La Flamme Rouge est de retour après une petite absence pour raisons familiales. Merci à tous de vos nombreux commentaires passionnants!
Lance Armstrong est donc entré directement dans l’Histoire du cyclisme hier en étant le premier être humain à s’imposer 6 fois – consécutives, excusez un peu – dans le Tour de France. Mieux qu’Anquetil, mieux que Merckx, mieux qu’Hinault et mieux qu’Indurain. Mais hormis ce dernier, le palmarès du champion américain ne soutient pas la comparaison avec les 3 premiers, sachons s’en souvenir.
Contrairement à sa 5e victoire cependant, sa 6e ne nous laisse aucun goôt. Acquise sans une attaque (Armstrong n’a jamais été seul sur ce Tour, sauf dans les CLM), acquise avec une facilité déconcertante (ses… 6 victoires d’étape dont 3 au sprint en attestant sans conteste), acquise sans panache aucun mais plutôt avec arrogance (l’épisode Simeoni de vendredi dernier en dit très long sur ce point, nous y reviendrons plus tard), acquise sans devoir se battre, acquise au sein d’une équipe surprenament puissante (6 Postiers parmi les 16 premiers du dernier clm samedi, du jamais vu!!!), c’est une victoire sans saveur, et qui soulève même beaucoup de questions. Au passage, il établit d’ailleurs la 2e moyenne la plus rapide de l’histoire (40,553 km/h), 2003 restant le Tour du record (40,940 km/h).
Les scientifiques chercheront assurement, dans les prochains jours, semaines et mois, à comprendre comment Lance Armstrong peut-il vieillir et devenir de plus en plus fort, qui plus est après un cancer. Il s’agit probablement du seul cas à pouvoir être documenté de l’histoire de la médecine. Les articles visant à mieux comprendre ses méthodes seront très certainement nombreux dans les prochains mois, étant donné l’étendue des surprises des trois dernières semaines :
– un surprenant retour en super-forme pour Armstrong, 3 semaines après avoir été battu par plusieurs coureurs sur le Dauphiné
– un clm par équipe qui plaçait l’US Postal à une longueur d’avance de toutes les autres équipes
– une performance sans équivoque dans les Pyrénées
– une dernière semaine exempte de fatigue, avec 3 victoires de suite, soit à Villars de Lans, l’Alpe d’Huez et le Grand Bornand
– une sortie surprenante vendredi dernier en début d’étape, pour « écoeurer » le pauvre Simeoni, alors dans les profondeurs du classement. Le problème d’Armstrong ? Simeoni a parlé dans le procès Ferrari en Italie, dénoncant les pratiques de ce médecin et confirmant que ce dernier lui a bel et bien prescrit toutes sortes de cures, dont celle à l’EPO bien sôr. Armstrong a donc voulu l’empêcher de faire quoi que ce soit, de la même façon qu’avec Christophe Bassons en 1999. Une attitude qui nous a profondément choqué, et qui en dit long sur l’Américain qui déclarait « Simeoni n’a pas de respect pour le sport qui le paie« . Pardon, Lance ?
– une nouvelle victoire deux jours plus tard, sur le dernier clm, alors que les Postiers placaient 6 coureurs parmi les 16 premiers (Superman Landis 4e!), une preuve sans conteste de l’état de fraicheur de cette équipe après 3 semaines de courses, dont 2 à contrôler le peloton.
La Flamme Rouge suivra donc avec intérêt les prochains articles qui verront le jour quant à ces performances impressionnantes. Et on commencera par une analyse-critique de L.A. Confidentiel cette semaine (on vous la gardait au chaud pour l’après-Tour!).
Quoi qu’il en soit, certaines rumeurs sont entendues ces jours-ci quant à la poursuite de la 7e victoire l’an prochain. Elles nous font bien rire, car nous n’en croyons rien : Lance Armstrong sera bel et bien au départ du Tour l’an prochain. D’une part, il aime trop cette course, et il est parfaitement conscient de ce qu’elle peut lui apporter. D’autre part, le nouveau sponsor Discovery ne voudra pas se passer de la pub que pourrait lui apporter une 7e victoire consécutive : les yeux du monde entier seront rivés sur Armstrong l’an prochain, épiant ses moindres gestes.
Que retiendrons-nous de ce Tour de France ? Un podium innatendu, surtout dans le cas de Kloden. Il fait cependant plaisir de voir ce coureur retrouvé, ses performances de néo-pro ayant démontré qu’il avait les aptitudes pour le plus haut niveau (victoire sur Paris-Nice, vice-champion olympique en 2000). Basso répond à l’heure, c’est le seul des autres favoris à avoir complètement assumé ses responsabilités. Ullrich 4e, on cherche encore à comprendre ce qui a bien pu se passer après le Tour de Suisse et surtout dans les Pyrénées. On l’a entendu évoquer un petit rhume… Chose certaine, pour Ullrich, on regrettera bien longtemps son choix de l’hiver dernier, alors qu’il refusait la perche que lui tendait Bjarne Riis de le rejoindre chez CSC. Ullrich aurait bénéficié de la « préparation » CSC qui réussit bien aux ex-champions vieillissants, pour preuve Jalabert en 2001 et 2002 (deux maillots à pois!), Hamilton (4e du Tour l’an dernier, avec une clavicule felée) et Basso cette année.
Pour les autres, il faudra revoir entièrement la copie. Si Hamilton n’a pas eu de chance, tout comme Mayo, carton rouge à Heras dont on ne connaît pas les raisons de son abandon. Manolo Saiz, le connaissant, ne doit pas être content…
Pour les classements connexes, Virenque aura réussi son pari, c’est-à-dire à entrer lui aussi dans l’Histoire du cyclisme comme le seul homme à s’être imposé 7 fois dans le classement du meilleur grimpeur, devançant ainsi Bahamontès et Van Impe. On sera sévère : c’est une tache dans l’histoire. On regrettera fortement que depuis 10 ans, le maillot à pois ne lui ait pas été davantage contesté. Pantani s’en désintéressait, et Virenque est seul à sprinter en haut des cols depuis fort longtemps.
Le vert va à McEwen, et c’est là que la plus belle lutte pris lieu. Hushovd, O’Grady et même Zabel ont pu prétendre à remporter le prix. Quant à Boonen, il lui aura manqué une constance qui viendra avec l’âge et l’expérience.
Karpets s’impose chez les jeunes devant deux Français, Casar et Voeckler. Doit-on y voir une lueur d’espoir pour le cyclisme français ? On ne le croit pas, aucun de ces coureurs n’ayant véritablement démontré de réelles aptitudes pour devenir champion. Ce qui plaît cependant, c’est leur esprit de battant, de guerrier. Sans Voeckler, en particulier, ce Tour aurait été d’une tristesse…
Les révélations de ce Tour : Kloden, Basso, Boonen, Voeckler, Azavedo, Landis (celui-là, on lui recommande fortement de se trouver une équipe au sein de laquelle il serait leader incontesté en 2005 et de se lancer à la conquête du Tour!), Karpets, Hushovd.
Les déceptions de ce Tour : Hamilton, Mayo, Ullrich, Heras, Sevilla, Botero, Simoni, Chavanel, Zabel, Nozal, Boogerd, Kroon, Dekker, Verbrugghe, Gonzales de Galdeano.
Les fuites sur le parcours du prochain Tour : Noirmoutier, Challans, Bayeux, Rouen, Nancy, Lunéville, Colmar, Montbéliard, Courchevel, Alpe d’Huez, Toulon, Pau, Bordeaux, Clermont-Ferrand et Châteauroux.
On entame la saison lucrative des critériums d’après Tour en Europe de l’Ouest. C’est en effet le temps de monayer les performances du Tour (c’est pour ca aussi qu’il est important de se montrer en juillet…). Des coureurs comme Armstrong, Virenque, Basso, Voeckler, Moreau, Casar, Goubert, Nazon ou Moncoutié pourront passer à la caisse et exiger des sommes très importantes pour courir. D’autres, comme Chavanel, Halgand, Robin, qu’on a peu vu en juillet, seront moins en demande.