depuis la triste Affaire Jeanson il y a quelques années. Wait and see.

Le syndrome Foglia

Évidemment, la nouvelle a suscité beaucoup de réactions. Plusieurs d'entre elles évoquent une grande déception. Je partage cette opinion et je suis également très déçu de Papillon. C'est un triste jour pour le cyclisme québécois. 

La réaction de Louis Garneau Sport est un exemple selon moi: affirmant leur grande déception, ils ont annoncé derechef une série de mesures – modestes, mais il faut bien commencer quelque part – pour accroître leur lutte contre ce fléau. Bravo.

Parmi beaucoup de réactions cependant, se dégage une impression de surprise, d'étonnement. Un peu comme si plusieurs nous disaient "comment, un bon gars comme Arnaud dopé ? Pas possible… pas lui… De l'EPO, au Québec ? Je pensais que ces affaires là, c'était juste pour les big shot du Tour de France".

J'appelle ça le syndrome Pierre Foglia. Parce que ce journaliste en vue du Québec, souvent très bon d'ailleurs, s'est évertué à défendre aveuglément, il y a quelques années, une Geneviève Jeanson alors que les soupçons d'usage de produits dopants se multipliaient. Comprenez-moi bien: personne ne savait hors de tout doute que Jeanson était dopée, ni Pierre Foglia, ni moi, ni personne hormis son entourage direct. Ce que je reproche à Pierre Foglia, c'est d'avoir refusé de tenir compte du contexte, des éléments qui s'accumulaient, sous prétexte que c'était une petite fille de Lachine qui lui inspirait confiance et avec qui il avait développé une certaine relation. "Pas elle, voyons donc, et de l'EPO au Québec, vraiment ?!".

Et pourtant.

Avec l'Affaire Papillon, voilà une autre preuve que le dopage sanguin, c'est aussi au Québec et pas seulement chez les pros World Tour. Si peu de scandales ont éclaté ces dernières années, c'est probablement parce que peu de contrôles ont lieu.

La langue de bois

Je le pense depuis longtemps, je l'ai déjà écrit sur ces pages: le dopage – même sanguin – dans le cyclisme au Québec, c'est tabou. On en parle, mais peu. Très peu.

Surtout, on marginalise: c'est l'affaire de quelques cas isolés. Chaque scandale est traité tel quel. Et les autorités gèrent leur image en ré-affirmant haut et fort leur extrême fermeté contre le dopage, couplé de la phrase classique: "nous prenons la situation très au sérieux et prenons également tous les moyens possibles pour lutter contre ce fléau". 

Vraiment ?

Et si le dopage – classique comme sanguin – était plus répandu qu'on ne le croit, même parmi la base de pratiquants ? Pas plus qu'ailleurs, mais pas moins non plus probablement. 

Et si on pouvait davantage pour lutter contre, bien davantage, même avec des moyens limités ?

Quelques suggestions

Soyons constructifs. Voyons ce que nous pourrions faire ensemble.

1 – reconnaître que le dopage dans le cyclisme québécois est peut-être plus répandu qu'on ne le pense, et ce à tous les niveaux. Il ne s'agit pas de s'autoflageller bien sûr, le dopage est présent dans bien d'autres sports très probablement, voire dans toutes les activités humaines: certains ne se dopent-ils pas pour réussir un examen académique? Cette reconnaissance est cependant nécessaire pour prendre acte qu'il faut davantage lutter contre.

2 – reconnaître que deux moyens s'avèrent efficaces dans la lutte contre le dopage, et qu'ils doivent être conjugués: la prévention via l'éducation, et la peur du gendarme.

3 – côté prévention, le programme "roulez gagnants au naturel" de la FQSC a été une première étape, mais s'avère insuffisante à mon sens. En gros, le coeur de ce programme se résume à ce passage clef du document qui le présente: "La campagne « Roulez gagnants au naturel » est à la fois une réponse à la fausse perception quant à l’intégrité des athlètes qui pratiquent les sports cyclistes, et une indication très claire quant à la position adoptée depuis toujours par la FQSC face au dopage sportif, soit une tolérance zéro. Un peu à l’image de certaines organisations qui ont utilisé le bracelet comme outil de sensibilisation et de levée de fonds, la FQSC a opté pour un écusson, que tous les supporteurs de cette campagne, cyclistes et autres, pourront porter fièrement pour montrer leur adhésion à cette cause."  

Très bien l'idée de l'écusson, mais il est permis de douter que cela va freiner nombre d'athlètes qui veulent se doper, même s'ils portent le dit-écusson !

Voilà une autre idée: pourquoi ne pas rendre obligatoire une formation étoffée et en ligne sur le dopage, formation qui conditionnerait l'obtention d'une licence par la Fédé ? Seuls ceux ayant suivi cette formation, incluant des questions à répondre, pourraient obtenir une licence de course leur permettant de s'inscrire aux courses sanctionnées. 

Cette formation pourrait répondre facilement au manque criant de connaissances de très nombreux cyclistes à propos des produits accessibles. La créatine est-elle un produit figurant sur la liste des produits interdits par l'Agence Mondiale Anti-dopage ? Et qu'en est-il de l'éphédrine, elle-aussi facilement disponible ? L'usage d'une pompe pour l'asthme est-elle permise avant une compétition sans ordonnance médicale ? Quels sont les risques réels lorsqu'on tente de s'injecter des substances directement dans le sang ?

Une telle formation serait un moyen concret de former la communauté cycliste – notamment les plus jeunes – qui participe à des courses durant une saison et ce, chaque année. Peu chère à mettre sur pied, cette formation en ligne présente aussi l'avantage de rejoindre directement tous les cyclistes, quel qu'ils soient, et où qu'ils soient, chez eux. 

4 – côté peur du gendarme, les contrôles sont malheureusement une nécessité. Là, on ne s'en sort pas. Il faut que les coureurs aient peur de se faire prendre au détour.

Or, les moyens sont limités. On ne peut multiplier les contrôles. C'est donc une question d'équilibre: assez de contrôles, mais pas trop pour respecter les budgets. 

Et si on essayait de les augmenter, ces budgets ? Inclure, dans chaque licence d'équipe comme de coureur, un "prélèvement" supplémentaire en justifiant ce prélèvement par la garantie d'offrir aux coureurs des compétitions plus équitables ? Vous savez ce que coûte une saison de hockey sur glace dans une ligue de garage, excluant l'équipement ? La licence de course en cyclisme, d'un peu plus de 100$, demeure très abordable. Un effort supplémentaire pour acheter la licence de course, dans le contexte du financement de la lutte contre le dopage dans le cyclisme, serait un moyen possible me semble-t-il.

À la mémoire de Danielle Naçu

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