Si vous n’avez pas vu Denis Menchov à l’arrivée du clm aujourd’hui dans les rues de Rome, payez-vous ce spectacle: c’est éloquent. J’ai toujours des doutes quant je vois un coureur dans un tel état à la descente du vélo après un clm intense. Ca ne veut peut-être rien dire, mais disons que Menchov était loin d’être dans un état normal…
Ceci étant dit, la victoire de Menchov sur le Giro est celle de la régularité, ce qui est un peu sa marque de commerce. Menchov, c’est l’assurance d’un grand tour dépourvu de jour sans. Excellent contre-la-montre, il sait limiter les dégâts en haute montagne. Il déclare déjà "je peux gagner le Tour".
Mouais. Disons que contre un coureur comme Contador, je suis néanmoins perplexe quant aux chances de Menchov. Vivement le Dauphiné, qu’on en sache plus sur la condition de l’Espagnol qui devrait logiquement être le grand favori de la Grande Boucle.
Sinon, que dire de ce Giro ?
Pour moi, c’est le Giro de la fin pour Simoni qui, à 38 ans, semble définitivement out. C’est tout l’inverse cependant pour Garzelli qui termine avec le grand prix de la montagne. Tout simplement impressionnant puisque le coureur a remporté le Giro il y a… exactement 10 ans !
C’est aussi un Giro qui marque une étape pour Cunego: ses ambitions sur les grands tours doivent être revues à la lumière de son incapacité à être devant ces trois dernières semaines. Les courses d’un jour sont probablement sa meilleure reconversion possible.
Ce Giro restera aussi comme une confirmation du talent de Pellizotti sur les grands tours: il termine 3e, excusez un peu. Idem pour Basso qui termine 5e après une longue absence. Mention honorable aussi à Carlos Sastre, 4e, qui assume son rôle de coureur de premier plan sur les grands tours et surtout de champion en titre du Tour. Il rafle au passage 2 belles victoires d’étape, de quoi réjouir son employeur.
Déception enfin pour Leipheimer qui a manqué de force dans la dernière semaine. À sa décharge, il a été sur la brèche depuis le début de la saison. Peut-être qu’il aurait pu jouer la gagne s’il avait planifié toute sa saison en fonction du seul Giro ?
Il ne faut pas oublier les jeunes, notamment Edvald Boasson Hagen qui a montré sur ce Giro l’étendue de son talent ainsi que le belge Kevin Seeldraeyers, qui ramène le grand prix du meilleur jeune.
Un mot sur Lance Armstrong tout de même: l’Américain a selon moi terminé ce Giro de très belle façon, montrant qu’à 37 ans, on peut avoir de beaux restes. Armstrong aborde désormais la partie "mystérieuse" de sa préparation pour le Tour et on verra dans quelle condition il se présentera à Monaco début juillet !
Enfin, terminons en mentionnant que le Canadien Michael Barry a terminé ce Tour d’Italie à la 127e place, à plus de 3h30 de Menchov. C’est la dure réalité d’un bon équipier qui aura beaucoup travaillé pour l’équipe et notamment pour Cavendish, roulant derrière les échappées afin d’en limiter les écarts.