Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Mois : décembre 2005

Bonne année 2006!

La Flamme Rouge souhaite une bonne et heureuse année 2006 à tous ses lecteurs et souhaite la bienvenue dans ce monde aux petits Lucas et Émile Martel.

L’année 2006 sera passionnante sur la scène du cyclisme. De nouveaux champions sont appelés à régner sur le Tour et la Vuelta et Savoldelli pourra-t-il conserver son titre au Giro ? Boonen sera-t-il capable de ré-éditer ses exploits et la génération sortante (Van Petegem, Boogerd, Hincapie, etc.) pourront-ils briller une dernière fois de tous leurs feux? Plus encore, on a vraiment l’impression que 2006 sera déterminante dans la lutte contre le dopage : ca passe ou ca casse… La nouvelle année autorise à tous les espoirs et permettez-nous d’afficher notre optimisme en cette veille du Jour de l’An : vive le cyclisme, que diable!

Joyeux noël !


La Flamme Rouge souhaite un joyeux noël à tous ses lecteurs!

Dionne : un programme très (trop?) chargé en 2006 ?

1 – à son retour d’un premier stage d’entrainement en Espagne, « Charles Dionne a évoqué les grandes lignes de son calendrier de course 2006 »:http://www.geocities.com/velonouvelles/comm/5/12dec/Slam21.html et la surprise est de taille puisque son directeur sportif Mauro Gianetti pourrait l’engager sur de nombreuses courses, dont au moins un grand tour (la Vuelta, son sponsor est espagnol…), voire deux et la plupart des grandes classiques d’avril. Voyez un peu, puisque son programme pourrait être:

– *fin janvier*, Tour du Qatar

– *février* : Tour of California

– *mars* : Paris-Nice

– *avril* : Tour des Flandres, Gent-Wevelgem, Paris-Roubaix, Amstel Gold Race, Flèche Wallonne, Liège-Bastogne-Liège

– *mai* : Giro d’Italia ou Volta Ciclista a Catalunya (participation à confirmer)

– *juin* : Wachovia Cycling Series

– *juillet* : Tour de France (participation à confirmer)

– *août* : Vuelta a Espana

– *septembre* : Tour de Pologne, Championnat du monde

– *octobre* : Grand Prix de Zurich, Paris-Tours

Pour un néo-pro, on peut penser que cela fait beaucoup, beaucoup de courses et les dangers de « cramer » Dionne existent bel et bien dans ce contexte. L’enchainement de courses au mois d’avril est notamment infernal. Compte tenu de ses aptitudes, il faudrait probablement mieux de faire un programme axé sur la première partie du mois, soit les Flandriennes (Ronde et Paris-Roubaix), puis sur une période de récupération afin de préparer juin et juillet.

Chose certaine, il est évident qu’il s’agit d’une preuve de la confiance de son employeur en ses moyens. L’enthousiasme de Dionne est en ce sens légitime mais on espère qu’il saura, avec son directeur sportif, respecter des plages de récupération absolument nécessaire pour un néo-pro qui désire durer à ce niveau.

2 – cool, « le Tour de France for dummies »:http://www.amazon.com/gp/product/0764584499/ref=ase_byjamesraiaco-20/102-9021616-8610567?s=books&v=glance&n=283155&tagActionCode=byjamesraiaco-20. À quand la version en français?

3 – « Wired to win »:http://www.wiredtowinthemovie.com/, le nouveau film IMAX explorant les ressouces mentales nécessaires pour aller au bout du Tour de France, « devrait être en salle en janvier »:http://www.byjamesraia.com/article.php?news_id=128&start=0&category_id=2&parent_id=0&arcyear=&arcmonth. Rappelons que ce film a été tourné sur le Tour 2003 et principalement avec la collaboration de Tyler Hamilton qui avait fait une partie de l’épreuve avec une clavicule fêlée. Les auteurs du film avaient par la suite pris la décision d’effacer toute allusion à Hamilton étant donné son contrôle positif sur les JO et la Vuelta en 2004, ce qui a considérablement retardé sa sortie en salle. Nous y voilà donc et La Flamme Rouge vous proposera une critique aussi tôt que possible.

Un retraité bien actif…

Sur le site de l’équipe américaine « Discovery Channel »:http://www.thepaceline.com/, on apprend que le premier camp d’entrainement qui se déroule actuellement à Austin (Texas) en est déjà à son 8e jour. L’équipe est donc en pleine préparation de la campagne 2006, comme beaucoup d’autres équipes européennes qui roulent déjà (Liquigas a déjà terminé son 1er camp d’entrainement, d’autres ont récemment emboîté le pas).

Si l’équipe est loin d’être complète à ce premier camp (Hincapie, Hoste, Hammond, Popovytch par exemple n’y sont pas), on ne peut passer sous silence « la présence occasionnelle d’Armstrong »:http://www.thepaceline.com/members/staff_report_item.aspx?cid=1790 qui a enchaîné quelques bons entrainements (certains de 4h ou plus…) avec ses ex-equipiers. S’il est impossible de connaître ses réelles intentions, on ne peut s’empêcher de croire, à quelque part, que le champion américain, très affuté pour un retraité (considérant qu’on est en décembre…), nous réserve quelques surprises pour la campagne des Classiques ou le Giro à venir… On peut se tromper bien sûr, mais la retraite, on n’y croit pas encore beaucoup!

Les exploits de Charly Gaul

1 – *Tour d’Italie 1956*, 20e étape Merano-Trente. L’arrivée est jugée au sommet du Monte Bondone, une montée de 14 kms. Gaul pointe à la 24e place du général, à plus de 16 minutes du leader Fornara. Il pleut. Dès le premier col du jour, Gaul se détache avec Bahamontès et Dotto. Dans la descente, ses freins ne répondent plus. Le voilà contraint de freiner avec les pieds. Au passage du second col du jour, le Predazzo, il pointe à 40 secondes de ses deux compagnons du matin. En tête au 3e col du jour, le Passo Rolle, il reperd du temps dans la descente, victime de deux crevaisons. Dans l’ascension du 4e col, le Broccon, le brouillard, la pluie puis la neige et le froid sont de la partie. La caravane du Giro est perdue, les véhicules en déroute. Au sommet, Gaul passe de nouveau en tête, mais se fait encore reprendre dans la descente. À 70 kms de l’arrivée (quelle étape!), il pointe à 2 minutes 30 derrière deux italiens échappés dans la descente, mais 7 minutes devant ce qu’il reste du peloton.

Le froid se fait plus mordant. Au pied du Monte Bondone, un vent glacial s’est levé. Il neige. Le thermomètre affiche entre -5 et -10. Tout le col se noie dans un décor apocalyptique. Les deux leaders sont en perdition, ils craquent. L’un d’eux abandonne et déclare « _pour dix millions de lires, je ne serais pas reparti_ ». C’est la débandade, l’hécatombe dans le peloton : 60 coureurs vont abandonner. Jamais le Giro n’a connu une telle catastrophe. Un coureur continue pourtant: Gaul. Il remporte l’étape, mais n’a plus la force de lever le bras en signe de victoire. Des soldats tentent de le réchauffer à l’arrivée. Une heure plus tard, à l’hôtel, il sera nécessaire de découper son maillot collé à sa peau encore bleuie. Il est désormais premier du classement général avec 3 minutes 27 d’avance sur le second, Fiorenzo Magni. Jacques Goddet écrit le lendemain dans L’Équipe : « _Charly Gaul a remporté le triomphe le plus complet qu’un coureur cycliste ait obtenu en une journée… C’est un exploit sans précédent dans le cyclisme contemporain. On retrouve là le caractère des étapes de montagne des temps préhistoriques. Il a fallu pour cela le cataclysme céleste, mais aussi la classe très rare et très particulière du petit Luxembourgeois… Dans chaque col, le fantastique grimpeur comblait son retard avec une virtuosité que, pour ma part, je considère supérieure à celle de tous les meilleurs grimpeurs connus à ce jour…_ ».

Gaul gagnera ce Giro ainsi que le classement de la montagne. Il a 24 ans.

Un an plus tard, dans l’étape qui se terminera aussi au Monte Bondone, Gaul perdra le Giro, victime d’une traitrise de Louison Bobet qui l’attaqua alors qu’il faisait… une pause pipi! Malgré une chasse de 130 kms, Gaul ne parvint jamais à rentrer sur le groupe Bobet-Nencini et perdra plusieurs minutes en haut de Bondone. Ironie du sort…

2 – *Tour 1958*. Étape du Ventoux escaladé contre-la-montre, 22 kms. Le duel du siècle entre deux grands grimpeurs, Gaul et Bahamontès. Anquetil est là aussi. Les suiveurs prédisent la victoire de l’Espagnol, plus à l’aise dans la chaleur étouffante. Il fait effectivement très chaud. Gaul s’impose au sommet avec 31 secondes d’avance sur Bahamontès. Le meilleur grimpeur, c’est lui! L’éditorialiste Michel Clare écrira : « _De l’endroit ou j’étais situé, j’ai assisté à une scène pathétique d’une grande et violente beauté, en l’espace de quelques secondes. Je me trouvais au dixième km, à l’ombre de chênes verts qui tamissaient la chaude lumière du jour. Un petit groupe de personnes s’étaient agglutinées autour de notre voiture rouge qui retransmettait le language chiffré de radio-Tour. Nous savions déjà que Bahamontès, que nous avions vu passer en danseuse, le regard fixé devant lui et suivi de sa voiture technique, avait le meilleur temps à mi-course. Nous attendions Louison Bobet. Il vint enfin, précédé d’un motard de la police, le sifflet entre les dents. Il n’était pas seul. Charly Gaul, parti deux minutes derrière lui, surgissait sur son côté, juste au détour de la route. Ces images sont pour toujours fixées dans ma mémoire. Je revois, je reverrai toujours cette petite ligne droite entre deux virages, une centaine de mètres et, devant moi, la large bâtisse de cantonnier, ses fenêtres aveugles et son toit de tuiles rouges fixées par de gros cailloux gris pour les jours de grand vent. La route, la tranche de route. Un décor de tragédie. Ce fut cruel et bref. On eût dit que l’ancien chevillard luxembourgeois ajustait une victime promise au sacrifice. Il frappa sans bavure avec une sorte de cruauté lucide et détachée. Gaul se leva sur ses pédales, s’agitant avec la frénésie contenue du grimpeur. Il prit dix, puis vingt mètres en l’espace d’un éclair. Déjà, il disparaissait au détour du chemin. Louison Bobet eu un ultime regard pour ce maillot, pour cette roue qui filait devant lui, et qui disparurent, soudainement masqués par la voiture de Goldschmit avec, sur le siège arrière, le mécano tenant une roue dans sa main droite. L’ange exterminateur était passé, il s’enfuyait dans un nuage de poussière…_ »

Gaul avait vengé l’affront de Bobet un an plus tôt au Giro…

3 – *Tour 1958*. Étape Briançon-Aix les Bains (219 kms). Lautaret, Luitel, Porte, Cucheron et Granier à franchir. Il pleut, il fait froid. Au Luitel, Gaul démarre, Bahamontès emboîte le pas. Pas pour longtemps puisque l’Espagnol est décroché avant le sommet. Gaul y passe avec 1 minute 5 secondes d’avance sur Bahamontès et déjà 5 minutes 30 d’avance sur Géminiani, maillot jaune. Quelque chose d’extraordinaire se passe. L’équipe de France (celle de Géminiani) commence à paniquer. Anquetil est à la dérive. Bobet aussi. Gaul poursuit son effort et triomphe à Aix-les-Bains avec plus de 14 minutes d’avance sur Géminiani. Anquetil abandonnera le Tour le surlendemain.

Gaul gagnera le Tour 1958, à 25 ans et demi. Jean Bobet écrira: « _Charly Gaul a gagné dans la tradition des grands maîtres en remportant les étapes décisives. Dans ce Tour, il était celui qui faisait la différence. Le seul. Donc le meilleur_ ».

4 – *Giro 1959*. Un grand duel Anquetil-Gaul est au programme. Dès la 3e étape qui arrive au sommet d’Abetone, Gaul frappe un grand coup, remportant l’étape et reléguant Anquetil à plus de 3 minutes. Anquetil déclarera à l’arrivée « _À quel moment Gaul est-il parti?_ » Il ne l’avait pas vu passer à côté de lui!

5 – *Giro 1959*, avant-dernière étape Aoste-Courmayeur (293 km!!!) par les cols du Grand St-Bernard, de la Forclaz et du Petit St-Bernard qu’on annonce enneigé. Anquetil est en rose au départ, devançant Gaul de 3 minutes 36 secondes au général. Gaul attend sagement son heure, sachant qu’elle viendrait dans le petit St-Bernard, les coureurs abordant ce col avec 240 bornes dans les jambes. Comme de fait, il s’envole dès son pied. Le journaliste Roger Frankeur écrira : « _Nous ne l’avions jamais vu aussi fringant, aussi décidé, le Charly. Un démarrage foudroyant le projeta 100 mètres devant le groupe de ses adversaires. Seul le jeune Battistini parvint à l’accompagner durant quelques brèves minutes – brèves pour Charly ces minutes, mais interminables sans doute pour l’Italien. Lorsque Battistini se fut relevé, provisoirement, étouffé par l’allure infernale du Luxembourgeois, celui-ci adopta un rythme régulier et rapide, un rythme d’une rapidité positivement ahurissante qu’il n’abandonna plus jusqu’au sommet. Il rejoignit Zamboni, Conterno, Gismondi, Junkermann, échappés depuis la vallée, les dépassa aussitôt et s’en alla, seul, sans connaître le moindre ralentissement, vers une victoire devenue certaine. Nous pesons nos mots: Charly Gaul n’avait jamais escaladé un col aussi rapidement depuis 1953. Que pouvait espérer contre cet escaladeur hors série, Jacques Anquetil ? Durant un long moment, l’ancien recordman du monde de l’Heure donna l’impression de pouvoir limiter son retard et même sauver son maillot rose. Mais, une fois passée la mi-col, les forces l’abandonnèrent. Progressivement, sa défaillance prit des allures d’effondrement. Son retard sur Gaul passa en trois kilomètres de 4 minutes à plus de 6…_ ».

À l’arrivée, Gaul remporte à la fois l’étape, le Giro et le classement de la montagne.

La plupart de ces extraits proviennent du livre « L’ange de la montagne – Charly Gaul » écrit par Jean-Paul Ollivier et publié aux éditions Glénat dans la série « La véridique histoire ».

Comme Bahamontes, comme Ocana, comme Van Impe et comme Pantani, Gaul avait donc ce pouvoir qu’ont tous les grands grimpeurs, celui de renverser une épreuve par étape en l’espace d’une seule journée en montagne et ce, en attaquant de loin comme tout près de l’arrivée. Grimpeur exceptionnel, le destin de Gaul ressemble d’ailleurs de façon troublante celui de Pantani. Tous deux d’apparence fragile, d’un moral très variable (tantôt frisant la paranoia, tantôt d’une résistance à toute épreuve), solitaires, secrets et timides, leur vie aura été différente de celle des autres, singulière. Et tragique. Les grands grimpeurs sont vraiment des êtres à part.

Le plus bel hommage à Charly Gaul ce soir est à mettre au crédit de notre inspiré collègue Raphael de Velochronique, « un hommage qu’il faut absolument lire et qui n’a rien à envier aux proses de Blondin »:http://www.velochronique.com/chroniques/article.php3?id_article=605. Chapeau l’artiste!

Et quelque chose nous dit que ce soir, Pantani et Gaul, d’ordinaire seuls en haut des cols, sont désormais deux… pour l’éternité.

L’ange de la montagne est mort…

Hommage à Charly Gaul, un des 4 plus grands grimpeurs de l’histoire du cyclisme avec Bahamontès, Ocana et Pantani.

Les actualités des 10 derniers jours

Voici les nouvelles qui ont retenu notre attention au cours des 10 derniers jours :

1 – Pour les cyclistes canadiens, « voici une intéressante entrevue avec Pierre Blanchard »:http://www.canadiancyclist.com/dailynews/December/12.5.051.30PM33.shtml, le nouveau président de l’Association Cycliste Canadienne. Les objectifs qu’il s’est donné nous semble aller dans le bon sens, notamment préparer l’avenir du cyclisme au Canada.

2 – Pour rester par ici, on apprend que l’espoir féminin Audrey Lemieux poursuit l’aventure professionnelle avec l’équipe Quark, fusionnée avec Colavita. Une autre bonne nouvelle pour le cyclisme québécois, elle qui devait compter sans Bessette en 2006, partie chez T-Mobile. Lemieux pourra continuer son apprentissage sur le circuit nord-américain avant d’éventuellement gagner une équipe européenne un peu plus tard dans sa carrière.

3 – Sans surprise, « on apprend que Di Luca visera le Giro en 2006 plutôt que les classiques du printemps »:http://www.velo-club.net/article?sid=29045. Erreur selon nous, son registre étant davantage sur les Ardennaises que sur les courses par étapes. Aura-t-il en effet ce qu’il faut contre les Basso, Simoni ou Cunego ? Il a certes connu un excellent Giro 2005 en raison d’une condition exceptionnelle au sortir des Ardennaises mais ce sera difficile de recommencer, surtout s’il saute LBL et la Flèche Wallonne…

4 – Basso a confirmé pour sa part sa participation à la fois au Giro et au Tour en 2006, comme cette saison. Visiblement, il s’estime assez mature pour enchaîner les deux et Riis lui accorde sa confiance, avec raison. En 2005 en effet, Basso a prouvé avoir le coffre pour réaliser un bon doublé. Rappelons que le dernier à avoir gagné le Giro et le Tour la même année est Marco Pantani en 1998. Miguel Indurain avait réalisé l’exploit deux années de suite, soit en 1992 et 1993.

5 – « courte entrevue avec Iban Mayo »:http://www.velo-club.net/article?sid=29038 qui présente ses objectifs en 2006, surtout le Tour de France. Une participation au Giro est envisagée également.

6 – « intéressant article sur le dopage de demain, le dopage génétique »:http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3242,36-717168,0.html. On y est pas encore, mais c’est fascinant de voir jusqu’ou certains êtres humains sont prêt à aller!

7 – « Vandenbroucke a signé avec l’équipe belge Unibet.com »:http://www.procycling.com/news.aspx?ID=1767 (le nouveau sponsor de l’équipe Mr. Bookmaker en 2005). Celui-là, il est capable du meilleur comme du pire, si bien qu’on ne peut jamais vraiment le laisser de côté!

8 – « intéressante entrevue avec un jeune coureur français, Wilfried Exertier »:http://www.cyclismag.com/article.php?sid=1697, qui progresse dans son rêve de passer pro. Découvrez comment ces espoirs préparent leur saison…

Si on était président de l’UCI…

La Flamme Rouge termine son dossier spécial « Antoine Vayer » par 10 suggestions au président de l’UCI Pat McQuaid pour assainir le sport cycliste. Des mesures faciles à adopter immédiatement et qui auraient, nous semble-t-il, un effet non négligeable. Vos commentaires sont les bienvenus!

*Si nous étions président de l’UCI…*

1 – …*nous éliminerions le ProTour sans attendre*. Très contesté par certains organisateurs d’épreuve, notamment ceux des grands tours, voire des coureurs eux-même, le ProTour n’aura servi que les intérêts de l’UCI en 2005. Son but initial, « _les meilleurs coureurs sur les plus grandes courses_ », n’a pas été atteint, loin s’en faut : Armstrong et Ullrich, pour ne nommer qu’eux, n’ont pas participé à davantage d’épreuves en 2005 qu’avant. Le Vélo d’Or mondial est allé à Tom Boonen plutôt qu’au vainqueur du ProTour, Danilo DiLuca, preuve que le prestige historique des épreuves remportées par Boonen (le Ronde, Paris-Roubaix, les Mondiaux) joue bien plus dans les esprits qu’un ProTour qui ne signifie pas grand chose.

Ce ProTour a également alourdi le calendrier des équipes car il comporte trop d’épreuves (rappelons que les équipes sont tenues de disputer toutes les épreuves au calendrier), mettant une pression énorme sur les coureurs pour « tenir » toute la saison.

2 – …*nous éliminerions également le classement UCI qui vient tout fausser*. Le cyclisme professionnel est un sport individuel qui se court en équipe. Comment alors assurer un classement équitable aux « domestiques » qui travaillent pour un leader, un classement qui reflète réellement leur valeur ? Puisque ce classement est souvent utilisé comme barème pour établir les salaires (alors que son but initial était tout autre), cela met une pression énorme sur les coureurs de second plan pour grapiller des points quant ils le peuvent afin de s’assurer d’un contrat l’an suivant.

On reviendrait au système des divisions (1, 2, 3), à notre avis plus sain.

3 – …*nous rendrions les organisateurs des épreuves maîtres d’inviter qui ils veulent pour autant que ce soit raisonnable*. Le cyclisme a toujours bénéficié d’une mixité de niveaux sur les épreuves, les jeunes coureurs apprenant aux côtés des plus aguerris. Le ProTour a en quelque sorte stoppé cela en créant une classe d’élites qui ne courent qu’entre eux. De plus, les jeunes coureurs ou les coureurs moins connus ont souvent le goût de se porter à l’attaque, rendant les courses plus dynamiques, plus vivantes. Tout le monde y gagnerait… et les performances douteuses ne seraient que plus évidentes.

4 – …*nous instaurerions un système « un jour de repos par semaine de course »*. Ainsi, sur les grands tours, le nombre de jours de repos serait porté à trois. Tout le monde jouit de deux jours de repos sur 7. Pourquoi les coureurs n’en auraient-ils pas droit à au moins un ?

5 – …*nous limiterions les distances sur les grands tours*. Étapes de plaine, 200 kms maxi. Étapes de montagne, 150 kms maxi. Étape contre-la-montre, 50 kms maxi. Il faut être réaliste sur les efforts qu’on exige des coureurs, le seul souci ne devant pas d’assurer un quelconque spectacle qui n’a plus rien à voir avec le sport…

6 – …*nous rendrions obligatoire la présence d’un médecin indépendant dans chaque équipe professionnelle de premier plan (division 1), sous peine de ne pas délivrer la licence de course*. Ce médecin indépendant serait mandaté d’effectuer au moins 4 suivis par année auprès des coureurs, instaurant ainsi un suivi longitudinal. Pas de suivi, pas de licence de course pour Messieurs les coureurs, ce serait aussi simple que ca. Le médecin devrait faire un rapport régulier à l’UCI et signaler toutes les anomalies.

7 – …*nous augmenterions les sanctions face au dopage* : première offense, 4 ans de suspension. Deuxième offense, radié à vie. C’est aussi simple que cela. L’engagement doit être ferme et la peur du gendarme fonctionne bien dans la lutte contre le dopage.

8 – …*nous collaborerions pleinement avec l’AMA, notamment pour instaurer des contrôles immédiatement avant les courses*. Le dopage par micro-dose d’EPO étant répandu, c’est la seule façon de piquer les coureurs.

9 – …*nous investirions un certain pourcentage, à déterminer, des recettes annuelles de l’UCI pour le développement de nouvelles méthodes de détection, assurant ainsi un financement régulier de cette activité*. Il devient urgent de trouver une méthode de détection fiable de l’hormone de croissance.

10 – …*nous interdirions tout rôle officiel au sein de l’UCI de toute personne ayant déjà été impliquée dans des affaires de dopage reliées au sport*. Est-il normal que Michele Ferrari ait siégé sur des comités reliés à la lutte au dopage ? Est-il normal que Francesco Moser soit encore aujourd’hui impliqué, lui qui a collaboré de très près avec le Pr. Conconi pour son record de l’heure? Est-il normal qu’Indurain siège lui-aussi à l’UCI ? S’il apparaît important que les coureurs (anciens et en activité) puissent s’exprimer, nous les regrouperions dans un comité à part.

A. Vayer : « Je suis heureux d’avoir décrit la vérité »

Vélochronique et La Flamme Rouge vous présentent aujourd’hui la fin de l’entretien accordé par Antoine Vayer.

*Retrouvez l’intégralité de l’entretien:*
Antoine Vayer sort du bois sur « Vélochronique »:http://www.velochronique.com/chroniques/article.php3?id=article=598 et « La Flamme Rouge »: »https://laflammerouge.com/article/3980/antoine-vayer-sort-du-bois.
« Prendre le temps d’aller vite »: »:http://www.velochronique.com/chroniques/article.php3?id=article=599 sur Velochronique.
« Le cas Heras ne fait que confirmer ce que tout le monde sait »:https://laflammerouge.com/article/3982/a-vayer–le-cas-heras-ne-fait-que-confirmer-ce-que-tout-le-monde-sait sur La Flamme Rouge.
« J’assume ce que j’ai fait chez Festina et ça dérange »:http://www.velochronique.com/chroniques/article.php3?id=article=601 sur Velochronique.
« Quant on veut, on peut »:https://laflammerouge.com/article/3984/a-vayer–quand-on-veut-on-peut sur La Flamme Rouge.

Propos recueillis par Laurent Martel et Raphael Watbled.

*La Flamme Rouge et Vélochronique : Antoine Vayer, vos propos sur le cyclisme peuvent paraître cyniques, acides ou provocateurs. Est-ce que vous forcez le trait pour être sûr de faire bouger les choses?*

*Antoine Vayer* : L’important est de regarder les choses et les gens en face et aussi de se regarder dans sa glace tous les matins en étant content. Je ne fais que décrire les faits franchement et de manière tout aussi lucide que critique. Mais pas cynique comme le sont par contre les propos de la plupart des gens du « milieu » qui mentent avec de plus en plus d’aplomb pour certains. Ils en sont à un point tel qu’ils croient en leur propre mensonge : le top de la mythomanie ! Je m’exprime avec une certaine ironie humoristique, je l’admets. Mais travailler avec des illustrations de Luz (Charlie Hebdo) comme je l’ai fait pour éclairer les articles c’est tentant. C’est tout de même désopilant de sérieux tellement c’est vrai si c’est dessiné ainsi en quelques coups de crayons et dit en quelques mots forts et choisis.

La franchise simple de la vérité a toujours engendré la haine. Ce n’est pas de la provocation, c’est un miroir. Un journaliste m’a dit en 2002 : « Armstrong et Verbruggen, c’est notre fond de commerce, mais ton genre de chroniques, c’est ce qu’on lit le matin au lever préférentiellement, même si tu fais donneur de leçons. Seulement on va dans les toilettes pour ça afin que les autres ne le sachent pas. Ils te demandent le journal ensuite » .Si les côtés vils du dopage se traduisent dans le regard (celui d’un professeur d’Education Physique et Sportive et d’Entraîneur) que je porte à certains aspects de ce sport de haut niveau, c’est surtout parce qu’il sont dans ce sport regardé. C’est si facile en ouvrant les yeux. Le noyau dopage et ses électrons mensonge/tricherie/hypocrisie transpirent à grosses gouttes sur le front et le crâne du cyclisme de « haut niveau ». Comme Saint Thomas, je dis ce que je vois après en outre avoir goûté à cette sueur acide qui sort de tous les pores du visage que nous offre un certain cyclisme.

Point n’est besoin de forcer le trait tellement ce milieu est caricatural et « limité » par moments, imprégné aussi par cette « culture » de bêtise biologique. Pas intellectuelle, ça c’est sûr. Je l’explique très simplement, en français dans le texte comme je l’ai fait en tant que chroniqueur. Pour les journaux Le Monde en 1999, où c’est Michel Dalloni – maintenant actuel directeur de la publication du journal L’Equipe – qui était chef des sports et qui m’avait appelé pour ce faire. Pour L’Humanité en 2001, Libération en 2003 et 2004. Je suis heureux d’avoir décrit la vérité dans ces journaux. Comme Foglia au Québec d’où j’ai suivi le Tour cette année s’est mis à la faire par moments. Il y a tant de figures granguignolesques dans le vélo de « haut niveau ». Certains deviennent même commentateurs et la boucle se boucle et la ferme. Parfait !

Je décris simplement ce milieu où, autour de coureurs dont certains sont limités, pas mal de « putains du dopage » (en pesant les mots) se partagent les rôles et le gâteau à bien des échelons, parce que c’est le socle ancestral de leur métier, de leur réussite et de leur reconnaissance. Ils imposent donc l’omerta et si cela ne suffit pas, en viennent à la camora (NDLR : mafia napolitaine). Evidemment, dire « que pour certains cyclistes qui meurent, c’est une pharmacie qui brûle » en plein congrès international comme je l’ai fait, cela en fait hurler quelques-uns. Mais les évènements les ont calmés au point où ils me donnent maintenant raison !

Le dopage est bien plus une mentalité d’une relative petite bande de complices qui utilisent les ignorants, même diplômés ou chefs d’entreprise ou politiques, qu’une réalité parfois. Le syndrome de Peter où chacun est amené à son plus haut niveau d’incompétence pour éviter de placer l’individu, le sportif, au centre des préoccupations est prégnant dans le cyclisme de haut niveau. Et chacun à sa place ne lâche rien, c’est extrêmement bien organisé, huilé, connivent.

*Velochronique et La Flamme Rouge remercie Antoine Vayer pour cet entretien exclusif et pour sa confiance.*

*Demain sur La Flamme Rouge : si nous étions président de l’UCI…*

A. Vayer : « Quand on veut, on peut… »

La Flamme Rouge vous présente la suite de l’entretien avec Antoine Vayer, dont la diffusion a commencé simultanément dimanche soir sur « Vélochronique »:http://www.velochronique.com/chroniques/article.php3?id=article=598 et « sur ce site »:https://laflammerouge.com/article/3980/antoine-vayer-sort-du-bois.

Propos recueillis par Raphael Watbled et Laurent Martel.

*Velochronique et La Flamme Rouge : Vous avez défendu l’idée d’un moratoire d’un an. Comment verriez-vous les choses? On arrête tout et on se met au travail? Cela vous paraît-il réalisable?*

*Antoine Vayer* : Un vrai moratoire à huis clos ce serait une bonne chose, et prendre le temps et les décisions/actions qu’il faut. Beaucoup plus que des réunions de 3 heures à Lausanne à l’issue desquelles on fait des effets de manche et d’annonce sur un fond de lutte de pouvoirs. Mais autour de la table, il faut mettre d’autres personnes. Seulement il faut travailler et avoir le courage d’imposer les moyens de lutter efficacement contre les dopeurs/dopés/souteneurs. S’ils sont ceux qui sont autour de la table, c’est difficile.

*VLC et LFR : D’après vous, peut-on être optimiste pour l’avenir du cyclisme, ou c’est une cause perdue?*

*A. Vayer* : Justement, il y a des solutions non prises en compte. Simples et efficaces. Le jour où je cautionnerai les performances, alors on aura fait un bout de chemin concernant le lever de suspicion. C’est possible. C’est une affaire d’hommes et de volonté politique à tous les niveaux. Tout simplement. Quand on veut on peut. Concernant le dopage c’est même simple. Le Tour à 38-39 de moyenne avec des inconnus qui nous feront vibrer, ce peut être pour demain. Avec les champions du ventre mou et ceux qui n’accèdent même pas au ProTour. A moins de légaliser le dopage, pour une France qui regagne comme en 1994 après la disette… Mais en ce moment c’est l’hiver, il fait froid et on prépare la curée belgo-néerlandophone aux Mondiaux de cyclo-cross. Le vélo est malheureusement devenu un sport mineur vivant sur la nostalgie. Mais quand on veut, on peut, je le répète.

*VLC et LFR : Vous n’êtes pas adulé par tout le monde dans le milieu cycliste. Si vous deviez faire votre propre portrait, mais dressé par vos détracteurs?*

*A. Vayer* : La Joconde? Vous savez, quand mes oreilles sifflent, c’est plutôt bon signe! Avoir tous les imbéciles contre soi, aussi. Et puis ce que vous n’estimez pas, c’est le capital sympathie et relationnel que j’ai de manière non négligeable dans ce milieu. Seulement voilà, avec eux, on se cache (rires). La plupart de mes détracteurs n’ont jamais discuté avec moi. J’ai une image de « révolutionnaire » complètement désagrégée dès lors que je parle sérieusement et suffisamment longtemps avec ceux qui me dénigrent. Seulement voilà, il faut du courage intellectuel et pas seulement émotionnel pour discuter de choses sérieuses. La peur de perdre certaines prérogatives empêche le dialogue constructif. La lutte antidopage est une chose trop sérieuse pour la confier à certains en place. Ils le savent.

*Lisez la grande conclusion de cette entrevue demain sur Velochronique et sur La Flamme Rouge.*

*L’entretien au jour le jour* :
Antoine Vayer sort du bois : sur « Vélochronique »:http://www.velochronique.com/chroniques/article.php3?id=article=598 et « La Flamme Rouge »: »https://laflammerouge.com/article/3980/antoine-vayer-sort-du-bois.
Antoine Vayer : « Prendre le temps d’aller vite »: »:http://www.velochronique.com/chroniques/article.php3?id=article=599 sur Velochronique.
Antoine Vayer : « Le cas Heras ne fait que confirmer ce que tout le monde sait »:https://laflammerouge.com/article/3982/a-vayer–le-cas-heras-ne-fait-que-confirmer-ce-que-tout-le-monde-sait sur La Flamme Rouge.
Antoine Vayer : « J’assume ce que j’ai fait chez Festina et ça dérange »:http://www.velochronique.com/chroniques/article.php3?id=article=601 sur Velochronique.