Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Mois : août 2008

Sécurité routière: copie à revoir pour le Québec…

La récente agression dont ont été victimes les cyclistes québécois François Parisien et Éric Boily dans la région de Sutton m’interpelle ce soir car elle n’est pas isolée.

En effet, n’importe quel cycliste parcourant plus de 4000 kms par année aura vécu une ou des expériences similaires durant sa saison. Les cyclistes de l’Outaouais n’y échappent pas, certaines routes comme la 148 du côté de Luksville étant même soigneusement évitées de ceux-ci en raison des dangers que représentent ces chauffards au volant de leurs camions "pick-up" qui n’hésitent pas à vous frôler voire vous poursuivre, estimant que la route appartient aux automobilistes, pas aux cyclistes.

Il serait temps que le Ministère des transports cesse de ne porter son attention que sur la vitesse au volant et investisse un peu plus dans l’éducation des automobilistes québécois. Pas une semaine ne passe sans que notre confrère Guy Maguire de Véloptimum ne rapporte des accidents de cyclistes, parfois graves. Je n’oublie pas non plus l’accident qui coûta la vie, il y a environ 2 ans, à Robert Brisson, un père de famille… Y’en a marre! Surtout que n’importe quel cycliste en Outaouais reconnaîtra que si la situation n’est pas parfaite en Ontario, rouler dans cette province est nettement plus sécuritaire que du côté du Québec.

Bien sûr, les cyclistes sont parfois en tort. Bien sûr, les cyclistes ne sont pas exemplaires non plus. Certains violent les règles élémentaires de sécurité routière. Néanmoins, mon expérience me laisse croire que dans environ 75 à 85% des cas, ce sont les automobilistes qui sont fautifs à l’égard des cyclistes, pas l’inverse.

La faute la plus commune ? Les automobilistes d’ici ne savent pas comment doubler un ou des cyclistes. À quand une réelle campagne de sensibilisation des automobilistes à ce sujet ? C’est pourtant pas sorcier! En l’absence d’un véhicule venant en face, l’automobiliste n’a qu’à se déporter dans l’autre voie pour laisser un maximum de place au cycliste qu’il double. Lorsqu’un véhicule vient en face, il suffit de ralentir suffisamment derrière le cycliste pour d’abord laisser passer la voiture, puis de se déporter dans l’autre voie et doubler le cycliste. En Europe, la plupart des automobilistes n’hésiteront pas à rester 30 secondes derrière un cycliste, même à 20 à l’heure, afin d’attendre la chance de pouvoir le doubler en toute sécurité, une fois les voitures venant en face passées…

Que font les policiers témoins du doublement dangereux d’un cycliste par une voiture ? Rien. Combien de fois avons-nous vu la scène… Ne vous avisez cependant pas de rouler trop vite…

La bonne nouvelle dans tout ca ? C’est qu’à mesure que le sport cycliste et la randonnée cycliste se développent au Québec, de plus en plus d’automobilistes deviennent eux-aussi cyclistes d’occasion et seront donc plus attentifs au volant à l’égard des vélos. Mais il y a encore du chemin à faire… 

La Flamme Rouge reprendra le service normal le 2 septembre prochain, ayant une semaine intense d’activités professionnelles du côté de Québec la semaine prochaine.

Vers un calendrier mondial UCI

Retour à la case départ.

C’est ainsi qu’on pourrait qualifier l’essentiel du contenu des négociations qui ont actuellement lieu entre l’UCI et ASO afin de trouver une solution à la crise qui divise le cyclisme depuis plusieurs années déjà.

Si les négociations sont loin d’être terminées, on annonce du côté de l’UCI la création d’un calendrier mondial UCI qui mettrait définitivement un terme au ProTour, qui restera un échec monumental dans l’histoire du vélo.

En gros, l’UCI mettra sur pied d’ici 2010 un calendrier mondial du cyclisme avec un classement par point individuel et par équipe. Il faut y voir un retour aux sources, ce classement étant très proche du classement mondial FICP ou du classement mondial UCI qui avait court avant 2002.

Évidemment, l’UCI est la partie qui mettra le plus d’eau dans son vin: abandon des règles intransigeantes d’admission des équipes (les organisateurs des épreuves conserveront donc un droit de regard sur qui participe à leurs courses) et surtout, abandon des droits télé exclusifs.

On retourne en quelque sorte au gros bon sens: les critères d’admission aux épreuves ne seront plus fonction du porte-feuille des équipes, mais plutôt de critères sportifs dont l’éthique. Et les revenus télé seront placés au bénéfice de ceux qui doivent assumer les coûts des épreuves, c’est à dire les organisateurs même, et non une pseudo-fédération internationale dont l’utilité, du moins ces dernières années, peut être remise en question.

En échange, ASO s’engagerait à respecter l’autorité de l’UCI sur certains aspects, ce qui a toujours été d’ailleurs le cas. On a souvent accusé ASO de vouloir régenter le cyclisme mondial. Je demeure convaincu que jamais leurs intentions n’ont été en ce sens. ASO a simplement voulu protéger la crédibilité du cyclisme en prenant des moyens vigoureux pour cela, chose que l’UCI, gangrené par l’ex-président Verbruggen et ses raisonnements d’un autre âge, a négligé. Au final, l’histoire retiendra probablement que c’est grâce à ASO et sa volonté de préserver l’épreuve phare du cyclisme, le Tour de France, qu’on doit le salut du cyclisme sur route… 

Attendons de voir l’annonce officielle de ce nouveau calendrier mondial UCI avant d’aller plus loin mais je suis enthousiasme à cette idée.

Cyclisme sur route à Pékin: le bilan canadien

Les épreuves en cyclisme sur route aux JO de Pékin sont terminées et c’est pour moi l’occasion de dresser un bilan de la performance canadienne.

En un mot: très acceptable!

Dans la course sur route des hommes, Michael Barry a offert une belle prestation, terminant 9e de l’épreuve, 16 petites secondes derrière le vainqueur Samuel Sanchez. Autrement dit, Barry a été dans le coup jusque dans le final. J’étais sceptique quant à la condition possible de Barry cet été, ayant eu des hauts et des bas au cours des 12 derniers mois. Barry m’a fait mentir et je dois reconnaître qu’il a offert au Canada une performance décente. Hesjedal et Tuft, ses deux équipiers, ont également fini la course en 56 et 59e position.

Il convient aussi de souligner l’excellente prestation de Tuft dans le contre-la-montre qu’il termine à la 7e place, moins de 2min30sec derrière le dragster Cancellara. Je n’attendais pas Tuft à cette position, aussi peut-on dire qu’il a dépassé les attentes. Une autre solide performance qui a offert au Canada une place inespérée. Le deuxième Canadien, Hesjedal, n’a pas démérité non plus, terminant 16e à 3min30sec du vainqueur. Il bat ainsi des pointures comme Denis Menchov, Mario Bruseghin, Kim Kirchen, Santiago Botero ou encore Lazlo Bodrogi. Rien à redire.

Aucun Québécois ne figuraient dans l’équipe canadienne sélectionnée pour les deux épreuves sur route. Pourtant, l’équipe du Québec présente de grosses pointures (Rollin, Parisien, Perras, Lacombe, Dionne, etc.) depuis des années sur le circuit canadien. Dans ce contexte, il est intéressant de remarquer que les coureurs s’étant le plus illustrés dans les grandes épreuves internationales sur route sont des Canadiens hors-Québec comme les Steve Bauer, Alex Stieda, Michael Barry et Ryder Hesjedal. Je suis cependant convaincu que Rollin présente toutes les aptitudes nécessaires à devenir un excellent coureur de Classiques en Europe.

Chez les femmes, on pourra aussi trouver matière à satisfaction, notamment la 17e place dans la course en ligne de Leigh Hobson et la 39e place, quelques secondes plus loin, de Erinne Willock qui ont toutes deux été dans la course jusqu’au bout. La 3e Canadienne, Alex Wrubleski, termine beaucoup plus loin, victime d’une chute sous la pluie.

C’est probablement dans le contre-la-montre féminin que les performances ont été le moins satisfaisantes. Visiblement mal rétablie de sa chute dans l’épreuve sur route, Wrubleski termine 24e et avant-dernière, à plus de 4 minutes de la vainqueure Kristin Armstrong.

Chez les femmes aussi, aucune Québécoise n’a pu faire l’équipe nationale de Pékin. Le trou laissé par les Lyne Bessette, Audrey Lemieux et Geneviève Jeanson (quoi qu’on en dise!) est encore béant.

Bref, bilan de Pékin en cyclisme sur route pour le Canada: note de B+. Peut mieux faire, mais tout le monde aura justifié sa sélection, offrant peu de prise aux critiques. Bravo !

On annonce par ailleurs la nomination de l’ex-coureur canadien Jacques Landry, de la ville de Québec, au poste de chef des sports haute performance de l’Association Cycliste Canadienne. Landry, qui entrera en fonction en novembre prochain, souhaitait rentrer au pays après quelques années passées au service de la Fédération cycliste de Nouvelle-Zélande. C’est un bon ajout à l’ACC selon moi et espérons que cela portera fruit à moyen et long terme, le temps pour Landry de trouver ses marques dans ce nouvel environnement.

Des drapeaux ou des médailles ?

L’histoire de Martin Gilbert aux Jeux Olympiques de Pékin est regrettable voire embarrassante pour le Canada, surtout que ce n’est pas la première fois que cela se produit. Au cours des années récentes, l’équipe canadienne de cyclisme a déjà dû être dépannée comme ca au dernier moment par une autre nation, je crois que c’était lors de Championnats du monde ou d’une épreuve de Coupe du monde sur piste.

Rappelons que Martin Gilbert a dû demander la charité à d’autres équipes présentes à Pékin pour obtenir un vélo sur lequel il pourra disputer l’épreuve de Madison après que le sien ait rendu l’âme sur bris mécanique. Gilbert avait contacté des fabriquants canadiens (dont peut-être Cervelo et Argon18) pour obtenir un (ou des…) vélo en vue de Pékin, mais la meilleure proposition de ces fabriquants a été d’en acheter un au prix coutant. Quant on connaît les efforts financiers que les athlètes canadiens de haut niveau doivent consentir pour se hisser au top, c’est tout simplement scandaleux de la part de fabriquants qui engrangent des profits importants à grand coup de publicité dans les grandes revues cyclistes de ce monde, notamment ProCycling, Cycle Sport ou encore Velo Magasine. Oublions ici la solidarité nationale…

À côté de cela, d’autres équipes bénéficient de vélos ultra-performants élaborés par des constructeurs prestigieux à grands coups d’études en soufflerie et en technologie des matériaux. C’est notamment le cas des Australiens, des Français et des Anglais. Ces vélos sont utilisés non seulement aux JO mais aussi dans les Coupes du monde et sur les défis comme le record de l’heure.

Doit-on blâmer l’Association Cycliste Canadienne (ACC) pour l’embarrassante situation dans laquelle se retrouve Martin Gilbert à Pékin ? Je n’en suis pas sûr. Assurément sous-financée par le gouvernement canadien, l’ACC fait probablement ce qu’elle peut dans les circonstances. Du moins, on ose le croire.

Le problème est plus fondamental à mon avis: il vient d’un sous-financement chronique du sport de haut niveau au Canada depuis plusieurs décennies maintenant. Le Canada a sabré dans le sport à une période ou le déficit, important il est vrai, était une véritable obsession. Maintenant que la situation économique du pays va mieux (elle est la meilleure des pays appartenant au groupe du G8), le financement du sport n’a pas été rétabli. Si les coupes ont surtout eu lieu sous un gouvernement libéral, l’actuel gouvernement conservateur n’arrange rien, bien au contraire.

La bonne nouvelle dans tout ca ? C’est qu’à mon avis, les Canadiens commencent à réaliser qu’il y a un problème: l’absence de médailles aux JO de Pékin après une semaine de compétition commence à faire jaser. Partout, d’un océan à l’autre, les Canadiens commencent à se demander pourquoi les athlètes canadiens qui portent nos couleurs échouent dans leur quète de médailles. C’est d’autant plus embarrassant que les prochains Jeux Olympiques auront lieu à Vancouver car cela pose la question: le Canada est-il encore une grande nation olympique ?

Je déplore personnellement que le gouvernement canadien n’a pas compris que la valeur des médailles olympiques dépasse de beaucoup le simple accomplissement personnel d’un individu. À ce niveau (les JO), une médaille est une source formidable et puissante de cohésion sociale et de cohésion nationale. Les États-Unis, la Chine, la Russie, la France l’ont compris depuis longtemps. En plus de fournir des modèles à des millions de jeunes qui puiseront dans leurs performances inspiration, passion et motivation, les athlètes médaillés font en ce sens bien davantage pour la cohésion sociale, communautaire et nationale que n’importe quel programme des commandites…

Et à choisir, je préfère des médailles aux JO à des drapeaux financés à grands coups de scandales financiers sur fond de favoritisme…

Retour sur Montréal-Québec

C’est le cycliste québécois Arnaud Papillon, membre de l’équipe Volkswagen, qui a remporté dimanche dernier la course Montréal-Québec, la plus ancienne et la plus longue classique cycliste en Amérique du Nord. Papillon a coiffé sur le fil Dominique Perras, 2e comme en 2002, et Bruno Langlois complétait le podium, terminant une trentaine de secondes plus tard.

Le temps du vainqueur, 5h51 minutes, n’est pas très rapide. Un fort vent défavorable aura durci considérablement cette édition.

Le plateau était cette année très québéco-québécois. On pourra regretter l’absence de certaines formations canadiennes de premier plan comme Symmetrics ou RACE, des équipes actuellement occupées à courir aux États-Unis.

On pourra également regretter l’absence de nombreux coureurs québécois de premier plan: Dominique Rollin (ancien vainqueur), mais aussi David Veilleux, François Parisien, Charles Dionne ou encore Kevin Lacombe.

Selon moi, cette course prestigieuse ne peut souffrir trop longtemps de ne pas voir à son départ les meilleurs coureurs canadiens et quelques équipes étrangères. Un repositionnement dans le calendrier de la saison est peut-être nécessaire dans ce contexte ? Pourquoi ne pas déplacer cette course une semaine après les Championnats canadiens, soit le 1er ou 2e dimanche de juillet ? De nombreux coureurs de premier plan serait alors au Canada… et faire de Montréal-Québec la première course où le nouveau champion canadien pourrait étrenner son maillot de champion national aurait de la gueule…

Enfin, on regrettera l’étroitesse d’esprit et le manque de culture cycliste des autorités de la ville de Québec qui ont refusé que la course se termine dans le Vieux-Québec afin de souligner le 400e anniversaire de la fondation de cette ville. Pourtant, l’arrivée de la plus ancienne classique cycliste en Amérique du Nord dans le centre-ville de Québec aurait certainement tissé un nouveau lien symbolique l’année du 400e entre la France et le Québec, le cyclisme étant très populaire de l’autre côté de l’Atlantique. Il est surprenant de constater que chaque année, Paris fait place à une arrivée du Tour de France sur les Champs Élysées, ce qui ne va certainement pas sans difficultés logistiques et de circulation en plein mois de juillet au coeur de la capitale française. Que la ville de Québec ne soit pas capable d’en faire autant est tout simple sidérant selon moi. Quel manque de vision et de panache !

Autour de cet événement qu’est la course cycliste Montréal-Québec, il faut enfin mentionner que l’équipe Calyon pourrait perdre son sponsor principal la saison prochaine. Rappelons que le Crédit Agricole a lui-aussi annoncé son retrait du cyclisme et que Roger Legeay, le manager, n’a pu retrouver de repreneur. Calyon étant une filière du Crédit Agricole, c’était la suite logique des choses. L’aventure des Vives, puisque c’est de cela qu’il s’agit, pourrait donc être perturbée l’an prochain et le cyclisme québécois voir, malheureusement, une équipe de moins au départ des courses en 2009.

Dominique Perras: salut l’artiste!

La nouvelle passe presque sous silence, du moins beaucoup trop à mon goût: Dominique Perras a pris sa retraite sportive au terme de la Classique Montréal-Québec, disputée dimanche dernier. C’est une immense perte pour le cyclisme québécois et canadien.

Cette retraite discrète est probablement à l’image du coureur, somme toute assez discret. Je pense que Perras aura été un athlète largement sous-estimé par le grand public en raison de cela. Pourtant, ses capacités physiques et ses performances auraient justifié un autre statut. Dominique Perras laisse en effet dans le cyclisme un beau palmarès dont il peut être fier puisque ponctué de victoires et de places d’honneur non seulement sur la scène nationale mais, plus difficile, sur la scène internationale. Rappel sommaire d’une carrière bien remplie…

Dominique Perras s’est selon moi révélé au grand public lors du Tour Trans-Canada en 1999, dans l’étape du Mont Royal qui comportait 8 ascensions de Camilien Houde. Sous la pluie, handicapé par une chute la veille, Perras s’était maintenu dans le groupe de tête au moral et au seuil de la rupture durant toute la course. Les images télé que j’avais vu m’avaient convaincu que j’avais affaire là à un sacré teigneux, les images étant saisissantes quant à la volonté de ce garçon de rester au contact des meilleurs. Cette performance lui valu la place de premier Canadien sur l’épreuve remportée par l’Italien Guido Trentin devant le Français Jean-Cyril Robin… et peut-être, un peu, un contrat pro dans l’équipe suisse Phonak l’année suivante.

Perras aura donc eu la chance de courir de grandes épreuves cyclistes européennes en 2000 chez Phonak et aussi plus tard dans sa carrière: en 2000, je songe au Tour de Romandie, ou il porta durant quelques étapes le maillot de meilleur grimpeur, à la Classique des Alpes ou encore au Tour de Suisse. C’est également en 2000 que Perras aura pris part à son premier championnat du monde professionnel, à Plouay, en Bretagne, ou il avait comme équipier un certain Michael Barry. Perras participera à deux autres championnats du monde pro, soit en 2003 (Hamilton) et 2005 (Madrid).

On pourrait dire que Perras était un coureur à classer dans la catégorie des "toujours placé, rarement gagnant". S’il a multiplié les places d’honneur et démontré une constante rassurante dans ses résultats, il compte à son palmarès somme toute assez peu de victoires: le GP de Charlevoix (2000), deux étapes du Herald Sun Tour (2003 et 2004), une étape du Hokkaido Tour (2002) ou encore Montréal-Québec (2004), une de ses belles victoires en carrière.

Mais c’est surtout la course sur route des Championnats canadiens qui restera la course marquante de la carrière de Perras selon moi. Seulement une fois champion canadien, en 2003 à Hamilton, victoire qui lui assura une sélection pour les Mondiaux dans la même ville quelques mois plus tard, Perras a souvent joué bien placé dans cette course difficile: entre 2002 et 2007, il ne manqua qu’une seule fois le podium, soit en 2004 ou il fut contraint à l’abandon ! 2e en 2002, il terminait aussi 3e durant 3 années consécutives, soit 2005, 2006 et 2007. C’est le plus beau palmarès dans cette course depuis fort longtemps, surtout qu’il avait aussi terminé 3e des Championnats canadiens junior en 1992.

Notons enfin ses autres belles places d’honneur: 2e de Montréal-Québec 2002 et 2008, 2e (2005) et 3e (2007) du GP de Charlevoix et surtout, 2e du Jayco Herald Sun Tour en 2005, peut-être l’occasion ou Perras passa le plus près d’une grande victoire internationale qui aurait, possiblement, changé le cours de sa carrière. Leader jusqu’au dernier clm, Perras s’inclina face à Simon Gerrans, vainqueur d’étape cette année sur le Tour, pour… 14 petites secondes.

Excellent grimpeur, à son meilleur dans des courses longues, difficiles et accidentées, Dominique Perras avait la classe sur un vélo selon moi. Coureur longiligne, donnant une impression à prime abord de fragilité (on est loin de la carrure d’un Rollin dont il partage le prénom…), Perras était selon moi un sacré moteur, ne s’imposant pas en puissance mais plutôt par ses capacités aérobiques exceptionnelles. Bref, Perras avait la classe, celle de ceux qui n’ont l’air de rien mais qui sont en réalité des athlètes nés, faits différemment de vous et moi. Comment d’ailleurs ne pas penser au Campionnissimo Fausto Coppi en voyant Perras sur son vélo, tous deux présentant de longs fémurs et un torse rablé et rond ?

On peut probablement conclure en affirmant qu’il aura manqué à Dominique Perras durant sa carrière cette petite pointe de vitesse qui lui aurait permis de conclure à son avantage les innombrables courses ou il s’est présenté en vue de l’arrivée échappé avec d’autres coureurs. Malgré de nombreuses sélections sur l’équipe canadienne, on pourra également regretter le fait qu’il n’ait jamais pu obtenir une sélection olympique, la chance se présentant pourtant à trois reprises au cours de sa carrière professionnelle (Athènes, Sydney et Pékin).

Quoi qu’il en soit, Dominique Perras est selon moi à classer au même rang que les Gervais Rioux, Yvan Waddell, Alex Stieda, Jacques Landry ou encore Gordon Fraser au panthéon du cyclisme canadien.

Salut l’artiste!

Signé : un "enfant" admiratif

Les équipes professionnelles de Dominique Perras: Phonak (2000), Ficonseils (2001), iteamNova (2002), Flanders-iteamNova (2003), Ofoto (2004), Kodak Gallery/Sierra Nevada (2005 et 2006), Kelly Benefit Strategies (2007), EVA – DeVinci (2008). 

L’Espagnole Moreno positive aux JO

En complément de notre article hier soir, le premier cas officiel de dopage aux JO est pour l’Espagne en la cycliste Maria Isabel Moreno, plusieurs fois championne d’Espagne au cours des dernières années. La logique est respectée!

L’âge d’or du cyclisme espagnol

Le nouveau champion olympique est l’Espagnol Samuel Sanchez, couronné après un sprint en petit comité. Il s’est imposé devant un spécialiste des courses d’un jour, l’Italien Davide Rebellin, ainsi qu’un spécialiste du dernier km, le Suisse Fabian Cancellara.

Mine de rien, cette nouvelle victoire de l’Espagne sur une grande course du calendrier cycliste professionnel confirme que nous vivons réellement un âge d’or du cyclisme espagnol. Alberto Contador s’est imposé cette année sur le Giro, Carlos Sastre sur le Tour de France et maintenant Samuel Sanchez aux JO. Si on ajoute à cela les victoires d’Oscar Freire dans Gand-Wevelgem et au classement de meilleur sprinter du dernier Tour, d’Alejandro Valverde dans Liège-Bastogne-Liège, la Classica San Sebastian et le Dauphiné Libéré, c’est toute une année que les Espagnols connaissent en cyclisme.

Seulement deux Espagnols s’étaient imposés au palmarès du Tour de France avant la victoire de Pedro Delgado en 1988: Frederico Bahamontes en 1959 et Luis Ocana en 1973. Depuis 1988, l’Espagne accumule les succès sur la grande Boucle et ailleurs. Miguel Indurain a raflé 5 fois de suite la mise entre 1991 et 1995. Après la domination de Lance Armstrong au début des années 2000, les Espagnols ont raflé les trois derniers Tours avec Oscar Pereiro (2006), Alberto Contador (2007) et Carlos Sastre (2008).

Tout cela est tout simplement impressionnant lorsqu’on y songe vraiment. Si on peut penser que l’Espagne cueille actuellement le fruit des années Indurain qui auront certainement inspiré de nombreux jeunes enfants à faire du vélo, comment ne pas penser aussi au dopage, l’Espagne étant souvent désignée, encore récemment par Pat McQuaid, le grand patron de l’UCI, comme un eldorado du dopage ? L’Affaire Puerto était d’ailleurs toute Espagnole et deux des cinq cas de dopage sur le récent Tour de France étaient espagnols (Duenas et Beltran). 

Nouvelle mise à jour du pool

Comme promis plus tôt cette semaine, La Flamme Rouge vous propose ce soir une nouvelle mise à jour du pool de cyclisme avec la prise en compte non seulement des Championnats nationaux, du Tour de France et de la Classica San Sebastian mais également des récentes affaires de dopage.

Beaucoup de changements dans le classement général !

De gros changements…

La mise à jour du pool de cyclisme prend en compte les Championnats nationaux fin juin, le Tour de France ainsi que la Classica San Sebastian. Il prend aussi en compte la règle de suspendre tous les points accumulés depuis le début de la saison pour tout coureur convaincu de dopage. J’ai donc appliqué la règle et supprimé les points accumulés par Tom Boonen (32 points – privé de Tour pour contrôle positif à la cocaine), Riccardo Ricco (79 points – positif sur le Tour à la CERA), Leonardo Piepoli (11 points – suspecté de marcher comme Ricco, son grand pote et compagnon de chambre, ce qui lui a valu un licenciement de Saunier Duval) et Vladimir Gussev (10 points – licencié d’Astana pour paramètres physiologiques anormaux). J’aurais procédé de même avec Sella mais aucun participant n’a sélectionné ce coureur cette année…

En conséquence, de gros changements dans tous les classements du pool de cyclisme. Mais avant de commenter, bref retour sur les coureurs les plus performants lors du dernier Tour de France:

SASTRE Carlos 104 points
EVANS Cadel 66
KOHL Bernhard 55
CAVENDISH Mark 40
KIRCHEN Kim 35
MENCHOV Denis 32
SCHLECK Frank 32
VALVERDE Alejandro 32
FREIRE Oscar 30
SCHUMACHER Stefan 30
SCHLECK Andy 27
VANDE VELDE Christian 26
SANCHEZ Samuel 21
HUSHOVD Thor 16
ARVESEN Kurt-Asle 13
EFIMKIN Vladimir 13
KREUZIGER Roman 13
DESSEL Cyril 11
STEEGMANS Gert 11
BURGHARDT Marcus 10
CASAR Sandy 10
CHAVANEL Sylvain 10
CIOLEK Gerald 10
DUMOULIN Samuel 10
SANCHEZ Luis Leon 10
VALJAVEC Tadej 10

Au classement des courses par étapes, c’est André Onillon qui mène la charge avec 377 points marqués, soit seulement 6 de mieux que le deuxième au classement, David Siméon. Frans Neirinck complète ce podium provisoire. Voici les 15 premiers à ce classement:

1 – André Onillon 377 points
2 – David Siméon 371
3 – Frans Neirinck 356
Mathieu Lapointe 352
Jean-Louis Marshall 339
Ismael Choesmim 333
Mathieu Fagnan 324
Eric Wiseman 320
Marc-Olivier Abel 315
Antoine Duchesne 305
Clifford Marshall 302
Michel Jalette 302
Sébastien Bismuth 300
Pascal Leroux 298
Robert Laramée 298

Voici également les 15 premiers au classement des courses d’un jour:

1 – Gabrielle Duchesne 247 points
2 – François-Xavier Beloeil 244
3 – Cyclick 237
Raphael Watbled 235
David Villeneuve 233
Stéphane Cossette 228
Mario Beauregard 199
Frans Neirinck 195
Olivier Savaria 190
Richard Lavoie 189
Michel Gervais 189
Éric Tardif 189
Stéphane Martel 185
Bertrand Pivert 184
Etienne Gagnon 182

Le classement général maintenant.

Le leader au sortir du Tour de Suisse, Éric Tardif, a été détrôné par Frans Neirinck qui s’empare de la tête de notre pool avec 551 points, soit 24 de mieux d’André Onillon, actuel 2e. Frans Neirinck doit cette performance notamment à la présence de Sastre, Evans, Cancellara, Andy Schleck, Freire et Vogondy dans son équipe, ce qui lui a permis de marquer pas mal de points dans le dernier mois. Notre ami Raphael Watbled complète ce podium provisoire avec 524 points, soit à peine 3 points de retard sur le 2e. 

Autant dire que rien n’est fait dans le pool de cyclisme de La Flamme Rouge et qu’avec 10 participants regroupés en moins de 100 points, tout peut encore survenir. Comme c’est souvent le cas, la Vuelta risque bien d’être le juge de paix du pool cette année encore!

1 – Frans Neirinck 551 points
2 – André Onillon 527
3 – Raphael Watbled 524
Mathieu Lapointe 523
Cyclick 508
David Siméon 497
Gabrielle Duchesne 480
Antoine Duchesne 476
Stéphane Cossette 467
Ismael Choesmim 462
Pascal Leroux 445
Eric Wiseman 440
Sébastien Bismuth 439
Claude Taillon 437
Marc-Olivier Abel 437
François-Xavier Beloeil 435
Louis Mazerolle 431
Richard Lavoie 428
Jérémie Durieu 423
Frederick Gauthier 413
David Villeneuve 412
Jean-Louis Marshall 410
S. Bélanger 410
Charles Halluin 402
Michel Gervais 399
Jean-Michel Plantard 395
Christiane Bouvard 394
Frédéric Fernandez 392
Laurent Martel 391
Éric Tardif 389
Robert Laramée 388
Stéphane N. 387
Patrick Bernard 386
Clifford Marshall 383
Christian Nadeau 382
Remi Berubé 375
Jean-Michel Lachance 373
Cédric Bernard 371
Pierre Gabaston 371
Mathieu Fagnan 371
Olivier Savaria 370
Michel Jalette 365
Renaud Saussac 363
Paul Courtemanche 360
Jean-Paul Jardin 359
Xavier Van Roy 358
Sylvie Gauvreau 352
Anne-Claire Bertrand 349
Vincent Meuric 346
Guillaume Pincon 345
Jérôme Gagnon 344
Mario Beauregard 344
Patrice Beaulieu 342
Thierry Webanck 339
Manu Colette 336
Giusseppe Marinoni 335
Mathieu Giguère 335
Michel Roth 334
Pierre Montangon 332
Stef Zerti 328
Sébastien Moquin 327
Éric Rouleau 324
Dominique Desjardins 323
Etienne Gagnon 321
Louis-Philippe Leclerc 321
Claire Croteau 320
Louis Dupuis 317
Jean-François Laroche 315
Alexandre Charest 313
Alexandre Bérenger 310
Stéphane Martel 304
Daniel Voyer 303
Jérome Albar 303
Pierre-Alexandre Lenoir 301
Alexandre Aubiès 298
Karl Gibson 297
Guillaume Charest 297
Luc Belley 296
Patrick Labonté 294
Richard Francoeur 293
Simon Garneau 288
Marc Desserrières 286
Martin Prudhomme 286
Eric Le Page  285
Vincent Veilleux 281
Régis Grégoire 280
Nathan Gagnon 277
Antoine Hinaut 275
Bertrand Pivert 272
Ronald Martel 271
Eric Lehoux 269
Bruno C. 268
Vincent Courcy 268
Sébastien Petit 267
Guillaume Bilodeau 265
Stéfan de Vichy 265
Éric Laplante 261
Michael Dalterio 261
Lucie Rousseau 261
Franck Malchiodi 258
Bruno Cyr 258
Jean-Martin Bourque 256
Evelyne Gendron 255
Luc Ostiguy 255
Bernard Fouquet 252
Christophe LeBihan 243
Marten Dijksman 242
David Gendron 242
Marie-Claude Grégoire 232
Martin Caya 230
Arnold Jacques 224
Any Gagnon 223
Éric Jean 202
Le Stéphanois 196
Jeff Rivet  196
Michael Dalterio 194
Patrick Bugni 192
Yves Bienvenue 180
Paolo Marinoni 178
Dan Simard 173
Nicolas Jardin 172
Natalie Dagenais 158
Andy Lamarre 156
Marc Beaulieu 156
Alexandre Odulinski 150
Jean-François Bourrier 150
Maxime Maltais 135
Stéphane Cournoyer 131
Christophe Bourrier 127
Onsowfilion 105
Michel Onsow 105
Jean-Guy Dansereau 91
Sébastien Lucier 82
Patrick Vankerberghem 74

Prochaine mise à jour à la fin du mois d’août avec le GP de Plouay. Les épreuves cyclistes des JO de Pékin ne figurent pas au calendrier du pool de cyclisme de La Flamme Rouge.

Dopage: voici venue l’ère du GW1516…

Une récente étude publiée dans la revue américaine de biologie moléculaire Cell pourrait avoir un impact non-négligeable dans le monde du sport et du dopage.

Des chercheurs ont en effet mis au point une simple pillule qui, lorsqu’ingérée par des souris durant une période de 4 semaines, a décuplé l’endurance de ces dernières, même sans entrainement aucun ! Les chercheurs suggèrent des améliorations dans les temps de course de ces animaux de l’ordre de 70%, des résultats pour le moins spectaculaires.

Appelé GW1516 et agissant, via deux substances appelées PPARd et AICAR, sur un gêne, l’AMPK, responsable de la production d’énergie des cellules du corps (consommation des graisses), ce médicament ouvre de nouvelles pistes de traitement – spectaculaires il ne va sans dire – pour les patients souffrant de désordres métaboliques comme l’obésité, le diabète de type 2 et l’hypertension artérielle

Combinée à un entrainement de pointe, ce nouveau produit pourrait évidemment décuplé les capacités des athlètes qui l’utiliseraient. En reprogrammant la fonction du gêne AMPK pour qu’il brûle davantage et mieux les graisses et donc produise plus d’énergie, le produit se présente donc comme une forme de dopage génétique au niveau cellulaire. The next frontier. On y est.

Les chercheurs qui ont mis au point ce nouveau produit (bientôt très riches) ont déjà parlé avec l’Agence Mondiale Antidopage (AMA) afin de les alerter sur leur récente trouvaille et le danger qu’elle représente pour le sport de haut niveau. Il faut évidemment saluer bien bas leur présence d’esprit. Aucun test de dépistage ne sera toutefois prêt à temps pour les JO de Pékin. Même si le produit n’a pas encore été testé sur des êtres humains, il semble que les risques que des athlètes utilisent déjà ce produit sont bien réels. Il conviendra donc d’être vigilants dans les prochains mois lorsque se présenteront des performances nouvelles, uniques et hors normes.  

Il faudra aussi trouver des tests pour les produits connexes ou génériques qui pulluleront prochainement, c’est à prévoir… 

Le monde du dopage est décidemment fascinant et il apparaît facile pour les athlètes de toujours avoir une longueur d’avance…

Sella positif à la CERA

De retour de petites vacances d’une dizaine de jours, La Flamme Rouge reprend aujourd’hui le fil de l’actualité et couvrira plusieurs sujets au cours des prochains jours. De l’action donc en perspective sur ce site très prochainement! Une mise à jour du pool de cyclisme après le Tour de France sera également disponible dès demain. Beaucoup de changements au classement, surtout avec le contrôle positif de Ricco qui perd tous ses points depuis le début de l’année.

Mon retour à l’actualité cycliste est cependant résolument déprimant avec plusieurs nouvelles très inquiétantes à l’égard des affaires de dopage.

D’une part, on apprend aujourd’hui que Sella a été contrôlé positif à la CERA (EPO retard) lors d’un contrôle inopiné le 23 juillet dernier. Rappelons que Sella avait dominé outrageusement les étapes de montagne du dernier Giro, en gagnant trois, dont deux de suite. On comprend désormais à quoi marchait ce jeune Italien… Il s’est fait prendre, cela prouve deux choses: d’une part, que les contrôles, notamment inopinés, sont de plus en plus efficaces. D’autre part, cela prouve qu’il convient toujours de demeurer extrèmement vigilant devant les performances des coureurs pro, certaines restant hors normes et donc suspectes.

Dans ce contexte, comment expliquer que Carlos Sastre a gravi l’Alpe d’Huez plus rapidement en 2008 et après 200 bornes qu’en 2004 lors d’un contre-la-montre ou il partait frais du bas ? Simple amélioration de ses performances avec le temps?

Par ailleurs, on apprend que Vladimir Gussev, un autre qui marchait fort depuis quelques mois, a été exclu de l’équipe russe des JO suite à son licenciement de l’équipe Astana pour paramètres sanguins anormaux. Ca se dope, ca se dope encore pas mal !

Enfin, et plus déprimant encore, ces contrôles positifs à l’EPO de deux jeunes coureurs italiens dont Giovanni Carini, champion d’Italie des moins de 23 ans en 2008. On nous affirme, notamment du côté de l’UCI, que les mentalités changent chez les jeunes coureurs… Pour moi, il n’en est rien: réussir au plus haut niveau exige toujours un dopage sanguin important et les jeunes qui n’ont d’autre avenir que le cyclisme n’hésitent toujours pas à faire le saut, question d’obtenir un contrat professionnel et vivre de leur sport en espérant gloire et argent.

À quand un contrôle positif de Nibali, de Chichi, de Cancellara, de Voigt ou encore de Valverde ? Comment ne pas croire que l’eldorado du dopage demeure pour l’instant l’Italie et l’Espagne ?

Dur retour pour La Flamme Rouge!