Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Mois : septembre 2003

Bianchi – Saeco ?

On savait que l’équipe Bianchi était à la recherche d’un deuxième sponsor d’importance afin de pouvoir d’une part payer le salaire désormais astronomique d’Ullrich et d’autre part engager des grégarios de luxe pour l’aider à monter sur la première marche du podium à Paris l’an prochain. On apprend qu’une fusion Saeco – Bianchi est en discussion. On peut exprimer des doutes sérieux quant à une co-habitation Ullrich – Simoni pour plusieurs raisons. Premièrement, ce n’est pas dans la nature italienne de partager le pouvoir (on se rappelera des duos désastreux du passé comme Chiappucci-Pantani, Pantani-Garzelli, Bugno-Fignon, Berzin-Ugrumov chez Gewiss-Ballan, etc.). Deuxièment, les deux ont déclaré faire du Giro 2004 un objectif à part entière. Troisièmement, il est loin d’être évident qu’Ullrich soit accepté par les coureurs italiens chez Saeco, déjà acquis à leur leader Simoni et DiLuca. Pour Ullrich, dont on sait qu’il aime être entouré d’amis de longue date, on ne peut s’empêcher de penser que le mieux, ce serait un retour dans le giron de l’équipe Deutsch Telekom. La guerre ouverte entre Godefroot et Pavenage demeure toutefois un obstacle de taille.

Le point sur la Vuelta

Il reste 4 gros rendez-vous sur la Vuelta 2003 :

1 – l’arrivée en altitude dimanche prochain à la Sierra de la Pandora.

2 – l’arrivée en altitude mardi prochain à la Sierra Nevada, un classique.

3 – l’étape de montagne du vendredi suivant, qui arrive à Collado Villalba.

4 – le CLM en côte de 11,2 km la veille de l’arrivée.

L’arrivée à la Sierra de la Pandora ne sera vraissemblablement pas assez difficile (pas assez long, pas assez de pourcentages) pour faire plier Nozal qui pourra compter, le lendemain, sur la deuxième journée de repos pour récupérer. Même s’il s’y refait une santé, il aura du mal dans la montée aux forts pourcentages de la Sierra Nevada contre des coureurs comme Heras, Beltran et Gonzalès. Il pourrait plier à ce moment, et les purs grimpeurs devront tout donner sur cette étape. L’accumulation des efforts rendra l’étape de montagne du vendredi très difficile, d’autant plus que les autres ténors voudront lancer leurs dernières forces dans la bataille, à 3 jours de l’arrivée. Si Nozal est encore en amarillo, le travail d’équipe des ONCE sera capital dans cette étape. Enfin, le CLM en côte du samedi, sur 12 km, est court pour des pros ; si les écarts sont faibles, attention, mais si les positions sont solides, de l’ordre de 3 minutes entre les 3 premiers, alors on peut prévoir peu de changements au général.

La course, qui se résume désormais à un duel entre 3 duos, soit Nozal – Gonzales de Galdaneo (ONCE), Beltran – Heras (US Postal) et Frigo – Gonzales (Fassa Bortolo), s’annonce donc passionnante jusqu’à la fin ! Le Canadien Michael Barry (US Postal), qui participe à cette Vuelta, tient un journal quotidien fort intéressant permettant d’avoir un regard de l’intérieur de cette course.

De Rosa Cinquanta

Les salons du cycle se poursuivent en Europe avec très bientôt le EICMA show de Milan. En avant-première, Ugo DeRosa et ses fils dévoilent, à l’occasion du cinquantième anniversaire de leur fabrique de cycles au nord de Milan, un vélo exceptionnel, le Cinquanta, un full carbon inspiré du King mais avec quelques ajouts intéressants comme un pédalier et un ensemble guidon-potence également full carbon de couleur bleue. Coup de pub à coup sur, mais on reste impressionné par cet engin de rêve. Du beau matos. Si d’autres cadres carbone – Look, Giant, Trek, Colnago – peuvent probablement se comparer en qualité brute avec ceux fabriqués par DeRosa, la finition, le look et l’histoire de ces cadres garantissent à leurs propriétaires sensibles à ces éléments des sensations uniques et une impression de lier passé, présent et futur. DeRosa, c’est Ferrari dans le vélo (Colnago n’étant que Porsche, production oblige).

Le pot belge du week-end

En vrac, les événements de l’actualité cycliste du week-end :

1 – Virenque disqualifié de la Vuelta pour drafting derrière sa voiture d’équipe. Lamentable. Il se servait de la Vuelta pour préparer son dernier objectif de la saison, Hamilton. Ca sera pas facile de se motiver depuis la maison…

2 – Nozal, toujours. Surprenante performance dans la traversée des Pyrénées. Le reste de l’équipe ONCE prend confiance en lui et défendra son maillot. Prochain rendez-vous : le CLM de Albacete vendredi, sur 54 km. Rouleur, Nozal devra essayer de prendre du temps aux grimpeurs comme Heras, tout en limitant les dégéts face à un spécialiste comme Aitor Gonzalès en forme ascendante. Beltran est annoncé en forme descendante.

3 – Affaire Musseuw en Belgique : ca sent de plus en plus mauvais… Comme quoi dans le milieu, rien n’a changé depuis 1998.

4 – GP de San Francisco : on aura remarqué la belle homogénéïté de l’équipe Saturn qui a mené une course irréprochable au niveau de la stratégie, pour finalement inscrire un doublé. Meilleur canadien, Eric Wohlberg, 10e.

5 – Voici une image qui vous donnera une idée du mur à escalader à San Francisco. Rolf Aldag, un des meilleurs domestiques du peloton européen depuis plusieurs années, déclarait à l’arrivée qu’une… 27 dents à l’arrière lui avait manqué. On parle de coureurs pro ici, qui montent le Galibier ou l’Alpe d’Huez sur le 19 ou le 21 dents…

Surprenant Nozal !

La Vuelta commence à se décanter et on restera surpris de la performance de Nozal. Sa récente victoire dans le premier CLM fut une surprise de taille puisqu’il s’est offert le spécialiste David Millar, excusez un peu. Aujourd’hui dans la première étape de montagne, il a relativement bien fait, limitant les dégats. Pour Nozal, c’est l’accumulation des jours de course à un très haut niveau qui risque d’être critique. N’ayant aucune performance de taille sur un grand tour, il est probable qu’il fléchisse rapidement maintenant. Il a d’ailleurs terminé l’étape d’aujourd’hui lessivé et déclare vouloir travailler pour Gonzales de Galdaneo désormais. La journée de demain sera difficile pour lui…

Situation intéressant derrière, avec un Manuel Beltran (décidemment un bon coup de l’US Postal, et merci Team Coast!!!) qui est en passe de devenir le leader de l’US Postal puisque mieux placé que Heras au général. Outre Beltran, il faudra se méfier de Frigo, ma foi bien tranquille mais toujours là, de Heras, qui pourrait former avec Beltran un duo d’enfer, de Mancebo, bien qu’on soupçonne que ses réserves soient entamées suite à son Tour de France, et de Aitor Gonzalès qui, après un départ catastrophique, semble être en forme ascendante. Le duo Frigo/Gonzales pourrait également être un duo de choc, et gageons que GianCarlo Ferreti saura tirer profit d’avoir deux coureurs bien placé au général. Bref, si personne n’a encore gagné la Vuelta, plusieurs l’ont déjà perdu (Sévilla, Casero, Sastre). On y verra beaucoup plus clair demain suite à une étape de montagne d’enfer, par delà Aspin, Peyresourde, Portillon et l’arrivée en altitude au Val d’Aran. Bien que courte (166kms), la succession d’efforts après une semaine de course sera terrible. Je prédis Beltran en amarillo dès demain!

GP San Francisco

Beaucoup d’entre vous se demande quels sont les chances de Charles Dionne de répéter l’exploit de l’an dernier en remportant le GP de San Francisco… Si Dionne a assurément prouvé que le parcours, pourtant difficile avec un mur à monter à 11 fois, pouvait lui convenir, il reste que je suis très sceptique quant à ses chances.

D’une part, il aura "la pancarte dans le dos". Il a bénéficié, l’an dernier, de l’effet surprise, personne ne se méfiant de lui lors des derniers kilomètres et du sprint final. Cette année, on peut avoir la certitude qu’on ne le laissera pas faire aussi facilement.

D’autre part, le plateau s’annonce plus relevé, avec Vinokourov, Simoni et Garzelli qui sont annoncés au départ. Ajoutez à ca les Vaughters, Lieswyn, Armstrong, Ekimov et j’en passe, il est probable que la course soit plus difficile, avec davantage de mouvement. Pour des coureurs européens, 160 bornes peuvent se réaliser sur des bases élevées.

Enfin, Dionne n’aura possiblement pas la même lattitude au sein de sa nouvelle équipe Saturn qui compte de bons coureurs comme Jonhson ou Danielson. S’il sera certainement protégé en tant que vainqueur sortant, il pourrait se faire prendre aisément au jeu d’équipe et devoir travailler pour un équipier en meilleure position que lui durant la course. Ce n’était pas le cas l’an dernier avec son équipe 7-Up/Maxxis qui était plus faible. S’il termine dans les 15 premiers, on pourra dire "contrat rempli"!

Petacchi dans l’Histoire

Seconde victoire d’Alessandro aujourd’hui sur la Vuelta. Il apparaît clair qu’il est cette année le meilleur sprinteur du peloton professionnel, même si on restera frustré qu’une confrontation Cipollini / Petacchi n’ait pas eu lieu plus souvent outre le Giro.

Avec sa victoire lors de la troisième étape de la Vuelta, Petacchi a rejoint Miguel Poblet et Pierino Baffi dans la légende du cyclisme en devenant seulement le troisième coureur à gagner des étapes sur les trois grands tours (Italie, France et Espagne). Un authentique exploit puisque gagner en mai, en juillet et en septembre est aujourd’hui passablement plus difficile qu’il y a même 20 ans, le peloton roulant tellement plus vite. Et n’oublions pas non plus qu’à l’époque, la Vuelta se courait en avril, ce qui rendait l’enchainement Vuelta-Giro-Tour plus facile. Cet exploit d’Alessandro souligne également les qualités exceptionnelles de directeur sportif de GianCarlo Ferreti qui aura su motiver son coureur jusqu’au bout. Sans Ferreti, il est probable qu’Alessandro n’aurait pas pris le départ de la Vuelta en aussi bonne condition.

Profitons de l’occasion pour également se souvenir de Marino Lajaretta, excellent coureur espagnol du début des années 1990, qui avait fait une place dans les 15 premiers des trois grands tours à plusieurs reprises. Il demeure aujourd’hui un des derniers leaders à avoir osé enchaîner les trois grands tours dans l’année.

De Rosa 2004

Avec la fin de la saison, le début de la saison des bike shows. Le premier Eurobike s’est tenu à Friedrichshafen (ne me demandez pas de prononcer!) à la fin aout. On y présentait les dernières nouveautés, et deux constructeurs mythiques en particulier ont retenu l’attention : Colnago et DeRosa. De Rosa emboîte le bas de Pinarello (avec son Dogma) en présentant un nouveau cadre Merak avec des tubes à la forme plutôt bizaroïdes, relevant plus de la courbe qu’autre chose. L’avantage serait à la filtration des vibrations de la route, ainsi qu’à la rigidité. Fine with me, mais je fais le pari que nombre de pratiquants comme vous et moi sont sensibles à l’aspect esthétique de leur vélo. Et côté esthétique, l’appréciation des courbes n’est pas la même pour une femme que pour un vélo! Tout cela pour dire que j’attends la réponse des consommateurs face à ces nouveaux vélos "tordus".

Colnago lance le C-50 après des années de succès avec le C-40, succès largement surfait puisque ce cadre carbone, excellent il va de soi, n’est toutefois pas meilleur que bien des cadres Look, mais 2 fois plus cher… Pour revamper un peu le tout, on a essentiellement surdimensionner les tubes. Colnago, c’est avant tout un nom, qui se paye de surcroît. Car pour ce qui est de la qualité, bien d’autres constructeurs font aussi bien sinon mieux, pour la moitié du prix. On laisse cependant à Ernesto une exclusivité : des peintures uniques au monde.

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