"Le journal La Presse publiait, dans son édition de samedi, un article intitulé _Lynchée!_ dont l’auteur est Daniel Larouche, conseiller en communication et ami de Geneviève Jeanson":http://veloptimum.net/velonouvelles/6/ART/12dec/P9B.html. L’un des buts de cet article est d’expliquer pourquoi l’USADA a récemment offert à Mme Jeanson un règlement à l’amiable lui permettant d’éviter une suspension à vie pour dopage et lui ouvrant les portes d’un retour à la compétition dès le mois de juillet prochain. Selon l’auteur, l’USADA aurait posé un _geste rationnel_ compte tenu du fait qu’en cas de procès, Mme Jeanson aurait présenté pour se défendre le rapport d’un expert belge démontrant qu’elle produit _parfois_ et après un effort intense des protéines pouvant être confondues avec de l’EPO lors du test de dépistage. L’USADA aurait voulu éviter l’éventuelle situation ou le tribunal aurait donné raison à Mme Jeanson en considérant que l’étude soulevait un doute raisonnable. Il y a eu des précédents comme le cas du triathlète belge Rutger Beke, ce qui a également pu influencer l’USADA. On est d’accord avec M. Larouche sur les raisons probables ayant amené l’USADA à offrir ce compromis à Mme Jeanson. Il convient toutefois de rappeler que cette décision repose sur une seule chose, les travaux de l’expert belge. L’USADA a-t-elle eu accès à ces travaux ? Dans l’affirmative, cela suggère que l’étude a été jugée suffisamment crédible par l’USADA pour qu’elle sente le besoin de protéger les intérêts de l’AMA en ne permettant pas que les ratées de l’actuel test de dépistage de l’EPO soient étalées au grand jour dans un procès. Dans la négative, l’USADA aurait, selon nous, fait une grave faute en cédant à la pression ainsi qu’en manquant de courage et de confiance dans ce dossier. Dans les deux cas et c’est très malheureux, cette entente ne nous apparaît pas faire avancer la crédibilité du cyclisme en matière de lutte contre le dopage. Quoi qu’il en soit, l’article de M. Larouche dérape selon nous lorsqu’il écrit que ceux qui croient Mme Jeanson innocente – c’est son cas affirme-t-il – ont _dorénavant une base scientifique pour le faire_. Ca dérape parce qu’on utilise les travaux de M. Delanghe non plus pour expliquer la décision de l’USADA dans le cas précis du contrôle positif à l’EPO subi en 2005 mais bien pour affirmer qu’ils sont la preuve que Mme Jeanson est, de façon générale, au dessus de tous soupçons et donc innocente face au dopage. M. Larouche dépasse donc le cadre strict dans lequel l’étude a été menée pour porter l’affaire à un autre niveau visant à convaincre le public en général. Plus encore et preuve qu’il dépasse largement le cadre de l’affaire USADA, il n’hésite pas à dénoncer les _détracteurs_ de Mme Jeanson, des _chasseurs de sorcières_ issus du _milieu_ qui l’auraient depuis longtemps _lynchée_ (d’ou le titre de l’article d’ailleurs), estimant que Mme Jeanson n’aurait aucun moyen de prouver son innocence en raison de _l’impossibilité conceptuelle de prouver que quiconque ne se dope pas_, étant _impossible de faire la preuve que l’échantillon d’urine incriminant n’était pas positif_. Dans ce contexte, il ajoute que _rien ne les_ (ndlr : les détracteurs de Mme Jeanson) _aurait convaincus, rien ne les convaincra_. Ces propos nous paraissent fallacieux et irresponsables. Si La Flamme Rouge n’a aucune raison de mettre en doute les compétences et la bonne foi de M. Delanghe, il nous apparaît en effet fallacieux et irresponsable que M. Larouche laisse croire au public en général que cette étude – dont il nous apparaît pour le moment impossible d’obtenir copie – suffit pour innocenter l’athlète de "tous les soupçons qui pèsent contre elle":http://www.geocities.com/velonouvelles/articles/04/mai/P26.html. Car peu importe si Mme Jeanson produit ou non à l’occasion des protéines faussant le test de dépistage de l’EPO, comment expliquer son taux d’hématocrite qu’on sait par ailleurs très élevé aux Mondiaux d’Hamilton ? Quels sont les liens entre l’athlète et le Dr. Duquette, liens jugés suffisamment sérieux pour qu’une enquête soit en cours ? Comment expliquer autrement que par des hypothèses simplistes l’affaire de la Flèche Wallonne ? Dans ce contexte, comment M. Larouche peut-il raisonnablement espérer innocenter publiquement et avec crédibilité Mme Jeanson sans apporter de réponses à tous ces événements troublants et pointant tous dans la même direction, celui d’un dopage sanguin ? Pourquoi par ailleurs tenter de faire croire au public en général qu’il n’y a rien que Mme Jeanson puisse faire pour prouver son innocence ? Mme Jeanson pourrait rendre public des années de tests sanguins, ce qui permettrait d’une part de constater le niveau naturel de son taux d’hématocrite, d’autre part de mieux cerner les variations de celui-ci selon les périodes de l’année. "La vérité est qu’elle s’y est toujours refusée":http://www.geocities.com/velonouvelles/articles/03/oct/GJ/P28B.html et s’y refuse toujours, une position tout à fait cohérente avec celle de nombreux coureurs professionnels comme Paolo Bettini ou Alessandro Valverde qui refusent actuellement les tests d’ADN. Mme Jeanson pourrait également choisir d’enfin expliquer ses liens avec le Dr. Duquette. Elle pourrait également offrir dans l’avenir sa pleine collaboration à des scientifiques indépendants – M. Delanghe ayant été mandaté par le clan Jeanson – chargés de confirmer les travaux de l’expert belge. Bref, il nous apparaît légitime de nous questionner sur les réelles intentions de l’auteur de l’article. N’est-il pas raisonnable de penser qu’il s’agit d’une nouvelle opération de communication visant à gagner la bataille – si importante – de l’opinion publique et de préparer le terrain d’un éventuel retour en compétition de Mme Jeanson ? Sinon, pourquoi diable faire un procès d’intention à ceux qui demandent simplement des explications légitimes face à divers événements troublants de la carrière cycliste de Mme Jeanson ? Qui, en effet, sont réellement ceux pour lesquels _rien ne les aurait convaincus, rien ne les convaincra_ ? Ces gens ne seraient-ils pas plutôt ceux qui ont soutenu aveuglement Mme Jeanson jusqu’ici ? M. Larouche ne confirme-t-il pas d’ailleurs que ces gens n’ont aucun argument valable pour soutenir leur profession de foi envers Mme Jeanson en écrivant maladroitement qu’ils _ont dorénavant_ – d o r é n a v a n t – _une base scientifique pour le faire_, ce qui est évidemment fallacieux pour les raisons qu’on vient de présenter ? Ces gens ont-ils, peuvent-ils, seulement envisager la possibilité que Mme Jeanson leur ait menti ? Les cas sont pourtant nombreux ou des athlètes dopés ont caché la vérité même à leurs proches. Les _chasseurs de sorcières_, pour reprendre l’expression utilisée par M. Larouche, ne seraient-ils pas plutôt ceux qui se posent simplement des questions légitimes considérant le passé de l’athlète, questions auxquelles Mme Jeanson refuse de répondre ? Les _détracteurs_ ne seraient-il pas simplement ceux qui cherchent à porter un jugement éclairé dans ce dossier trouble ? À La Flamme Rouge, notre position est claire depuis fort longtemps. Nous entendons faire de nos lecteurs des observateurs éclairés du cyclisme. Nous croyons fermement que le cas Jeanson est beaucoup plus complexe que ce que M. Larouche laisse entendre dans son article et qu’il est fallacieux de voir dans les résultats de l’étude menée par M. Delanghe une preuve de l’innocence complète de l’athlète en matière de dopage, considérant les autres éléments troubles du dossier. Nous reconnaissons cependant pleinement que les travaux de M. Delanghe sont une possible explication du contrôle positif à l’EPO subi en 2005, sous réserve d’une confirmation des résultats selon les règles du monde scientifique. En ce sens, nous rejoignons les propos de M. Larouche quant aux raisons probables derrière l’entente conclue entre l’USADA et Mme Jeanson. Nous considérons enfin et surtout qu’il est légitime et raisonnable de se poser des questions sur cette athlète – sans pour autant la condamner à priori – à la vue des nombreux événements de sa carrière suggérant un dopage sanguin. En l’absence d’explications de la principale intéressée, nous ne pouvons adopter d’autre position que celle du scepticisme (sans la condamner pour autant encore une fois), les coureurs professionnels ne nous ayant pas prouvé être, ces dernières années, dignes de confiance en matière de dopage.