Présentation officielle du Tour de France 2010 du côté de Paris aujourd’hui en compagnie de tout le gratin du cyclisme mondial, Alberto Contador, Andy Schleck et Lance Armstrong en premier lieu, ce dernier en ayant profité pour déjeuner avec nul autre que Sarko juste avant, question de rentabiliser le déplacement. Tant qu’à faire…
Le Tour de France dévoilé aujourd’hui est fidèle à l’image qu’on s’en était faite grâce à quelques blogueurs bien informés.
En gros, on pourrait le résumer à un hommage en trois temps: hommage à Eddy Merckx avec le passage du Tour à Meise, en banlieue de Bruxelles, question de souligner les 65 ans du plus grand champion cycliste de tous les temps. Deuxième hommage, celui, plus discret, du rattachement à la France de la Savoie avec deux villes-étapes dans ce département, soit St-Jean de Maurienne et Chambéry. Troisième hommage, vibrant celui-là, au massif des Pyrénées pour souligner les 100 ans de leur introduction dans la plus mythique course cycliste du monde.
En général…
Dans l’ensemble, c’est un Tour de France plus montagneux qu’en 2009 qui est proposé aux coureurs, avec pas moins de 23 cols à franchir, soit un dans le Jura, 8 dans les Alpes, 2 dans les Cévennes et 12 dans les Pyrénées. En comparaison, les Tours 2008 et 2009 comportaient respectivement 17 et 20 cols à escalader.
En revanche, les clm sont réduits puisque le Tour 2010 ne comporte aucun clm par équipe. Une fois le prologue de 8 bornes passé, il ne restera aux rouleurs que les 51 kms entre Bordeaux et Pauillac la veille de l’arrivée pour s’exprimer. Pas de quoi faire de grosses différences même si cela suffirait à départager deux coureurs dans un mouchoir à la sortie des Pyrénées…
Bref, davantage de montagne, moins de clm, j’aime ! surtout si on rajoute l’incertitude des premières étapes piégeuses puisque reprenant des portions des Classiques d’avril et notamment certains secteurs pavés de L’Enfer du Nord. Ce Tour pourrait proposer plusieurs rebondissements et ce, dès les premiers tours de roue. Nice.
Le fil de la course
Dépourvu de grosses difficultés comme à Monaco, le prologue de 8 kms à Rotterdam ne devrait pas créer de gros écarts parmi les favoris. Si la première étape devrait revenir aux sprinters, il faudra être très attentif lors des 2e et 3e étapes, les parcours évoluant sur les routes des Ardennaises et de l’Enfer du Nord. C’est là que certains coureurs – on pense à Devolder, à Boonen, à Hincapie, à Pozzato, à Hushovd et d’autres encore – pourraient être déterminants pour les favoris de la course afin de passer en tête et sans encombre ces secteurs délicats. Rappelons l’épisode du passage du Gois sur le Tour 1999 et qui avait condamné Alex Zulle dès le départ de la course… Les Espagnols, peu rompus à ce genre de cyclisme (exception faite de Flecha), pourraient être ceux ayant le plus à perdre du côté du nord de la France…
La descente vers les Alpes lors des 4e, 5e et 6e étapes devrait revenir aux sprinters qui voudront en découdre à cette occasion. Il en faut pour tout le monde !
L’arrivée aux Rousses lors de la 7e étape sera la première occasion pour les favoris de se démarquer. Si les 14 kms d’ascension proposés ne sont pas si terribles, ce sera surtout l’occasion à tout le monde d’essayer de se rassurer et de montrer qu’on est bien présent en montagne. L’étape sera par ailleurs superbe, ces routes du Jura étant magnifiques et, dans une certaine mesure, similaires à celles qu’on peut souvent retrouver au Québec, qualité du revêtement en moins !
Les affaires se corseront lors des 8e et 9e étapes vers Morzine-Avoriaz puis vers St-Jean de Maurienne. Avec le col de la Ramaz avant l’ascension finale vers Morzine, le terrain sera propice pour la première fois du Tour aux ténors pour tenter de se vêtir de jaune. Le lendemain de la journée de repos à Morzine, l’enchainement Colombière, Aravis, Saisies et Madeleine sur une étape comportant 204 kms sera l’occasion de frapper un grand coup et il est probable que l’explication vienne dans la Madeleine, ce col étant suffisamment long et pentu depuis La Léchère pour faire des écarts. Pour moi, c’est l’étape-reine de ce Tour 2010.
Arrive ensuite le 14 juillet et la 10e étape entre Chambéry et Gap. S’il est probable que plusieurs petits cols soient placés en début d’étape, ce qui favoriserait les échappées en début de course, le classement général ne devrait pas changer cette journée-là.
Les 11e, 12e et 13e sont intéressantes en ce sens qu’il se passe toujours quelque chose sur les routes du côté de Revel ou de Rodez. Il peut y faire chaud et les routes sont sinueuses, propices à une course de mouvement.
On entrera finalement dans la dernière semaine du Tour avec un copieux menu dans les Pyrénées. Ca commence par une arrivée en altitude à Ax-3-Domaines après le difficile port de Pailhères, faisant du final de cette étape un excellent terrain pour faire des écarts entre les favoris qui, à ce stade-ci, devront se dévoiler s’ils ont du retard à combler.
L’étape du lendemain, la 15e, se résumera pour les favoris à une course de côte dans le port de Balès, pas facile. Pour les autres, ca partira de loin, c’est sûr !
La 16e étape est présentée comme l’étape-reine de ce Tour 2010. Pour moi, c’est une déception, l’arrivée étant située beaucoup trop loin du sommet du dernier col, l’Aubisque. Les coureurs auront en effet 58 kms pour refaire un éventuel retard accumulé lors de l’ascension, plus tôt dans l’étape, des cols de Peyresourde, Aspin et Tourmalet. Il me semble que l’étape aurait dû être renversée, c’est à dire présenter 50 kms plats en début d’étape pour se terminer par l’enchainement des 4 cols mythiques des Pyrénées, clin d’oeil aux pionniers du Tour qui avaient également franchi ces cols en 1910. Ou alors, une arrivée à Luz Ardiden aurait été dantesque !
Après la seconde journée de repos, les coureurs auront encore deux importants défis, soit la 17e étape et l’arrivée non pas à La Mongie comme sur le Tour 2004 (victoire à l’époque d’Ivan Basso) mais bien au sommet du Tourmalet, tout en haut. Avec le Soulor juste avant, il y a définitivement de quoi faire basculer la course sur cette étape.
L’arrivée à Bordeaux lors de la 18e étape sera normalement réservée aux sprinters. Tradition oblige.
Le dernier clm, de 51 kms, est évidemment la dernière occasion de lutter pour le maillot jaune. Mais après un menu si copieux dans les Pyrénées et avec d’excellents grimpeurs comme Contador ou Andy Schleck probablement au départ, on peut penser que la course sera jouée à ce moment.
Enfin, la dernière étape des Champs Élysées m’apparaît particulièrement courte en 2010, 105 kms seulement (habituellement, ca tourne davantage autour de 140-150 bornes). Il est vrai que le transfert, la veille, est assez long.
D’autres détails
Pas de bonifications au temps. C’est important.
Comique
Le Tour 2010 fêtera également les 100 ans de l’introduction de la… voiture-balai derrière les coureurs.
Les réactions
Contador aime – c’est normal considérant ses qualités – ce Tour plus montagneux qu’à l’habitude ces dernières années. Les Pyrénées étant situées près de l’Espagne, on peut penser qu’Alberto aura l’appui du public dans la dernière semaine.
Armstrong semblait un peu déçu de l’absence d’un clm par équipe qui aurait été, pour lui, l’occasion de prendre du temps sur plusieurs adversaires directs. Il aime évidemment les premières étapes, piégeuses. Ceci étant, ce n’est pas un Tour facile à négocier pour Armstrong puisque les kms de clm sont peu nombreux. Il est probable qu’il tente de la jouer tactique, n’ayant plus les capacités physiques pures pour rivaliser en montagne avec l’explosivité de Contador ou d’Andy Schleck.
Ce dernier se montre pour sa part satisfait. Seul problème, Contador est à la fois meilleur grimpeur et meilleur rouleur que lui ! Le Tour 2010 ne lui donne pas beaucoup de chance de se démarquer !
À ne pas manquer
Ce petit reportage photo de la présentation officielle aujourd’hui à Paris.
L’étape du Tour – Mondovélo
Ce sera le dimanche 18 juillet 2010 entre Pau et le sommet du col du Tourmalet sur une distance de 174 kms. Moins dur que la Marmotte mais tout de même, un sacré morceau !